X. Et la vérité fut (Chapitre final alternatif)
Disclamer : Bonjour à toutes et à tous. J'ai longuement hésité à publier ce chapitre alternatif. Mais après avoir remis en ordre et corriger les autres récemment, je me suis dit pourquoi pas. Je tenais à vous révéler que ce chapitre était à la base celui qui aurait dû être publié en 2018, la toute première version. Mais je n'étais pas du tout satisfaite de la fin de mon tout premier roman... Alors je l'ai recommencé. Je ne vous cache pas que je préfère largement celui intitulé "Le jour se lève". Et je pense que, comme moi, vous n'allez pas apprécier celui-ci. Il y a forcément des éléments que vous allez retrouver mais aussi de nouveaux que vous allez découvrir. Vous n'êtes pas obligé de le lire, bien au contraire ! Si vous voulez "garder" dans votre mémoire et votre cœur l'autre chapitre, vous avez le droit (en tout cas, c'est ce que je ferai à votre place). Bonne lecture en tout cas !
C'est mon réveil qui m'a secoué sinon, j'aurais pu dormir encore longtemps. Il était sept heures cinquante. J'avais vu la date en même temps : Jeudi 21 Juin 2018. Je m'étais lentement assise sur mon lit, une main posée sur ma poitrine. Oh. Mon. Dieu. Mes larmes coulaient toutes seules sur mes joues. Mais... Pourquoi Papa ? Je pose une main sur mes lèvres pour étouffer mes pleures. Je ne voulais pas rester là... Je voulais quitter cette maison au plus vite. Je sèche mes larmes et m'habit rapidement. Je prends mon portable et mon sac de cours puis je descends les escaliers en trombe et je sors de la maison sans un mot. J'avais couru assez longtemps pour me retrouver dans la rue où le gamin tombe à chaque fois. Sans m'en rendre compte, je m'étais arrêtée juste devant sa maison et je pleurais, me tenant le ventre. J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer. Je m'étais accroupie au sol et j'avais mis ma tête dans mes bras tout en me balançant lentement.
— Euh... Tout va bien ?
Je m'étais redressée brutalement pour chercher la voix. C'était le gamin. Il avait ouvert la fenêtre de son salon et me jetait des regards inquiets. Il avait l'air bloqué sur place et attendait sans doute une réponse pour pouvoir reprendre ses activités du matin. Je sèche mes larmes mais elles continuaient de couler.
— Ouais.
Il fronce des sourcils.
— J'ai jamais vu quelqu'un qui allait bien et qui pleurait en même temps et j'ai l'impression que c'est pas des larmes de joie.
Il disparaît. La porte de sa maison s'ouvre. Il n'avait pas pris son skate.
— Qu'est-ce qu'il se passe voisine ?
— Je...
Oui, on était voisin. Mais, je ne le savais pas avant de revivre encore et encore cette journée. Je me rapproche de lui, jouant ensuite avec l'herbe au sol avec mon pied.
— Je me suis disputée avec mes parents et je... Je vais être en retard au lycée. Tu peux prendre une autre personne sur ton skate ?
Il me fixe longuement puis me souris après avoir compris la fin de ma phrase.
— Non mais mon grand frère a une voiture, je vais le chercher, il ne va pas tarder non plus.
Je l'entends rentrer chez lui, laissant la porte ouverte.
— Cory !
Lentement, je lève mes yeux. Co... Cory ? Je le vois descendre les escaliers puis me regarder, surpris mais inquiet. Je devais avoir une très belle tête alors. Je n'en revenais pas.... On était voisin... ? J'attends qu'il sorte de chez lui pour venir directement dans ses bras. Son petit frère pose ses mains sur sa tête, d'un air choqué.
— Aide-moi, je lâche dans un sanglot.
Il avait posé avec hésitation ses mains sur moi. Imaginez une « inconnue » qui vous tombe dans les bras et qui vous demande de l'aide ? Il se recule légèrement.
— T'as... T'as besoin de parler ?
Je hoche la tête.
— Dans la voiture alors, il me propose.
Pendant le trajet, je lui avais tout dis. Encore. Tout depuis le début. Il y avait un grand silence. Il me jetait parfois des regards inquiets.
— C'est... commence-t-il.
— Dingue, je termine.
Je l'entends déglutir.
— Je pensais avoir toutes les clés en main mais apparemment, il me manque des éléments et... J'en ai marre. Je sature et je vais finir par abandonner si ça continue comme ça.
Il met son clignotant pour tourner sur le parking du lycée. J'aperçois Hugo au loin. Je me baisse.
— J'ai pas envie de la voir. Pas tout de suite. Je... J'ai besoin de réfléchir ce matin... Ou de me détendre, j'en sais rien...
Cory hoche la tête. Il finit par se garer. Je me relève lentement et me tourne vers lui.
— Je peux rester avec toi ?
Il me sourit.
— Bien sûr... Et tu sais, pour ton histoire. Je te crois. Si mon moi d'une autre vie t'a dit de me faire confiance alors... C'est le cas. Je crois que je vais me taper une migraine.
Je me mets à rire et sèche mes dernières larmes. Je regarde mon portable. Papa et Maman avait essayé de me joindre plusieurs fois. Au même moment, Hugo m'appelle. Je ne réponds pas. Je sors ensuite de la voiture et propose à Cory de prendre directement sa percussion.
Je n'étais donc pas aller au cours de Madame Lip, ni aux autres. J'avais ignoré les appels de Juliette et Jesse.... Finalement, Wesley avait raison. Regarder la fanfare jouer, ça mettait de bonnes humeurs pour toute la journée mais pour moi, ça me remontait plus la morale. Vers 12h, j'avais tout de même demandé à Cory de m'attendre à côté des toilettes des filles, dans la salle B12. Je devais faire semblant d'aller aux toilettes puis coincer Spencer et Hugo pour leur expliquer. J'avais donc vite rejoint la salle B12. On attendait l'arrivée de Spencer et ce fut vite le cas. Elle me regardait Cory et moi d'un air presque désorienté.
— Nesee et euh... Toi ?
Je m'avance vers elle.
— Ecoute, Spencer, je sais ce que t'as prévu de faire d'accord ? Et c'est pas grave, je t'en veux pas. T'as voulu simuler ta mort – non ne dis rien -. Je vais tout t'expliquer, laisse-moi juste parler d'accord ?
Hugo était arrivé au même moment. On l'avait interpellé et j'ai commencé à tout leur dire. Depuis le début. Tout ce que j'avais dit à Cory il y a quelques minutes de ça.
— Voilà, je... Je sais que vous me prenez pour une folle ou je sais pas mais je vous jure que c'est la stricte vérité.
Après un long silence, Hugo avait craché :
— C'est une sorcière !
Je roule des yeux. Cory secoue la tête d'un air désolé pour Hugo. Je me tourne ensuite vers Spencer.
— Je ne sais pour quelle raison Spencer, mais mon père à l'air de t'en vouloir, vraiment, je...
— Moi je sais pourquoi, déclare-t-elle le regard dans le vide.
Elle pose ensuite ses yeux sur moi et j'ai eu un très mauvais pré-sentiment.
— Oui, j'étais avec Wes depuis un bon moment mais un jour j'ai déconné... C'était... C'était à la réunion parents-professeurs au mois de Novembre. Je... Nesee je suis désolée, je ne sais pas comment ça a pu arriver mais j'ai eu une liaison avec ton père. C'est arrivé sur le moment et si vite...
Qu...Quoi ? C'est une putain de blague ? Je m'approchais lentement d'elle. J'avais envie de lui arracher les yeux.
— Mais j'ai tout de suite arrêté et regretté. Je crois que... C'était ma façon à moi de me venger de toi... Mais j'ai été stupide. Vraiment stupide et depuis ton père me harcèle constamment au téléphone. Par exemple, tout à l'heure il m'a encore appelé... Et ce n'est pas tout, il passe me voir en douce au lycée, comme ça... J'ai constamment peur. Il est devenu obsédé et je ne savais pas à qui en parler à part Wes...
Ma colère était redescendue d'un coup. Mon père la harcelait ?
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit Spencer ? demande Hugo outré.
Je fais signe à Hugo de se la fermer. Je me tourne ensuite vers Spencer.
— T'en a parlé à Wes ? je répète.
Elle hoche la tête.
— Oui, il était furieux. Pas sur le fait que je l'avais trompé mais par rapport à ton père. Hier, il est allé le voir pour essayer de s'expliquer et...
Je la coupe d'une main. Oh non... C'est pas vrai... Coup fatal. Son coup de téléphone dans le jardin. Sa visite inattendue au lycée. Son petit sourire derrière sa tasse de café quand la mort de Wes avait été annoncé aux infos. Sa fâcheuse tendance à ne pas aller au boulot. Sa fâcheuse tendance à mentir. Pleins de détails me revenaient en mémoire.
— Oh mon dieu... Il a tué Wes, je lâche.
— Quoi ? disent en chœur Spencer, Hugo et Cory.
J'avais les larmes aux yeux.
— C'est évident... Il... Il était jaloux de Wesley et il a dû profiter de leur discussion pour le tuer... Oh putain...
Je pose une main sur ma bouche. Mes larmes coulaient à nouveau. Cory se rapproche et pose une main sur mon épaule. Spencer s'approche à son tour, elle pleurait aussi.
— Je... Je suis désolée Nesee, vraiment désolée, je comprendrais que tu m'en veuilles à vie...
Je pose mes yeux sur elle et secouant lentement la tête. Je ferme un instant les yeux puis essuie mes joues.
— Spencer, on en parlera plus tard. On a un meurtrier à arrêter.
Je me tourne vers Hugo.
— Tes faux policiers, Tic et Tac, ils ont une caméra. Est-ce qu'elle marche vraiment ?
Il cligne des yeux plusieurs fois et je crois qu'il avait enfin compris que cette histoire de boucle temporelle n'était pas du pipo.
— Euh... Oui, oui. C'est celle de mon père.
Bien. J'avais un plan. Hugo s'avance lentement.
— Nesee, tu ne crois pas qu'il faudrait prévenir Juliette et Jesse ?
Je secoue la tête.
— Non, il y a... Il y a déjà trop de personnes impliquées dans cette histoire.
— Mais... Ce sont tes meilleures amies.
Il n'avait pas tort... Après tout, si on était nombreux, Papa ne pourrait rien contre nous. Mon intuition avait été la bonne... Je pensais qu'il avait une maitresse, mais en fait, il harcelait une pauvre lycéenne sans défense. J'étais entrée dans la cafétéria et j'étais partie directement voir Jesse et Juliette qui mangeaient encore.
— Oh bah vous êtes là ! lance Jesse en me voyant avec Hugo.
Mais elle avait perdu son sourire en voyant Cory et Spencer avec nous.
— Il faut qu'on vous parle.
On les avait emmenés dans la salle B12 et je leur avais expliqué à nouveau toute l'histoire, en plus des nouvelles informations qu'on avait appris. Juliette ne semblait rien comprendre.
— C'est le bordel votre truc, avait-elle dit.
Jesse avait essayé de prendre la parole plusieurs fois. Mais, elle ne savait pas quoi dire.
— Cette histoire est dingue, finit-elle par lâcher.
On avait tous acquiescé.
— Ce qu'il faut maintenant, c'est arrêter mon père avant qu'il tue quelqu'un d'autre. On ne peut pas l'arrêter sans preuve, alors... J'ai pensé qu'on pourrait filmer ses aveux.
Ils se tournent tous vers moi.
— Et comment tu comptes t'y prendre ? me demande Spencer.
Je hausse les épaules.
— Je planquerai la caméra chez moi et je l'attendrai. Je suis sa fille, il m'avouera surement tout avant de me tuer.
— Mais c'est de la folie ! déclare Cory, inquiet.
— Le grand a raison, tu ne peux pas servir d'appât meuf, indique Juliette.
— Ils n'ont pas tous tort. On est au courant de l'histoire maintenant alors... On fera partie du plan mais il faut trouver un autre moyen.
Je soupire, réfléchissant.
— Je propose qu'on sèche le lycée, on n'a pas vraiment le choix.
— Petite balade en voiture ? soumet Hugo avec un grand sourire.
— Pas avec la tienne, il la connaît.
Je me tourne vers Cory.
— Je veux bien mais j'ai que deux places à l'arrière et si on se fait arrêter...
— T'inquiètes, on ne va pas aller bien loin de toute manière.
Après de longues minutes, on était tous rentré dans la voiture de Cory. J'étais à l'avant avec lui et les autres derrières. Cory démarre et commence à rouler lentement. On sort du parking.
— Où on va alors ? demande-t-il.
Je me fixe Spencer dans le rétroviseur.
— Ton départ chez ta tante, c'était à cause de mon père entre autres, pas vrai ?
Elle hoche lentement la tête.
— Oui, mon sac est déjà prêt.
Petit silence.
— Mais, tu aurais fait comment avec moi ? Je veux dire, en simulant ta mort, tu serais revenue ou... ?
Elle soupire.
— Bien sûr, je comptais quand même te dire que j'étais encore vivante. Je voulais juste te donner une bonne leçon...
Je regarde ensuite sur la route. Mais elle reprend.
— Et puis, mes parents ne sont presque jamais là...
Elle n'avait pas terminé la fin de sa phrase. Je me tourne ensuite vers Hugo.
— Tes faux policiers, ils pourront nous aider à jouer leur faux rôle ?
— Euh... Ouais, surement, il faut que je les appelle.
Je me tourne ensuite vers Cory.
— On va aller à la gare, je commence.
Je regarde l'heure. Il était treize heures passées.
— Là-bas, tu diras à mon père que tu vas prendre le train. Il viendra probablement pour t'en empêcher mais on sera tous là. Je mettrai la caméra de sorte qu'on entende ses aveux et les faux policiers interviendront avant qu'il fasse du mal à quelqu'un. Ensuite, on appellera la vraie police pour l'arrêter, je propose.
Je n'en revenais toujours pas. Le père, que j'ai aimé, était en réalité un pervers et un meurtrier.
— Quelqu'un a les horaires du passage du train ? je demande.
Notre ville possédait une banale station de train en bois. J'étais assez surprise que la station tienne encore le choc, vu les nombreux tremblements du sol qu'il y avait en ville à cause du passage du train. Je vois Jesse chercher avec son portable.
— Quatorze heures sept, annonce-t-elle.
— Ok, alors ça nous laisse moins d'une heure pour le faire avouer. Il faut qu'on soit prêt. Quelqu'un peut mettre une alarme sur sa montre ou son portable ?
— Je m'en occupe et après j'appelle Simon et Tom, dit Hugo.
Tic et Tac donc. Ils devaient déjà être à la fac ou quelque chose comme ça. Hugo avait peu de relations mais des relations étranges. Cory roulait silencieusement, tout comme les autres. On était tous stressé et je culpabilisais de les avoir entraînés dans cette histoire. On était arrivé à la gare vers 13h20. Cory s'était garé derrière un vieux bâtiment qui contenait sans doute les contrôles électriques. On avait attendu les deux gignoles de Hugo. Ils avaient rapporté la télécommande. On leur avait juste dit qu'on allait filmer la scène d'un court-métrage d'étudiants. Ils nous ont cru et c'était tant mieux. J'avais donné la caméra à Jesse. On avait trouvé une cachette à côté du vieux bâtiment et elle pourrait facilement filmer mon père. La station était petite, elle pouvait accueillir une dizaine de personne. J'étais sur la station avec Spencer. On était assez nerveuse. J'avais demandé aux autres de ne pas intervenir mais Hugo et Cory s'étaient proposés volontaires, au cas où. Juliette était prête à appeler la police, et les deux faux comédiens étaient prêts à jouer leur fausse scène. Spencer avait descendu les petites marches pour attendre juste devant la station. J'étais cachée à l'intérieur, debout sur un banc, comme ça, il ne pouvait pas voir mes pieds. Spencer faisait les cent pas.
— Comment tu as réagi la première fois où tu m'as vu, ou plutôt, entendu mourir ?
Je me tourne vers elle, surprise.
— Pourquoi tu me demandes ça ?
— Par curiosité.
Je soupire.
— Je m'en suis rendue malade Spencer. Plus tu mourrais, plus j'étais triste parce que plus j'apprenais à te connaître.
— Sérieux ?
Elle me fixait.
— Bien sûr ! Je suis humaine Spencer, j'ai des sentiments. Tu m'as foutu vraiment mal avec tes conneries.
Elle se rapproche avec un mince sourire aux lèvres.
— C'est bon à savoir alors... Je veux dire, que tu te sois autant inquiétée. Ça prouve que tu as changé.
Je lui souris à mon tour. Elle se met à jouer machinalement avec ses mains.
— Je me disais... Après tout ça... Qu'on pourra peut-être devenir amies ?
Je me mets à rire.
— On verra.
Elle baisse la tête.
— Mais ce serait cool... Même si t'as couché avec mon père.
— On pourra s'organiser un combat à la loyal si tu veux.
— Mh... Ça marche.
On sourit comme des idiotes. Après cette conversation, on avait attendu treize heures quarante-cinq, le temps que tout le monde soit prêt pour que Spencer appelle mon père. Le compte à rebours était lancé.
— Ouais allô ? Ouais. Ecoute, j'en ai marre que tu me harcèles ! Je me casse ! Ouais, tu as bien entendu ! Je me casse en train et je te dis ciao !
Elle raccroche avec un petit sourire aux lèvres. Très bonne comédienne. Mes jambes tremblaient, mes mains étaient moites et j'avais envie de faire pipi à cause du stress. C'était comme jouer à cache-cache mais en pire. Après quelques minutes d'attente, les autres s'étaient cachés et il y avait de quoi : j'entendais une voiture se garer. Il était treize heures cinquante. C'était celle de mon père. Vous vous souvenez ? A force, on reconnaît la voiture de nos parents rien qu'au bruit du moteur. Je l'entends claquer sa portière puis marcher sur les petits cailloux.
— Qu'est-ce que tu me fais Spencer ?
J'espère que Jesse filmait bien ça.
— Tu me quittes, comme ça, après tout ce qu'on a vécu ?
— On n'a rien vécu ! Tu t'es construit une relation fictive avec moi... C'était juste un soir bordel !
J'étais prête à intervenir en cas d'urgence.
— Ah, je vois... Tu nous oublies et pendant ce temps-là, tu te tapes le petit ami de ma fille ?
Elle se met à rire. Un rire à glacer le sang.
— Ah ! Tiens, ta fille, parlons d'elle justement. Je crois qu'elle serait très intéressée d'apprendre quel genre de personne tu es réellement.
— Jamais ! Elle est idiote et elle aime son petit papa, ne t'en fais pas pour elle.
— Non c'est vrai, je ne m'en fais pas, mais tu devrais t'en faire, je pense.
C'était le signal. J'entends Spencer monter les marches pour rejoindre la station. J'entends mon père la suivre. Je la vois du coin de l'œil. Je saute du banc et passe juste devant Spencer pour bloquer le passage à mon père. Il sursaute en me voyant.
— Ne... Nesee ?
Il nous regarde une à une.
— Quoi qu'elle t'ait dit, c'est entièrement faux ! Elle s'imagine une relation avec moi... Moi ! Charles Baker, aimant sa femme et sa fille unique.
Il réajuste sa cravate. Du coin de l'œil, je vois les pieds de mes amis derrière la station. Jesse pose la caméra en dessous, comme si elle filmait en contre plongée.
— Tu rigoles j'espère ? « Papa ». Tu... Tu te rends compte ? Spencer pourrait être ta fille. Tu la harcèle... Mais en fait, qui es-tu au juste ? Un pervers. Mais ce n'est pas tout.
Je m'avance d'un pas.
— Tu as assassiné Wesley Washington juste par pure jalousie, avoue.
— Je...
Il recule d'un pas. Spencer intervient.
— Hier soir, Wes t'a donné rendez-vous au centre-ville pour parler de ton comportement envers moi. Et tu l'as tué.
— Foutaises ! crache-t-il.
J'espérais secrètement qu'on se trompe d'assassin. Mais j'avais bien entendu mon père et la suite paraissait logique... Je jette un coup d'œil au sol. Il n'y avait plus personne. Ils avaient dû bouger.
— Papa, il est temps de dire la vérité. Tu es coincé ! Il y a des caméras de surveillance qui t'ont filmé. Tu es dans la merde, je mens.
Et j'improvise. Spencer me lance un regard qui en disait long. Papa secouait la tête. Il ne me croyait pas, merde...
— Tu mens ! Le magasin de disque vinyle ne possède pas de caméra de surveillance !
Spence et moi, on se fige. On se regarde puis je fixe mon père.
— On n'a jamais mentionné de magasin de disque vinyle, Papa.
J'ai vu dans son regard qu'il avait compris qu'il venait de glisser tout droit vers la prison. Il baisse alors les yeux, tremble légèrement puis se redresse en nous regardant avec un regard que je n'avais jamais vu jusque-là.
— Je te le promet ma douce Spencer, il n'a rien sentit.
UN AVEU. Il... Il l'avait vraiment tué. Je tremblais et Spencer était restée figée sur place.
— Maintenant ! je hurle.
— Je l'ai ! indique Jesse.
Elle était montée sur la station et on ne l'avait même pas remarqué. Papa s'était retourné et s'était avancé dangereusement d'elle. Jesse avait crié mais avec Spencer – qui venait de reprendre ses esprits – on l'avait attrapé par le bras. Jesse était redescendue des marches.
— J'appelle la police ! indique Juliette.
— Mais bordel, c'est quoi votre film là ? demande le faux agent Dece..
Papa se retourne vers nous et nous pousse. On tombe tous les trois sur les rails. Nos amis avaient tous hurlé et ils étaient montés sur la station. Jesse continuait de filmer. Papa s'était rué sur moi, prêt à m'étrangler. Spencer le frappait dans le dos.
— Laisse-la, espèce de taré !
Il s'était retourné pour lui donner un coup de poing en pleine figure. Il avait tout de suite regretté son geste parce qu'il était resté figé. Spencer était tombée, le nez en sang. J'en avais profité pour sauter sur le dos de mon père et l'étrangler avec mes bras avant.
— Lâche prise Papa ! Il vaut mieux arrêter tout de suite !
Il m'attrape le bras, puis me balance violemment au sol. Cet homme est fou... Il ne se jette sur moi, je l'arrête en lui donnant un coup de pied sur le torse puis dans les bijoux de famille. Mon dos me faisait mal. D'un coup, j'ai entendu la montre de Hugo biper. J'entends le klaxon du train. Je le voyais arriver au loin.
— Spencer !
Elle avait tout de suite compris. On se met à courir. Le sol tremblait déjà. On saute par-dessus un rail, puis un deuxième. Papa nous avait balancé assez loin... Je monte, Cory m'aidant. Je me retourne et tend la main à Spencer mais mon père l'attrape et la jette à nouveau sur l'autre rail.
— Spencer ! je hurle.
Je voulais redescendre mais les autres m'en empêchait. L'un des faux agents sort une fausse arme et le pointe sur mon père.
— Arrêtez !
Il stoppe tout mouvement, tenant fermement Spencer. Il sourit. Il savait que c'était un faux, sinon il aurait déjà tiré. Spencer le mord puis le gifle. Elle court ensuite vers nous. Le train était proche. On tend tous nos mains. J'allais la toucher. J'allais la sauver. Mon père était juste derrière elle et d'un coup... Hugo me recule. Les autres reculent à leur tour et le train passe. Je ne pouvais pas hurler. J'étais juste figée, choquée. Le train avait brusquement freiné. Les sirènes de la véritable police se faisaient entendre au loin.
Tout était allé très vite. Jesse leur a montré la vidéo, tremblante. Les médecins légistes n'ont pu que constater que le décès tragique de Charles Baker et de Spencer Marsh. On nous a emmené au commissariat pour nous interroger un par un. Ma mère était arrivée, paniquée et affolée. Je leur avais dit que j'avais trouvé le comportement de mon père étrange mais que je n'avais pas osé en parler à ma mère... On avait tout dit, sauf sur la boucle temporelle. Les gens m'auraient immédiatement interné. On était resté, parce qu'il y avait une enquête. J'avais beaucoup pleuré et Cory avait été là pour me réconforter. Maman était bouleversée. Elle avait en même temps perdu son mari, et en même temps appris que c'était un vrai sociopathe. Sociopathe. C'était le terme qu'avec désigné les psychologues en jugeant l'état de santé mentale de mon père. J'en avais conclu qu'il avait tué Wes, Spencer, Hugo et moi par simple jalousie maladive. Quant au gars qu'on avait arrêté pour le meurtre de Wesley... Aucun d'entre nous ne connaissait son identité et c'était sans doute mieux ainsi. Je m'étais endormie à cause de la fatigue et des larmes. Je souhaitais au plus profond de mon être recommencer cette journée. Tout refaire à zéro, agir différemment, avoir un autre plan... Les sauver tous les deux, malgré tout.
C'est un bruit qui m'a réveillé. Une porte qui s'était claquée. J'ouvre les yeux. Ma tête était posée sur l'épaule de quelqu'un... Cory. Et... J'étais toujours dans le commissariat. Dans la salle d'attente. L'horloge murale indiquait huit heures. Je regarde autour de moi, étonnée. Ils étaient tous là. Maman, Hugo, Juliette, Jesse, Cory... Je l'avais d'ailleurs réveillé en bougeant. Un policier passe, je l'interpelle discrètement.
— Excusez-moi, on est quel jour ?
— Vendredi 22 Juin 2018.
Il s'éloigne. Je me tourne vers Cory.
— On est demain...
Ce n'était pas une question, mais il répond quand même.
— Oui.
Je pousse un soupire et pose la main sur mes lèvres.
— On est demain, je répète.
Je me mets à pleurer, encore. J'étais à la fois heureuse et triste. D'un côté, j'étais libre mais de l'autre, Papa et Spencer étaient morts. Je pleurais silencieusement pour ne pas réveiller les autres. Cory me serre à nouveau dans ses bras. Il compatissait. Une ou deux heures plus tard, les autres se réveillent à leur tour. Nous sommes sortis du commissariat après l'autorisation des enquêteurs. L'enquête avait été bouclée grâce à la vidéo. Ma mère avait passé un bras sur mon épaule. Je me tourne vers elle, la voix tremblante.
— Je vais sans doute fragiliser l'ambiance mais... Le petit déjeuner traditionnel du Vendredi est reporté ?
Elle sourit lentement et caresse mon visage.
— Non, mais je pense qu'on va aller en ville pour ça.
Elle se tourne vers les autres.
— Prévenez vos parents, je pense qu'un petit déjeuner en ville nous fera du bien à tous.
Elle avait eu raison.
Puis, à notre retour au lycée le Lundi, les choses avaient changé. Maintenant, il y avait deux casiers fleuris. J'avais apporté une rose pour Wes et Spencer. Ils seront maintenant à jamais ensemble... Quelques jours plus tard, j'avais présenté avec fierté leur mémorial.
A la maison, le sujet concernant Papa restait fragile. On ne l'abordait pas et c'était sans doute mieux ainsi. Il fallait que les blessures cicatrisent, même si pour moi, elles resteront à jamais ouvertes. Je culpabilisais de ne pas avoir connu Wes et Spencer et surtout, de ne pas avoir connu mon père.
Quant à Cory et moi, on prenait le temps de se connaître, en douceur.
Je fais de plus en plus de soirées pyjama avec Jesse et Juliette.
Et puis, Hugo reste Hugo...
Parfois, je me dis que la vie est cruelle. On ne m'avait pas proposé une énième chance alors que je l'avais supplié pour une fois. Mais, on avait découvert le meurtrier de Wes, alors, c'était déjà trop tard...
Comme on dit, la boucle est bouclée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top