Chapitre deux.
Écrit en avril 2018
Corrigé en septembre 2018
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Aujourd'hui, je m’entraîne à la lance avec Ridzac, un ami à mon père qui est également mon tuteur. Comme moi, il est une bête au pelage clair, mais ses yeux sont bleus. La bête qui se tient en face de moi est un véritable monstre de guerre. La violence, il la connait. Tout son corps en est la preuve. Il est couvert de cicatrices, surtout sur le visage et dans le cou.
— Tu es trop rigide dans tes coups, Aranaël. Deviens maître de ton corps.
Sûrement parce que Tsukumo me fixe avec ce même regard que je n'arrive pas à me concentrer.
—Et si tu arrêtais de regarder ton petit et mignon servant pour te concentrer sur ton entraînement ?
— C-Comment !?
Rapidement, le ton monte de mon côté.
-—Aranaël, je suis très sérieux. Tu devrais prendre exemple sur Tarek.
Mon frère réussit tout. Il a une merveilleuse femme et un adorable fils. Il s’entraîne avec notre père et Loïck au maniement de l’épée. Si Tarek était un sale gosse en étant enfant, en grandissant il est devenu une bête respectueuse et serviable. Il est humble et toujours prêt à venir en aide aux autres. Mon frère a épousé la fille de Ridzac, ce loup tient une place particulière dans notre vie puisqu’il est un vielle ami de mes parents. Et je lui porte une très grande estime. Il est comme un second père.
—C’est bon, j'ai compris.
Ridzac caresse le haut de mon crâne pour me réconforter. Il a toujours été avenant envers ma famille, notamment maman. Et il prend particulièrement soin de moi.
Je regarde mon servant une dernière fois avant de reprendre mon entraînement sérieusement. Cette fois, la pressies retombe, j’arrive à exécuter mes coups contre Ridzac avec plus d’aisance. Il continue de m’encourager et Tsukumo de m’observer. Même si le monde est plus tranquille à présent, les ténèbres ne partiront jamais. Tant que la lumière existera, il faudra les repousser. C’est donc à notre tour d’agir et d'assurer le futur.
Nos parents nous ont expliqué leur vie. Leur rencontre, l'enfance de maman mais surtout, leur amour. Je veux les rendre fiers de moi. Mais également montrer à Tsukumo que je peux le protéger et qu'il peut me faire confiance.
— C’est beaucoup mieux. Je suis très content de te voir manier une lance. Cette pratique se perd peu à peu dans notre monde.
Je regarde Ridzac dans les yeux. Ce dernier m’invite à m'assoir sur une souche d’arbre pour prendre une pause. Naturellement, Tsukumo essuie les traces de sueur sur mon visage pendant que je discute avec mon tuteur. Il laisse la serviette pendre à mon cou.
—Tu as la chance d’être rapide dans tes coups et souple quand tu le veux. La lance est une arme assez imposante de part sa taille. Mais bien utilisée, elle fait plus de dégâts qu'une épée.
— Je suis fier de pouvoir utiliser cette arme, Ridzac.
C'est une lance qu'il m'a offerte. Elle est faite à partir des poils de son pelage. Elle semble usée par le temps mais pourtant, elle ne cède pas. Ridzac dit qu'il existe un lien entre une arme et son porteur. Et c’est ce lien qui permet à une arme de ne pas se briser et de tenir dans les mains de son utilisateur.
—Je suis content que Daeron me confie l'un de ses fils. Je me souviens de toi quand tu étais petit.
— Hein ?
Je n’aime pas spécialement parler de mon enfance. En soi, elle n'a pas été bouleversée mais je préfère le moi de maintenant. Aujourd’hui, je suis capable de prendre les armes pour me battre et défendre Ibn Fadhan.
-—Tu pleurais et dormais beaucoup. Tarek arrivait à t'entrainer dans certaines de ses bêtises. Mais quand tu étais face à des inconnus, tu te cachais derrière le dos de Tsukumo en rougissant et pleurant.
Je rougis, gêné. Voilà pourquoi je ne veux pas parler de mon passé ! J’étais trop dépendant de Tsukumo… non, je le suis toujours. J’ai pris l’habitude de me faire servir par lui.
— Vous allez finir mariés tous les deux. Tu dévores cet humain des yeux.
Si j’explose de gêne sur ma souche, Tsukumo se contente de répondre froidement :
— Si c’est ce que Monsieur désire, mon corps lui appartient.
Voilà le véritable problème de Tsukumo. Il ne me refuse rien. Si je le veux vraiment, je peux lui faire l'amour. Et je le veux vraiment ! Ce n’est pas l'envie qui me manque mais j’aurais l’impression de commettre l’irréparable, parce que cela ne viendrait pas de lui. Je peux faire ce que je veux de lui qu’il dirait Amen à tout. J’ignore par moment si cela est vraiment de la gentillesse ou simplement de l'inconscience mais Tsukumo est peut être trop naïf de croire que je suis une gentille bête.
Ridzac regarde mon servant avec des yeux peinés. Même lui n'arrive pas à comprendre d’où peut venir une telle froideur. Les seules personnes avec qui Tsukumo arrive à tenir une petite conversation sont mes parents. Notamment ma mère.
-—Tsukumo, tu es sur que c’est ce que toi tu voudrais ? Demande Ridzac.
Tsukumo le fixe, sans répondre. Le faire parler est déjà difficile pour moi, alors pour les autres, c’est encore plus difficile. Pourtant, je sais que mon servant apprécie Ridzac.
— Comment ça, Monsieur ?
— Tu es un jeune adulte maintenant mais tu sembles dépendre d'Aranaël.
Si je me suis habitué à vivre avec Tsukumo, il en va de même pour lui. Il me suit où que j'aille, il m’attend même devant la porte des toilettes quand j'ai besoin d'y aller. Tsukumo a promis de veiller sur moi, et moi de le protéger. Papa et maman m’ont d'ailleurs confié cette tâche. S'il sert notre famille, je reste le seul avec qui, Tsukumo est le plus proche. Mes parents l’ont remarqué et m'ont demandé de prendre soin de lui. Pour eux, il est comme un fils, malgré leur quelques neuf enfants en plus de lui.
—;Si Monsieur n’a plus besoin de moi, je partirai.
Je regarde Tsukumo, troublé par ses propos. Quelque part, j’ai l’impression de le priver de sa liberté. Il est humain et a complètement le droit de désirer vivre comme il l’entend, mais je suis égoïste. Je n'ai pas envie de le perdre non plus ou qu'il s'éloigne de moi. Il continue de tenir ce genre de discours que je ne comprends pas. J'ai l’impression que toute son existence tourne autour de la mienne et de mes choix.
Voilà pourquoi j’ai peur de ce garçon. De cet humain qui est aussi froid que naïf.
C’est la première fois que ma route croise celle d’un être aussi fascinant que…
Terrifiant.
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