Chapitre 1 : Le défi

- En poésie, le -e devant une consonne se prononce...

Mon attention fut détournée du cours de français par une boulette de papier qui m'atteignit à l'épaule. Je soupirai et me retournai. Derrière moi, le sourire malicieux de Théo m'attendait.

- Je t'ai déjà dit de ne pas me déranger en cours ! chuchotai-je furieusement. Imagine que ça tombe au bac et que je ne le sache pas !

- Olala ça va arrête de t'énerver ! me rabroua Théo. De toute façon on sait tous très bien que tu vas réussir le bac avec les félicitations du jury, et ce que j'ai à te dire est nettement plus intéressant que ce cours pourri.

- Mademoiselle Kass, Monsieur Milan, silence s'il vous plait !

Monsieur Célestin était un homme d'âge mûr qui commençait à avoir un petit ventre. je voyais qu'il adorait son métier mais qu'il désespérait d'intéresser ses élèves aux mystères de la langue française. La sonnerie retentissante m'interrompit dans mes réflexions et je commençai à ranger mes affaires.

- On se retrouve dans la cour ! me lança Théo en sortant.

Je sortis à mon tour de la classe et me retrouvai noyée dans la foule d'élèves descendant en récréation. Je soupirai une seconde fois. la monotonie de mon quotidien me désespérait. je rêvais d'aventures, de pouvoirs magiques, de fées, de monstres... Au lieu de quoi j'avais des révisions pour le bac, une mémoire infaillible mais inutile, des filles superficielles et des garçons à l'intelligence très limitée... Je ne me sentais pas à ma place dans ce monde. 

J'arrivai dans la cour et repérai Théo, appuyé contre un mur avec sa bande de potes et la nuée de filles qui le suivait tout le temps. Quand il me vit, il s'approcha de moi pour m'emmener à l'écart. Héloïse, chef du groupe de filles qui suivaient Théo partout, me lança un regard haineux. Tout le lycée savait qu'elle était amoureuse de Théo sauf le principal concerné (en fait, je pense qu'il le savait très bien mais qu'il faisait semblant de ne rien voir ni comprendre). Elle interpella Théo d'un ton mielleux :

- Tu préfères quand même pas aller avec cette... cette fille que de rester avec nous ?

Tout le dégout qu'elle avait mis dans le mot "fille" me fit frissonner.

- Alors d'abord tu ne parles pas de Lyra comme ça. Ensuite je fais ce que je veux et si tu veux tout savoir,  je préfère largement rester avec Lyra qu'avec toi et ta bande de potiches, lui asséna violemment mon ami.

Héloïse resta quelques instants sans voix, ne pouvant imaginer qu'on puisse lui parler comme ça et surtout qu'on puisse préférer une sale petite intello qui n'a aucun vêtements de marque à elle, la fille jolie, populaire, à la mode, en un mot parfaite. Puis elle se ressaisit et poussa un petit cri choqué et fit une moue vexée. Théo m'emmena réellement à l'écart cette fois-ci.

Oulala elle commence à sérieusement me taper sur les nerfs celle-là ! J'ai vraiment l'impression qu'elle croit qu'on est en couple, soupira le beau jeune homme.

Je pris un instant pour l'observer. Ses cheveux d'un noir de jais toujours en bataille capturaient les reflets des rayons du soleil d'été et ses yeux verts herbe pétillaient comme toujours d'étincelles de malice. Ses bras et ses jambes étaient finement musclés par des années de natation. Pas étonnant que toutes les filles du lycée lui courent après, il était beau comme un Apollon. Je me rendais aussi compte que si nous n'étions pas des amis d'enfance, il ne se serait probablement jamais intéressé à moi. Et pour cause, je n'avais absolument rien de remarquable : une peau café au lait, des cheveux coupés au carré frisés et noirs, un visage plutôt joli mais pas extraordinaire, des lèvres assez fines et un petit nez. J'étais assez mince et mon corps était plutôt musclé. La seule chose qui était originale chez moi, c'étaient mes yeux : ils étaient noirs, d'un noir profond qui vous donnait l'impression de vous noyer dans mon regard. Mais la plupart du temps, les gens ne me regardaient pas.

Théo se mit tout à coup à sourire malicieusement sans que je comprenne pourquoi. Je connaissais cette expression : il l'avait sur le visage à chaque à chaque fois qu'il voulait faire quelque chose que je ne cautionnais absolument pas.

- Dans quelle connerie illégale et dangereuse vas tu encore m'entrainer ? soupirai-je d'avance. 

- Comment tu le sais ? Mais non je rigole, ne t'inquiète pas, ce ne sera pas illégal, enfin je crois, et pas du tout dangereux ! essaya-t-il de me rassurer.

- Bon, explique moi et ensuite on verra, abandonnai-je, vaincue.

- En fait, j'ai lu un livre récemment sur une légende urbaine : il y aurait un trésor dans les égouts de la ville, genre un coffre rempli de pierres précieuses comme pour les pirates ! me balança-t-il, excité comme un enfant.

J'émis un grognement qui voulait dire qu'il pouvait continuer :

- Et apparemment, toutes les personnes qui ont essayé de le trouver ont mystérieusement disparues...

- Ne me dis que tu y crois ?! m'indignai-je. Et surtout ne me dis pas que tu veux aller chercher ce prétendu trésor ?!

- Et pourquoi pas ? On deviendrait riches si on le trouvait ! 

Je secouai la tête d'un air décidé. Je ne céderai pas à ses gamineries. 

- Bon tant pis, je vais proposer à Héloïse puisque tu es trop lâche pour venir avec moi.

Il avait prononcé les mots magiques. Je me tournai lentement vers lui, plantai mes yeux dans les siens et lui répondit très fermement :

- Premièrement, je ne suis pas lâche. Deuxièmement, tu ne pourras de toute façon pas supporter Héloïse plus de deux minutes donc tu ne l'emmèneras pas. Troisièmement, je vais t'accompagner dans ces égouts pour éviter que tu provoques des catastrophes. Et dernièrement, ne me compare plus jamais à Héloïse.

Un franc sourire se dessina sur ses lèvres. 

Le soir venu, je dis à mon père que j'allais dormir chez une amie et Théo fit la même chose de son côté. Je n'avais jamais connu ma mère et mon père  et moi étions très proches. Il  avait un peu le même caractère que  moi, lui aussi adorait lire et était un peu distrait. Je l'adorais. Il était tellement content que j'aille voir une copine (c'était vraiment très rare) qu'il ne me posa aucune question, ce qui m'arrangeait bien. Je m'étais équipée en prévision de notre escapade : sac à dos avec dedans biscuits, gourde, téléphone portable, lampe de poche, veste au cas où j'ai froid, un peu d'argent, un couteau suisse et un briquet (on ne sait jamais, ça peut toujours servir).

Je retrouvai Théo dans le parc où nous jouions quand on était petits. 

- On va juste dans les égouts, pas en mission pour l'Arctique ! me taquina-t-il en voyant mon sac à dos bien rempli.

Je levais les yeux au ciel et cela le fit encore plus sourire. Il me montra une grande grille disposée sur un mur qu'il ouvrit à l'aide d'un tournevis. Nous pénétrâmes dans le tunnel sombre qui s'ouvrait devant nous. J'allumai ma lampe torche afin de voir où nous allions. Plus nous avancions et plus je me sentais mal à l'aise. Autour de nous, les murs étaient couverts d'algues, de saletés et de tags. Le sol était recouvert d'une couche de crasse telle qu'il nous était impossible de voir le béton en dessous. Il était également jonché de déchets de toute sorte : vieilles chaussures, ballons dégonflés, pelures de fruits, emballages divers... Je frissonnai quand j'aperçus un cadavre de rat en décomposition. Nous pataugions dans quelques centimètres d'eau et en quelques minutes j'eus les pieds trempés. Nous avancions sans rien dire, serrés l'un contre l'autre. Soudain, une lueur attira mon regard : nous étions arrivé à un carrefour et sur la droite, une lumière rassurante scintillait. Je la fis remarquer à Théo et nous nous engageâmes dans sa direction. Un couloir assez long et étroit s'étalait devant nous, et la lueur brillait tout au bout, sans que je puisse distinguer ce qui la produisait. Nous nous dirigeâmes prudemment vers cette source de luminosité. Arrivés au bout du couloir, nous nous rendîmes compte que la lueur était en fait une boule de lumière qui flottait dans les airs.

- Mais... Que... Qu'est-ce que c'est que ça ? balbutia Théo. 

J'étais aussi abasourdie que lui mais je ressentais une attirance étrange pour cette boule de lumière. Je tendis la main, m'approchant chaque seconde plus de cette lueur... Je la touchais et je me sentis emportée malgré moi.

- THÉÉÉOOOOOOOOOOOOOO ! hurlai-je.

J'eus juste le temps de lui agripper la main avant de me faire emporter dans un tourbillon de lumière et de couleurs.

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Bonjour à toutes et tous ! 

Un premier chapitre assez long pour poser les bases de l'histoire, je ne sais pas si ils seront tous de cette longueur.

N'hésitez pas à me dire si vous aimez, à laisser des commentaires et à voter si vous aimez ! Et surtout dites moi votre avis sur ce début d'histoire !

Merci et kiss ★

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