Partie 32 : Trente-deuxième Temps lié
Pov Shira :
─ Je suis fière de toi, chuchotai-je dans ses cheveux.
─ Je sais, me répondit-elle en souriant.
Nous étions allongées sur mon lit, nos mains entrelacées sous les draps.
Nous avions passé notre journée en tête en tête, heureuses de pouvoir être ensemble.
L'avenir semblait radieux, notre amour...indescriptible.
─ Danseuse Etoile... Comment appréhendes-tu les conditions liées à ce titre ? Lui demandai-je d'une voix douce.
Elle tournait sa tête dans ma direction, les traits apaisés.
─ Je sais que j'aurai une entraîneuse sur qui compter...et qu'elle ne me laissera pas commettre la moindre faute.
Je lui souris, caressant sa pommette avec tendresse.
─ Et ce, jusqu'à ce que tu décides qu'une femme comme moi ne te convienne pas.
Ses sourcils fins se froncèrent.
─ Ca n'arrivera jamais. J'ai dû me battre pour t'avoir, je ne compte pas te laisser partir avant des décennies...jusqu'à ce que nos souffles se rompent et que nos cœurs cessent de battre.
J'accentuai la pression sur ses doigts, lui communiquant mon approbation.
─ Jusqu'à ce que nos souffles se rompent et que nos cœurs cessent de battre. -Répétai-je d'une voix rauque.
─ Shira...?
─ Hum ?
─ Quand comptes-tu aller à l'hôpital ?
Mes doigts cessèrent de survoler sa peau.
─ Je ne sais pas. Pas aujourd'hui, je ne suis pas prête.
« Sa tête se colla contre mon épaule, nos rires et moues euphoriques fusionnant au moment où la lumière éblouit nos visages. »
─ Chérie...tu ne seras jamais prête.
─ Pas aujourd'hui, répétai-je.
Elle soupira, secouant la tête.
─ Tu l'aimes encore.
Je me figeai.
─ Qu'est-ce que tu dis ? Demandai-je d'une voix blanche.
─ Je pense que tu ne te détacheras jamais d'elle.
Une colère sourde et volcanique gronda en moi comme des vagues de laves destructives.
─ Comment veux-tu que je réagisse autrement ? Comment veux-tu que je sois froide et distante alors que j'ai passé le quart de ma vie avec elle !
Ses yeux s'embrasèrent.
─ Ta compagne ! Tu parles d'elle comme si elle était ta compagne !
─ Elle l'était ! Hurlai-je en me levant.
─ Plus maintenant ! Je suis ta compagne : moi, pas elle ! Hurla t-elle à son tour.
Ivre de rage, je perdis le contrôle de moi-même, mon self contrôle, disparu comme une traînée de poussière.
─ Ah oui ? Dis-le à ton Matt ! Il n'a pas l'air de saisir cette nuance !
─ Pardon ?
Son air estomaqué ne me calma pas, mes yeux la regardant à travers les souvenirs de leurs deux corps enlacés.
─ Je vous ai vus, ensemble. Tu avais l'air d'avoir vite oublié que nous étions un couple !
Son visage se décomposa.
─ Tu me crois capable de te tromper ? C'est vraiment l'estime que tu as de moi ?
─ Je crois ce que je vois !
─ Tu m'accuses d'adultère, Shira ?
Le ton de sa voix était glacial.
Je sentis que notre relation venait de prendre un nouveau tournant.
Dans le mauvais sens du terme.
Arrête. Tout cela va trop loin..., me souffla ma conscience.
Aveuglée par la colère, je ne l'écoutai pas.
─ Qui me dit que ce n'est déjà pas le cas, hein ? Qui me dit que tu n'étais pas déjà en couple avec lui lorsque tu m'as couru après ?
Je regrettai aussitôt mes paroles.
Des larmes perlèrent aux coins des yeux de Maryane, elle se leva, récupérant sa veste et son sac à toute vitesse.
─ Petit génie...Je suis désolée, chuchotai-je d'un ton contrit en la suivant.
Elle ne me répondit pas, le dos raide et la nuque courbée, se dirigeant vers la porte d'entrée.
─ Maryane...
Elle ouvrit la porte et la claqua devant mon nez.
─ Maryane, reviens !
La panique commençait à m'empêcher de raisonner.
Ne la laisse pas partir ! Criait mon cœur en battant à vive allure.
Je sortis de la maison en trombe, la cherchant du regard.
Je la vis monter à bord de sa voiture.
─ Maryane ! Hurlai-je en espérant la retenir.
La pluie mouilla mon haut et l'obscurité m'empêcha de voir son expression.
J'entendis cependant ses pleurs.
─ Maryane, je t'en prie ! Je suis désolée !
La portière claqua et, crissant sur l'herbe, la voiture partit à toute vitesse, disparaissant dans l'obscurité.
L'horreur s'abattit sur moi comme la foudre, me paralysant sur place.
Exactement comme Sarah...
─ MERDE ! Hurlai-je avant de boitiller aussi vite que je le pus vers ma voiture.
Bouge, bouge, bouge...avance !
Ma voiture s'élança en direction de Maryane, le moteur rugissant, comblant le silence.
L'angoisse fit brouiller ma vue et trembler mes mains.
Qu'avais-je fait ?
J'avais laissé ma peur, ma fureur et mon incapacité à tourner la page, prendre le dessus.
J'avais dénigré la seule personne qui comptait le plus pour moi.
Je me dégouttais.
Plus les minutes s'écoulaient, plus ma mémoire confondait le visage de Maryane avec celui de Sarah.
Faites qu'il ne lui arrive rien !
Sa voiture était mon viseur et, grâce à mes phares, je pus voir les épaules de Maryane tressaillir.
Elle doit s'arrêter...maintenant !
Soudain, sa tête se tourna dans ma direction, triste et déterminée.
NON !
La voie dévia subitement sur le côté et, le temps que Maryane s'en rende compte, il était trop tard.
La voiture s'encastra dans un arbre.
─ MARYANE ! Hurlai-je en accélérant autant que je le pus.
Je me garai ensuite sur le coté, courant à toute vitesse.
Ma prothèse se brisa dans un craquement sourd, s'arrachant de ma jambe.
Je tombai à côté de la voiture, arrachant presque la portière.
Le corps ensanglanté de Maryane me fit hurler.
─ Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu...-Sanglotai-je en m'acharnant pour la faire sortir de là. Je suis désolée, tellement désolée ! C'est de ma faute...Je t'ai fait ça...
Maryane se mit à gémir, interrompant mon monologue.
─ Maryane ? Maryane !
Elle gémit de nouveau.
─ Je suis là, chérie, je suis là. Je vais te sortir de là, d'accord ? Je suis tellement désolée.
Je me hissai vers le haut, détachant sa ceinture de sécurité tachée de sang avant de la sortir du véhicule, berçant son corps contre le mien.
─ Je suis tellement désolée ! Pleurai-je en embrassant sa tête avec douceur.
Ses yeux s'ouvrirent, me regardant à travers un voile de souffrance infinie.
─ Shira...? Croassa t-elle.
─ Oui, chérie. Je suis là. Ça va aller, tu vas bien...
─ J'ai mal, me dit-elle faiblement.
Mon cœur se brisa à nouveau.
─ Je sais, chérie...je sais. Tout va bien se passer, tu vas bien, tout va bien.
Je fouillai dans ma poche et sortis mon portable.
La batterie était éteinte.
Le désespoir me fit gémir.
A cette heure-ci, personne n'empruntera cette route.
Et, voyant la lueur qui brillait dans les yeux de Maryane, je sus qu'elle le savait également.
─ Je ne t'ai jamais trompée, tu sais, murmura t-elle.
─ Je sais, mon amour... je sais, répondis-je en lui caressant le visage d'un geste plein de tendresse. Tu avais raison : je ne me détacherai jamais d'elle. Cependant, elle ne sera qu'un souvenir que je chérirai et toi...tu seras ma femme, l'amour de ma vie. La mort de Sarah m'affectera mais je survivrai...Si tu meurs...
Je me mis à déglutir.
─ Si tu meurs...je mourrai avec toi. Toi...tu éclaires mes nuits. Tu es la lueur de raison qui m'apaise lorsque je ne suis plus lucide. C'est toi qui me ramène...qui me réanime.
Une larme solitaire coulait le long de sa joue tandis que ses paupières se fermaient.
─ Maryane ? MARYANE !
Sa voix n'était plus qu'un bref chuchotement.
─ C'est la chose la plus belle que l'on ne m'a jamais dite...
─ Reste avec moi chérie, reste avec moi et je te promets que je te surprendrai toujours.
Sa peau perdait de plus de couleur, le sang... de plus en plus d'espace.
Fais quelque chose...! Ne la laisse pas partir ! -Hurla ma raison.
J'enlevai avec délicatesse son T-Shirt, hoquetant en voyant la plaie qui lui barrait le ventre.
─ C'est moche, hein ? Gémit-elle en tentant de sourire.
─ Tu vas bien...Reste avec moi, c'est tout, fis-je en tentant de l'apaiser.
─ Je ne sens presque plus mon corps.
Cette constatation me glaça le sang.
Je tentai de garder mon calme, pour elle.
Je déchirai mon T-Shirt, faisant un garrot en serrant au maximum.
Je vous en prie, laissez-lui la vie sauve !
─ S-Shira...?
─ Oui, mon amour ?
─ Où es-tu ? Je ne te vois plus...
Je me mis à sangloter, son état empirait à chaque seconde.
─ Je suis là, chérie. Je suis là. Reste avec moi, s'il te plait !
Ses doigts tâtonnèrent, cherchant les miens.
Je les pris embrassant leurs extrémités, retenant un hurlement.
Si Maryane vient à mourir ce soir...je partirai avec elle.
─ Ça va aller, mon amour...Je serai toujours avec toi. Je ne te laisserai jamais seule.
Je la berçai contre mon cœur, chantonnant pour l'apaiser, caressant ses cheveux, embrassant son front mouillé de sueur.
Je ne partirai pas sans elle.
La respiration de Maryane devenait irrégulière, sa poitrine montant et descendant faiblement.
Le sang continuait de tapisser le sol, ruisselant sur mon corps.
Ses traits semblaient moins crispés, ma voix, brisée.
Dors, mon amour...Je ne serai jamais loin.
Des phares attirèrent mon attention.
Une voiture venait dans notre direction.
Le conducteur claqua la portière, se précipitant vers nous en courant.
─ Nom de dieu ! MARYANE !
Matthew.
─ Je t'en supplie, je t'en supplie, appelle une ambulance ! Elle est en train de mourir !
Je le vis taper sur ses touches avec une fluidité surprenante, puis aboyer des indications avec l'air d'avoir vu un fantôme.
Il s'accroupit à mes côtés, tâtant les côtes de ma compagne avant de prendre son pouls.
─ Ils sont en route, croassa t-il en se mettant à pleurer.
─ Elle ne tiendra pas, murmurai-je en embrassant ses lèvres craquelées.
Matt partit et revint avec une bouteille d'eau fraîche, tenant la tête de Maryane afin de mieux faire couler l'eau.
─ Je n'ai pas pu la sauver, elle non plus...C'est entièrement de ma faute, fis-je en tremblant.
Il s'aperçut que j'étais torse nu et enleva sa veste, me la tendant gentiment.
─ Ce n'est pas de ta faute et elle le sait.
─ Je veux que tu me rendes un service.
Ses sourcils s'arquèrent.
─ Si Maryane décède, je veux que tu me promettes que tu n'interviendras pas. En aucun cas.
─ Peu importe l'estime que tu as de moi, je ne te laisserai pas faire, intervient-il la mine sombre.
─ Vivre sans elle...
─ Je survis depuis cinq ans sans Joy, à revivre le souvenir de son corps brisé chaque nuit sans que je ne puisse rien y faire. Si Maryane meurt, je t'apprendrai à survivre, murmura t-il en caressant les cheveux de ma compagne.
─ Je ne te pardonnerai jamais pour tout ce que tu as fait.
Un piteux sourire fleurit sur ses lèvres.
─ Je sais.
La sirène des pompiers faillit me faire défaillir de soulagement.
En moins de temps qu'il n'en fallait, Maryane fut transportée dans une civière, tandis que ma main gauche serrait la sienne et que Matt s'agrippait à celle de droite.
S'il vous plait...faites qu'elle vive.
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MOUAHAHAHAHA ! Vous ne vous y attendez pas à celle-ci n'est ce pas ? ;)
Promis, le prochain et avant dernière chapitre arrive bientôt...si vous êtes sages, bien sûr !
Pour cela, un petit com et un vote suffise :)
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...
J'ai oubliée un léger détail....
MERCI ! ♥
Il y a plus de 1 K pour Entre deux Danse, et c'est grâce à vous !
Grâce à vous, l'histoire se propage un peu plus chaque jour et des prises de conscience se font à chaque lecture !
(N'hésitez pas à lire mes autres histoires, je vous promets une atmosphère différente à chaque fois ! )
XOXO Je vous aimes mes petites lectrices ! ♥
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