Chapitre 6
La jeune fille avait moins froid à présent et elle avait cessé de pleurer. Le commandant quant à lui la regardait, assis aussi près du feu. Il prit alors la parole :
- J'ai mal...
Elle releva la tête dans sa direction et lui répondit :
- Moi aussi, j'ai mal...
- D'où viens-tu ?
- D'un petit village pas trop loin d'ici je pense...
- Tu ne sais pas son nom ? Je pourrais te raccompagner chez toi...
- Je n'ai pas de chez moi, tous les gens me sont étrangers, tout ce monde m'est étranger.
- Ou veux-tu aller ?
- Tu le sais...
- Je ne peux te laisser faire ça...
- Et de quels droits ?!
- Tu es trop jeune... Tu ne te rends pas compte.
La jeune fille perdit patience. Elle se leva d'un coup pour sortir rapidement de la cabane, le commandant sur les talons.
Elle voulait réitérer son geste et il le savait. Il lui dit alors qu'elle devrait lui passer sur le corps avant de pouvoir sauter.
Je me mis à le frapper, d'abord doucement puis de plus en plus violemment. Je lui criais de me laisser tranquille, qu'il ne me connaissait pas et que ce n'était pas son affaire. Mais il ne voulait pas en démordre.
Elle me frappait, et j'avais mal. Ma blessure me faisait souffrir mais je ne devais pas lâcher.
Elle devait vivre.
***
J'avais entendu dire que certains soldats étaient de retour au village. Les pertes étaient nombreuses et les survivants étaient quant à eux marqué à tout jamais par cette guerre, physiquement et psychologiquement.
Je pensais que mon homme serait parmi eux, qu'il serait de retour. Mais quand je pris de ses nouvelles auprès du chef de bataillon, j'appris qu'il était porté disparu. Personne ne l'avait trouvé, ni vivant, ni mort.
Tout était encore possible.
Claire était une personne positive mais elle ne pouvait s'empêcher d'être inquiète. Elle avait peur, et il était le seul à pouvoir la rassurer. L'objet de son inquiétude était le seul à pouvoir la rassurer d'un regard, d'une main serrée.
Mais elle ne devait pas perdre espoir. Son amour ne devait pas être bien loin. Il lui avait promis de revenir et comme chaque fois, il reviendrait.
Pourtant en apprenant la nouvelle la jeune femme s'était effondrée, ses genoux étaient venus heurter le sol violemment dans un hurlement de douleur. Ça faisait des semaines qu'elle l'attendait, et il avait disparu.
Plusieurs soldats avaient aidé la femme de leur commandant à rentrer chez elle. Ils la rassuraient en lui disant que son mari n'était pas le seul à avoir été porté disparu, que d'autres soldats de leur compagnie étaient aussi introuvables.
Mais qu'ils allaient les retrouver. S'il ne revenait pas, jamais elle ne s'en remettrait.
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