Chapitre 6 : Déclaration
Un autre mois avait passé.
Matei se posait moins de questions quant au Triangle des Bermudes vu qu'il ne s'était plus passé grand-chose avec lui ces derniers temps.
Malgré cela, les disputes entre Pierrick et Noël n'avaient pas cessé, tant et si bien que même Matei les avait remarquées et il avait demandé leur avis à ses amis.
Xiù s'en fichait un peu à vrai dire à moins qu'elle puisse participer à une baston et Stefano était aussi concerné par des sujets comme l'amour ou les rumeurs, surtout concernant les autres, qu'un chat à qui on ferait faire de la philosophie...En revanche, Helena et Mélissa dirent qu'elles ne savaient pas trop, que leur avis était un peu flou et Ngôi Sao les soutenait dans leur absence de conviction dans leurs paroles.
Cependant, malgré ce qu'elles avaient dit à Matei, elles en avaient déjà discuté toutes les trois seules. Elles ne savaient pas si elles devaient le dire à leur ami sous peine de lui faire espérer quelque chose qui en fait n'arriverait peut-être jamais...Mais il semblait à Ngôi Sao qu'elle avait entendu la semaine dernière les mots "amour", "aimer" et "à moi" sortir de la bouche de Noël. Elle ne savait pas de qui ni de quoi il parlait alors elle avait peur de faire espérer Matei pour rien, lui qui avait tellement envie de trouver l'amour.
Cependant, en plus de ses standards très hauts, il avait besoin de connaître le garçon qui partagerait sa vie. Et pour le moment, le seul garçon qu'il connaissait bien dans son groupe d'amis, c'était Stefano. Et non seulement, il ne faisait pas tellement partie de ses critères de beauté personnels, même s'il était très mignon même à ses yeux, mais en plus, il s'en fichait un peu de l'amour pour le moment.
D'ailleurs, pour Driss, son meilleur ami dans une autre classe, qui essayait désespérément de le caser avec une fille, c'était un vrai calvaire. Surtout que ça ne devrait pas être trop dur, vu qu'il était plutôt beau garçon, mais cela ne l'intéressait pas. Alors Ngôi Sao, faisant partie de ses proches amis aussi, laissait couler et le laissait tranquille avec ça. Après tout, il avait encore le temps !
À la pause de midi, Ngôi Sao alla vers son casier pour récupérer des affaires de cours avant leur reprise. Elle refermait son casier quand elle vit débarquer dans son dos un des membres du Triangle des Bermudes. Elle écarquilla légèrement ses yeux de surprise quand il s'arrêta devant elle, la fixant avec intensité.
-Ngôi Sao...
-Oui ? fit-elle, ne montrant pas son léger trouble.
-Tu es bien la meilleure amie de Matei ?
-Oui, confirma-t-elle.
Elle voyait le regard du garçon en face d'elle, avec ses pupilles noires, ses lèvres légèrement pincées comme s'il était gêné, encore plus qu'elle. Il semblait profondément mal à l'aise en face d'elle et avait les joues un tout petit peu rosées. Ça le rendait tellement mignon, alors que les membres du Triangle des Bermudes, et même des Cinq Doigts de la Main, étaient plus considérés selon les critères de la société comme beaux, et non pas mignons.
Comme il se taisait mais sans bouger un cil, Ngôi Sao finit par reprendre la parole pour rompre le silence :
-Tu voulais me demander quelque chose ?
Ses paroles firent sortir de sa torpeur le garçon qui la regarda quelques secondes, un peu troublé, puis lui dit :
-Est-ce que...Est-ce que Matei est de l'autre bord ?
Ngôi Sao haussa un sourcil tandis qu'elle fronçait l'autre.
-L'autre bord ? répéta-t-elle, perplexe.
-Est-ce qu'il est...Homosexuel ? fit le jeune homme en bredouillant timidement le dernier mot.
-Pourquoi cette question ? demanda la lycéenne, du tac-au-tac, sans se démonter cette fois-ci.
Elle partait du principe qu'elle n'avait pas à dire elle que la sexualité du jeune homme n'était pas celle par défaut qu'on piquait sur les gens avec un cure-dent à la naissance. Elle pensait que si Matei ne leur avait confié qu'à elles pour le moment, c'est qu'il y avait une bonne raison. Et elle avait la valeur de se dire que son meilleur ami devait le dire lui-même et que ce n'était pas à elle de vendre la mèche, ou le trahir pour utiliser un terme exagéré.
-Je...Je crois...Je suis...
Il sembla chercher ses mots. Ngôi Sao voulait entendre ces paroles qu'elle espérait tant pour son meilleur ami de la bouche de son interlocuteur sans qu'elle ait besoin de l'aider dans sa déclaration.
-Je suis...Je suis attiré par lui...Je crois que...Que je l'aime...
Il avait fini sa phrase dans un murmure à peine audible, les yeux rivés sur ses chaussures, de gêne, mais Ngôi Sao se contenta de sourire et lui dit :
-C'est trop mignon ! Mais je crois que si tu veux des réponses concrètes et surtout, correctes, il faut aller lui demander par toi-même...
Elle inspira avant de rajouter :
-J'ai beau le connaître comme un frère, j'ai toujours une marge, aussi minuscule soit-elle, d'erreur alors qur si lui te répond, il ne devrait pas, ou pas trop, y en avoir.
Elle tapota alors son épaule et s'éloigna, ses affaires dans les mains. Elle se fit alors retenir par un bras et le beau garçon lui demanda :
-Comment je peux faire pour me rapprocher plus de lui ? On se connaît peu, toi tu le connais mieux que moi, bien plus que n'importe qui...Je ne sais pas s'il va m'accepter...Et déjà, est-ce qu'il est du même bord que moi ?
Il avait les yeux humides, signe de ses larmes naissantes, la jeune fille le voyait bien grâce à la distance courte entre elle et son bel interlocteur. Elle lui sourit et tapota à nouveau son épaule avec sa petite main réconfortante tout en lui conseillant :
-Sois toi-même. Je pense qu'il t'acceptera largement si tu es toi et que tu ne te mens pas à toi-même. Et sache que si tu veux te rapprocher de lui, viens plus souvent dans notre groupe avec le tien, on créera de nouveaux liens entre nous et ça paraîtra moins suspect que si tu laisses tomber tes amis juste pour Matei. Et ce ne serait pas juste ni gentil pour eux...
-C'est vrai, tu as raison...L'autre jour, à midi, on était bien ! fit-il, songeur.
-L'autre jour, c'était il y a plus de quatre mois ! rit Ngôi Sao.
-Peu importe, fit le garçon en lui rendant un sourire encore timide. Merci pour tes conseils ! Et s'il te plaît, peux-tu garder tout ça pour toi ? Si quelqu'un qui nous a vus les deux te le demande, dis-lui que tu as répondu à des questions de cours...Par exemple, la biologie...
Ils avaient une terrible enseignante pour cette matière et elle était comparable à une vraie démone.
-D'accord, acquiesça la jeune fille. Motus et bouche cousue !
-Merci beaucoup, Ngôi Sao.
-Mais de rien ! sourit-elle.
Elle rejoignit ensuite ses amis toujours dans la cafétéria, l'esprit rempli d'informations croustillantes. Même si elle ne pouvait pour une fois pas les partager avec ses amis, elle ricanait toute seule en pensant à ce qu'elle savait et que même Matei ignorait encore, si bien que ce dernier se demanda si elle ne faisait pas une crise d'hystérie à force de rire comme ça sans raison. Quand il lui demanda des explications, la seule qu'elle lui donna fut une phrase mystérieuse qu'il n'arriva à décrypter que bien plus tard :
-Je ne veux que ton bonheur et je crois bien savoir où il se trouve !
Matei allait demander ce qu'elle voulait dire par-là quand leur enseignant entra par la porte en annonçant le début du cours avec une voix fracassante.
À la fin de la période, Matei avait complètement oublié ses précédentes interrogations. Même si dans son dos, Ngôi Sao avait un petit sourire fourbe et amusé à la fois. Elle ne le dissimulait pas mais pourtant, personne ne le vit. Pas même Helena et Mélissa, à l'affût du moindre ragot concernant les autres et les affaires de cœur de Matei.
Un peu plus tard dans l'après-midi, le fameux membre du Triangle des Bermudes revint voir Ngôi Sao pour lui demander discrètement s'il devait aborder Matei et si oui, comment.
La jeune fille lui avait répondu qu'elle ne savait pas vraiment mais qu'il fallait avant tout qu'il reste naturel et que Matei serait probablement content qu'il veuille discuter avec lui.
-Serait content tout court, voire heureux qu'il l'aborde, se corrigea Ngôi Sao dans son esprit avec un sourire amusé et machiavélique tout aussi mental que ses pensées.
-Mais quels sujet je pourrais aborder avec lui ? fit le jeune homme à la Ngôi Sao avec des yeux suppliants.
-Je...Je ne sais pas...On n'a pas la même personnalité, toi et moi, on n'aborderait pas forcément des sujets identiques, même si c'est avec la même personne...
-Mais je ne connais même pas ses centres d'intérêt ! Le mien, c'est principalement le sport mais lui, il s'en fiche de ça ! Il n'aime pas le sport !
Ngôi Sao ne l'avait jamais vu aussi dépité. En fait, elle ne l'avait tout simplement jamais vu avec une expression aussi prononcée sur le visage. Avec une expression tout court, en fait...Et cela surprenait la jeune lycéenne.
-Je...Je ne sais pas...Parle-lui tout simplement. Si tu es passionné dans ton discours, ça se remarque et on est d'autant plus à ce que tu dis.
Avec un sourire, Ngôi Sao tapota l'épaule sacrément volumineuse du garçon avec une tentative de réconfort puis lui dit avec des yeux très lucides :
-Et je pense que ça lui fera plaisir que tu lui adresses la parole de toi-même !
Le beau jeune homme lâcha alors ses épaules tendues et soupira.
-Je comprends. C'est vrai que ça ne doit pas être facile de dire ça comme ça...
-Effectivement, ce n'est pas facile, murmura la jeune fille presque plus pour elle-même que pour son interlocuteur.
Ce dernier reporta son regard de ses chaussures aux yeux de son interlocutrice, plus petite que lui d'une tête ou un peu moins.
-En tout cas, merci.
-Mais de rien, si malgré tout j'ai pu t'être utile, lui dit Ngôi Sao.
Ils repartirent chacun de leur côté. La jeune fille commençait à avoir de plus en plus d'idées toutes plus machiavéliques les unes que les autres, mais elle devait bien se contenir de les exécuter, sous peine de trahir le secret dont elle était seule gardienne pour le moment.
Enfin, la seule gardienne de son groupe d'amis. Qui sait, peut-être que ses propres amis le savaient-ils déjà ? Voilà peut-être la raison pour laquelle lui et un de ses amis se disputaient tout le temps...
Ngôi Sao eut alors une idée...Une idée digne d'elle et de son esprit d'espionne inné...Une espionne diabolique naturellement.
Lors du cours de sport suivant, Matei regardait discrètement les corps des autres garçons dans le vestiaire, et particulièrement ceux des Cinq Doigts de la Main.
Yann décevait un peu le sévère critique qu'était Matei car, malgré ses bras plutôt musclés et ausai bien entretenus que sa barbe brune à moitié noire, il avait un torse assez plat au final, sans trop de reliefs et un peu de poils en bas du ventre.
Dmitri avait légèrement ses pectoraux visibles et peu de poils mais de très fins abdominaux quasiment invisibles. Mauvais point, selon le juge Matei.
Ayden avait un corps fin avec les pectoraux légèrement démarqués, avec des poils au niveau du milieu de son corps, des pectoraux à la frontière de son caleçon. Et il y avait une toison assez fournie sur ses jambes.
Quant à Massimo, on le savait, il avait ses abdominaux légèrement naissants grâce au fitness que Pierrick lui faisait faire et il avait des poils sur les jambes mais plutôt bruns ou châtains et ils se voyaient donc peu.
Mais le plus beau de tous, c'était bien évidemment Pierrick !
Il avait les pectoraux si prononcés qu'on sentait leur fermeté depuis le point d'observation à distance de Matei, et ses abdominaux étaient si marqués que le jeune garçon si critique ne pouvait que fondre devant eux, comme neige au Soleil ! Ses poils se concentraient au bas de ses pectoraux et sous son nombril, ça le rendait si beau...Il en avait aussi sur les bras et sur les jambes mais il avait l'air d'avoir de sacrés gènes de pilosité quand on voyait aussi sa barbe très fournie sur ses joues. Il en avait même jusqu'aux tempes ! Mais pourtant, il l'entretenait avec soin.
Quand Matei ressortit des vestiaires ce jour-là, Ngôi Sao l'attendait en se frottant les mains et dit avec un sourire dément accroché aux lèvres :
-Alors ? Décris-les-moi très précisément, que je puisse me lancer dans un projet de dessins personnel et d'étude bénévole sur les torses nus des beaux garçons !
-Ngôi Sao...geignit Matei.
-Pas de Ngôi Sao qui tienne ! Raconte-moi tout !
Soudain, vers midi, Pierrick apparut et demanda alors à Matei, doué en philosophie, de venir aider Massimo avec sa dissertation qu'il fallait bientôt rendre.
Matei s'en alla sous le regard amusé de Ngôi Sao et Pierrick emmena alors son camarade de classe dans un endroit désert, isolé du reste des autres lycéens car il n'y avait que des casiers. Et à midi, il n'y avait pas d'élèves ici.
-Où est...Massimo ? demanda Matei avec hésitation.
-En fait...Je voulais juste te parler seul à seul, Matei.
-Pour...Pourquoi ?
Pierrick leva alors vers lui des yeux emplis d'une lueur de désir quand il prit une grande inspiration avant de dire avec un petit sourire timide :
-Matei...Je...Je t'aime. Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
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