Chapitre 25 : Tumultueux départ
-Chéri, ta valise est prête ?
Silence...
-Chéri ? Tu rêves ?
-Ah ! Maman, je...Oui, ma valise est prête...
La mère de Matei, Sandrine, s'adossa à la porte, bras croisés, son petit sourire en coin, plus suspicieux que n'importe quelles paroles.
-Tu rêvasses souvent, depuis un peu plus un mois, un mois et demi, je dirais...
Matei se mordit la lèvre intérieure. Quand elle le voulait, sa mère était une espionne aussi attentive que Ngôi Sao ! Cela faisait bel et bien un mois et trois semaines bientôt que Pierrick et lui sortaient ensemble...
-Tu as un beau garçon dans le viseur ? lui dit-elle, toujours en souriant, bras croisés.
Il finit par soupirer, sous le regard toujours intense de sa mère, et dit :
-J'ai...J'ai un petit ami...
L'exclamation de sa mère ne se fit pas attendre !
-Mais Matei, mon chéri, c'est génial !
Le garçon sursauta devant l'enthousiasme de sa mère.
-Comment il s'appelle ? Comment il est ? Tu as une photo de lui ?
-Pierrick...fit Matei, à mi-voix, un peu gêné. Il est très gentil et tellement attentionné...Il est beau, aussi...
-C'est qui, qui a fait le premier pas ?
Matei ne lui fit pas de remarque sur le fait qu'il n'avait pas répondu à toutes ses questions. En fait, il avait plutôt envie de le présenter une fois à sa famille en faisant la surprise. Ça ferait automatiquement un choc, sa sœur ne pensait pas qu'un jour, un gringalet comme lui trouverait un petit ami parfaitement dans ses critères physiques...Il allait la narguer pour ça, d'ailleurs, elle qui avait un peu les mêmes goûts que lui en matière de garçons...
-C'est lui. Moi, je n'aurais jamais osé lui parler comme ça...
-Trop mignon ! s'exclama la mère.
Après quelques minutes passées à l'écouter raconter des ragots en tout genre, Sandrine finit par quitter la chambre toute guillerette. Matei lui avait dit de ne rien dire au reste de la famille pour qu'il fasse lui-même la surprise une fois.
En fait, le surlendemain, lundi, toute sa classe partait en voyage scolaire !
Ils devaient se lever tôt. Très tôt...Matei savait que Pierrick et Ngôi Sao n'étaient pas du matin, contrairement à lui, alors il avait promis aux deux de les réveiller le matin en les appelant assez tôt. Il connaissait bien sa meilleure amie, il allait falloir qu'il l'appelle bien deux ou trois fois pour qu'elle réponde et trois fois de plus pour être sûr qu'elle soit bien debout et bien réveillée.
Le lendemain, cela ne manqua pas ! Il appela au total sept fois Ngôi Sao pour qu'il s'assure qu'elle soit réveillée. Pierrick, seulement deux. Ce dernier avait souri en entendant la voix de son petit ami au bout du fil.
Ils se retrouvèrent tous à l'aéroport un peu plus tard, vers cinq heures du matin. Ils prenaient le premier avion de sept heures, et il fallait y être au moins deux heures avant. Beaucoup d'élèves bâillaient et dormaient à moitié, affalés sur les sièges ou à même leur valise.
Matei, debout avec dignité, avait à ses côtés une Ngôi Sao déjà à fond dans son énergie. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, une fois debout, elle avait la pêche, c'est simplement son réveil même qui posait plus problème...
Pierrick se tenait aussi aux côtés de Matei mais un peu endormi, somnolant. Il se tenait à une de ses épaules, juste avec une main dessus. Matei sentit d'ailleurs le regard de Noël le foudroyer...Normalement, le jeune noiraud aurait pris appui sur lui...Pas sur cet ahuri de Matei !
Dans l'avion aussi, cela jasa un peu pour les places...Il n'y avait que des rangées de cinq sièges côte à côte. Pierrick voulait être à côté de Matei mais Noël voulait absolument se trouver à côté de son meilleur ami ! Finalement, ils coincèrent Ngôi Sao, à qui Matei tenait tout de même, à une place du hublot, puis Matei à gauche, puis Pierrick à ses côtés et enfin, sur le siège le plus vers le couloir, Noël qui regardait toujours Matei avec haine et hargne mêlées. C'est Stefano qui se dévoua pour la place la plus à deoite près du hublot, à côté de Ngôi Sao.
L'avion décolla. Pierrick enfonça ses dix ongles dans les accoudoirs du siège, de stress, mais Matei, ne craignant pas l'avion ni les vols, tapota sa grande main de la sienne pour le rassurer. Une fois en hauteur, pendant le vol stable, Pierrick lâcha les accoudoirs, les doigts blancs à cause du fait qu'il n'y ait plus aucun sang en circulation, et se tourna vers Matei pour lui sourire tendrement.
Il avait clairement envie de lui sauter dessus pour l'étreindre et l'embrasser, mais ce n'était ni l'endroit ni le moment...
Cela faisait un moment que les deux garçons se regardaient dans le blanc des yeux quand Massimo, juste derrière Stefano, près de la fenêtre lui aussi, se pencha en avant et chuchota à Ngôi Sao :
-Ils ne traînent pas...
La jeune fille sourit et lui chuchota en retour :
-Malheureusement, qu'ils traînent ou pas, ils doivent se réfréner s'ils veulent encore garder le secret...
Massimo eut un sourire diabolique et Helena, à côté du beau blond, sourit elle aussi en voyant l'air démoniaque de Ngôi Sao devant elle.
Le rang derrière celui de la jeune noiraude, il y avait Mélissa à côté d'Helena, et tout au bout du côté du couloir, les inséparables Lorraine et Bastien, derrière Noël et Pierrick.
Ils arrivèrent à l'aéroport, attendirent leurs bagages qui arrivaient des soutes sur les tapis coulissants puis, une fois tous les élèves et toutes leurs valises récupérées, ils s'en allèrent à pied jusqu'en dehors de l'immense bâtisse et prirent un car pour aller à leur auberge de jeunesse.
C'était une petite auberge qui avait l'air très pittoresque et qui inspirait la sérénité. Matei avait presque envie de laisser sa valise sur place pour aller visiter les lieux avec Ngôi Sao.
Et Pierrick aussi, bien sûr !
Il y avait un parterre de fleurs pâles accueillant et de la glycine pendait du balcon de l'étage supérieur. Il y avait aussi une sorte de minuscule bassin, qui devait probablement servir de piscine aux oiseaux du coin, et un petit jardin avec un arbre planté au milieu accompagnait le tout, rendant le décor vraiment harmonieux et agréable à contempler.
Une fois à l'intérieur, leur enseignant parla en allemand à l'aubergiste qui leur indiqua la salle du petit déjeuner et celle du repas du soir avant de leur préciser les heures de repas. Monsieur Müller déclara qu'ils ne mangeraient jamais ici, qu'ils iraient en ville, histoire que les moments soient plus libres et plus sympathique pour lui, son accompagnante et ses élèves, mais il n'oublia pas de remercier leur hôte. Cette dernière monta un étage avec eux, montra leurs chambres aux filles puis monta encore un étage pour les chambres des garçons.
Helena, Mélissa, Xiù et Ngôi Sao saluèrent les garçons de leur groupe de la main avant d'entrer dans leur chambre. La jeune fille noiraude glissa encore un clin d'œil à son meilleur ami qui allait lui faire une remarque quand il fut emporté vers le haut dans les escaliers par le flot des garçons montant les marches avec vigueur.
Ils s'installèrent rapidement, posant leur valise sur le sol et se jetant aussitôt sur un lit pour signaler leur propriété.
Ils allaient redescendre quand Matei interpela son petit ami :
-Pierrick, tu peux venir m'aider ? Je n'arrive pas à soulever suffisamment ma valise...
-Besoin de muscles ? lui sourit son petit ami en revenant sur ses pas.
Il tourna son regard vers les autres et leur dit avec un air léger :
-Partez devant, on arrive.
Yann acquiesça, ne se doutant de rien mais dans son dos, Massimo avait un sourire fourbe et sadique coincé sur le visage et Stefano, un air amusé. Leurs regards se croisèrent et ils étouffèrent un gloussement avant de descendre en compagnie de Yann et Noël, qui darda un regard haineux sur Matei.
Quand ils furent partis et que Pierrick se retrouva face à Matei, il lui demanda avec un petit sourire en coin :
-Tu voulais rester un moment seul avec moi ?
-Non, j'ai vraiment besoin de ton aide, là...soupira Matei en désignant sa grosse valise, dans laquelle il avait la moitié de sa garde-robe, qui était seulement à un quart sur son socle.
Refroidi, Pierrick perdit son sourire pour afficher une mine étonnée avant de se mettre à rire de bon cœur. Il finit par se ravoir et dit à son petit ami avec son sourire ravageur :
-Tu es tellement mignon, Matei...
Ce dernier rougit alors que Pierrick s'affaira, finalement sans Matei, de mettre la grosse et lourde valise sur le socle prévu à cet effet.
-Mais...Je voulais t'aider, pas te laisser le faire tout seul ! protesta Matei avec véhémence quand il vit que Pierrick avait terminé tout seul.
Le jeune noiraud le regarda avant de, avec un geste ample, souple et très rapide, attraper la taille de Matei pour le rapprocher de son corps. Le jeune brun rougit derrière ses verres de lunettes en sentant sous le haut de son petit ami ses pectoraux bombés très démarqués et l'ébauche de ses abdominaux, un peu estompés par le tissu fin. Pierrick se rapprocha de son visage avec un petit sourire en coin et embrassa la commissure des lèvres du jeune garçon qui ferma ses paupières par réflexe.
-Pierrick...Pas ici...essaya-t-il de se plaindre.
Le noiraud posa sa main derrière le crâne de Matei et l'embrassa alors à pleine bouche, faisant s'entrechoquer leurs dents et lançant leurs langues dans un ballet mouvementé avant de se détacher de lui, qui haletait doucement.
-Ici, alors ? fit le sportif avec un sourire faussement innocent.
-I...Idiot...bredouilla Matei la bouche encore entrouverte.
Pierrick rit et embrassa alors plus chastement son petit ami sur ses lèvres fines encore ébranlées par la surprise de tout à l'heure et lâcha sa taille. Il déclara, le regard désireux :
-Dommage qu'il y ait ce rabat-joie de Yann dans la chambre, sinon, on aurait pu faire plus de choses vu que les autres sont au courant pour nous deux.
Le jeune couple avait toujours décidé de ne rien dire à personne pour le moment sauf à leurs amis proches. Ils ne craignaient pas vraiment leur réaction, quoique bon nombre d'élèves dans leur école pensaient que la perfection et la beauté ne résidaient que dans les couples composés d'un homme et d'une femme mais ils n'avaient pas envie de se dévoiler immédiatement, comme beaucoup de couples à leur naissance...Matei remonta alors ses lunettes sur son nez et son copain lui dit avec un petit sourire :
-Allons rejoindre les autres, ils nous attendent sûrement.
Matei sourit et finit par dire, avec une sorte de sarcasme dans la voix :
-Je n'ose pas imaginer ce que va dire Ngôi Sao en recevant l'information de Massimo comme quoi nous sommes restés seuls dans la chambre comme ça...
Matei, à qui on avait confié la clé de la chambre, ferma la porte puis descendit avec Pierrick sans rien laisser paraître. Yann était retourné auprès de ses amis, Mathias, Lì et Apinasha.
Quant au jeune couple encore inconnu, il rejoignit le reste du groupe, avec bien évidemment Ngôi Sao, Helena et Massimo côte à côte qui avaient tous les trois le même sourire sous-entendu collé sur le visage.
Leur professeur prit la parole pour leur annoncer ce qu'ils feraient aujourd'hui. Ils iraient visiter un musée après le repas de midi où ils iraient dans une sorte de bar typiquement allemand et leur professeur leur rappela bien qu'il leur était interdit de boire de l'alcool, même pour les élèves majeurs, car ils étaient tous sous sa responsabilité et qu'il ne voulait pas de casse ni de bêtise. Ensuite, ils rentreraient le soir, après avoir fait un petit tour en ville et mangé à leur faim.
Matei était déjà enthousiaste pour ce voyage et le partagea avec Ngôi Sao qui lui souriait tout ce qu'elle pouvait lui sourire. Elle aussi, était impatiente de ce voyage ! Cela faisait longtemps que tous l'attendaient !
Matei se tourna aussi vers son petit ami qui lui sourit. Il échangèrent quelques secondes ce regard complice et presque intime malgré tout les autres autour d'eux et finirent par détourner les yeux pour ne pas finir aussi rouges que les nappes sur les tables de bois de l'auberge de jeunesse...
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