Chapitre 3 : Alyssa

J'eus seulement le temps d'apercevoir une silhouette élancée qui accourait vers nous avant de perdre connaissance.

Lorsque je me réveillai, j'ouvris les yeux et je vis le salon d'une petite chaumière s'étaler sous mon regard. Comme je ne savais pas où je me trouvais, je ne faisais aucun bruit, simple principe de précaution. Je tournai doucement la tête et j'aperçus la femme qui avait fait irruption dans la forêt avant que je ne perde conscience.

 Elle s'affairait à préparer quelque chose dans la partie de la pièce aménagée en cuisine. Plus je l'observais, et plus je la trouvais belle. Pas belle dans le sens où on l'entend habituellement, je la voyais seulement de dos. Non, cette femme possédait une grâce féline qui m'émerveillais ; chacun des mouvements de son corps fin et musclé semblaient mesurés, calculés, pour que son organisme soit au bon endroit au bon moment. Cette femme ne se déplaçait pas, elle dansait ; elle jouait avec ce qui l'entoure comme une ballerine exécuterait une chorégraphie avec ses partenaires. Elle était souple, rapide et précise et toutes ces qualités se réunissaient pour former un seul et même être qui approchait de la perfection. Je sentais qu'elle aurait pu me tuer avant que je me sois rendu compte qu'elle ait bougée, mais je restais là à la regarder, fascinée, envoutée par cette créature irréelle.

- Tu prendras du sucre avec ton infusion ?

Sa voix, légère comme un murmure mais tranchante comme une lame, me fit sursauter et me sortit de ma transe. Elle ne s'était même pas retournée et pourtant elle savait que j'étais réveillée.

- Euh, je... Oui, je... balbutiai-je. Mais où sommes-nous et qui êtes-vous, si ce n'est pas indiscret ?

Elle se retourna enfin, faisant voler sa longue tresse noire et je découvris son visage. Des yeux perçants, noirs comme le charbon, une bouche toute en finesse, un teint de lait. Magnifique.

- Je te trouve bien curieuse, jeune fille, m'asséna-t-elle.

- Oh, je... Désolée, je ne voulais pas...

Je sentis mes joues s'empourprer alors que je m'enfonçai. Soudain, un sourire se dessina sur ses lèvres et illumina son visage.

- Mais non, je blague ! me dit-elle, un poil moqueuse.

Je me sentis devenir complètement écarlate. Bravo, super, belle première impression. Elle doit me prendre pour une idiote finie, maintenant.

- Je m'appelle Alyssa, continua-t-elle, et tu te trouves sous le toit de la vieille de la forêt.

- La vieille de la forêt ? C'est quoi son vrai nom ? Et de quelle forêt ?

- Pour ta première et ta deuxième question, aucune idée. Tous ceux qui la connaissent l'appellent juste la vieille de la forêt. Elle me prête sa maison de temps en temps quand je passe dans le coin et qu'elle part faire quelque expédition. Quant à ta troisième, la forêt d'Elundril.

- Waho, mais je... Qu'est-ce qui s'est passé dans cette clairière ? Est-ce que mon ami est là ? Il va bien ? C'était quoi ces créatures ? Et combien de temps j'ai dormi ? Et pourquoi m'avoir ramenée ici ?

J'avais dit tout ça d'une traite, sans reprendre mon souffle. J'avais encore des milliers de questions qui me brûlaient les lèvres, mais je les retins en voyant Alyssa froncer les sourcils sous ce flot de paroles.

- Ça fait beaucoup de questions. Pour ce qui est de la clairière, je crois que ton ami sera ravi de tout t'expliquer lorsqu'il sera revenu de la cueillette des baies où je l'ai envoyé. Et tu as dormi du début de crépuscule jusqu'à la fin de l'aube.

Je remarquai qu'elle avait évité ma dernière questions mais je décidai (sagement à mon avis !) de ne pas insister pour l'instant, comprenant qu'Alyssa n'était pas une bavarde. Elle ne prononçait jamais un mot en trop et mesurait toutes ses paroles.

Elle me tendit une tasse remplie d'un liquide fumant. Je le humai et sentit une bonne odeur de menthe avec d'autres effluves que je ne reconnaissais pas.

- C'est une tisane à la menthe ? lui demandai-je, curieuse.

- À la menthe ? Je ne connais pas cette plante. Non, c'est à l'hymélia, une plante assez répandue par ici. Elle redonne des forces et éclaircit les idées. Je pense que ce sera bienvenu dans ton cas.

Je hochai la tête avec reconnaissance et bus une gorgée du breuvage. Effectivement, il me réchauffa de l'intérieur et je me sentis tout de suite moins fatiguée. À ce moment-là, la porte de la chaumière s'ouvrit en grand et laissa apparaître Théo, souriant comme toujours et un panier à la main.

- Lyra ! Je commençais à croire que tu ne te réveillerais jamais !

- Il a veillé toute la nuit pour rester à ton chevet, me glissa Alyssa avec, me sembla-t-il, un petit sourire.

- J'avais juste besoin d'une bonne nuit de sommeil pour me requinquer, lui répliquai-je tout sourire, mais les joues un peu rosies.

Je notai quand même intérieurement que ça faisait deux fois en deux jours que je me réveillais dans un endroit inconnu sans savoir ce qui m'était arrivé. Il fallait absolument que j'arrête de m'évanouir n'importe où ou je finirais par m'attirer de sérieux problèmes. Je devinai que tout e monde ne serait pas aussi bienveillant qu'Alyssa si on me trouvait inconsciente dans une forêt. Par exemple, je ne doutais pas que les créatures que nous avions croisées dans la forêt m'auraient capturée et livrée à leur « Général » pour toucher leur prime. D'ailleurs à ce sujet-là, j'avais quelques précisions à demander à Théo.

- Qu'est-ce qui s'est passé dans la clairière ? repris-je à l'attention de mon ami.

- Pfioouuu ! fit Théo comme si c'était une longue histoire. C'est une longue histoire.

Merci Théo, pensai-je. Quelques détails peut-être ?

- Et... le relançai-je.

- Ben tu sais bien : on s'est cachés juste avant que les gros trucs chelous arrivent. Heureusement d'ailleurs, vu ce qu'ils projetaient de faire de nous. Ensuite, bah je fais THE grosse boulette. Désolé d'ailleurs !

J'agitai la main pour lui signifier que je ne lui en voulais pas et pour qu'il continue.

- Là, ils sont venus nous choper, et on s'est mis à courir. À l'heure qu'il est, on serait sûrement dans leurs cachots si tu ne nous avais pas sorti le grand jeu. J'avoue que j'ai été soufflé. Tu lèves le bras et bam, sur le cul les gros monstres ! Ils ont rien compris à leur vie et je peux te dire que rien pour leur tête je regrette pas d'être venu. Mais comment t'as fait ça ? Tu savais que t'avais des pouvoirs ?

- Non, pas du tout. Mais finis l'histoire, on en reparlera après, suppliai-je presque.

- Ok. Donc après ton exploit, t'avais l'air complètement vidée et tu t'es écroulée dans mes bras. Je savais pas trop quoi faire, surtout avec les trois gros balourds qui commençaient à reprendre leurs esprits.

- Mais là, Alyssa a débarqué. Elle m'a dit de la suivre, au début j'étais pas trop chaud mais j'ai compris que c'était pas vraiment le moment de discuter. (Il lança un regard d'admiration mêlé de crainte à la jeune femme.) Avant de partir, Alyssa a fait respirer aux gros lourdauds une fleur jaune avec un mouchoir sur le nez. D'ailleurs c'était quoi ? demanda-t-il.

- Du lotusio, répondit notre sauveuse féline. Une plante qui, bien dosée, peut te faire oublier la journée que tu viens de passer. Mais en trop grosse quantité, elle peut être mortelle. Juste une fleur et juste une inspiration, pas plus. Je portais ce foulard pour me protéger de ses effets.

- Heiiin ! fit Théo avec la même expression que quand j'avais réussi à lui expliquer le théorème de Thalès. Enfin bref, ensuite on est allés à cette maison. Franchement, c'était super chiant de te porter, t'es hyper lourde !

Je le regardai, mi-choquée mi-vexée. Alyssa leva les yeux au ciel d'un air exaspéré et reprit le récit.

- On t'a allongée là puis je l'ai envoyé à l'aube chercher des baies parce que s'il était resté une minute de plus, je crois que j'aurais commis un meurtre. 

Je vis un très léger sourire se dessiner sur les lèvres de la jeune femme et cela aurait sûrement détendu mon meilleur ami si celui-ci n'était pas bien trop occupé à surveiller d'un œil anxieux le poignard qui tournait dans les mains adroites d'Alyssa.
Je ne connaissais cette dernière que depuis une vingtaine de minutes mais je la considérais déjà comme une amie digne de confiance. Elle me faisait rire de son humour presque effrayant pour celui qui en était la cible, elle attirait le respect et l'admiration de ses capacités physiques dont je n'avais devinées d'une petite partie et elle avait su attraper mon amitié à la seconde où je l'ai vue.

Après m'être remise de mon fou rire, je décidais de passer aux choses sérieuses :
- Alyssa, dans quel monde sommes nous ?
Elle fronça le nez, comme si la question la dérangeait mais ne livre aucun signe de surprise. Finalement, elle me répondit :
- Lyra, Théo, bienvenue à Arcadia.

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Coucou les petits lecteurs ! Voilà le troisième chapitre qui, je vous l'accorde, a un peu tardé à arriver. Je voudrais préciser quelques petites choses :

- Le personnage d'Alyssa est inspiré d'Ellana, personnage créé par Pierre Bottero dans La quête d'Ewilan puis plus tard développé dans Le pacte des Marchombres. J'aime beaucoup ces livres et plus particulièrement Ellana, et je voulais en quelque sorte lui rendre hommage dans mon histoire. Mais attention, j'ai dit inspiré, pas copié !

- Le prochain chapitre est tellement long que je vais le séparer en deux pour que ça ne fasse pas trop de texte d'un coup et que je puisse sortir des chapitres peut être plus régulièrement.

Si vous avez aimé ce chapitre, n'hésitez pas à voter et à commenter, ça me fait toujours super plaisir ! Et dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre et ce que je pourrais améliorer ici →

Kiss ★

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