Chapitre 4
Je marche à travers les couloirs de l'Opéra Garnier, à la recherche des toilettes. Mes amies m'y ont emmené pour mon anniversaire, afin d'y voir le lac des cygnes.
J'y arrive enfin, et pose mon sac sur le rebord du lavabo pour pouvoir plonger mes mains dans l'eau, et plonger mon visage dans l'eau froide, pour faire baisser la température de mon corps.
Durant toute la première partie du spectacle, la chaleur n'a fait que s'amplifier, à présent, je suis au bord du malaise.
Je quitte les toilettes en titubant pour m'assoir sur un banc devant l'entrée des balcons. J'appuie mon dos contre le mur, et ferme les yeux, seigneur faites que ça passe vite...
Les gens passent devant moi sans s'arrêter. Je sens au fur et à mesure que mes pensées deviennent de plus en plus illogiques, insensées. Au bout d'un temps qui me paraît interminable, une voix parvient enfin à mes oreilles.
— Vous allez bien mademoiselle ? Fait une femme avec un très fort accent anglais.
J'ouvre les yeux, la femme est à genoux devant moi, son visage est flou, mais il est encadré par de longues boucles rousses.
Je tente de répondre, mais aucun son ne sort de ma bouche.
— Vous voulez manger quelque chose ? Du sucre vous aiderait peut-être à vous remettre.
Je hoche la tête, et elle attrape son téléphone dans son sac pour envoyer rapidement un message.
— Ça vous arrive souvent de faire des malaises comme ça ?
— Un peu...
— Faites attention, ça peut devenir très dangereux...
Des pas retentissent un peu plus loin, et deux hommes s'approchent rapidement, flous.
Ma tête tourne de nouveau. Je manque de tomber sur le coté mais la femme me rattrape.
— Ok, tout va bien, Skyler she absolutely has to eat something, give her some candys!
— What is the emergency number in France ?
— Google is your best friend !
— Okay, I got it, I'll call.
— Guys, she's fainting right now.
— Shit !
Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils disent, malgré ma maîtrise de la langue.
Mes pensées se brouillent, j'essaie de me rattacher aux quelques voix qui m'entourent, mais j'y parviens à peine.
« Hello, my name is London Meeller... A girl... Thank you... »
• • •
Lorsque j'ouvre les yeux, je suis dans une chambre d'hôpital. Je ne distingue pas grand-chose malgré l'obscurité de la pièce, néanmoins la silhouette d'un homme se démarque dans un coin.
— Euh, excusez-moi ?
Il relève la tête, et mon corps est pris d'un tremblement.
Il a changé, beaucoup, ses cheveux sont désormais blonds, son regard paraît plus dur, plus indescriptible. Il a peut-être tout simplement grandit, mais il semble être un tout autre homme qu'auparavant.
— Ça fait longtemps, Jil...
Je retiens mes larmes le plus possible. Tout est foutu... Encore...
— Je suis où ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi t'es là ?
— T'as fait un malaise, on a appelé les urgences.
— Où sont mes amies ? Dis-je en éclatant en sanglots.
— J'en sais rien, London a appelé ton amie, Camille, pour lui dire.
— C'est qui London ?
— Un collègue.
Il fait un pas vers moi mais comprends très vite qu'il doit rester à distance.
— J'ai vu que c'était toi qui allait traduire le livre, j'ai essayé d'en charger quelqu'un d'autre, mais...
— Laisse, je vais démissionner.
— Surtout pas, tu vas pas perdre ton travail.
— Ça me paraît logique ? Oh mais c'est ta faute ! Pourquoi t'es venu m'aider, Skyler ?
— C'est pas moi qui t'ai aidé c'est Nova ! Tu crois que je serais venu à ton secours si j'avais été seul ?
— Non, bien sûr, je suis bête.
— C'est bien mal me connaître Jil...
— Tu m'as lâché quand j'avais besoin d'aide.
— Je t'ai lâché après t'avoir aidé, et après avoir sacrifié ma vie pour toi !
— C'est pas vrai... Tu m'as détruite, à cause de toi je suis... Je suis devenue faible !
— Tu racontes quoi ?
— Tu peux pas le nier Skyler, t'es coupable de ma fin.
Il me regarde d'un air complètement perdu, il ignore que j'ai fini par croire à mes propres mensonges, et je ne peux pas lui en vouloir d'essayer de me démentir...
— Je comprends pas un mot de ce que tu racontes, merde tu m'as détruite Jilane, c'est toi qui a gâché ma vie, je t'ai jamais fait le moindre mal. Tu me fais quoi là ?
— Dégage [en français dans le texte].
— Quoi ?
— GET OUT OF MY ROOM ASSHOLE !
Il me fixe un long moment, dans l'incompréhension la plus totale, avant de se détourner, et de quitter la chambre à grandes enjambées.
Un autre cris que le miens retentis dans le couloir, puis la porte s'ouvre de nouveau, cette fois-ci pour laisser entrer Camille, rouge de colère.
— Je l'ai giflé ! Ça m'a fait un bien fou ! Il foutait quoi ici ?
— Apparemment... Il a appelé les urgences...
— Mon dieu mais tu pleures, il t'as fait pleurer ? Je le frappe encore ?
— J'ai peur Cam...
— Non ! Non t'as pas peur ! T'as pas le droit d'avoir peur d'un connard pareil !
Elle me prend dans ses bras pendant que les larmes ruissèlent le long de mes joues.
— J'ai peur Cam, j'ai trop peur !
— Je le laisserai pas te toucher Jil, je te le promet, il te touchera jamais. Je le laisserai pas s'en prendre encore une fois à ma Jil adorée !
Sarah rentre dans la pièce, et referme doucement la porte derrière elle. Sans un mot, elle s'approche de la table en face du lit et y pose un papier plié en deux.
— Quelqu'un a déjà payé les frais d'hôpitaux. Il a déposé ça à l'accueil pour que quelqu'un te le donne Jilane. J'ai essayé d'interroger l'hôtesse mais elle n'a pas répondu.
Elle se tait, mais son expression laisse penser qu'elle n'a pas fini. Alors ni moi, ni Camille n'ouvrons la bouche pour répondre.
— Qu'est-ce-que tu nous cache Jilane ?
Elle relève la tête vers moi, et me dévisage. Je ne la connaissais pas quand je vivais encore avec lui, je ne l'ai rencontré qu'à mon retour, pourtant, elle donne l'impression d'en savoir beaucoup plus qu'il n'y paraît.
— En soit, je ne pense pas que tu me caches quoi que ce soit, en revanche... J'ai l'impression, que tu mens à d'autres personnes... Notamment à Camille.
— Je n'ai aucune raison de lui cacher quoi que ce soit, elle sait tout.
— Je sais entre autre que ce connard de mes deux a abusé d'elle, et je compte bien lui faire payer tant qu'il est à Paris !
— La violence n'est pas la solution ! C'est inutile Cam, ça fait huit ans.
— C'est toujours utile d'aller à la Police et de faire une enquête !
— Non, les flics s'en foutent totalement ok ? Arrête toi là avant de faire une bêtise. Vous pouvez aller voir à l'accueil si je peux sortir je veux pas rester ici...
Dans cet endroit qui me rappelle de trop mauvais souvenirs...
• • •
Quelques heures plus tard, je me retrouve dans mon appartement, au plus bas de ma forme. Le papier remit par Skyler est toujours dans ma main, je ne l'ai pas lâché, je n'ai aucune envie qu'il se retrouve dans celles de Camille. Ce serait ma fin, comme j'en ai l'habitude depuis huit ans, je sais qu'au moindre faux pas tout peut être foutu.
Je déplie le papier, il n'y a qu'une seule phrase à l'intérieur, et moi qui m'attendais à un paragraphe, je le connait bien mal finalement.
Je ne crois pas que le déni soit la solution...
Jil.
Sur le bord droit du papier, il y a un logo à moitié effacé. Je sors mon téléphone et ouvre Google Lens pour effectuer une recherche d'image, je trouve assez rapidement le lieu,
19, avenue Philippe Auguste, 75011 Paris.
Merci internet.
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