Chapitre Unique
Dès le début, je savais que ça finirait mal. Dès le premier regard, dès que tu m'as souri pour la première fois, je l'ai su, et pourtant je n'ai rien fais contre. Je n'ai rien fais pour éviter de tomber amoureux de toi, et aujourd'hui je m'en mord amèrement les doigts. D'où est-ce que tout ça est parti, tu t'en souviens ? C'était Monsieur Park, le professeur de mathématiques qui nous avait présenté. Lorsqu'il m'avait parlé de toi, il t'avait décrit comme un étudiant avec un léger problème avec les matières scientifiques, à qui il me demandait de donner un petit coup de main. J'étais loin de me douter que ce n'était pas un "léger" problème que tu avais, mais bel et bien que tes connaissances en la matière étaient proches du néant. C'était un pari risqué, mais j'aime relever les défis, et je n'avais pas été capable de dire non devant un visage comme le tien.
C'est ainsi qu'à commencé notre histoire. Je te donnais des cours, et toi tu faisais de ton mieux pour me suivre. À plusieurs reprises tu as proposé de me donner de l'argent, en compensation, mais j'ai toujours refusé. Ça ne m'intéressait pas, et le professeur avait déjà accepté de me faire une lettre de recommandation en échange, pour mon entrée à l'université. J'avais sans doute plus fais ça par intérêt au début, mais ça avait nettement changé au fil du temps. Le professeur aurait bien pu finalement refuser de me faire cette lettre que j'aurais quand même continué à te donner des cours. Juste pour pouvoir te voir.
Je me souviens qu'on ne restait jamais ensemble au lycée, toi et moi, tu avais ta bande de potes et j'avais la mienne. Tu étais toujours avec JungKook et JiMin, ces deux ados surexcités qui ne venaient en cours que pour le sport, et cet espèce de grand dadais au sourire carré qui partageait ma table en littérature, TaeHyung. Moi, j'étais avec NamJoon, celui que tous le monde considérait comme la "racaille" du lycée alors qu'il était juste le gars le plus brillant qui soit, et SeokJin ou plus communément appelé "le Prince". Quel nom on te donnait à toi ? Hope, parce que ton sourire suffisait à redonner espoir à n'importe qui le voyait, même si cette personne devait te donner des cours de mathématiques alors que tu étais une vraie plaie. Moi, j'étais Suga, parce qu'à une lettre près ça donnait "sucre" en anglais et que ma peau était tellement blanche que ça y ressemblait. Mais je m'égare du sujet.
Ce soir, nous sommes chez toi, étant donné que la veille nous avions fait ça chez moi. Je te regarde en train de tenter de résoudre tes équations comme un collégien, ta calculatrice dans une main et ton stylo dans l'autre. Tu sembles tellement concentré sur ta feuille qu'on dirait que tu t'attelles à la tâche la plus compliquée qui soit, mais c'est sans doute le cas pour toi.
« Et donc, vu que je divise par un nombre négatif, le signe s'inverse ? Me demande-tu. »
Mes yeux sont posés sur tes cheveux bruns, et je rêve d'y plonger ma main juste pour voir la texture qu'ils ont. Brillants comme ils sont, je les imagine doux et soyeux, comme ta personnalité. Mon regard se baisse sur tes lèvres alors que tu parles. Je n'entend pas ce que tu dis, ou plutôt je n'écoute pas, me concentrant seulement sur la façon dont elles bougent au rythme de tes mots. Je m'y jetterais dessus si je pouvais, mais vu que je ne suis pas certain que cette attirance soit réciproque je ne tente rien. Je ne suis pas prêt à me prendre ton poing dans la gueule, en fait, ou en tout cas pas tout de suite. Tu claques soudainement des doigts devant mon visage, me faisant revenir sur Terre.
« Oh, YoonGi, tu m'écoutes ?
- Oui, pardon, tu disais ?
- Non, rien, c'est pas grave, j'ai terminé. Tu veux faire quelque chose ou tu préfères rentrer maintenant ? »
Mon regard glisse sur l'horloge murale pour constater qu'il n'est pas si tard que ça, mes parents ne devraient donc pas s'inquiéter si je reste un peu plus longtemps. Je sais d'ailleurs que les tiens ne sont pas là, ils travaillent, comme pratiquement tous les soirs mais tu sembles t'y être habitué et n'y prêtes plus attention. Même si je ne le dis pas, ça me fait un peu de peine pour toi, c'est sans doute pour ça que je suis heureux de rester à tes côtés, afin que tu ne puisses jamais te sentir seul. Je ferais toujours en sorte d'être là.
« J'ai encore un peu de temps. »
Tu m'adresses un immense sourire et cours te jeter sur le canapé sans même prendre la peine de ranger tes affaires, ce que je ne peux d'ailleurs m'empêcher de faire pour toi, un peu comme si j'étais ta mère. Je ne le suis pas, et heureusement d'ailleurs, parce que les pensées que j'ai par moment à ton égard ne seraient pas très avisées venant d'une mère. Je ne le devrais pas, je sais, mais c'est plus fort que moi et je mets souvent ça sur le coup des hormones. Une fois tout en place, je viens te rejoindre sur le canapé où tu es sagement installé en train de regarder un drama, les bras croisés contre ta poitrine. Ton air sérieux est tout simplement adorable, et tu te rapproches un peu de moi en sentant ma présence à tes côtés.
« Tu crois qu'il va l'embrasser ? Me demandes-tu sans même m'adresser un regard. »
Ne connaissant pas ce drama, je me contente de regarder l'écran où les deux acteurs se regardent intensément avant de finalement s'embrasser, comme tu le pensais. Je me sens un peu gêné à cette vision, si bien que ma réponse a du mal à sortir de ma bouche.
« Ah bah... Visiblement.
- Je comprend pas. Pourquoi à partir du moment où ils se regardent, ils sont obligés de s'embrasser ? C'est toujours comme ça, à croire que c'est impossible de résister ! »
Sans un mot de plus tu te tournes vers moi et poses ton regard sur le mien. Tes yeux noirs pétillent de malice, et je sourirais sûrement à cette pensée si tu n'étais pas en train de te rapprocher de moi. Je retiens mon souffle lorsque je sens le tien s'écraser contre ma peau blanche.
« Qu'est-ce que tu fais ? Je te demande d'une petite voix.
- Détends-toi, je veux juste comprendre. T'as juste à me regarder, et je ferais le reste. »
Quel reste ? Je ne suis pas sûr de comprendre de quoi tu parles mais j'obtempère et ne bouge pas d'un pouce. Tu rapproches encore ton visage du mien et t'arrêtes juste avant que nos lèvres ne se frôlent. J'ai l'impression que mon coeur va sortir de ma poitrine à force de battre comme ça, et je prie silencieusement pour que tu ne l'entendes pas, c'est déjà bien assez gênant comme ça. Ton regard glisse de mes yeux pour se poser sur mes lèvres, puis revient à son endroit d'origine. Je fais de même pour toi, ne sachant trop quoi en penser. Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant, hum ? On est sans doute déjà allé bien trop loin pour pouvoir tout arrêter comme si de rien n'était.
Alors, comme si tu avais entendu mes pensées, tu fermes les yeux et franchis les derniers centimètres qui séparaient nos lèvres pour les sceller en un baiser. À mon tour je ferme les miens, profitant de la douceur de tes lèvres contre les miennes, cette sensation créant un nuage de papillons dans mon estomac. Tu inclines la tête afin que nos nez ne se touchent pas, pour pouvoir approfondir le baiser, alors que je viens machinalement poser mes mains sur ta nuque. La sensation est délicieuse et je souhaite sincèrement qu'elle ne s'arrête jamais, mes lèvres se mouvant tendrement contre les tiennes. Pourtant, nous devons tout de même nous séparer et tu mets un terme à l'échange, ton regard rencontrant de nouveau le mien alors que tu me souris timidement. Je crois que c'est la première fois que je te vois comme ça, tu es d'habitude si agité et imprévisible.
« Je crois que j'ai compris... Souffles-tu. C'est vraiment impossible de se retenir quand on aime une personne. »
Tes mots me font l'effet d'une bombe, et mon coeur explose dans ma poitrine. Tu viens de me dire, indirectement, que tu m'aimes, et le fait que ce soit réciproque me transporte dans une joie sans nombre. Alors je souris, sans doute un peu comme un idiot, mais je souris.
« Ça au moins, je n'ai pas eu à te l'apprendre. »
Tu ris avec moi et prends doucement ma main dans la tienne avant d'entrelacer nos doigts. Je me blottis un peu plus contre toi, la seule pensée me traversant l'esprit étant que maintenant, c'était certain, tu ne seras plus jamais seul.
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