IV. Edward Lorenz

Inutile de vous expliquer encore et encore ce qu'il se passait chaque matin : Wes, skate, bus, blague de merde de Hugo. Jusqu'au cinquantième jour, je n'avais pas réalisé l'importance capital du cours de littérature. Je ne sais pas à quel moment je me suis enfin réveillée. Je savais juste que j'allais encore m'ennuyer en cours et que pour changer, je pourrais m'intéresser au cours, que peut-être je pourrais apprendre de nouvelles choses. Et bah, mon vieux, c'était le cas. C'était le cas.

Je ne m'embêtais plus à harceler Spencer. Je l'avais tellement vu mourir que maintenant, j'avais pitié. C'était une bonne personne qui était au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle ne méritait pas ça... Parfois, je voulais faire la morale aux filles... Mais pour une journée ? Non merci. Je ne voulais pas me répéter tous les jours. Je me rendais compte à quel point c'était grave de harceler une personne.

On était rentré au cours de littérature et je m'étais assise devant pour une fois. J'en avais surpris plus d'un, mais je m'en fichais. Je ne voulais plus regarder ce train partir loin. Parce qu'au final, lui aussi été bloqué dans cette fichue ville. Le professeur m'avait sorti de mes pensées. Elle était entrée avec un vieux « Bonjour » et avait écrit au tableau « A sound of thunder » de Ray Bradbury. Elle avait entouré le titre et l'auteur de manière assez brutale. La craie avait râpé sur le tableau et les poils de mes bras s'étaient redressés. Pire son de la Terre.

Bien. Quelqu'un pourrait me résumer cette nouvelle ?

Silence dans l'assemblée. Quelqu'un avait même toussé. J'avais honte parce que je ne l'avais pas lu. Je n'avais pas vraiment eu le temps à vrai dire. J'observe la réaction de la prof. Elle était peinée pour nous.

Bon, en résumé, au cours d'une partie de chasse préhistorique, un papillon est écrasé par erreur. Lors de leur retour dans le présent, les personnages découvrent un monde qui n'est pas modifié dans ses structures profondes, mais seulement dans des détails d'importance. Je voulais que vous lisiez cette nouvelle pour introduire le thème du jour : l'effet papillon.

Elle le marque en gros sur le tableau. Elle jette ensuite sa craie sur le bureau.

L'effet papillon. C'est une expression qui concerne deux types de phénomènes : la sensibilité aux conditions initiales et le fait qu'une cause infime peut avoir de grands effets. Une phrase, dite en 1972 lors d'une conférence scientifique, pour tout résumer : « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » exprimée par Edward Lorenz.

Elle semblait passionnée et elle me donnait envie d'être passionnée aussi. J'étais fort intéressée par ce qu'elle disait. Je gobais son cours. Jusqu'au moment où les meubles se sont mis à trembler créant un brouhaha monstre.

Foutu train, j'avais lâché en même temps que la prof.

On s'était regardée en souriant et la cloche se mit à sonner. Tous les élèves s'étaient levés. Et pourtant... Le cours n'était pas terminé ! Je m'étais levée pour soutenir la professeure.

Heyyyy bande de nuls, ça fait que 10 minutes !

Certaines personnes s'étaient arrêtées, probablement choquées par mon intérêt pour ce cours. Jesse et Juliette étaient sorties en me regardant comme si j'étais un alien. Hugo les avait suivis. Il me regardait avec un sourire amusé.

Tu n'es pas comme nous Nesee.

Je les voyais partir dans le couloir. Je voyais ensuite la prof ranger ses affaires. Je m'étais précipitée à son bureau.

Attendez, madame Lip, j'ai des questions !

Elle soupire en relevant la tête vers moi.

Nesee, je pense que tu t'es assez moquée de moi pour aujourd'hui. D'abord, tu te mets tout devant, ensuite tu te concentres sur mon cours et maintenant tu veux me poser des questions ?

Je ne savais pas quoi dire... C'était vraiment l'image que je renvoyais de moi ? Elle était fausse. Je soupire longuement et m'installe à la chaise en face de son bureau.

Non, je ne me moque pas. J'ai vraiment besoin de réponses, j'explique sérieusement.

Elle m'observe pendant quelques instants avant d'acquiescer. Par quoi commencer ?

Bon, si j'ai bien compris, chaque acte qu'on fait de différent peut tout changer ?

Elle reste debout tout en laissant ses mains à côté de son sac.

Oui, chaque choix, que tu fais, a des conséquences sur le futur.

Choix...

Je me perds dans mes pensées. Et si... Et si je sauvais la vie de Spencer ? Ça changerait tout. Absolument tout. Elle serait vivante. C'est logique non ? Quand je ne suis pas morte au troisième jour, je me suis quand même réveillée le 21 Juin, le lendemain. Tout ne dépend pas de moi. Il s'agit de Spencer.

Nesee ?

Sa voix m'avait ramené au présent. Elle me parlait depuis combien de temps ?

Tu te sens bien ?

Elle semblait inquiète. Je me lève, toute excitée.

Oui, merci ! Beaucoup mieux... Merci !

Je la salue et sors de la classe sourire aux lèvres. Je n'avais qu'un seul but à présent : sauver Spencer Marsh. Vous savez ce que c'est la dernière étape du deuil ? L'acceptation. J'ai senti comme une chaleur se propager dans tout mon corps. J'étais heureuse. J'avais retrouvé l'espoir. J'avais enfin accepté ce qu'il m'arrivait. Je pouvais y arriver. Je pouvais sauver Spencer. L'histoire ne concernait qu'elle parce que, quand je n'allais pas à la fête, je ne mourrais pas, alors, c'était seulement elle. Je jette un regard rapide à ma montre : neuf heures vingt. Pile au moment où j'ai rencontré mon père la dernière fois. Il fallait que je trouve Spencer... Non mieux. Il fallait que je l'attende devant les toilettes après-midi. Mais par où arrivait-elle ?

Je vagabondais dans les couloirs, cherchant mes amis. J'aurais tout le temps de songer à un plan d'ici là. Je passe devant le grand tableau d'affichage et jette un coup d'œil rapide. Je m'arrête subitement et fait demi-tour. En gros, il y avait marqué « Fanfare du lycée » et il y avait des photos des membres collés en dessous. Je cherchais une personne en particulier et j'étais certaine de la trouver... Ah ! Bingo. Je retire lentement la photo. C'était Cory. Il était au lycée et pourtant je... Je ne l'avais jamais remarqué. Je recolle la photo puis me dirige vers la salle où la fanfare répète. D'après mes récents souvenirs, Cory n'y était pas, pour le moment, puisqu'au même moment, je me cognais dedans. Enfin... Dans une autre vie. En entrant dans la salle, j'avais tout de suite reconnu sa percussion. Un grand sourire se dessine sur mes lèvres et je m'approche pour l'effleurer du doigt.

Nesee ?

Je me retourne, c'était lui. Il avait de grande jambe alors, il marchait beaucoup plus vite que la moyenne. Je lui souris mais lui semblait embêté : il m'avait appelé par mon prénom alors que pour lui, on ne s'était jamais vraiment parlé auparavant. Mais pour moi, c'était normal.

Salut Cory.

Il semblait surpris, comme d'habitude et me demande une nouvelle fois « Tu sais comment je m'appelle ? ». Je lui ai répondu par un hochement de tête. J'étais contente de le voir. Il me regardait avec un sourire béa. Je fronce légèrement des sourcils puis juge rapidement mes vêtements.

Oh, je sais, je... J'ai laissé tomber les jupes et les talons aiguilles. J'en avais marre d'avoir mal aux pieds à la fin de la journée.

Je ris légèrement. Il se rapproche de moi en hochant la tête.

Oui ça te va mieux, mais... Que fais-tu là ? demande-t-il curieux.

Je me tourne vers lui.

Ça va te sembler bizarre mais... Je suis venue te voir. Non, en fait, je sais que c'est carrément dément mais... Il m'arrive un truc complètement dingue et je prends conscience de qui je suis vraiment et je change.

Il ne comprenait rien, ça se voyait à son visage, il était perplexe.

Non tu... Tu n'as pas besoin de changer Nesee enfin... Je t'ai toujours vu comme tu es, là, en ce moment.

Je ne dis rien. Je ne savais pas comment réagir. Il se gratte la nuque. Il semblait gêné.

Alors... Quel genre de trucs dément pourrait faire changer une personne ?

Je hausse les épaules. Je ne saurais comment lui expliquer. Je savais ce qui m'arrivait mais... L'expliquer à une autre personne, ça ne servirait à rien, parce que cette personne oublierait tout à la fin du jour.

Nesee ?

Je me tourne et j'aperçois Hugo à l'encadrement de la porte. Il se rapproche de Cory et moi, le torse bombé comme un coq. Aaaah... Monsieur jaloux le retour. Je soupire tout en lui souriant faussement. Je lui fais comprendre d'arrêter sa comédie.

Hugo, je te présente Cory, Cory voici Hugo.

Mais il devait déjà le savoir. Hugo le juge de haut en bas. Cory le dépassait largement mais contrairement à Hugo, il avait un visage angélique et qui montrait de la bienveillance. On avait envie de le prendre dans nos bras tout le temps. Je soupire. Hugo attrape ma main, une manière de montrer à Cory que je lui appartenais.

On t'attend depuis plusieurs minutes.

Il commence à me traîner vers la sortie. Je fais un signe de la main à Cory.

A plus !

Hugo me tire dans le couloir. Il s'assure qu'on soit seul avant de me lâcher la main.

C'était quoi ça ?

Je fronce des sourcils.

— T'as pas vu comment il te regardait ?

Je me mets à rire.

Relax, Hugo, on ne faisait que discuter.

— Toi ? Discuter ? Avec ce genre de ringard ?

Je commençais à marcher pour rejoindre les filles. Je lui fais volte-face et pose un doigt sur son torse.

Le ringard, en ce moment, c'est toi. Tu réagis comme un abruti, Hugo, je déclare en le regardant bien dans les yeux.

Il baisse la tête. Je le pousse légèrement puis je m'avance dans le couloir pour rejoindre les filles. Je me rapproche de Jesse et Juliette.

Voilà l'intello de service ! Sérieux, N, il t'arrive quoi aujourd'hui ? demande Juliette.

— T'as mangé un dictionnaire ? enrichit Jesse.

Je hausse les épaules en soupirant.

J'en sais rien les filles... Personne n'écoute cette prof alors que son cours est super intéressant.

Juliette et Jesse se regardent d'un drôle d'air.

Hier encore, tu disais que tu pouvais facilement t'endormir à son cours, continue Juliette.

Ouais, mais j'ai... J'ai changé... D'avis.

Hugo était resté silencieux le reste de la matinée. J'avais vexé sans côté Alpha ? Eh bien, tant pis. Avant l'heure du déjeuner, j'avais prétexté une envie pressante d'aller au petit coin. Hugo avait soupiré comme un bœuf. Je savais qu'ils allaient attendre dix minutes dans la queue, ce qui me laissait une marge de quinze minutes en tout. Je marche alors jusqu'aux toilettes. Je voulais avoir une vue sur la porte des toilettes. Celles-ci se trouvaient juste en face d'un autre couloir. J'avais alors ouvert une salle de classe vide et je m'étais cachée à l'intérieur. Je montrais juste ma tête pour pouvoir observer la venue de ma protégée. Dix minutes étaient passées et toujours rien, jusqu'à...

Nesee ?  demande une petite voix sanglotant.

J'avais sursauté en poussant un hurlement. En me retournant, Spencer avait hurlé aussi, surement dû à la surprise de mon crie. Après qu'on se soit calmée toutes les deux, Spencer s'était essuyé brièvement les yeux. Elle avait pleuré... Mais pourquoi ? Elle avait aussi son téléphone dans la main. Avait-elle reçu un appel qui l'avait attristé ?

Qu'est-ce que tu fais ici ?

Cette question avait du mal à monter jusqu'à mon cerveau et pourtant...Je devais me bouger pour l'aider. Je me redresse et sort de la salle de classe.

Ecoute, je sais que ça va te paraître dingue mais tu dois me faire confiance Spencer. Je sais que j'ai été la pire des garces avec toi et je m'en excuse mais c'est une question de vie ou de mort !

Sans lui laisser le temps de répondre, j'avais attrapé sa main et je la tirais de l'autre direction, là où elle était arrivée. Maintenant, je savais où elle arrivait, c'était déjà ça.

Nesee !

Elle s'arrête d'un coup et lâche ma main comme si elle venait de se brûler.

De quoi tu parles bon sang ?

Je lâche un soupire et pose mes mains sur ses épaules.

Je sais que tu vas me prendre pour une folle mais je sais que dans ces toilettes, tu te serais fait tuer. Maintenant, tu restes avec moi et tu me lâches pas d'une semelle, compris ?

Je commence à repartir mais elle m'arrête à nouveau.

— Mais tu me fais flipper là ! Personne ne veut me tuer, il n'y a personne dans le couloir à part nous !

J'allais lui lancer une réplique mais je m'étais figée instantanément. Personne dans le couloir à part nous... Le tueur ! Je pouvais facilement le voir ! Je regarde ma montre. MERDE. Quinze minutes écoulées.

On va le perdre !

Je me mets à courir dans l'autre sens mais Spencer me tire par le bras.

Mais merde Nesee, tu me fais vraiment flipper !

— Spencer, je te jure que c'est important là !

Grand silence. J'entends la porte s'ouvrir puis aussitôt des pas précipités.

Merde !

Je cours jusqu'aux toilettes et entre à l'intérieur. Personne. Je ressors et regarde de gauche à droite. Personne. Spencer me regardait avec des petits yeux interrogateurs.

Nes...

— Hey les filles ?!

On avait hurlé toutes les deux avant de se tourner vers l'origine de la voix. Je voyais Hugo arriver de l'autre bout du couloir.

Nesee, qu'est-ce que tu fous depuis quinze minutes aux toilettes ?

Il se met à marcher plus lentement, voyant que j'étais accompagnée de Spencer.

Euh... J'ai loupé un épisode ?

Je regarde Spencer puis Hugo puis encore Spencer. Je me rapproche d'elle pour lui prendre le bras, comme si c'était ma meilleure amie.

Euh... Non, non. Spencer mange avec nous.

Elle m'avait regardé d'un air affolé. Je la suppliais des yeux. C'était vraiment une question de vie ou de mort. Je ne comptais pas la lâcher. On avait ensuite rejoint notre table. Les filles n'arrêtaient pas de regarder Spencer mal et moi, pour la rassurer, je lui faisais de grand sourire. J'essayais d'avoir une conversation avec elle mais elle restait distante. C'était compréhensible, non ? Du jour au lendemain, votre harceleuse se met à vous traiter comme sa meilleure amie. Personnellement, je trouverais ça louche. Mais c'était pour la bonne cause. C'était pour la vie de Spencer. Les cours étaient terminés et j'avais supplié Spencer de m'emmener chez elle. On avait convenu avec les autres qu'on se retrouverait à la fête de la musique. Durant notre marche, Spencer n'arrêtait pas de me jeter des regards.

Pourquoi tu fais ça ?

Je lâche un soupire. On tourne dans une rue.

Je te l'ai dit, c'est pour te sauver.

Mais comment tu sais que je vais mourir ?

Lentement, je tourne mon regard vers elle. Elle s'était figée quelques instants mais avait repris sa marche.

Il m'arrive un truc dingue en ce moment et je sais des choses... Je... Je les prévois et je sais que tu te serais fait tuer dans ces chiottes.

Quoi comme truc dingue ?

Je me mets à rire.

Tu comprendrais pas et surtout, tu me prendrais pour une folle.

Elle m'avait stoppé en posant sa main sur mon épaule.

Tu peux toujours essayer ?

Je l'appréciais vraiment cette fille. Je la fixe longuement.

Et bien, crois-le ou non mais ça fait plus de quarante fois que je revis cette journée, encore et encore. Au début, je ne savais pas pourquoi ça m'arrivait mais maintenant je le sais : je dois te sauver. Je pensais qu'on me punissait pour avoir été odieuse avec toi mais je me rends compte, qu'en fait, on m'a donné une seconde chance pour que je change... Enfin, là, les secondes chances sont passées à beaucoup beaucoup de chances.

Elle avait cligné des yeux plusieurs fois. Un fin sourire s'était dessiné sur mes lèvres.

C'est dingue, hein ?

Je reprends la marche.

T'es la première à qui je le dis. De tous les jours, t'es vraiment la première. J'avais bien failli le dire à Cory mais... De toute manière, si je rate encore cette journée, tu t'en souviendras pas. 

Elle reprend lentement la marche, en me rattrapant.

Donc,pour toi, chaque jours est le même mais pour nous, c'est comme si les compteurs étaient remis à zéro.

Voilà.

Elle tourne dans un jardin. C'était sa maison. On monte les marches. Elle sort ces clés.

Tu ne me crois pas ?

Euh... J'ai du mal.

Elle ouvre sa porte, je rentre.

— Tous les matins, je vois la mort de Wes aux infos. Tous les matins, un garçon tombe de son skate dans ma rue. Tous les matins, tu es assise au fond du bus. Tous les matins, le train passe à neuf heures dix, ce qui fait trembler le bâtiment et à chaque fois la cloche se met à sonner à neuf heures quinze. Avant, je te lançais aussi un « Tu nous écoutais Miss-Je-Sais-Tout ? » et tu répondais toujours par « Non, non... Du tout. »

Elle referme sa porte et pose ces clés sur une commode.

Mais ce n'est pas arrivé...

Évidemment, j'ai changé ça, je dis, comme si c'était évident.

Je m'avance un peu. La maison était calme. Je me tourne vers elle.

Tes parents ne sont pas là ?

Ils travaillent tard aujourd'hui.

Le reste de la journée, on n'a rien fait. Spencer était encore sous le choc de ces révélations et surtout de mon amitié pour elle. Naissante. Amitié naissante, pardon. En tout cas, elle semblait me faire confiance et c'était bon signe. Très bon signe. Elle restait aussi distante et je ne lui en voulais pas. Je crois qu'elle n'osait pas poser de questions. A l'heure de rejoindre les autres pour la fête, on avait décidé d'y aller en bus de ville. On s'était assise vers le milieu et c'était silencieux, même si les habitants chantaient déjà en cœur dans le bus.

Qui est Cory ?

Je me tourne vers elle, surprise.

Un garçon que je rencontrais tout le temps dans un bar, en attendant les autres. J'ai réalisé qu'il était au lycée et qu'il était dans la fanfare. Il joue de la percussion et il a un sourire vraiment mignon.

Spencer me regardait avec un drôle de sourire.

Quoi ?

Rien.

Je la regardais, les sourcils haussés.

Et Hugo dans tout ça ?

Je lui lance un regard qui en disait long.

Je me rends compte que lui et moi, ça peut pas fonctionner... Avant, j'étais tellement superficielle... Et je me rends compte que c'est juste un abruti.

C'est vrai que tu n'as pas mis ta jupe et tes talons aujourd'hui.

Je ne les mettrai plus, juste pour les fêtes entre amis.

Le bus s'arrête et le conducteur nous signale que c'est le terminus. Toutes les autres routes étaient bloquées. On se lève et on descend. Je lui donne un coup de coude.

Et toi alors, les amours ?

Je ne pense pas que ça te regarde Nesee.

Je perds mon sourire. J'étais vexée. Je pensais qu'on passait un bon moment toutes les deux. Je pose ma main sur son épaule et la retourne.

Tu pensais quoi ? Qu'on allait devenir les meilleures copines du monde parce que tu m'as soi-disant sauvé la vie ?

Spencer, je te jure que tout ça c'est vrai, je suis sincère.

Elle soupire. Je lui fais signe de me suivre. Les gens défilaient. Certains portaient des toasts, debout sur les voitures garées. Les gens riaient, chantaient et dansaient. Il y avait des petits concerts un peu partout dans la ville. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point ce genre de fête rassemblait les gens et donnait un sentiment chaleureux. On passe devant le bar où j'attendais parfois mais je ne m'y étais pas arrêtée. J'avais une mission. Spencer se met à me tirer par le bras. Elle ne semblait pas aimer la foule.

Viens, on passe par là, sinon, on va mettre des heures à arriver de l'autre côté.

Je me fige, voyant la ruelle qu'elle indiquait. Hahaha. Hors de question.

Non pas par-là, c'est une mauvaise idée, je t'assure.

Pourquoi ?

Y'a deux gars qui se disputent. Je crois que ce sont des trafiquants de drogues et il y en a un avec son flingue, qui me poursuit et qui me tue ensuite au couteau...Enfin... Je ne sais pas si c'est lui qui me tue, parce que je suis de dos alors...

Spencer me regarde en secouant la tête.

T'es dingue Nesee Baker.

Je soupire.

On a qu'à passer en demander poliment aux gens de se pousser.

Nesee Baker polie ? Incroyable.

Je lui tire la langue et on se met à se faufiler entre la foule, de l'autre sens. Au bout de longues minutes, on y arrive. Au loin, je voyais le visage de Cory, heureux, en train de jouer sa percussion. Il arrivait vers moi. Spencer me tire vers l'autre ruelle.

Les gens se bousculent, je déteste ça.

Spencer, je n'aime pas non plus cette ruelle.

Tout va bien, on est toutes les deux.

Je souris faiblement et observe les gens passer. J'aperçois une petite fille... Oh merde.

La petite fille... Sp...

J'entends un bruit mouillé et me retourne. Une lame transperçait la poitrine de Spencer. Je tremblais, je ne savais pas comment réagir. Je la regarde tomber au sol. Je n'eus même pas le temps de voir qui était l'assassin. Il m'avait attrapé par les cheveux et m'avait balancé au sol violemment. Je m'étais cognée contre une poubelle. Ma tête tournait et je voyais légèrement flou. Je rampe au sol mais un coup fatal me bloque la respiration. Mon dos me brûlait. L'assassin n'arrêtait pas de me replanter encore et encore des coups de couteaux. Je hurlais mais plus il me plantait, plus mes cris s'étouffaient jusqu'à ce que je ferme les yeux. 

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