Partie 4 : Quatrième Altitude
Pov Shira:
Je soupirai pour la dixième fois en moins d'une minute et claquai ma langue contre mon palais.
Ces papiers commençaient à sérieusement me taper sur le système...En force puissance mille.
Il est hors de question que je les signe..!
Je regardai les quatre dernières lignes du contrat que l'on m'imposait d'accepter et ne pus me résoudre à écrire ma signature en bas de la page.
Accepte de vivre dans l'établissement privé au Nord de la France et de ne plus avoir le moindre contact avec l'extérieur pendant une durée indéterminée et se voit interdire la moindre visite en dehors d'un membre du milieu médical.
Vraiment Maman ? C'est vraiment tout ce que tu as trouvé pour ne plus me voir ? Un prétexte de stress-post-traumatique dégénératif dangereux pour mon entourage...Comme si le fait d'avoir peur était synonyme de folie.
Il était hors de question que je me fasse interner dans cet hôpital psychiatrique. Pas vivante du moins.
Début du Flash-back:
" ─ Ma chérie..., commença ma mère en s'avançant vers moi.
─ Ne m'appelle pas comme ça ! Ma voix claqua, dure, mordante.
─ Ne sois pas si obtus Shira...Tu es si égoïste.
Mes yeux s'écarquillèrent.
─ Egoïste? En quoi suis-je égoïste ?
Le ton monta d'un cran et l'électricité crépita dans l'air, dressant presque mes cheveux sur ma tête.
─ As-tu pensé ne serait-ce qu'une seconde à ton père ou moi-même ? Ça va faire quatre ans que tu te lamentes sans arrêt, quatre ans que je te supporte de moins en moins !
─ J'ai perdu ma jambe ! Ma jambe ! Pas mon permis de conduire, pas ma voiture...ma jambe ! Comment ferais-tu à ma place ? Qui doit constamment vivre avec l'illusion de la retrouver chaque matin et pleurer en voyant que ce n'était qu'un rêve ? Qui ne pourra plus jamais danser ?
─ Si tu avais été moins bête et si tu m'avais écoutée, rien de tout cela ne serait arrivé ! hurla-t-elle avec une telle hargne que je crus recevoir un coup à l'estomac.
─ Qui m'a poussée dans mes derniers retranchements Maman ? Qui m'a bouleversée au point que j'en perde le contrôle de cette foutue voiture ? Hein, qui ?
Ma voix me sonnait creuse, comme si curieusement, les émotions s'en étaient allées.
Elle eut le mérite de se sentir gênée.
─ Tu dois signer ce contrat...C'est pour notre bien à tous.
─ Pour le bien de ton image, tu veux dire.
Elle soupira et me regarda d'un air si blessé qu'elle aurait pu en être crédible si son expression n'était pas aussi feinte...
─ Tes crises sont de plus en plus violentes et personne ne sait de quoi tu seras capable dans une semaine, ou dans un mois.
Je grinçai des dents.
─ Ne va surtout pas me faire croire que tu es sincèrement inquiète pour moi, Jade. Ça ne marche pas et cet air froissé te donne l'air d'un Shair Pei.
Elle me foudroya du regard et son visage se décomposa.
─ Nous sommes tous inquiets pour toi...
─ Inquiet pour mon argent, non ?
Elle plaça sa main directement sur son cœur, en bonne comédienne qu'elle était.
─ Comment peux-tu insinuer que la famille penserait une telle chose ?
─ Je ne sais pas...Peut-être parce que je vous connais suffisamment pour savoir que vous êtes tous assez calculateurs et superficiels pour ça.
Elle se secoua la tête et décida de changer de tactique.
─ Shira, nous ne te laissons pas le choix. Soit tu deviens enfin raisonnable et tu acceptes de signer ce contrat, soit nous t'enlevons ta prothèse et rompons notre promesse.
Je me figeai, la sanction me foudroyant comme la foudre.
J'étais incapable d'avoir la moindre pensée cohérente...
Ils avaient osé..."
Fin du Flash-back
Que faire...?
Je croyais que mes parents avaient une once d'humanité...
J'avais tort.
A force d'acharnement et de menaces à peine voilées, j'avais réussi à gagner du temps...
Un maigre délai censé m'aider à prendre une décision.
...Si j'y arrivais bien sûr.
Devrais-je sacrifier ma jambe et cette promesse au profit de ma liberté ?
Je me figeai, en proie au doute.
Qu'aurait-elle fait à ma place ?
Mes yeux se posèrent sur une de mes vieilles photos trônant sur la table du bureau.
Une des dernières marquant son visage...
Son sourire qui s'était effacé si vite et qui ne refleurirait jamais.
Je n'abandonnerai pas...Mais je ne veux pas perdre cette prothèse. Elle est ce qu'il m'aide à avancer, à tenir devant le regard des autres.
Je n'arriverai sûrement pas à prendre une décision aujourd'hui.
Ignorant la musique stridente de mon téléphone, je lâchai mon stylo d'un mouvement brusque et tournai mon siège en direction de la fenêtre.
Je vis la légère brise du vent faire tomber quelques feuilles sur le sol, les ballotant jusqu'à ce qu'elles se froissent.
Tic, tac, tic, tac...
Elles semblaient me narguer, me pousser à prendre cette décision.
Lorsque l'on m'avait posé cette prothèse, le chirurgien m'avait grandement mise en garde.
" ─ Les avancées technologiques concernant les prothèses robotisées sont rares, même si la médecine a évolué ces dernières années...Ce modèle est plus complexe que les autres, beaucoup trop pour être fiable. Il faudra que vous la changiez une fois par an, au risque que celle-ci se rouille ou se brise. Le fait qu'elle soit reliée à vos nerfs favorise beaucoup de choses mais ce n'est hélas, pas suffisant...Vos parents possèdent l'autorisation et les papiers nécessaires pour cette opération...Il faut impérativement qu'elle se fasse, sans ça, votre nouvelle jambe bionique ne tiendra pas même un mois..."
Les yeux de ma mère avaient brillé d'une lueur de satisfaction primale, malsaine ce soir-là...
Elle avait enfin trouvé le moyen de me briser.
Toute ma vie, j'ai supporté l'égoïsme de mes parents, la jalousie de ma mère, l'indifférence de mon père...
Leurs reproches, toujours plus poussés, cette fâcheuse manie de vouloir me rabaisser...
De faire taire qui j'étais réellement.
A présent, allais-je les laisser gagner...?
Et si je n'étais pas assez forte pour être sauvée ?
...et si je ne méritais pas d'être sauvée ?
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