Chapitre 2
Je cherchais mon commandant des yeux, il n'était plus là. Le champ de bataille était couvert de corps, certains sans vie et d'autres qui ne t'arderaient pas à l'être. Très peu de soldats étaient encore debout, et encore moins se battaient. Alors que j'étais perdu dans mes pensées, j'entendis mon nom, doucement, très doucement, comme un murmure. Quelqu'un m'appelait. Je me mis alors à chercher, et le son de cette petite voix me mena à Gervais, mon ami d'enfance, mon seul ami. Il lui manquait les deux jambes et une grande plaie barrait sa poitrine. Quand il me reconnut, un éclair traversa ses yeux et il se mis à pleurer. Je le pris délicatement dans mes bras, il ferma les yeux au contact de nos corps. Il souffrait énormément, je le savais. Et je savais aussi que la vie ne tarderai pas à l'abandonner. Et que lui, Gervais, m'abandonnerai pour toujours, lui qui était mon ami d'enfance, mon seul ami. Et il mourut vite, c'était sans doute une bonne chose. Valait-il mieux souffrir ? Je ne le pensais pas, j'aurais moi-même préféré le rejoindre. Partir loin de cette souffrance. Mais non, je devais retrouver mon commandant, mort ou vivant.
Il marcha entre les cadavres. Certains étaient très jeunes, d'autres plus vieux, mais ce qui les réunissaient était surement leur innocence, leur vie volée par une guerre inutile. Cette pensée le fît pleurer, lui qui était si jeune, voir que la mort était passée si près de lui. Il marchait avec pour seul but de retrouver son commandant.
Notre commandant aurait-il pu nous abandonner ? Lui qui s'était illustrer dans de nombreuses batailles et qui avait sauver plus d'un de ses hommes. Je n'arrivais pas à le voir mort, pour moi c'était impossible. Il ne pouvait pas être mort. Peut-être était-il blessé ?
Oui, c'était sûrement ça, il était blessé, j'allais le retrouver et nous rentrerions chez nous. Il ne devait pas être bien loin. J'étais si fatigué, j'avais mal, j'avais tellement mal...
Je me mis à marcher et à chercher mon commandant, à l'appeler même, mais je n'avais pour réponse que les cris des soldats mourant, ils m'appelaient au secours. Je ne devais pas y prêter attention, je ne devais pas m'arrêter pour les aider, de toute façon je ne pouvais pas les aider. Je devais suivre mon but : trouver mon commandant.
Il était partis maintenant depuis deux mois, je m'inquiétais pour lui. La guerre était une chose qui l'avait toujours attirée, c'était un excellent soldat, il s'était illustré à de nombreuses reprises. Depuis qu'il faisait partie de la meilleur unité du pays je n'avais cessé d'avoir peur pour lui. Oui, vous l'aurez deviné, je l'aimais comme une folle et l'idée qu'il ne puisse pas revenir me hantait. Je m'étais toujours senti en sécurité depuis qu'il m'avait pris pour femme, il était de ces hommes qui sont attentionnés et qui traitent les femmes comme leur égale. Comme avant chaque départ, j'avais tenté de le faire changer d'avis. Je l'avais supplié de ne pas retourner se battre. Il m'avait alors pris dans ses bras fort, comme à chaque fois et il m'avait promis qu'il reviendrait. Et comme à chaque fois, bête que j'étais, je l'avais cru, et je m'étais persuadée, intimement, qu'il avait raison. Et si cette fois, il s'était trompé ? Et s'il ne revenait pas ?
Au grand Dieu, je ne m'en remettrais jamais.
Mais cette guerre n'était pas comme toutes les autres, avant de partir, il m'avait murmuré quelque chose à l'oreille après son habituel promesse.
- Après cette guerre, en revenant, je te fais un enfant.
Et puis après un éclat de rire, il avais ajouté :
- Euh non, pas un enfant, quatre, cinq, six...
Un larme avait alors perlé au coin de mon œil. Il voulait un enfant.
Il m'avait serré fort dans ses bras. C'était sa dernière guerre.
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