Chapitre 1

8 ans plus tôt

Je pose un pied devant ma nouvelle maison, pas très grande, au toit gris, à la façade grise, et aux volets blancs. Une maison totalement inconnue, je ne connais que deux choses à propos d'elle, la première, c'est qu'elle est composée de deux chambres, un salon, une cuisine, deux salles de bain et un toilette, et la deuxième, c'est qu'un gars vit dedans. C'est lui qui a posté cette annonce pour une colocation. Je ne sais pas qui il est, ni ses intentions, cela m'a fait longuement hésiter à accepter, et c'est mon père qui m'a finalement incité à le faire. J'ai donc, deux jours plus tard, décidé de lâcher toute ma vie pour emménager dans un endroit inconnu, pour prendre du temps pour moi, pour devenir bilingue et pour pouvoir par la suite commencer tranquillement ma carrière de traductrice.

Me voilà donc à Lancaster, avec mes deux valises, occupée à triturer encore et toujours le bracelet violet qui orne mon poignet depuis mes huit ans.

Au bout d'une vingtaine de minutes à attendre devant la porte le son d'une voix vient résonner à mes oreilles, une voix masculine, assez grave.

C'est un jeune homme incroyablement beau qui vient m'ouvrir, il doit avoir mon âge environ, peut-être un peu plus vieux. Il est grand, aux cheveux courts teint en rouge, et aux yeux noisette pétillants de malice, qui me rappellent ceux de mon petit frère.

- Salut, t'as peur d'entrer ? Dit-il avec un bel accent.

Je ne réponds pas, trop occupée à me demander comment il a bien pu savoir que j'étais arrivée. Il semble comprendre mon bug passager puisqu'il reprend.

- Je t'ai vu par la fenêtre.

- Salut, je marmonne, gênée.

- Salut, tu veux pas entrer ?

Je ne réponds pas, mais attrape mes valises, et me glisse à l'intérieur de la maison.

L'endroit me parait plus grand que sur les photos, le parquet gris-blanc est nickel, et s'accorde parfaitement avec les murs jaune clair du séjour. Un grand canapé gris est collé au mur, derrière une table basse en verre, sur laquelle sont étalées un grand nombres de feuilles de papier, ainsi que des crayons de toutes les couleurs. Une grande bibliothèque a été installée sur tout un mur, et est remplie de bibelots en tout genre, et de livres qui doivent dater d'au moins vingt ans.

- Tu t'appelles Jilane c'est ça ? M'interpelle le garçon.

- Oui c'est ça.

- Moi c'est Skyler, bienvenue. Tu veux boire un truc avant de monter tes affaire ? Il doit bien rester quelque chose dans le placard.

- Ça dépend de ce qu'il y a.

- Une chose est sûre, il y a du café, dit-il en pointant une boîte de capsules posée à côté d'une machine à expresso.

- Un accro au café ?

Il rigole, et affiche un grand sourire.

La cuisine se situe en face du salon, elle, n'est pas très grande, quoique parfaitement aménagée pour que tout rentre malgré le peu d'espace.

Mon nouveau colocataire s'approche de la machine, attrape une tasse dans un placard et se fait un café, très certainement pas le premier de la journée au vue des deux autres tasses dans l'évier.

- Bon, j'ai que de la bière. Faut vraiment que j'aille faire des courses ça devient urgent.

- Je veux bien un café alors.

- Tu le veux comment ?

- Long... S'il te plaît.

Il attrape une nouvelle tasse violette, et la pose dans la machine avant de la lancer. Chose faite, il retourne dans le salon, et en revient quelques secondes plus tard, un classeur dans la main.

- Ça c'est pour toi, un guide rapide des lieux, je me suis dit que t'en aurais besoin, j'ai cru comprendre que tu venais pas d'ici. Il y a des trucs super important à suivre si tu veux pas te retrouver à devoir sourire faussement pendant quatre heures.

La première page du classeur est dédiée aux « personnes à éviter si on veut éviter les discussions gênantes et privées ». On peut y voir des photos, accompagnées de noms, et d'un petit commentaire écrit à la main sur chacun d'eux, le métier, ou l'endroit où les trouver le plus souvent.

Je relève la tête vers Skyler, qui se retient de rire à l'autre bout de la table. J'en déduis ainsi plusieurs choses, premièrement, ça ne le dérange pas de prendre du temps pour faire un guide à une inconnue, deuxièmement, à en juger par l'âge des personnes sur les photos, il n'apprécie pas les vieux, et troisièmement, il dessine, mais ça je l'ai compris avant, avec les feuilles dans le salon.

- Tu viens d'où sinon ? Ton accent sonne vraiment pas anglais.

- De France.

- Paris ?

- Non, c'est trop simple.

- Je connais que Paris comme ville française... A non, il y a Lille aussi, et Marseille.

- Wow, quelle... culture.

Un sourire angélique se plaque sur son visage. Une sonnerie de téléphone retentie, pourtant il ne bouge pas, et se dirige vers l'évier pour laver les tasses.

- Ton téléphone sonne je crois...

Il fronce les sourcils et quitte la cuisine pour prendre son téléphone sur la table du salon. Il relève alors la tête vers moi.

- T'as dû rêver. Tu devrais te reposer, t'as fait beaucoup de route, je vais te montrer ta chambre.

J'acquiesce, et il s'empare de l'une de mes valises pour la monter à l'étage. En haut des escaliers, il pousse la porte de droite, et entre.

La chambre est très simple, aux murs blancs, au sol gris blanc, au bureau en bois clair et au lit de la même teinte.

- Le proprio a dit que tu pouvais repeindre, et faire la déco à ta guise, faut juste pas faire de trous dans le mur, et dans le sol. La clefs est sur la porte, il y a celle de la porte d'entrée aussi. Bref, je te laisse je vais aller faire des courses, hésite pas si t'as besoin de quoi que ce soit.

Sur ces mots, il quitte la pièce en fermant la porte derrière lui.

Je saute sur mon téléphone et entre directement le numéro de ma meilleure amie, j'ai promis de la tenir au courant de tout, mais cela fait déjà plusieurs heures que je n'ai donné aucunes nouvelles. Elle décroche aussitôt.

- Salut l'anglaise ! Alors raconte-moi tout, comment il est ce mec ? Il t'as pas touchée, violée, ou agressée ?

- Oh t'exagère ! D'abord parlons de la maison tu veux ?

- Ok, comment elle est ? Elle est propre rassure moi !

- Très, elle est très jolie, simple mais bon, en revanche ma chambre on dirait une chambre d'hôpital.

- Toute blanche ?

- Ouais, faut vraiment que je fasse la peinture, si seulement t'étais là j'aurais pu emprunter tes bras...

Elle éclate de rire à l'autre bout du fil.

- Bon, moi je veux que tu me parles de ce mec maintenant, déjà comment il s'appelle ?

- Skyler.

- Et il ressemble à quoi ?

- Oula, il est super beau, grand, yeux noisette, mais il a les cheveux rouges, genre... très rouges. Il est attirant, et en plus il dessine, j'ai vu des crayons et des feuilles dans le salon. Oh et il m'a fait tout un classeur pour m'apprendre à vivre ici ! Adorable.

- Attends trop d'infos à la fois, rouges ? Genre c'est un punk ? Il a des tatouages ?

- Mais non pas un punk, et non pas de tatouages, on est pas dans une romance wattpad avec mec qui ressemble à un mafieux.

- Et il dessine quoi ?

- J'en sais rien j'ai pas vu.

- Et... Dans le classeur il y a quoi ? Genre c'est un gros classeur ?

- Genre, deux doigts d'épaisseur...

- Utilise tes doigts pour autre chose que pour calculer des épaisseurs je t'en supplie, mon esprit divague !

- Pardon, bref tu vois, et il y a des plans, des magasins, et des gens à éviter pour pas avoir des discussions bizarres, tu vois le genre.

- Trop parfait tue la perfection.

- Je le connais pas mais je suis certaine qu'il est loin d'être parfait.

- Toutes les filles de wattpad disent ça avant de tomber amoureuse et d'entrer dans la mafia.

- Je refuse de t'écouter parler plus longtemps ! Allez je raccroche !

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