Parfois j'ai l'impression de vivre, en faisant tout pour ne pas s'ennuyer. Cela voudrait dire, se retrouver dans nos pensées, se confronter à nous-même. Alors on fait des études, on ne cherche pas un boulot que pour avoir de l'argent mais surtout pour oublier de réfléchir et de devoir affronter nos faiblesses et notre authenticité. On se cache derrière des masques sociaux, une montagne d'excuses pour ne pas s'avouer que nous avons des failles. On passe notre existence à nous tenir occuper, pour éviter de tourner en rond.

Quand je suis là, à m'imaginer dans dix ans, diplômée et priant pour décrocher un CDI. Les longues journées à bosser et revenir le soir, faisant un repas à la va-vite et dormir aussitôt. Est-ce ça une vie ? J'ai des énormes privilèges, j'en ai conscience. J'ai le pouvoir de choisir ce que je souhaite faire. Non je n'ai pas envie de gagner beaucoup d'argent, d'avoir un chien, une maison et un mari. Je veux juste m'amuser, m'épanouir dans des métiers que j'aime, qui me font vibrer, grandir. Pas être une employée dans une entreprise de communication, derrière un bureau, en espérant devenir manager au bout de vingt ans, ni l'envie de balancer des sourires et se taire face à des remarques de Jean-Michel sexiste. Mais je sais que derrière ces adultes faussement sérieux, il y a eu un adolescent qui avait une envie de vivre à fond. Où sont passés tous ces rêves ? Dois-je me contenter d'habiter dans un pays libre où je peux avoir un salaire convenable ? Délaissant une opportunité de profiter d'être juste dans ce corps, en bonne santé et d'avoir un cerveau qui fonctionne. Je sais que la moi dans des milliers de jours, va voir cette foie en l'humanité, qui va peut-être s'éteindre mais je prie pour qu'elle soit fière d'en être arrivée là.

2018.