Chapitre dix.

Chapitre écrit en 2018 / corrigé en 2020

Les regards sont braqués sur nous quand nous arrivons enfin.

Liselotte et Tarek n’ont pas pu venir à l'anniversaire de Tsukumo par obligation professionnelle mais ils le lui ont souhaité avec amour dans une lettre pleine d'attention, et de cadeaux. Et si mon serviteur est sensé être le personnage principal de cette soirée, j'attire bien trop l'intention sur moi pour que les invités le remarquent. En tant que prince, je reçois constamment des courriers de rois pour que j’épouse leur fille ou fils. Cet événement est l'occasion pour eux de relancer leur demande mais c'est également un bon moyen pour moi de vérifier si Tsukumo peut se montrer jaloux. Je ne dois pas jouer avec ses sentiments mais il est si calme que j'ai un peu peur. J'espère qu’il va montrer un signe d'intérêt et se manifester car je suis dans l’incertitude totale. J'ai l'impression d'être le seul à ressentir ces sentiments. Je veux le voir se mettre en colère, l'entendre s'exprimer ou même pleurer pour moi, juste une fois.

—Aranaël !

Sortie de nulle part, une veille amie de longue date vient à ma rencontre. Elle s'appelle Lyrini et nous nous connaissons depuis notre plus jeune âge aussi, elle n'a pas hésité à me sauter dans les bras pour m'accueillir, me forçant à lâcher la main de mon servant. Tsukumo la connait tout aussi bien que moi mais est très distant avec cette dernière. Pourtant, elle ne manque pas de charme. Lyrini est vraiment mignonne, et est devenue une belle jeune femme avec le temps.

—Oh, Tsukumo, tu es là ?

Mon serviteur ne répond pas quand elle lui parle. Il se braque constamment quand quelqu’un d’étranger à ma famille lui adresse la parole. Ce garçon est réservé et très timide et ce, même s'il apprécie Lyrini.

—Tu ne trouveras jamais ton âme sœur si tu restes aussi froid, lui fait remarquer Lyrini.

Notre amie ne se rend pas compte de sa maladresse et de la portée de sa parole, bien qu'elle ait raison. Je sais qu'elle veut bien faire mais on parle de Tsukumo quand même. Et c’est un terrain encore inconnu pour quelqu’un comme lui. Il est renfermé, timide à cause de ses handicaps et lacunes. Il a un peu plus de mal à aller vers les autres, mais avec le temps, je suis certain qu'il surmontera toutes ces épreuves car à part nous, il n'a ni famille, ni amis.

—Fais attention à ce que tu dis, Lyrini.
—Mais il est constamment sur ton dos. Comment veux-tu laisser une chance à tes prétendants si tu ne prends pas un peu tes distances ?
—Lyrini !

Je viens d'hurler dans toute la salle. Lyrini a pourtant raison et m’énerver après elle ne changera rien. Si nous restons collés l’un a l'autre comme ça, ni lui ni moi ne pourrons prendre notre envol et trouver quelqu'un. Mais j'ai l'impression d'être lié à Tsukumo par un lien indescriptible. J'ignore s'il en a conscience lui même mais je ne le vois pas avec quelqu'un d'autre. Pas parce que je le connais depuis des années, mais parce que c'est lui et personne d'autre.

J'ai refusé de fréquenter Lyrini et de faire d’elle ma fiancée. Elle ne manque pas de douceur quand c'est pour s'exprimer. C'est quelqu’un gentil en plus d’être très jolie. Lyrini est une femme de caractère qui fait succomber les bêtes les unes après les autres mais c’est moi qu'elle veut. Malheureusement, j'ai rejeté toutes ses déclarations parce que je ne le vois pas autrement qu’une amie. Elle est précieuse à mes yeux mais je ne suis pas amoureux d'elle. Elle apprécie Tsukumo mais le jalouse en même temps. Elle n'est pas facile à cerner mais elle n'est pas quelqu'un de mauvais. Et elle veut réellement le bien de mon serviteur malgré tout. Lyrini fait simplement preuve de maladresse face à lui parce qu’elle s’inquiète.

—Ça suffit, tu nous mets mal à l’aise  avec Tsukumo.

Elle gonfle ses joues avant de partir, vexée. J’ai le cul entre deux chaises. D'un côté, j’ai Lyrini, une femme de caractère correspondant à l'épouse parfaite. Mature et entreprenante, qui a la main sur le cœur. De l’autre, il y a Tsukumo. Un mur de glace difficile à faire fondre. Mais qui pourtant est le seul qui fasse battre mon cœur de cette manière.

—Je suis désolé, Tsukumo. Elle est juste maladroite mais c’est quelqu’un de bien.
—Ce… Ce n'est rien, Monsieur. Lyrini est gentille, dit-il silencieusement.

Il est beaucoup trop gentil. Malheureusement, cela n'a pas suffit à le mettre jaloux, ou en colère. Je dois créer un électrochoc. Trouver un moyen pour le faire réagir ou sinon, nous n’avancerons pas. Si Tsukumo ne me porte pas les mêmes sentiments, je veux qu’il en ait conscience. S’il doit rester à mes cotés, je ne veux pas que cela soit par obligation mais envie. Et s’il ne m’aime pas comme moi je l’aime, je veux en avoir la certitude.

—Tsukumo, tu comptes rester près de moi toute la soirée ?
— Hein ?
— C’est ton anniversaire et tu fais parti de la famille Vangogh. Je ne veux pas que tu dépendes de moi.

J'ai l’impression de faire de lui mon prisonnier. En réalité, si cela ne tenait qu’à moi, je l'enfermerais dans une cage et le garderais près de moi à vie. Mais c'est égoïste de ma part de penser ça.

Je ne veux pas prendre à Tsukumo sa liberté. Je veux qu’il décide par lui-même de son destin. S'il veut vraiment rester auprès de moi, je veux que cela soit par amour, pas par devoir.

— Monsieur, êtes vous stupide ou le faîtes vous exprès ?
— Je te demande pardon ?

J’avoue rester sur le cul face à sa réaction. Il me sort pareille réplique avec son regard si inexpressif.

Intéressant, Tsukumo. Très intéressant.

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