Jaune

Enfin, les examens sont terminés ! Lily ne retient plus un soupir de bonheur en sortant de la salle étouffante, fermant un instant les yeux et ouvrant les bras comme un oiseau prêt à s'envoler, la tête renversée vers le ciel. Son chignon flou laisse échapper quelques mèches qui cascadent dans son dos, et elle sourit sans se soucier de ce que les autres peuvent bien penser, tandis qu'un de ses camarades de classe s'arrête à côté d'elle, le regard pétillant d'une lueur amusée. La brune rouvre alors les yeux, découvrant des prunelles noisette, et rend ce regard à Thomas, avant de lui prendre la main et de l'entraîner vers les grilles. Les vacances ! Le garçon la suit en riant, ses longs cheveux ondulés flottant sur ses épaules, et tous deux rejoignent les autres sous les arbres devant le lycée, avant de s'installer pour attendre Emma.

C'est une belle et chaude journée de début d'été. Le soleil brille de ses rayons dorés, les couleurs semblent vives et joyeuses, la plupart des visages sourit, et une brise légère joue avec les robes, les mèches, les drapeaux. Certains groupes parlent de cinéma, prévoient une sortie à la plage. Lily, elle, se contente de sourire à Thomas et attend sa soeur de coeur, patiemment. Le BAC passé, elle ne se soucie plus de rien, et ses projets de vacances - leurs projets, songe-t-elle en voyant Emma sortir - lui arrachent un rire léger, joyeux, un simple rire de pur bonheur. Le jeune homme près d'elle demande alors :

« C'est toujours le Canada la semaine prochaine ? »
« C'est ça... » murmure la jeune fille brune, rattachant ses cheveux, enthousiaste. « C'est ça. J-8 ! »
« Ca va être génial. » souffle sincèrement son ami, en lui adressant un sourire. « Profite, d'accord Lily ? »
« Compte sur moi ! » rit-elle avant de s'avancer pour le prendre dans ses bras. « Bonne vacances, Nounours. »
« Bonnes vacances à toi aussi, et à l'année prochaine ! »

Puis tous deux se séparent, et après quelques mots échangés avec Emma, Thomas s'éloigne, les deux filles prenant le chemin opposé. Normalement, ils rentrent par le même sentier, tous les trois, à pied, mais cette fois, Lily et Emma font un petit détour... Une joie sans limites se lit dans les prunelles noisette, et elle joue doucement dans les mèches de jade de son aînée, son amie. Celle-ci lui lance un regard mi-excédé, mi-amusé, puis la plus jeune murmure, savourant chaque mot :

« Hey, Em'... On est le 1er juillet ! »
« Ravie de savoir que la date d'aujourd'hui te rend si euphorique. »
« Arrête, c'est moi la sarcastique ! Je ne t'apprends pas à dessiner, moi, que je sache ? »

Seul un rire lui répond, et finalement, elle éclate de rire elle aussi, tandis que deux oiseaux, un peu plus loin, s'envolent du bitume gris pour danser dans le ciel. Aujourd'hui, Lily veut croire que, comme les oiseaux, elles sont libres. Libres se s'envoler, d'aimer, de rêver... Libres de vivre. Alors elle serre plus fort la main de son amie dans la sienne, et toutes deux continuent leur chemin, les mèches de jade de la plus grande illuminant son visage souriant. Le sourire que sa cadette aimerait voir plus souvent.

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Une semaine a passé. C'est le matin du grand départ. Lily n'a pas dormi, passant la nuit sur Skype avec Emma et d'autres amis, bien trop surexcitée pour fermer l'oeil et se reposer, et a été prête dès six heures pour partir, descendant sac et valise d'elle-même avant de sortir son téléphone pour tenter de se calmer par un peu de musique. C'est son talisman, un de ses refuges. Elle aime chaque note, les histoires que racontent les instruments et les paroles...
Cependant, quand elle arrive à l'aéroport, elle a bien d'autres choses en tête et enlève ses écouteurs pour se précipiter vers Emma, l'enlaçant comme elle en a l'habitude.

La jeune fille aux mèches colorées lui rend son étreinte, et toutes eux, accompagnées de leurs parents, rejoignent le lieu d'enregistrement des bagages. Les valises parties, c'est l'heure des "au revoir", et finalement, les deux amies se dirigent vers la salle d'embarquement, après avoir passé la douane. Plus qu'une demi-heure à attendre. Tic tac, tic tac.
La brune s'est calmée à présent, elle est presque trop calme. L'émotion lui serre la gorge, et elle en oublie l'arc-en-ciel, l'espace de quelques secondes, essuyant deux larmes qui roulent sur ses joues. Elle ne peut s'empêcher de se poser un million de questions, et le manque se fait ressentir, à seulement quelques heures des retrouvailles... Mais elle ne dit rien, et la main douce d'Emma se pose sur la sienne, délicate. Elle comprend. Et finalement, la jeune fille aux cheveux verts murmure :

« Tu n'es pas seule, Lils. Rappelle-toi l'indigo. »
« Je t'aime, Emma. » répond seulement en un souffle sa cadette.
« Moi aussi, petite soeur. Moi aussi. »
« Aha, c'est enregistré ça, pour la prochaine fois où tu diras que tu ne m'aimes pas ! »
« ... Qu'est-ce que je vais faire de toi ? » soupire l'aînée, secouant la tête en signe de négation.

Puis l'appel pour les passagers se fait entendre, et toutes deux se lèvent, leur sac sur le dos, leur passeport en main, pour rejoindre la file qui se forme devant les deux agents vérifiant les cartes d'embarquement. Par la grande baie vitrée, un rayon de soleil vient jouer sur le visage des deux filles, et elles aperçoivent, juste devant elles, une petite fille ne devant pas avoir plus de six ans, s'amusant avec un cristal et faisant apparaître dans la lumière de petits fragments d'arc-en-ciel. Elle sourit innocemment en croisant le regard d'Emma, puis celui de Lily, et les deux amies lui rendent son sourire... La plus jeune ne peut que penser, tandis qu'elles tendent leurs pièces d'identité aux agents, combien elle donnerait pour que sa meilleure amie puisse sourire ainsi, sans soucis. Elle donnerait n'importe quoi pour retrouver son arc-en-ciel.

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Installées dans l'avion, les deux jeunes filles ont sorti leur ordinateur, leur carnet, et tandis que l'une griffonne, attendant le départ, l'autre écrit une nouvelle phrase de son roman, puis se ravise et ouvre un autre document, une autre page. D'abord le titre, puis le résumé de l'idée générale, et quelques images trouvées sur Internet ainsi que deux musiques, quelques inspirations. Puis elle note l'intitulé du premier chapitre, et se met à écrire, les mots coulant naturellement, flots d'encre et de sentiments. Sa plume continue sans cesse, tandis que le grand oiseau blanc de métal se remplit peu à peu, et en dix minutes, une page est déjà remplie, les mots, noir sur blanc, relatant une histoire qu'elle connaît par trop bien.

Cependant, tous se préparent au décollage. Ça et là, quelques enfants rient, jouent, la petite fille de tout à l'heure dessine un soleil, avec un crayon jaune, et les adultes s'asseyent après avoir rangé leurs bagages.Lily relève alors les yeux, et pose son regard sur Emma, dont les doigts se sont crispés sur son stylet de tablette graphique, le dessin inachevé visible sur l'écran. La brune pose alors sa main sur celle de son amie, avec délicatesse, et murmure :

« Tout va bien, Em'. L'avion ne va pas s'écraser... »
« Évite ce genre d'idée, s'il te plait... En plus, tu n'en sais rien. »
« Tout ira bien, je te le promets. Et je tiens toujours mes promesses. »

Quelques minutes plus tard, l'oiseau blanc vole au milieu des nuages dans le ciel d'un bleu très doux, et les deux filles échangent un sourire avant que la plus jeune ne se mette à jouer doucement avec les mèches de jade de sa grande sœur de cœur, malgré les protestations de celle-ci. Sur le siège de la rangée voisine, la petite fille au cristal, à l'arc-en-ciel et au crayon jaune s'est endormie, son visage aux joues roses illuminé d'un petit sourire. Tout est calme.
Une fois de plus, Lily a tenu sa promesse. Elle les tiendra toujours. Pour Emma, et pour tous ceux qu'elle aime.

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L'avion s'est posé, doucement, dans le paysage nocturne, face à l'aéroport aux grandes baies vitrées reflétant les étoiles. Les lumières guidant les grands oiseaux blancs parsèment les chemins de vert, de rouge, de jaune, et derrière les fenêtres, les silhouettes d'hommes, de femmes et d'enfants qui attendent se dessinent. Ils attendent des amis, des enfants, des parents ou un vol. Ils attendent, simplement, en ce lieu de voyage, que passe le temps. Lentement. L'avion se vide à présent, et les hôtesses sourient aux passagers, les saluant, avant que tous ne quittent le grand oiseau blanc.

Lily et Emma ont récupéré leurs sacs, rangé leurs affaires, et sortent, main dans la main, dans les couloirs, le coeur léger, très loin de leurs inquiétudes. Elles les ont laissées à des milliers de kilomètres... Devant elles, la petite fille au crayon jaune sautille, avec l'enthousiasme d'une enfant de six ans, et les deux amies esquissent un sourire avant de la suivre. Les couloirs se succèdent, les boutiques et restaurants illuminés, et les deux silhouettes continuent d'avancer, derrière la fillette. Toutes deux passent la douane, récupèrent leurs valises, et finalement, se dirigent vers la salle où attendent les familles, les amis des voyageurs.

La plus jeune passe une main dans ses cheveux bruns, ses prunelles noisette pétillant de joie, et rajuste sa tunique blanche brodée d'or et de dentelle, tandis que son aînée lui sourit, avec un sourire légèrement narquois, ses cheveux d'un vert jade encadrant son visage au teint d'ivoire, pâle contre son pull pourpre et noir. Enfin, toutes deux se retrouvent à la porte de la salle, et le regard clair de Lily balaie les visages, à la recherche d'un sourire en particulier. Un sourire qu'elle reconnaîtrait n'importe où.

La petite fille au crayon jaune suit ses parents hors du bâtiment, retrouvant semble-t-il une amie,en robe bleue, aux longs cheveux d'or, ainsi que ses parents, et finalement, Emma voit un magnifique sourire se dessiner sur le visage de son amie. Un sourire de joie pure. Emma comprend alors que malgré tous les sourires qu'elle a vus de sa petite soeur, celui-ci est sans doute le plus sincère, et serre la main de celle-ci dans la sienne tandis que Lily l'entraîne vers deux silhouettes, à pas rapides, qui se transforment bientôt, la jeune fille n'y tenant plus, en une course effrenée. L'aînée des deux filles la suit, à pas plus mesurés.

Deux petites silhouettes s'élancent elles aussi, et entourent les soeurs voyageuses, avant de se jeter dans les bras de l'adolescente aux yeux noisette, qui éclate de rire et les serre contre elle, murmurant quelques mots à leur oreille. La première est une petite fille de cinq ans, aux cheveux bruns et aux yeux sombres, qui sourit avec malice, la seconde un petit garçon, sans aucun doute son frère aîné, âgé de neuf ans, dont le visage à la peau très claire possède encore les rondeurs de l'enfance. Emma comprend alors à qui elle a affaire, et Lily confirme ses pensées en soufflant :

« Em', je te présente Romain et Charlotte, mes petits cousins. »
« Et nous, tu nous oublie ? » demande une voix amusée, derrière l'adolescente.
« Comment voudrais-tu que je t'oublie, Arnaud ? » soupire celle-ci, se retournant lentement pour lui faire face.

Il n'a pas changé. Ses cheveux, ses traits sont les mêmes, un peu moins adolescents, plus adultes que la dernière fois qu'ils se sont vus, peut-être, mais son sourire, qui illumine un regard chocolat, lui, est aussi lumineux, enthousiaste et aimant que dans les souvenirs de Lily. Alors la jeune fille se jette à son cou, et il l'enlace sans hésiter, tandis qu'elle hésite entre le rire et les larmes. Elle vient de retrouver son cousin, son aîné, son ami, son grand frère tout à la fois, et à cet instant, rien d'autre n'importe plus. L'adolescente rouvre cependant ses yeux noisette quelques secondes, tend la main vers sa cousine Claudelle, et l'attire en une étreinte qui bientôt se fait collective, Emma, Romain et Charlotte les rejoignant. Elle est à nouveau chez elle.

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Désormais allongées côte à côte dans la nuit, Emma et Lily observent le plafond de la chambre qui leur a été allouée. Celle de Maude, l'aînée d'Arnaud et de Claudelle. Ceux-ci ont regagné leurs propres quartiers, après une longue soirée de rires et de retrouvailles, intégrant la jeune fille aux mèches de jade à la famille, tandis que Romain et Charlotte sont rentrés chez eux avec leur mère et leur frère aîné, Antoine. Celui-ci était content de voir Lily, et tous ensemble, ils ont beaucoup joué et chahuté, jusqu'à ce que les plus jeunes s'endorment...

Tout est calme, désormais, silencieux, et seule une lune ronde pare les arbres au-dehors d'une lumière argentée. La plus jeune des deux amies se lève, repoussant les couvertures, et se dirige vers la fenêtre, appuyant sa joue contre le verre froid, contemplant au-dehors sans trouver le sommeil. Elle sait que peu importe l'heure, la chambre de ses aînés lui sera toujours ouverte, mais ne souhaite pas les déranger. Cependant, elle n'a pas à le faire, et la porte s'ouvre, un rai doré se glissant dans la pièce tandis que la voix d'Arnaud se fait entendre, très douce :

« Lily ? »

Un regard noisette lui répond aussitôt, un sourire, et il demande avec amusement, se souvenant des années innombrables où la fillette puis l'adolescente a frappé à sa porte, le soir, les yeux grands ouverts, réclamant histoires, jeux, câlins ou discussions, avant de s'en aller, le plus souvent avec une peluche qu'elle lui avait volé, ou encore s'endormant dans son lit :

« Tu n'arrives toujours pas à dormir ? »
« Non. » murmure doucement la jeune fille, qui lui rend son sourire.
« Tu peux venir avec moi, si tu veux. Il y a Catherine au téléphone, elle veut te parler, même si elle pense venir demain. Apparement, elle ne veut pas attendre. » rit son aîné. « Et puis, tu as sans doute des choses à me raconter ? »
« Bien sûr ! » répond Lily, enthousiaste. « Je te rejoins tout de suite. »

La porte se referme, et la jeune fille se lève, ses cheveux chocolat tombant en cascade sur ses épaules nues, sa robe blanche formant des plis gracieux, sans vent aucun pour la faire flotter. Malgré tout, elle ne s'en va pas tout de suite et s'assied sur le lit, tout près d'Emma, remarquant son regard songeur, avant de demander :

« Tout va bien, grande soeur ? »
« Ca va... » murmure l'intéressée, pensive et presque triste.
« D'accord. » souffle Lily, guère convaincue. « Si tu veux me parler, je serai toujours là tu sais... »
« Va avec Arnaud, allez ! Ta famille te manque quand tu es loin d'eux, il faut que tu profites de chaque moment... »
« J'y vais, j'y vais ! » rit la plus jeune. « Mais tu sais, tu es de ma famille, toi aussi. Quoiqu'il arrive. Qu'on soit ici n'y change rien, je serai toujours là pour toi. Je t'aime, Emma. Et je t'ai promis l'arc-en-ciel. »
« J'en ai marre. Du lycée. » précise Emma en voyant le regard de sa cadette. « Marre de pas me sentir bien en permanence, et de compter les minutes qui semblent atrocement longues. Marre de ma phobie sociale. Toi, t'as l'air de jamais avoir peur. »
« Tu rigoles ? » répond seulement la jeune fille aux yeux noisettes, d'une voix très douce, à peine audible. « Je vis avec la peur à chaque instant, Em'. Chaque seconde de ma vie, malgré ma joie et mes sourires. C'est elle qui m'arrache mes larmes, que je te cache parfois pour ne pas t'inquiéter. J'ai peur, constamment. De rater un examen, de me disputer avec un ami, de me faire des illusions et d'avoir le coeur brisé. Mais plus que tout, j'ai toujours peur d'être désespérément impuissante et de perdre un de mes proches. Arnaud, Claudelle, Charlotte, Antoine, Romain... Tous. J'ai peur chaque jour, chaque heure, chaque minute, parce qu'il peut leur arriver n'importe quoi, et je ne serai pas là. Et... » murmure t-elle en prenant la main fine de son amie, effleurant du bout des doigts son poignet. « J'ai peur de te perdre toi. Alors non, je ne suis pas sans peur. J'ai seulement appris à bien le cacher. Et parfois, malgré tout, la vie est belle... »
« Tu pourras toujours me parler quand tu es inquiète, Lils. Tu es ma petite soeur, mon ange cornu aux ailes de tôle. Je suis là, tu sais. »
« Bien sûr, je le sais. Et c'est parfaitement réciproque. Tu sais, l'arc-en-ciel... Tu te rappelles la prochaine couleur ? »
« Le jaune. » répond sans hésiter l'adolescente aux cheveux colorés.
« Le jaune, oui. » répète Lily, ouvrant ses mains pour révéler, dans sa paume, un petit pendentif de topaze, représentant un avion, délicat oiseau blanc, et une rose. « Le jaune, c'est la couleur du soleil, en mille nuances. Le citron, l'ambre, l'or et le miel. Le jaune signifie le talent artistique et la promesse de bonheur, et la rose jaune est le symbole de la joie et de l'amitié. Le jaune, c'est une lumière au milieu des ténèbres. J'ai peur, oui, Emma. Mais il existe une chose plus puissante que la peur : l'espoir. Alors je veux que tu te rappelles le jaune comme étant l'espoir. Je t'aime, grande soeur. »
« Merci, Lily. »

Un dernier sourire, un geste délicat, les doigts de la jeune fille s'attardent dans la paume de son amie pour y déposer la pierre fine ciselée. Puis la porte se rouvre, et une ombre vêtue de blanc sort de la pièce sans un bruit, après un dernier regard noisette derrière elle. Emma sourit, glissant le pendentif sur la chaîne qu'elle rattache à son cou. Puis elle reprend son carnet, son crayon et son aquarelle, pour continuer le dessin sur lequel elle travaille, pour un concours sur le thème de la Joie : pour l'instant, seul un visage de jeune fille souriant se dessine sur le papier, mais désormais, la jeune artiste - manieuse d'arc-en-ciel, comme la surnomme sa cadette - sait comment le terminer. Peu à peu, une couronne de fleurs s'esquisse dans les longs cheveux bruns : des fleurs roses, blanches et jaunes, en une couronne de bonheur. De l'autre côté du mur, Lily éclate de rire, et ses yeux noisette pétillent tandis qu'Arnaud l'enlace. Oui, sans hésiter, le bonheur existe.

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