Et si l'on affrontait cela?

Durant toute la semaine qui suivit elle se rapprochait du jeune garçon, elle avait enfin un ami. Son premier depuis trois ans. Ils ne parlaient jamais de son passé, préférant l'oublier. Tous les jours ils passaient plusieurs heures ensemble, puis quand ils se séparaient ce n'était pas pour longtemps. Elle lui avait apprit à parler avec les yeux,alors ils passaient le reste de leur temps devant leur fenêtre à se regarder. Rien ne pouvait les perturber, l'unique moment où leurs yeux se lâchaient c'était pour qu'il aille manger et prendre une douche et qu'elle aille se laver. Elle ne mangeait toujours pas,prenant une seconde par jour pour avaler toutes sortes de médicaments. Et le soir une fois libre ils se rejoignaient à la fenêtre et continuaient à se regarder. Ses parents la réveillaient le lendemain à huit heures, pour lui donner les dernières consignes. Ils lui dirent qu'ils l'aimaient, puis fermèrent la porte. Une porte qu'ils ne franchiront pas pendant une semaine. Elle repartit dans sa chambre, et s'exerça toute la matinée. Quelquefois elle s'arrêtait et elle le regardait dormir. Elle le trouvait si beau, si doux, si drôle. Elle devenait dépendante à sa présence. L'après-midi il était venu chez elle. Il lui avait préparé une surprise. Quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensée être fait. Il était venu doté d'un sac noir. Il ne lui laissa pas le temps de lui poser la question pour savoir ce qu'il y avait dans son sac, il la prit par la main et l'emmena dans sa chambre. Il lui demanda de descendre les sièges, ils s'assirent confortablement à l'intérieur puis lui demanda de monter les fauteuils. Étonnée elles'exécuta.

« D'accord,alors maintenant mets ça.

-Pourquoi tu fais ça ?

-Ne discute pas, j'ai déjà assez peur comme ça. Aller mets ce loups.

-Ok, et c'est quoi la suite ?

-Tu vois, grâce à toi je suis sortit de mon quotidien, et je me sens mieux que jamais. J'ai vraiment l'impression de vivre. Je me sens libre, j'ai peur, mais c'est ça la vie au fond. Tu m'as fait prendre conscience que la vie était constituée de petites peurs, qui au fur et à mesure du temps, deviennent de grosses peurs. On pense ne jamais pouvoir les affronter, on se dit que c'est trop dur. Et pourtant me voilà à trois mètres de haut, avec aucunes protections. Donc parfois grâces à des personnes aussi adorables que toi on décide de les affronter ces peurs.

-Ho, tu vas faire quoi là ?

-Écoute moi jusqu'au bout. Je disais donc que certaines personnes nous faisaient prendre conscience qu'il fallait avoir peur pour vivre. Que c'était comme un pari, il faut mettre une mise tout en sachant qu'un jour on finira par le perdre. Mais c'est rien, car on l'aura gagné tant de fois ce pari. Le pari qu'on va vivre. Et vivre c'est soit une course contre sois même, soit une course contre la mort. Et la mort est drôlement méchante et maligne à la fois, pour te freiner et pour gagner elle te met des obstacles sur ton chemin. Et si tu as peur, tu perds. Et moi je suis incapable de te voir perdre, j'ai peur de te voir perdre. Je te rappel que j'ai peur de souffrir, et à présent sans toi je souffre. Maintenant ouvre la bouche.

Il lui posa une goûte de chocolat sur le bout de la langue.

-Alors, tu aimes ?

-Vas-y mets en plus, on dirait que t'es radin. Dit-elle en rigolant.

-Donc tu aimes, ça me rassure. Mais garde un peu d'appétit pour ce qui suit. Ouvre la bouche.

Il lui posa une fraise entre les deux mâchoires.

-Croque, vas-y.

-Hum de la fraise, j'adorais ça avant. Tu peux m'en redonner un bout s'il te plaît ?

-Tiens, finis la.

-Merci, merci. Mille fois merci. Non, un milliard de fois merci.

-C'est pas moi qu'il faut remercier, c'est toi même. Bon ferme la bouche.

Il lui déposa une goûte de citron qu'il étala le long de ses lèvres.

-Alors tu en penses quoi ?

-C'est amer, hum je dirais que c'est du citron. J'ai juste ?

-Oui, tout bon.Dit-il accompagné d'un sourire, qu'elle ne vit pas mais qu'elle entendit.

-Bon passons au prochain, ferme la bouche.

Il s'approcha et posa ses lèvres sur les siennes, elle sourit et répondu.

-Hum il y a un goût de miel, c'est doux. Non désolé je vois pas, tu me refais goûter s'il te plaît ?

-Volontiers. Dit-il avant de l'embrasser une deuxième fois.

Elle sourit encore plus qu'avant et ses joues se mirent à prendre une teinte rouge.Puis après un silence qui signifiait que de la gêne était présente il se remit à parler.

-Bon ouvre la bouche, je pari que tu vas aimer.

Il lui déposa de la chantilly dans la bouche puis y mit un petit bout de fraise.

-C'est délicieux, je ne me souvenais plus de quel goût ça avait. Tiens c'est à mon tours de te faire goûter quelque chose.

Elle enleva le tissu qui lui recouvrait les yeux puis le lui mit.Elle prit une fraise, la trempa dans le chocolat et lui mit dans la bouche. Ils souriaient tous les deux, tels deux enfants un matin de Noël face à leurs jouets. Ils vivaient, pour la première fois ils s'autorisaient à vivre et c'était le plus précieux des cadeaux que l'on pouvait leurs offrir. Elle fit descendre les sièges, puis ils se posèrent sur le rebord d'une fenêtre. Ils étaient face à face, se reparlant silencieusement. Il n'y avait plus de distance en eux, non pour une fois ils s'affrontaient. Et on pouvait lire au fond d'eux une certaine haine, la haine d'avoir peur. Ils s'en voulaient mutuellement de vouloir affronter leurs peurs. Au fond, cette haine n'en était pas une, c'était plutôt une sorte de peur. Encore une  peur qu'ils ne voulaient pas s'avouer.

Ils avaient passé tout le reste de l'après-midi face à face, sans bouger. Ils s'observaient mutuellement. Puis soudain il dit :

« Ça ne me fait pas peur tu sais.

-De quoi tu parles ?

-Le fait que tu m'observes. J'ai pas peur que tu saches tout de moi. Pas si tu le garde pour toi.

-Je ne le dirai pas, je garderai tous tes secrets. Ils t'appartiennent donc si tu me fais assez confiance pour me laisser les découvrir je ne trairais pas. Jamais.

-Tu es quelqu'un de bien.

-Je ne suis pas quelqu'un de bien... Ils le disaient tous. Dit-elle en baissant la tête.


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