Chapitre 43 : Une surprise plus que surprenante
C'était le week-end avant l'anniversaire de Matei et Pierrick.
Dans la journée du samedi, le jeune homme avait été voir sa tante à l'hôpital pour la première fois depuis son réveil il y a un peu plus d'une semaine.
Heureusement, Yasmina, sa tante, n'avait gardé aucune séquelle de l'accident au plus grand bonheur de la famille Grobier. Elle était à présent en rééducation toujours à l'hôpital. Après presque un an et demi de coma, il fallait bien que tout se remette correctement en place dans son encéphale.
Pierrick avait été heureux de la retrouver et Yasmina l'avait longuement serré dans ses bras, enfin, serré avec le peu de force qu'elle avait.
-Tu fais plus mature, plus adulte ! lui avait-elle dit.
C'est vrai que, au moment de l'accident, Pierrick n'avait pas encore de barbe. Cette dernière le vieillissait indéniablement de deux ou trois ans. Matei paraissait en avoir seize et lui, vingt voire plus, alors qu'ils allaient tous deux avoir leur majorité la semaine suivante, le même jour.
Ce soir, après avoir quitté l'hôpital guilleret, Pierrick devait aller chez Ngôi Sao. En fait, elle lui avait expliqué la semaine dernière à une de leurs pauses, le prenant à part, que Matei et elle avaient prévu de très longue date de fêter chacun leurs dix-huit ans avec leur meilleur ami et que Matei tenait à cette parole, vu qu'ils avaient déjà fêté la majorité de Ngôi Sao, mais que Pierrick, petit ami à la place privilégiée, pouvait venir chez elle le soir vers six heures. Elle s'occupait de toute l'organisation, il n'aurait rien à faire sauf ramener ses fesses musclées.
Elle lui avait demandé de porter un costume pour l'occasion, car Matei serait bien habillé lui aussi.
Pierrick avait donc accepté cette gentille proposition. S'il pouvait fêter un peu, même en avance, leur anniversaire ensemble, c'était parfait ! Le week-end prochain, il fêtait avec sa famille, et sans doute Matei aussi, et pendant les vacances qui suivaient la semaine d'après, ils iraient avec Matei dans cette suite de luxe réservée pour eux.
Le soir, vers six heures, après avoir fait un saut chez lui pour se changer et prendre le cadeau qu'il avait pour son bien-aimé, il arriva sur le seuil de la maison de Ngôi Sao sans s'être perdu une seule fois. Elle lui avait si bien décrit les allées, les virages à prendre dans une description digne d'une espionne qui empruntait ce chemin tous les jours, et la couleur et la grandeur de sa maison, qu'il était impossible de se tromper.
Il sonna en rajustant le col de son costume noir, élégant, assorti avec une cravate noire luisante magnifique qui allait de pair avec ses cheveux propres et sa barbe bien taillée la veille en prévision. Sa chemise blanche lui enserrait un peu le cou mais il fallait bien souffrir un peu pour être bien habillé. Il avait mis le pantalon du costume, une ceinture noire pour éviter que le bas ne se fasse la malle ainsi que des chaussures vernies et brillantes comme des miroirs, que sa mère lui avait achetées il y a deux ans.
Ngôi Sao vint ouvrir au beau jeune homme.
-Bonsoir, Pierrick ! sourit-elle. Dis donc, le costard te va rudement bien !
Elle, portait une robe élégante et à l'image de son pays d'origine ses longs cheveux noirs rassemblés en une sorte de chignon qui semblait trop lourd. Elle était pieds nus sur le carrelage noir froid.
-Salut, Ngôi Sao ! fit-il avec un sourire gêné du compliment.
Il entra et la jeune fille referma la porte derrière lui. Elle le mena vers la salle à manger, où se dressait une table ovale en pierre avec des assiettes dessus et des couverts allant avec posés sur des serviettes avec un gâteau et des bougies dessus.
Pierrick n'eut pas le temps de se rendre compte qu'il y avait trop de couverts pour seulement trois personnes quand on lui hurla dessus :
-Surprise !
Ses amis apparurent alors de toutes parts de la maison, sortant de pièces ou de derrière un mur, sous son regard abasourdi.
-Qu'est-ce que...
Massimo lui fit exploser au-dessus de la tête une sorte de pétard qui lui fit tomber dessus une ribambelle de confettis et de serpentins multicolores.
-Joyeux anniversaire ! lui crièrent ses amis tous en chœur.
Pierrick sourit.
-Merci...Vous êtes fous ! Merci !
Le jeune homme balaya les personnes présentes. Il ne voyait pas son cher et tendre petit ami, avec ses cheveux un peu en bataille et ses lunettes sages...Il y avait Massimo, Ngôi Sao, Noël, Helena, Stefano, Xiù, Mélissa, mais pas son bien-aimé...Il osa demander :
-Matei est en retard ?
Une voix arrogante, presque agressive, parvint à ses oreilles sans qu'il ne sache d'où elle provenait vraiment :
-Moi ? En retard ? Pour qui tu me prends ?
C'est alors qu'il entendit des pas, sonores, lents et assez lourds, sur les escaliers en bois qu'il avait vus en entrant. Il se retourna lentement et vit alors quelque chose qu'il pensait impossible et à laquelle il ne s'attendait vraiment pas...
Encore sur les escaliers se dressait un magnifique jeune homme, brun avec un semblant de teinture noire, tout de noir vêtu.
Après quelques secondes les yeux écarquillés de stupeur dans un silence absolu, Pierrick secoua sa tête et fixa alors ce garçon qu'il reconnut comme étant Matei. Son Matei...
Sans ses lunettes, il avait un air bien moins intellectuel et sa coupe le changeait aussi radicalement. Il avait les cheveux tirés vers l'arrière, probablement maintenus par du gel ou de la cire, et sa frange avait été colorée de noir sur les pointes.
Le regard de Pierrick analysa de bas en haut son petit ami comme sous une nouvelle forme. Il portait un ensemble, parfaitement accordé, gothique ! Il chaussait des bottines grisées à lacets à moitié ouverts, assez lâches, avec le pantalon qui rentrait dedans. Ce dernier était noir avec des sangles au niveau de sa cuisse droite, qui mettaient en valeur comme jamais ses jambes incroyablement fines. Il portait une ceinture sertie de sequins pyramidaux argentés qui brillaient sous la lumière du Soleil couchant à chacun de ses mouvements.
À son poignet s'enroulait un classique bracelet de cuir noir à épines en argent, faisant ressortir le blanc d'albâtre parfait de ses bras nus.
Le beau brun portait un haut dont les manches étaient déchiquetées et encore par-dessus, un gilet en cuir noir et luisant avec des sangles sur les côtés et une autre vers le col qu'il n'avait pas attachée, qui s'ouvrait donc sur un collier du même cuir que le bracelet avec un cercle métallique en son centre.
Quand Matei rejoignit enfin Pierrick, pantois, et se planta devant lui, il eut un petit sourire narquois.
-Tu ne t'y attendais pas, n'est-ce pas ?
Ses yeux mi-clos lui donnaient un air particulier, assez nonchalant, que ses proches ne connaissaient absolument pas. Pierrick se sentit immédiatement attiré par le nouveau style de Matei...
-Tu es absolument parfait...murmura-t-il, sans se rappeler qu'ils n'étaient de loin pas seuls dans la pièce.
-Tu t'es vu, beau gosse ? lui répliqua Matei du tac-au-tac toujours sur le même ton, avec un rictus asymétrique charmeur.
Le brun passa subtilement un doigt sur la cravate noire de son petit ami. Pierrick, lui, sentait quelque chose grandir en lui, que ce soit psychiquement ou physiquement...
Soudain, ils entendirent un petit bruit sur le côté...
Un appareil photo !
-Pardon, Pierrick, mais tu tires une telle tête que c'est impossible de ne pas t'immortaliser !
-Ngôi Sao ! s'exclama Matei avec un ton indigné mais amusé qui lui ressemblait déjà bien plus.
Pierrick le couva alors du regard, attendri. Il avait retrouvé ses paupières entièrement ouvertes et quand il se tourna vers lui, il lui fit un sourire merveilleusement craquant, sincère et assez éloigné de son nouveau style sombre et gothique.
-Viens là, toi ! fit Pierrick avec un ton assuré en premier Matei à la taille et en le collant contre lui.
Ce dernier se laissa faire, sentant soudainement quelque chose de protubérant au niveau de son bas-ventre...
-Comment tu as su que ce style me plaisait autant ?
-Je leur ai filé le tuyau, entendit-il derrière lui, une voix avec un ton riant.
C'était Noël.
-Leur ? répéta Pierrick.
-Matei et Ngôi Sao. En fait, quand ils m'ont parlé de la surprise pour votre anniversaire, je leur ai dit que tu craquais pendant un temps sur les garçons un peu voyous, genre petits déliquants, avec un style gothique.
-Quel traître ! éclata de rire Pierrick. C'était ma seule faiblesse !
Matei sourit et passa alors ses bras derrière le large dos de son petit ami, le fixant dans les yeux.
-Tu aimes ? demanda-t-il simplement.
-Matei, tu es juste sublime dans cette tenue ! lui sourit Pierrick.
Matei eut un petit rire amusé :
-Remercie Ngôi Sao pour ses bons conseils ! Sinon, ça n'aurait pas donné si bien !
-Alors merci, Ngôi Sao ! fit Pierrick, joueur, en regardant la jeune fille.
-Pas de quoi, rit-elle avec légéreté.
-C'est donc ça que vous faisiez dans cette boutique l'autre jour ! ricana Pierrick.
Il demanda avec un ton plus innocent :
-Et l'anniversaire de ton cousin alors ?
-Banane ! lui fit Matei. J'ai dû inventer quelque chose pour que tu ne nous perces pas à jour avec Ngôi Sao ! C'était uniquement pour toi que nous étions là-bas.
-Je vois...sourit le jeune noiraud.
Ngôi Sao ajouta avec un clin d'œil complice :
-J'ai préparé ça avec Matei uniquement. Et pour que ce soit encore plus unique et démarqué, on a demandé aux autres de tous s'habiller élégamment sauf, du coup, Matei !
Pierrick regarda les gens autour de lui. Tous les garçons portaient un costard, de plusieurs couleurs certes, et les filles des robes foncées très raffinés. Sauf Xiù, mais elle avait au moins fait l'effort de mettre un gilet aux motifs baroque avec un pantalon gris élégant et assorti.
-Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire, Matei et Pierrick ! Joyeux anniversaire !
Tout le monde applaudit quand Ngôi Sao apporta le gâteau sur la table et que les deux amoureux soufflèrent ensemble trente-six bougies allumées avec difficulté un trio de jeunes filles ambitieuses et déterminées.
La soirée avançait lentement mais sûrement, avec des moments inoubliables pour chacun. Tous offrirent leurs cadeaux avec une excitation intense.
Ngôi Sao offrit à son meilleur ami un coffret de livres connus qu'il n'avait encore jamais lus. Il l'étreignit pour ce beau cadeau et il sentit un regard un peu jaloux mais amusé sur lui.
Vint l'heure des cadeaux du jeune couple.
Pierrick offrit à Matei des pinceaux et des peintures, vu qu'il le savait artiste, et pour rire, un livre sur l'apprentissage de la natation ! Le jeune brun rit de manière tellement innocente qu'on aurait cru à une hallucination tant le décalage entre son ton et son apparence était grand...
Soudain, un cri de désespoir déchira la pièce...
-Qu'est-ce qui se passe, Matei ? fit Pierrick, soucieux qu'il ne se passe rien de grave pour son petit ami.
-J'ai...J'ai oublié mon cadeau pour toi chez moi...
Pierrick soupira de soulagement. Il avait déjà cru qu'il s'était cassé une jambe ou un bras avec ce cri de goret qu'on égorge...
-Ça ne fait rien ! le rassura-t-il. Tu me le donneras lundi. Ou on ira le chercher tout à l'heure !
Matei acquiesça.
-Je suis vraiment nul !
-Mais non, Matei, tu es juste humain ! le rassura Pierrick en le serrant dans ses gros bras.
Vers onze heures trente, le couple quitta la maison de Ngôi Sao, comme les autres à peu près, et ils marchèrent quelques minutes pour aller chez Matei chercher le fameux cadeau.
-Comment tu as fait pour tes cheveux ?
-C'est Ngôi Sao. Elle a apporté une teinture en bombe qui part au bout d'un ou deux lavages. Ça ne va pas rester longtemps.
-Ça te va assez bien, mine de rien...sourit Pierrick.
-Merci ! rit Matei.
Après un long moment de silence, le noiraud reprit avec un ton plus pensif :
-Dis-moi...
-Oui ?
-Ce comportement que tu as eu quand je suis arrivé chez Ngôi Sao...
-C'était de la comédie, le coupa Matei.
-J'imagine bien, sourit Pirreick en le regardant. Et je pense que c'est le tuyau de Noël sur mon appréciation des petits voyous qui t'a inspiré ça, mais...Tu as appris tout seul à jouer aussi bien ?
-Non ! rit Matei, léger. J'ai demandé à Ngôi Sao. Elle a déjà fait du théâtre, elle a eu deux rôles importants dans des pièces scolaires.
-Pas mal ! commenta Pierrick.
-Oui. Elle a corrigé ma posture, mes gestes, mes expressions, ma tenue, ma conduite, mes phrases toujours fausses...Tu sais à quel point je n'aime pas parler vulgairement, alors on est partis sur un ton un peu plus arrogant, que j'ai dû travailler, et des phrases assez agressives et surtout, directes. C'était dur au début mais amusant à la fin. Et puis, pour voir une expression comme ça sur ton visage, ça en valait la peine !
Pierrick donna gentiment un coup de coude à son copain.
-Petit coquin, va !
Ils arrivèrent chez Matei, sans faire trop de bruit car ses parents et sa sœur devaient sûrement déjà dormir. Il faisait nuit noir à l'extérieur et Matei alluma une lampe tamisée pour ne pas les aveugler ni réveiller quelqu'un.
-Tu veux entrer cinq minutes ? Quand même, viens ! fit Matei en chuchotant à son copain qui voulait rester sur le seuil. Et laisse tes chaussures et va t'asseoir sur le canapé !
-Seulement cinq minutes, alors ! chuchota Pierrick.
Matei monta rapidement les escaliers en chaussettes, noires évidemment, pour ne pas faire de boucan, chercher le cadeau qu'il avait oublié ici.
-Voilà !
Le noiraud prit le paquet entre ses mains et entreprit de le déballer sans faire trop de bruit au vu des gens qui dormaient dans la maison.
-Matei, tu es fou...
Le jeune brun lui avait offert un livre de poèmes, majoritairement d'amour, un autre livre de recettes saines pour sportifs de haut niveau et un magnifique portrait de lui, peint par ses soins.
Pierrick enlaça Matei dans ses bras, posant la boîte et les cadeaux qu'elle contenait sur la table du salon.
-Matei, tu es fou ! Je t'aime, tu sais !
-Moi aussi, je t'aime, Pierrick ! murmura le plus jeune. Mais toi aussi, tu es fou !
-Non...fit le sportif en se détachant des bras de son petit ami. Je suis fou, mais que de toi !
Matei resta bouche bée une fraction de secondes et il allait répliquer quelque chose quand Pierrick empêcha ses lèvres de laisser passer un seul son en les prenant en otage avec les siennes. Il les sépara alors rapidement pour chuchoter :
-Je crois que finalement, je vais rester un peu plus que dix minutes...
Le jeune brun sentit alors les mains puissantes de son petit ami se refermer sur sa taille avant de le pousser doucement, toujours soucieux du bruit, le dos sur le canapé. Il passa une main sous le haut de Matei, sous son gilet resté ouvert toute la soirée et il se détacha enfin de ses lèvres pour lui murmurer sensuellement :
-Tu m'as nargué toute la soirée avec ta tenue absolument magnifique, tu ne sais pas à quel point je me suis retenu de te sauter dessus à cause de tous nos amis autour !
Matei sourit et reprit quelques secondes son rôle qu'il avait appris pour l'occasion, prenant un ton narquois et arrogant :
-C'était le but, de faire traîner un plat appétissant sous ton nez sans que tu puisses le toucher, beau gosse !
Pour appuyer ses propos, Matei retira la cravate de son petit qui le surplombait et entreprit de déboutonner sa chemise. Pierrick grogna doucement quand son copain passa ses mains fraîches de dehors sur son torse brûlant. Le noiraud fit se redresser Matei pour lui retirer son gilet et son haut noir uni, presque invisible dans cette pénombre presque complète, rompue cependant par la lampe diffusant une faible lueur dans le salon.
Pierrick colla leurs deux corps bouillonnants et ardents de désir et ils s'embrassèrent encore, lui passant ses mains sur les côtes de Matei, ce dernier ayant les siennes dans son large dos musculeux, sous sa veste et sa chemise ouverte.
Avec leurs deux corps aussi proches, aussi intimement liés, Matei comme Pierrick sentait l'expression physique de leur désir ardent sous leur ceinture respective qu'ils avaient juste envie, l'un comme l'autre, de faire sauter tout de suite...
Pendant encore quelques minutes, ils continuèrent à s'embrasser langoureusement et à se caresser toutes les parties de leur torse dans un silence presque parfait, quand ils se séparèrent, leurs pantalons prêts à exploser...
-Je vais y aller...haleta Pierrick avec un regard empli d'envies.
-Déjà ? fit innocemment Matei.
Après leurs ébats quasiment silencieux, ses mèches retombaient sur son front en sa frange si irrégulière. Pierrick sourit, reboutonna sa chemise, ramassa sa cravate avant de la fourrer dans sa poche, puis prit ses fameux cadeaux et se leva comme si rien ne s'était passé, sauf à un léger détail au niveau de la couture centrale de son pantalon.
-À lundi, Matei ! fit-il, avant de l'embrasser et se retourner.
-À lundi...murmura Matei.
Ainsi, Pierrick rentra chez lui, dans le noir, les pensées pleines de Matei en tenues différentes...
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