Chapitre 23 - Mia


Mia.

Je me regarde dans le miroir en soufflant. Rien ne me va, je suis un cas désespéré. John arrive dans trente minutes et je ne sais toujours pas quoi me mettre. J'ai essayé une robe en velour noir bien trop moulante pour mes bourrelets, une jupe à fleurs qui m'a rendu complètement ridicule, un blazer bleu nuit qui fait beaucoup trop sévère, et même une combinaison rose pâle qui ne me correspondait pas du tout.

Je ressemblais à un gros bonbon écœurant.

Je suis un peu stressée à l'idée de dîner avec lui. Et en règle générale, les rendez-vous galants m'ont toujours fait peur. C'est trop formel, tout le monde est mal à l'aise et personne n'est vraiment lui-même, tout ça pour essayer d'impressionner l'autre.

Ce serait tellement plus simple de se balader à deux en essayant de se détendre et en se racontant des anecdotes. J'ai lu quelque part que discuter en marchant favoriserait la créativité et la communication, et je pense que c'est vrai. Lors d'une promenade, l'esprit se met en mouvement et tout semble bien plus simple, on dit ce qui nous passe par l'esprit, naturellement. D'ailleurs, quand quelque chose me tracasse ou que je dois écrire un dossier important pour mes études, j'enfile mes chaussures et flâne dans la forêt pendant une heure ou deux pour trouver l'inspiration.

Alors, pourquoi ne pas faire pareil pour les rendez-vous ?

— Qu'est-ce que vous faites ? demande Daphné en faisant irruption dans ma chambre.

— On discute pendant que Mia se prépare pour aller au restaurant, répond Sophie, affalée sur mon lit, alors que je me regarde dans la glace.

— Je ne suis pas faite pour tout ça... grogné-je en enfilant un énième tee shirt.

— Tu me prends avec toi ? s'enthousiasme Léna en rentrant à son tour.

— Tu n'as que quinze ans, s'agace Claire en la poussant sur le pas de la porte.

— Et toi seulement dix-sept, alors ne soit pas condescendante.

— Depuis quand ma chambre est un squat ? soupiré-je en me tournant vers mes quatre sœurs.

— Depuis que tu ne rentres que deux fois par an et que tu nous manques, me sourit Daphné en fouillant dans mon armoire.

— Même toi ? rigolé-je.

— Bien sûr. Qu'est-ce que tu vas t'imaginer ?

Elle se retourne alors pour m'observer, un haut à la main.

— Tu ne vas pas mettre ça pour sortir, si ?

— Qu'est-ce qui ne va pas avec cette tenue ?

— On dirait que tu as mis le premier tee shirt de ton placard, rigole Claire.

— Je vais dîner, pas à un défilé de mode !

— Avec qui ? demande notre aînée, un peu trop curieuse.

— John... Le cousin de Raphaël.

— Oh, c'est trop bien, s'excite notre cadette en tapant énergiquement dans les mains.

— Il est tellement beau, soupire la deuxième.

— Oui, mais ne vous faites pas d'idées, pour le moment, il ne se passe rien.

— Si tu restes habillée comme ça, c'est sûr...

— Je n'ai rien d'autre dans mon placard. J'ai tout essayé, c'est une calamité ! m'écrié-je.

— Je vais voir ce que j'ai dans le mien, sourit Daphné.

Je la regarde partir puis m'affale, sur le dos, à côté de Sophie en grognant. Je ne vois pas ce que ma sœur pense trouver dans son dressing, elle fait du 36 et moi du 44. Je ne pourrais même pas rentrer un bras dans ses fringues et je vais me sentir encore plus mal.

Pourtant à peine une minute plus tard, la voici de retour avec trois chemisiers dans les mains et un air déterminé.

— Daph, il est hors de question que je me ridiculise en essayant un haut qui n'est clairement pas à ma taille.

— Arrête de dire des bêtises, j'ai pris seulement ceux qui t'iront. Essaie le vert, dit-elle en me le jetant dessus.

Sophie, qui a les yeux rivés sur son téléphone depuis près de dix minutes, se lève d'un coup.

— Je dois appeler Marc. Je reviens, s'excuse-t-elle en passant déjà la porte de ma chambre.

Nos deux autres sœurs suivent son exemple en marmonnant que, finalement, la séance d'essayage n'est pas si drôle.

Toujours sur le lit, je fixe le plafond, en pensant à quel point tout ceci est ridicule. Je devrais peut-être tout annuler. Je ne trouverais jamais la tenue parfaite et quoiqu'il arrive, John se rendra rapidement compte, au cours du dîner, que je ne suis pas très intéressante et qu'il y a des centaines d'autres filles plus jolies. C'est un grand sportif alors que je ne suis qu'une bouboule incapable de faire un footing. Je n'ai jamais aimé ça et je ne veux pas me forcer pour un garçon. C'est sûr qu'il veut quelqu'un avec qui faire ses séances, comme les couples goal sur les réseaux sociaux. Et je sais d'avance que je ne suis pas à la hauteur. Les leggings me donnent l'impression d'être un rôti ficelé.

Alors que je suis en pleine lamentation silencieuse, ma grande sœur, dont j'avais presque oublié la présence, se couche à mes côtés.

— Mia, arrête de te dévaloriser.

— Ce n'est pas ça...

— Si, c'est exactement ça. Tu le fais à chaque fois que tu stresses un peu, et c'est normal. Ça arrive à tout le monde d'avoir des doutes, mais il ne faut pas que ça t'empêche d'avancer. Si tu crois en toi, les autres finiront par le faire aussi.

— Facile à dire pour toi.

— Pourquoi ?

— Tu as l'air tellement bien dans ta peau. Moi je fais semblant la plupart du temps.

— Parce que je fais un 36 ? Tu rêves. Aucune femme n'est vraiment bien dans sa peau si elle n'apprend pas à aimer son corps. Et je n'en suis pas arrivé à ce stade.

— Ça doit quand même être un peu plus simple qu'avec mes gros bourrelets.

— Franchement, non. Je me prive de manger des burgers, car j'ai tout le temps peur de grossir. Ça devient presque obsessionnel. J'en suis consciente, mais je n'arrive pas à fonctionner autrement...

— Je ne savais pas... Je suis désolée.

— Et moi, je suis désolée d'être si désagréable quand je vous vois manger des frites. Le gras me manque.

On se regarde un instant et je me mets à rigoler. Daphné m'examine en fronçant les sourcils avant de rire à son tour avec moi, se rendant enfin compte du ridicule de la situation. Je croyais connaître ma sœur, mais plus l'été avance, plus je réalise que mes certitudes à son sujet étaient fausses. Elle a autant de pensées dévalorisantes et complexées que moi.

Je roule sur le côté et l'enlace fort alors qu'elle me glisse à l'oreille :

— Merci d'être toi. Ce n'est pas le genre de sujet avec lequel je suis à l'aise, pourtant, avec toi c'est plus facile.

Je la serre encore plus fort, allant jusqu'à l'étouffer. Elle essaie de me repousser en râlant et rigolant en même temps.

— Je t'emmènerais manger un taco. C'est la meilleure chose du monde.

Elle me jette un regard méfiant, comme pour me dire implicitement qu'elle n'aime pas cette idée. Elle l'a dit elle-même, elle est consciente de sa faille, mais la résoudre semble bien plus compliqué.

— Tu n'as pas le choix. Si je dois lâcher prise, toi aussi.

— Bon, bon, tu as raison, soupire-t-elle en se relevant. Mais on parlera de moi plus tard. Tu dois essayer ce chemisier.

Je suis son mouvement et me place face à elle, alors qu'elle me tend, une nouvelle fois, l'un de ses hauts.

— Le blanc, c'est un over-size et je suis sûr qu'il t'ira. Fais-moi confiance.

Je lui arrache des mains en marmonnant pour qu'elle comprenne que je n'y crois pas un instant et l'enfile à la place du teeshirt noir basic que j'avais l'intention de mettre.

Elle n'a pas tort. Le tissu mousseline de cette chemise est très agréable et il ne me va pas si mal. Je tourne sur moi-même et force est de constater que sa coupe tombe bien sur mes épaules.

— Comment tu fais pour ne pas te noyer dedans ? demandé-je en me plaçant vers elle, qui cherche dans mon tas de chaussures désordonnées. Ce n'est absolument pas ta taille.

— Ça me permet de me cacher dedans les jours de règles, quand j'ai le bide gonflé.

Elle se relève, un sourire triomphant au visage et des sandales en daim rouge à talons carrés dans les mains.

— Daph, les talons c'est non.

Cette paire de chaussures est la seule de toute ma collection qui ait plus de deux centimètres de semelle. Je les ai trouvées dans une petite boutique près de mon université et je les ai trouvées presque confortables, alors je les ai achetées pour les occasions importantes comme les fêtes en famille, mais je suis totalement ridicule quand je marche avec.

— Pourquoi ? s'exaspère-t-elle.

— Je déteste ça. Mes baskets seront parfaites.

— Arrête un peu. Tu vas être sublime !

~ ~ ~

Bon. Daphné a eu le dernier mot...

Je porte sa chemise, mes sandales et elle a même réussi à me maquiller les yeux. Évidemment, j'ai râlé un peu -pour la forme- mais j'étais ravie de ce petit moment complice et le résultat final rend vraiment bien. Je me sens jolie et un peu plus confiante pour ce rendez-vous.

Je me retrouve seule dans ma chambre et j'essaie de garder mon calme. Mes sœurs sont toutes descendues il y a une dizaine de minutes à l'arrivée de Bernard et Margot, les parents des jumeaux. Ce soir, ils fêtent la signature du nouveau contrat de XAB.

Mon père a insisté plusieurs fois sur le fait qu'il était particulièrement fier d'Arthur et de son sang-froid lors de la présentation devant le conseil. Il dit qu'il deviendra un très bon élément et, pendant le repas, il compte lui proposer d'être le référent Sunset Éco. Je mentirais si je disais que je n'aurais pas aimé être là pour lui, mais j'aurais sûrement d'autres occasions de lui dire que je le félicite et qu'il le mérite amplement.

En attendant, je dois me concentrer sur ce dîner, et sur le fait de ne pas tomber à cause de ces chaussures à talons ridicules. Je descends l'escalier en m'accrochant à la rambarde pour ne pas vautrer - je regrette déjà d'avoir mis ces échasses - et lorsque j'atteins enfin la dernière marche, la porte s'ouvre sur Arthur, qui pénètre dans l'entrée.

Je me fige. Le voir me provoque une forte douleur dans la poitrine. Je savais qu'il risquait d'être là, pourtant, j'avais naïvement espéré ne pas le croiser. C'est bête, je sais qu'il ne faut pas que je m'empêche de vivre à cause de sa présence, mais j'ai l'impression de le trahir en ayant accepté cette soirée. Nous ne sommes plus que des amis, mais John et lui se connaissent et nous n'avons jamais été dans cette situation avant, alors j'ai préféré ne rien dire... Peut-être ai-je eu tort.

Instinctivement, je fais un pas vers lui alors qu'il est toujours immobile, ses pupilles plongées dans les miennes, les sourcils légèrement froncés, et sa mâchoire crispée. Il se racle la gorge et ferme enfin la porte en marmonnant :

— Salut... Tu... Tu sors ?

Il gesticule d'avant en arrière comme si quelque chose l'empêchait de partir et regarde tout autour de lui, particulièrement gêné.

— Oui. Je mange avec John, lui annoncé-je. On se voit demain.

J'essaie d'y mettre le plus de conviction possible, avec le sourire, le regard sûr de moi, aucun tremblement de la voix et surtout en occultant ce petit moment gênant de samedi, qui revient me hanter au pire instant.

— Évidemment, je travaille ici, soupire-t-il en rompant notre contact visuel.

Lui ne fait pas semblant. Cela fait quelques jours qu'il n'est pas dans son assiette, et même s'il m'a assuré qu'il n'y avait absolument rien, je continue de m'inquiéter.

— Ah, au fait, encore félicitations pour ton contrat. Désolée de ne pas être là pour le repas.

— Ce n'est pas grave. Amuse-toi bien... bredouille-t-il.

— Merci.

Je lui adresse un dernier signe de tête avant de sortir de la maison sans me retourner.

Tu peux le faire, Mia.

Une fois dans l'allée, je remarque que mon date m'attend à quelques mètres, adossé à sa voiture. Je prends une grande inspiration et m'approche doucement.

Je tente de faire le vide dans mon esprit, mais je ne cesse de voir le visage tourmenté d'Arthur, et sa dernière phrase : « Amuse-toi bien ». Je ne m'attendais pas à une réaction de sa part et pourtant, je ne suis pas sûre de comprendre. Est-ce que je devrais y retourner pour lui demander exactement ce qui ne va pas ?

Non, je dois arrêter de penser à ça alors que je m'apprête à passer une soirée en compagnie d'un homme génial.

Lorsque j'atteins la voiture de John, il me sourit en se replaçant sur ses deux pieds. Il porte un polo noir très élégant et un pantalon chiné. Il est un sex-symbol à lui tout seul. Son physique de Jacob Elordi ne devait pas être légal... Je le vois très bien poser dans des magazines de mode après sa carrière prometteuse dans l'armée. Et je me demande encore ce qu'il peut bien me trouver, car nous ne jouons clairement pas dans la même catégorie.

— On y va ? demande-t-il de sa voix rocailleuse.

Toujours envoûtée par son aura séduisante, je me contente d'hocher énergiquement la tête alors qu'il m'ouvre la portière.

Je fonds devant tant de galanterie...

Nous ne faisons qu'une dizaine de minutes de voiture avant de nous garer sur un parking privé. John fait à nouveau le tour de son véhicule, m'ouvre la porte et m'offre sa main dans une petite courbette.

Nous pénétrons dans un restaurant très intimiste où un groupe de jazz joue des musiques d'ambiance. La pièce, entièrement ronde, est peinte d'un magnifique rouge bordeaux et agrémentée de quelques photos artistiques en monochrome.

Une serveuse nous accueille et, après avoir vérifié notre réservation, elle nous invite à la suivre jusqu'à notre table. Celle-ci est un peu à l'écart, près d'un gigantesque aquarium qui nous cache du reste de la clientèle. La lumière tamisée rend l'espace très romantique et les employés semblent se faire très discrets pour ne pas déranger la quiétude du lieu. C'est vraiment magnifique.

Mes yeux se baladent partout, ébahi par tant de splendeur, et lorsque je croise les iris de John, ils sont rivés sur moi, un petit sourire en coin.

— Ça te plait ? demande-t-il.

— C'est merveilleux.

Nous nous asseyons l'un en face de l'autre et, après avoir choisi un bon vin, la serveuse s'éclipse, nous laissant seuls. Le repas est excellent. Et si j'ai eu l'impression de jouer un rôle en début de soirée, le vin aidant, je réussi à me détendre et nous passé un agréable moment.

Alors que nous sommes en train d'attendre les desserts, nous jouons au jeu des questions-réponses afin d'en apprendre un peu plus l'un sur l'autre.

— Est-ce que tu voulais déjà devenir militaire quand tu étais petit ?

— Mmmh... Oui, ça et vivre dans un monde où les animaux parlent, rétorque-t-il avec le plus grand sérieux. Malheureusement, pour le second, ce n'était pas vraiment possible, alors je me suis concentré sur ma future carrière.

— Et c'est à la hauteur de tes espérances ?

— Tout à fait. Je fais un métier qui me plait et je ne changerai pour rien au monde. Bon, à moi, ajoute-t-il. Tu es toujours aussi fan des films d'action ?

— Est-ce qu'aller voir le dernier Avengers trois fois au cinéma, c'est trop ?

— Juste un peu, s'amuse-t-il.

— Alors je suis peut-être une fan absolue de tout ce qui se rapproche de près ou de loin au cinéma, et en particulier aux films d'action. Et toi, tu aimes ça ?

— Avec mon travail, je n'ai pas vraiment le temps de regarder des films et puis le cinéma ce n'est pas vraiment fait pour moi.

— Non, tu ne peux pas dire ça. Tout le monde trouve le temps ! me moqué-je.

— La vérité, c'est que ça ne m'intéresse pas. Je préfère largement faire du sport, une randonnée ou, je ne sais pas, du bricolage.

— Je ne pensais pas qu'il était possible que quelqu'un n'aime pas visionner un film, blagué-je, avec un soupçon de désarroi dans la voix. Tu préfères les musées ?

— Non, pas vraiment, dit-il, en haussant les épaules. J'ai toujours été hyperactif. J'aime passer mon temps à l'extérieur.

Je le regarde un instant, ébahi. La culture est une part importante de ma vie et je ne m'imagine pas vivre sans, en particulier tout ce qui touche à l'audiovisuel. C'est un excellent moyen d'élargir ses horizons, de retrouver une certaine liberté, d'échapper au quotidien et c'est aussi l'occasion de s'évader et de partager un bon moment.

Tout à coup, sans vraiment le contrôler, mon subconscient divague et je repense à certains souvenirs avec Arthur dans des salles de cinéma ou sous ma couette à regarder encore et encore nos films préférés. Nos séances étaient devenues presque hebdomadaires, et même si le sport était une part importante de sa vie, regarder des films était notre moment privilégié. Nous n'aurions loupé ça pour rien au monde.

C'est fou, toutes ces étapes par lesquelles nous sommes passés. Il a été une rencontre, un ami, mon premier amour, mon ennemi juré et maintenant, nous essayons de réapprendre à nous connaître comme si tout ça n'avait jamais existé.

Parfois, je me demande si c'est vraiment possible. Notre passé est truffé de mines prêtes à exploser sous notre nez et il est difficile de les ignorer. Je veux y croire, mais son comportement des derniers jours me fait dire que tout ceci n'est peut-être qu'illusoire, que nous allons nous réveiller un matin en découvrant que tout ceci est une supercherie et que le mieux est de s'éloigner pour de bon. Mais je ne suis pas prête à cette éventualité. Si je sais pertinemment que plus rien n'est possible entre nous, le rayer de ma vie est au-dessus de mes forces. Il a pris une place importante et personne ne pourra l'y déloger.

— ... Je t'emmènerai faire un bivouac si tu veux. C'est vraiment une expérience extraordinaire.

— On verra, dis-je en souriant pour qu'il ne remarque pas que je n'ai absolument pas écouté son monologue sur la marche thérapeutique en montagne.

Je dois me ressaisir, ce n'est pas le moment de repenser à mon ex. Je suis avec un garçon beau, gentil et d'une galanterie à toute épreuve. Tout se passe bien, je ne voudrais être nulle part ailleurs.

Lorsque nos fondants au chocolat font leur apparition, ils sont tout aussi majestueux que le reste du repas. Il est vingt-trois heures quand nous quittons la table. Pendant que John me ramène, je repense à ce repas. Tout était parfait. Le lieu, la musique, la nourriture, mon partenaire. Pourtant, j'ai l'impression que quelque chose ne va pas, sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus.

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