Écrit en avril 2018
Corrigé en septembre 2018

Claude me présente les nouveaux appareils auditifs que Tsukumo va porter. Il me les remet en personne, jugeant que c’est à moi de les lui poser. Je reste fasciné par de si petits objets. Grâce à cela, mon servant retrouvera son ouïe. Je commence à mieux comprendre ce personnage et ses secrets. Cet humain que je pensais connaître est rempli de mystères. Je me demande si c’est génétique ou s'il a vécu un accident traumatisant. Ou peut-être est-il né ainsi, avec un peu moins de force qu'un autre.

Après avoir remercié Claude, je me rends dans la chambre de Tsukumo et surprend ce dernier qui se change. Je rougis en découvrant son torse fin et ses petites épaules. Tsukumo reste imperturbable malgré qu'il soit à moitié nu sous mes yeux. Bon, je reconnais qu’il porte un pantalon et une chemise déboutonnée, mais quand même ! C'est indécent.

Je m’apprête à lui annoncer la bonne nouvelle avant de me rappeler qu’il ne m'entend pas. Je décide de lui tendre ma main pour qu’il voit de lui-même.

Un éclat lumineux s'empare de ses yeux. Tsukumo sait qu’il va pouvoir réentendre et cela le rend heureux. Je suis rassuré.

—Viens…

Il ne m’entend pas mais me fait confiance quand je le prends doucement par la main. J’observe son bondage autour du bras qui me peine. Je suis chagriné car je suis responsable de cette blessure. J’ai blessé Tsukumo.

Mais je dois lui rendre l’ouïe. Alors avec la plus grande des tendresses, je relève les mèches qui couvrent ses oreilles. Elles sont toutes petites, l'une d’être elle porte la cicatrice que je lui ai faite cette nuit-là. Je ne l'ai pas que blessé à l’épaule, j'ai arraché ses anciens appareils dans ma brusquerie.

—Tu es beau, Tsukumo. Tellement.

Il ne m’entend pas et cela me rassure car juste une fois, et rien qu’une fois, je veux lui faire part de ce que je ressens.

—Merci d’être toujours à mes cotés, Tsukumo. Ce que j’éprouve pour toi dépasse l'entendement. Je me suis caché derrière des excuses mais à présent, c'est plus que du désir.

Je glisse une main sur sa joue, laissant mes doigts caresser l'une de ses oreilles. C’est ici que je m’apprête à lui mettre ces appareils, j’ai l’impression de le demander en mariage, c’est si singulier comme sentiment. Je me sens toute chose. Je suis à la fois heureux de partager ce moment avec lui, mais aussi très embarrassé.

—Je t’aime, Tsukumo.

Sur ces mots, je décide de briser le silence dans lequel vit Tsukumo depuis des jours. Il rougit légèrement quand il commence à sentir les appareils autour de ses oreilles.

—Tu m’entends, Tsukumo ?

Il me regarde, les yeux en grands.

—O-Oui ! Je vous entends, Monsieur !

Il se blottit contre moi sans ambiguïté. Mais je ne peux pas en dire autant pour moi. Pourtant, je ne peux pas craquer et causer d'ennuis à Tsukumo. Alors je décide de reculer pour mettre des barrières entre nous.

—Que les choses soient claires, Tsukumo… si tu te rapproches autant de moi, je le prendrai comme une… invitation. Alors ne me tente pas.
— P-Pardon… Monsieur.

Je caresse simplement ses cheveux.

—Non, c’est moi qui te présente mes excuses. Repose toi en-
—Non, je vais mieux, Monsieur. Laissez moi rester à vos côtés.

Je le regarde longuement avant de céder. Je ne peux rien lui refuser. Comment dire non à cette tête d'ange ? C'est impossible.

—À une condition.

Je l'aide à attacher les boutons de sa chemise. À mon tour, je lui rends service. Tsukumo rougit plus que d'habitude, surpris par ma réaction.

—N-Ne faites pas ça ! C-Ce n'est pas à vous de vous occuper de moi, Monsieur !

Je lui souris en terminant de nouer le ruban autour de son cou si fin.

— Je ressens la même joie que toi quand tu me sers, Tsukumo.
—Mais Monsieur…
—Reste à mes cotés à condition que tu ne forces pas sur ta blessure. Dis le moi quand tu ne pourras pas faire une chose et je la ferais pour toi.

Tsukumo est un être fragile, je ne peux pas me reposer éternellement sur lui. Il doit déjà mener un combat du quotidien, je ne peux pas me permettre de jouer l’enfant pourri gâté.

—J-J‘accepte vos conditions, Monsieur.