Chapitre 8 : Essais infructueux
Deux jours depuis la déclaration de Pierrick.
Le matin chez lui, Matei stressait un peu plus chaque jour d'aller en cours car il savait qu'il y retrouverait Pierrick dans toutes les circonstances possibles et imaginables...
Pas qu'elles soient désagréables, bien au contraire, mais justement à cause d'elles et des potentiels événements qu'il pouvait lui arriver avec cet homme amoureux, il avait peur que son petit cœur ne rate un battement voire bien plus qu'un...
Noël, lui, n'était pas venu au lycée depuis là.
Massimo et Pierrick avaient fini par s'en inquiéter et décidé de lui rendre visite après les cours aujourd'hui. En attendant, il leur restait un jour d'études à terminer. Pendant lequel Pierrick allait de nouveau pouvoir essayer de se rapprocher de Matei !
Pour le moment, ses essais avaient été un peu...Sans succès.
Ce n'est pas que Matei n'y était pas sensible, au contraire il était même tout rouge, mais il ne voulait pas donner à Pierrick le sentiment qu'il le gagnerait tout de suite.
Après tout, ils ne se connaissaient que très peu...
-Finalement, tu as réussi à composer ton morceau, Pierrick ? demanda Massimo à son ami en avalant une bouchée de sa pizza tiède, achetée à la cafétéria.
-Je lambine un peu sur la fin, avoua Pierrick en se mordant la lèvre inférieure. Je stagne sur les paroles de fin...
Matei, qui l'observait, trouvait ce petit geste magnifique et il embellissait le beau jeune homme vigoureux encore plus qu'il ne pouvait l'être...Mais le jeune garçon finit par percuter sur le contenu du discours de Massimo. Apparemment, Pierrick composait un morceau ?
Il était incroyablement beau, très intelligent au vu de sa présence dans ce lycée et en plus, musicien talentueux ? Matei n'en pouvait plus, son cœur et son corps comme son âme et son esprit, ce garçon-là était parfait ! Il finirait par s'évanouir devant lui, tant il rayonnait de perfection !
Le noiraud avait l'air embêté et Massimo lui proposa son aide pour les paroles finales.
-Non, ça ira, je vais me débrouiller, sourit Pierrick gentiment.
Même cette ébauche de sourire rendait le beau noiraud sublime, et Matei se prit à se dire qu'il avait bien envie d'entendre ce morceau lui aussi...Mais il ne pouvait pas tellement lui demander ça, au vu de leur relation pas si proche que ça.
-Allez ! continua Massimo. Ce ne serait pas la première fois que je t'aide !
-Ça va, répondit gentiment son ami. Il ne me manque que trois ou quatre phrase, un couplet en somme...
-Tant mieux alors, si tu peux finir tout seul comme un grand ! plaisanta Massimo avec un rire tonitruant.
-Pierrick, je...
Le jeune noiraud se tourna lui et sa barbe fournie vers la personne qui lui avait parlé.
Matei.
Il avait osé commencer, il fallait qu'il termine pertinemment et non pas sur rien...
-Je...Je pourrais écouter ton morceau, moi aussi ?
Pierrick écarquilla ses beaux yeux foncés de surprise. C'est lui qui s'échinait à essayer de séduire ce jeune garçon en tentant de l'approcher et l'aborder sans que cela fasse trop suspect pour les partis n'étant pas au courant, et voilà que celui qu'il aimait lui tendait lui-même une perche ? Il fallait la saisir, et jusqu'au manche qu'il tenait ! Voire même jusqu'au bras lui-même, qui sait ?
-Si...Si tu veux, balbutia-t-il, encore surpris. Quand je l'aurai terminé, d'accord ?
-Oui ! sourit Matei avec sincérité, ce qui fit battre le cœur du grand musclé plus vite...
Massimo lança un regard sous-entendu à son ami Pierrick, qui l'ignora royalement quand Matei posa une seconde question :
-Tu composes depuis quand ? Depuis longtemps ? Je ne savais pas que tu étais un compositeur.
-Je...Je ne me qualifierais pas de compositeur...C'est trop prestigieux pour moi, fit le bel homme avec une modestie admirable, alors que Massimo avait déjà entendu plusieurs de ses compositions passées. Je suis juste un étudiant en musique qui aime beaucoup ce domaine et qui a comme passe-temps la composition de morceaux...Je compose depuis la dernière année d'école primaire...
Matei lâcha une exclamation de surprise incontrôlée.
-Ça fait vraiment un bout de temps ! Ça doit bien faire plus de cinq ans, non ?
-C'est vraiment mes tous premiers morceaux, ça ! fir Pierrick, gêné. J'alignais juste les dos, les rés et les las dans des noires, des blanches et des rondes sans aucune logique ni harmonie ! C'était vraiment hideux !
Matei rit. Ce côté-là du jeune homme lui plaisait. Son côté naturel et spontané, presque mignon par moments...Il avait tant besoin d'un homme aimant et protecteur à ses côtés...
En face de lui, Ngôi Sao donna un coup de coude discret à Massimo, le seul autre au courant et qu'elle savait dans la confidence. Le bel homme blond lui répondit par un sourire amusé en lorgnant sur les deux futurs amoureux un regard plein de tendresse et de sadisme mêlés.
Les deux garçons discutèrent de musique pendant un moment. Matei avait fait un an de flûte dans son enfance mais il ne se souvenait vraiment de rien, même pas de la notion de croche par rapport aux noires...Par contre, pour les cours de musique, il pouvait être épaulé par Ngôi Sao qui faisait depuis plusieurs années du piano et de la clarinette et qui savait plus ou moins bien de quoi elle parlait.
En cours, plus tard, quand Matei se retrouva seul avec ses amies les espionnes, Ngôi Sao, Mélissa et Helena. Cette dernière lui fit un clin d'œil en souriant.
-Alors ? Ça se tape la discission avec le grand et sublime Pierrick, à ce que je vois ?
-J'ai...J'ai le droit ! se défendit le jeune garçon, ouvrant des yeux indignés derrière ses verres de lunettes.
-Bien sûr, lui dit Helena avec un sourire fourbe. Tu as aussi le droit de sortir avec, tu sais ! On est toutes avec toi !
-Plus sérieusement, Matei, sourit Ngôi Sao en posant sa main sur son épaule tendue. On est vraiment toutes de ton côté alors cours si possible toujours vers ton bonheur !
Matei ne sut que dire et il vit derrière les abondants cheveux noirs de sa meilleure amie ses deux autres amies hocher la tête avec conviction, avec de sincères sourires.
-Merci, les filles...murmura-t-il, touché par leur amitié débordante.
-Tu as sûrement tes chances avec lui ! lui dit Helena avec un clin d'œil, avec le hochement de tête approbateur de Mélissa.
-Si vous saviez, pensèrent Matei et Ngôi Sao à l'unisson.
De leur côté, Massimo et Pierrick avaient prit la direction de l'appartemment où habitait Noël.
Quand ce dernier les accueillit dans sa chambre assis en tailleur sur son lit après que sa mère ait ouvert la porte de leur appartemment, Massimo remarqua que leur ami n'était pas malade, disons médicalement et physiquement parlant. Il devait plutôt avoir très mal au cœur, au figuré...
Pierrick remarqua en même temps que Massimo que la poubelle était remplie de mouchoirs usagés et que tous ses alentours étaient parsemés également de mouchoirs qu'il devait avoir lancé ou qui avaient débordé.
-Tu as le rhume, Noël ? demanda Pierrick à son ami en désignant la poubelle pleine à ras bord.
-Non, fit Noël, froid et sec, de méchante humeur.
-Tu n'as pas de fièvre ?
-Non plus.
Le garçon, lunettes sur le nez, était sec et distant, il n'avait pas envie de discuter avec son meilleur ami. Il fuyait également son regard avec une détermination sans borne alors qu'il pouvait regarder Massimo sans problème, et ce dernier y sentait une grande tristesse et une grande douleur. Noël se sentait trahi...
-Tu n'es pas bavard...Tu ne veux pas me dire ce qui ne va pas ? implora presque Pierrick.
-Et si je te le dis, ça changera quoi ? s'énerva Noël, cette fois en fixant bien son meilleur ami dans ses yeux bruns. Rien ! Ça ne changera rien ! Tu ne peux plus rien faire pour moi !
Noël sentit les larmes lui monter aux yeux. Pas question de pleurer devant ses deux amis ! Il se mordit la lèvre et se fit violence pour détacher son regard du beau visage de Pierrick. Massimo, qui se sentait un peu comme la troisième roue d'un vélo question paroles, observait en revanche la scène attentivement. Il avait remarqué tous les petits changements d'humeur ou d'expression de Noël devant Pierrick.
Le jeune italien blond commençait d'ailleurs à avoir des soupçons sur ce qui s'était vraiment passé pour que Noël réagisse de cette façon puérile et ridicule.
-J'aimerais t'aider.
-Tu ne peux pas ! Tu ne peux plus ! Fiche-moi la paix ! cria presque Noël en serrant entre ses bras un des larges coussins de son lit.
Pierrick se tut alors, baissant les yeux. Noël entendit, sans regarder ce qui se passait, un bruit de fermeture éclair puis des bruissements de feuilles qu'on agite. Quand il regarda enfin, Pierrick était en train de déposer un dossier sur son bureau encombré de feuilles, vierges ou griffonnées, et de mouchoirs usés ou encore neufs.
-Ce sont les cours de hier et aujourd'hui. Si tu as une question, tu m'écris.
-C'est ça, c'est ça...fit Noël en détournant son regard du bureau, et par conséquent de Pierrick aussi, sans le remercier une seule seconde de s'être déplacé ni de lui avoir pris des notes.
Il fixait avec intensité depuis tout à l'heure la poignée de sa fenêtre, ce qui lui permettait de ne pas voir Pierrick, même s'il avait encore un peu Massimo dans son champ de vision.
-J'espère à demain, Noël, fit Pierrick en reprenant son sac puis en le refermant.
Noël sentit son cœur battre un coup plus fort que les autres quand il entendit son prénom prononcé par celui qu'il aimait beaucoup, avec sa voix si grave et si virile qu'il possédait. Pierrick dans son être entier respirait le mâle et la virilité, de toute façon...
Ce dernier regarda alors Massimo une fois sur le pas de la porte et son ami lui dit :
-Vas-y sans moi, je reste encore un moment. Mon bus arrive dans un petit bout de temps et je dois encore lui expliquer pour la biologie.
Les deux garçons avaient pris cette option-là, comparé au dernier grand noiraud qui avait pris musique. Pierrick salua alors Massimo et dit en dernier lieu à son meilleur ami :
-J'y vais, alors. Rétablis-toi bien, Noël, j'espère que tu iras vite mieux. Et pardon si je t'ai dérangé...
Pierricl inspira un grand coup et finit par se jeter à l'eau :
-Je dois aussi te dire que...J'ai sauté le pas, il y a deux jours, juste avant que tu sois malade. J'ai avoué mes sentiments à Matei...
-Pars, maintenant. Dégage, dit Noël, toujours agressif.
Pierrick s'en alla avec une mine un peu attristée et au moment où Massimo et Noël entendirent le bruit de la porte d'entrée, le plus jeune des deux s'effondra, craqua et se mit alors à pleurer à chaudes larmes, sans aucune retenue.
Massimo alla lui faire un câlin pour le rassurer et faire cesser ses sanglots de plus en plus bruyants. Noël se laissa alors aller contre son ami, étant tellement perdu et empli de douleur.
Quand il se fut calmé, Massimo se détacha de son ami et planta ses beaux yeux bleus dans ceux bruns et clairs du garçon.
-Tu nous as entendu, il y a deux jours, c'est ça ?
Son ton était sans haine ni jugement, sans quoi que ce soit, juste une vraie interrogation à laquelle il avait envie d'avoir la réponse. Noël hocha la tête, crispant sa bouche et de mordant la lèvre pour ne pas éclater encore une fois en sanglots.
-Je comprends. Tu aimes Pierrick aussi, n'est-ce pas ?
Massimo était quelqu'un de doux et compréhensif. Toujours enjoué, il ne parlait que rarement avec haine. Il avait juste envie de savoir pour aider le mieux possible.
-Je ne sais pas...Je me suis dit depuis longtenps que nous pourrions aller plus loin avec Pierrick, et que ça ne me dérangerait pas...
Sa voix était encore ponctuée de sanglots et un peu haletante mais ce qu'il disait était parfaitement compréhensible.
-Et je me suis rendu compte que je voulais Pierrick pour moi...Quand je me suis rendu compte qu'il commençait à regarder Matei...Et puis, j'ai eu l'impression qu'il compressait mon cœur dans ses mains quand je vous ai entendus l'autre jour...
Des larmes revinrent sous ses yeux.
-Je ne veux pas le perdre !
Noël éclata en sanglots et se couvrit les yeux des mains.
-Je ne veux pas qu'ils finissent ensemble, Massimo ! Je ne veux pas ! Ça me ferait trop mal !
Massimo tapota l'épaule de son ami avec sympathie et lui dit :
-Ça...Il n'y a qu'eux deux qui peuvent décider de ça...
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