☆ Chapitre 5
Appolyne et ses Histoires
Chapitre 5
Novembre disparait en même temps que mes derniers espoirs pour que James se rende compte que Britney n'est pas la fille qu'il lui faut. Dès qu'on parle d'elle, James a les yeux pétillants et un sourire radieux apparait sur son visage, et dès qu'elle s'approche, il me demande systématiquement si il n'est pas décoiffé ou si il n'a pas mauvaise haleine.
Il file le parfait amour, et je file doucement vers la déprime.
Attendez, quoi ? J'ai dis doucement ? Non non, ce que je voulais dire, c'est que j'y fonce tout droit, à la vitesse grand V.
Et je suis en train de me dire qu'il serait peut-être bénéfique pour moi de me trouver d'autres amis, histoire de ne pas tenir la chandelle quand James bécote sa copine à côté de moi.
Oui, c'est décidé, je vais faire ça.
« Mission : Me trouver un nouvel ami.
Phase I : chercher une cible. »
Je scrute la grande salle avec des yeux de prédateurs, tel un faucon cherchant sa prochaine proie, et je me rend compte que la tâche ne sera pas aisée. Personne ici n'est à la hauteur de James. J'irais bien parler avec Albus, son frère, mais il est actuellement en grande conversation avec Scorpius Malefoy, et je n'ai pas envie de les déranger.
Finalement, je décide de me rabattre sur un petit première année de Poufsouffle, qui parait tout seul et sans ami.
Ouais, comme moi, quoi.
— Salut ! Fis-je en posant mes fesses sur le banc, à côté de lui.
Il me regarde d'un air bizarre, comme s'il m'analysait toute entière.
Quoi, j'ai une feuille de salade entre les dents ?
— Qui es-tu ?
— Appolyne Prescott, je réponds en tendant la main d'un geste emplit d'énergie.
Il scrute ma main d'un air méfiant, avant de lever vers moi un regard suspicieux.
— C'est pour se moquer de moi, qu'ils t'ont envoyé ?
Voyant qu'il n'est visiblement pas décidé à me serrer la main, je laisse mon bras retomber mollement le long de mon corps, dépitée. Mais qu'est-ce qu'il raconte, enfin ?
— Qui donc ? Demandai-je dans l'incompréhension la plus totale.
— La bande à Edgecombe.
— La quoi ?
Il me toise d'un air à présent incertain, derrière ses lunettes mille fois trop grandes pour son visage tout fin et squelettique.
— Tu ne sais pas qui est Edgecombe ?
— J'ai une tête à savoir qui est Edgecombe ?
Il me regarde longuement, avant de me tendre la main :
— Je suis Perry Dubois, se présente-t-il.
À présent, c'est à mon tour d'être réticente quant à lui serrer la main. Ce petit a l'air bizarre, et les gens bizarres, ça me fait un peu flipper, je l'avoue. Je le fais toutefois, pour ne pas paraitre impolie.
— Alors, tu vas m'expliquer qui est la bande à Edgecombe ?
Le petit Perry hausse les épaules, et me dit :
— Ce sont des grands qui me trouvent bizarre. Eve Edgecombe en fait partie.
Mon cerveau se met en marche, et à partir des bribes d'informations qu'il m'a donné, j'arrive à comprendre un peu la situation.
— Et ces grands, dont tu parles, ils sont méchants avec toi ?
Perry manque visiblement de s'étouffer avec sa propre salive, et il secoue négativement la tête, peut-être un peu trop vivement pour paraitre crédible.
— Donc, supposai-je, ils sont méchants. Dis moi, pourquoi ils te trouvent bizarre ?
Ça lui en coûte visiblement beaucoup de me dire ça, mais il m'avoue finalement d'une petite voix :
— Je suis passionné de divination...
Je fronce les sourcils. Je cherche d'où peut venir le problème, mais je ne le voit pas, même avec toute la bonne volonté que j'y mets.
— Et ils te trouvent bizarre parce que tu es passionné par la divination ? Tu es sure qu'il n'y a pas autre chose ? Parce que là je ne comprends pas.
Il secoue la tête, et cette fois-ci, j'ai tendance à le croire.
— En quoi ils trouvent ça bizarre ?
— Eh bien, parce qu'à mon arrivée, je ne faisais qu'en parler... Je voulais faire des prédictions à tout le monde, et maintenant tout le monde me prend pour un cinglé parce que je me suis trompé sur la plupart...
Oh... Bon, je ne vois toujours pas le problème, mais il a l'air vraiment malheureux, et j'ai vraiment envie d'arranger ça. Personne ne devrait être malheureux.
— Et ils sont méchants comment ?
— Je ne suis pas supposé en parler.
— Mais, tu sais, moi tu peux me faire confiance, essayai-je.
— Alors tu n'iras pas le dire à la directrice tu me promets ?
Après un temps de réflexion, je secoue la tête. Non, il est impossible que je lui promette une telle chose. Si les choses sont comme je le pense, il faut y mettre un terme, et vite.
— Tu sais, Perry, si tu ne parles pas, ça ne s'arrangera pas.
— Mais ils s'en vont dans trois ans !
Trois ans ? Ça voudrait donc dire que les personnes dont il parlent sont... En cinquième année ? Dans ma promotion ?
Edgecombe, Eve Edgecombe... ça me dit un truc, en effet.
— Tu peux, juste me montrer du doigt où se situe le groupe dont tu me parles, s'il est dans la grande salle ?
Il secoue la tête.
— Ils ne sont pas ici ? Questionnai-je.
— Si. Mais je ne veux pas les montrer du doigt, parce que tu iras leur parler, après.
— Perry...
Mais il en a visiblement sa claque de discuter avec moi, parce que sans un mot, il se lève et s'en va sans un mot de plus. OK, sympathique le petit.
Je souffle longuement, en lorgnant un plateau remplit de fruit. Je me demande si j'ai assez faim pour un manger un ou non, mais je viens de découvrir qu'un élève se fait harceler, et ça a l'air d'agir comme une sorte de coupe-faim.
Un élève se fait harceler. Ici même, à Poudlard.
Comment est-ce même possible en sachant au combien les professeurs sont proches de leurs élèves ?
En tout cas, ma mission vient tout juste de se transformer.
« Mission : lutter contre les vilaines personnes qui font du mal à Perry Dubois.
Phase I : trouver la mystérieuse Eve Edgecombe. »
C'est pour cela que le soir venu, alors que je suis en train de prendre mon dîner avec James et ce maudit Corey, j'attends le moment opportun pour poser la question fatidique :
— Est-ce que par le plus grand des hasards, l'un de vous connaitrait une certaine Eve Edgecombe ?
Cette question sort tellement de nulle part qu'il faut un certain temps pour James et Corey pour comprendre qu'on ne parle plus du dernier cours de sortilèges.
— Pourquoi ? Me demande Corey en fronçant les sourcils.
— Juste parce que son nom m'est familier mais que je n'arrive pas à poser de visage dessus.
James hoche alors la tête, visiblement ravi de pouvoir me répondre :
— Bien sur, que je la connais. C'est une Poufsouffle, mais elle est très amie avec Britney, elles mangent presque tout le temps ensemble.
Mon sang ne fait qu'un tour à l'intérieur de mon corps. James montre une direction du doigt, et je me retourne pour voir...
À la table des Poufsouffles, je retrouve Britney et sa cravate bleue, entourée de pleins d'autres personnes habillées d'un uniforme en noir et jaune... Et tout ce beau monde, y comprit Britney, est en plein fou-rire tout en regardant... Perry, à l'autre bout de la table, qui s'est visiblement renversé son assiette de lentilles dessus.
Ça me fend le coeur.
Je me retourne précipitamment, le coeur battant, et sans prévenir, je m'affale, la tête contre la table.
Oh c'est pas vrai.
Je viens de comprendre un truc : Britney fait partie du groupe de personnes qui harcèlent le pauvre Perry.
« Mission : C'est bien la merde parce que je vais devoir trouver comment annoncer à James que sa copine est en réalité quelqu'un d'horrible. »
Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire à la vie pour qu'elle me déteste à ce point, sérieusement ?
°
Le lendemain, je me réveille avec des nausées épouvantables. C'est aujourd'hui que je fais part de mes craintes concernant Britney à James... Et j'ai peur de sa réaction. Va-t-il me croire ? Ou alors, va-t-il penser que j'essaye de ruiner sa relation ?
Que de questions qui me tiraillent...
Je suis seule dans mon dortoir : visiblement, les filles qui dorment avec moi ont décidé de profiter de leur dimanche matin.
Tant mieux, au moins j'ai plus d'intimité pour faire mes exercices de yoga. J'en fais dès que je suis particulièrement sous pression, et aujourd'hui s'annonce être un très, très mauvais jour.
Je fais ma séance dans la plénitude la plus totale, et lorsque je suis enfin apaisée et pleine de bonnes ondes, je rédige une lettre destinée à mon oncle, pour lui rappeler que j'existe, tout simplement. Cela fait deux semaines qu'il ne m'a pas envoyé de courrier, et sans sa bonne humeur et ses blagues à deux balles habituelles, je me sens toute triste. J'ai besoin de lui, en ce moment.
Et quand enfin, je mets le point final à ma lettre, je la scelle, puis je descends.
Comme d'habitude, la salle commune est pleine à craquer, et je mets quelques secondes à repérer James. Il est assit avec quatre de ses cousins et cousines, et ils semblent passer un bon moment tous ensemble. Ai-je vraiment besoin de gâcher ce moment ?
Bon, ce que j'ai à lui dire peut bien attendre une heure ou deux de plus, non ?
Mais, quand on se croise à nouveau, quelques temps après, il est en train de discuter avec Lily et le professeur Londubat. Encore pas le bon moment.
Décidément, je joue de malchance, aujourd'hui.
À croire que l'univers refuse catégoriquement que je le lui dise.
Bon, ce n'est pas bien grave, je retenterais ma chance plus tard.
Mais, ce que je vois deux heures après me fait grandement douter : Britney est dans la grande salle, et aide une première année de Gryffondor à faire ses devoirs... Il y a un truc que je ne pige pas. Pourquoi être ignoble avec un petit, pour se comporter comme un ange avec quelqu'un d'autre ?
Bon, je décide de lui laisser le bénéfice du doute, et je m'en vais à sa rencontre, l'air décidé.
— Britney, je peux te parler ? Demandai-je, les bras croisés.
Britney me regarde, et je vois qu'elle se retient de lever les yeux au ciel. Cette fille ne m'aime pas, je le sais très bien. Mais qu'elle se rassure, car c'est réciproque.
— C'est que je suis un peu occupée, en fait, me répond-elle en faisant un mouvement de tête vers la petite. Felicity a besoin d'aide en métamorphose.
À mon tour de m'empêcher de lever les yeux en l'air.
— ça va prendre deux minutes, répliquai-je d'un ton cinglant.
Cette fois-ci, elle ne cache même pas son agacement, et elle se lève en roulant des yeux pour m'entrainer un peu plus loin.
— Quoi, alors ?
— Je me demandais si tu connaissais un certain Perry Dubois?
Elle semble réfléchir quelques secondes, avant de hocher la tête.
— De nom seulement. C'est bien un Poufsouffle ? Première année ?
— Oui. J'aimerais que toi et ta bande d'amies, vous arrêtiez de l'embêter.
Britney fronce les sourcils, et me regarde comme si je venais de dire quelque chose de particulièrement stupide.
— Mais de quoi tu parles, enfin ?
Je me retiens de souffler. Non, mais elle le fait exprès, sérieusement ? En plus, elle joue à l'innocente qui n'est au courant de rien ? Raah, qu'est-ce qu'elle peut m'agacer. Presque autant que Corey, je crois.
— Je vous ai vu vous moquer de lui, à table, hier.
Une lueur éclaire les yeux bleus de Britney, lorsqu'elle comprend enfin, et puis elle me regarde d'un air totalement condescendant.
— D'accord, on s'est moqué de lui une fois. Mais, c'était drôle, enfin, tu aurais dû voir sa tête, pleine de lentilles !
Elle glousse comme un dindon, et j'ai envie de la gifler violemment. Je ne sais pas vraiment ce qui me retient, à vrai dire, parce qu'elle a vraiment une tête à claque. Mais bon, je ne pense pas que James serait ravi, si je giflais sa fichue copine.
— Britney, je sais que c'est arrivé plus d'une fois, ne fais pas celle qui...
— Mais puisque je te dis que non, enfin ! Coupe-t-elle en levant les bras en l'air d'un geste sincèrement agacé. Je n'avais jamais entendu le nom de Perry jusqu'à hier, quand Eve m'en a parlé pour me le montrer !
Elle me regarde d'un air méprisant.
— Qu'est-ce que tu cherches à faire, au juste ? Crache-t-elle. Tu cherches à bâtir des mensonges pour m'éloigner de Jamesie ? Tu n'as pas d'autres chats à fouetter ?
Je serre les dents, mais je suis incapable de trouver de la répartie, et me voyant muette, elle secoue la tête.
— Maintenant, excuses-moi, mais je dois aller aider Felicity pour son devoir.
Elle s'en va à grands pas, dans une démarche soignée, et je reste debout, les bras ballants.
Et soudain, je crois que je comprends.
Peut-être que Britney est amie avec Eve Edgecombe, mais qu'elle ne sait pas comment cette dernière se comporte vraiment avec Perry... Parce que j'ai beau détester Britney, je dois avouer qu'elle n'avait vraiment pas l'air de comprendre de quoi je lui parlais quelques secondes auparavant...
Je soupire.
Peut-être que Britney n'a rien à voir avec les malheurs de Perry, mais Edgecombe, elle, est clairement impliquée dans cette histoire. Et il faut que je trouve un moyen de la faire s'arrêter.
°
Quelques jours plus tard, alors que je réfléchis encore à la façon dont je vais m'y prendre pour régler ce problème, ( j'ai proposé à Perry d'en parler à un professeur, mais ce dernier refuse catégoriquement ), je reçois enfin une lettre de mon oncle Georges.
Ah bah enfin, c'est pas trop tôt !
Je me dépêche de l'ouvrir, le sourire aux lèvres.
— C'est qui ? Me demande James.
Comme s'il ne le savait pas. Le seul courrier que je reçoit, c'est celui de mon Georges.
Je ne prends même pas le temps de lui répondre, que je me lance dans la lecture de ma lettre :
« Ma filleule et nièce préférée,
Je suis terriblement navré de ne pas t'écrire plus souvent, on est débordé en ce moment au boulot. C'est la folie, mais enfin, je suis enfin rentré du Brésil !
Je n'ai pas vraiment le temps de décrire un roman, parce que ta mamie est dans le salon, à quelques mètres de moi, et me voir écrire une lettre sur un parchemin la met hors d'elle. ( Et je ne te parle même pas de mon hibou qui pépie à la fenêtre, tu sais ô combien elle déteste la magie et tout ce qui y fait penser ).
Dis-moi, est-ce qu'il serait possible pour toi de te rendre à pré-au-lard demain soir ? J'ai quelques petites ( grandes ) choses à te dire.
Si tu peux, saches que je serais là-bas aux alentour de dix-neuf heures, dans le Bar des Cochenilles. ( Il parait que ce n'est pas un endroit très réputé pour les étudiants, donc je suppose que personne ne saura que tu viens de Poudlard, là bas ).
Je t'embrasse fort,
Tonton Georges »
Je sauterais presque au plafond !
Enfin ! Enfin, je vais revoir mon oncle en chair et en os ! Ça doit faire plus de six mois que l'on ne s'est pas vu, parce qu'il était en mission pour Gringotts au Brésil, c'est énorme !
— James, je pourrais t'emprunter ta cape, demain ? Demandai-je le sourire aux lèvres. Mon oncle veut que j'aille lui rendre visite à Pré-au-lard.
Les yeux de James s'écarquillent telles des soucoupes, et il ne perd pas une seule seconde pour me demander d'un air précipité :
— Je peux venir, je peux venir, dis, je peux venir ?
J'éclate de rire. James adore mon oncle depuis que je les ai fait se rencontrer, il y a trois ans.
— Si tu veux, je dis avec un sourire aux lèvres. Mais tu ne préfères pas rester avec Britney ?
James balaye l'air de sa main.
— Je vois Britney tous les jours. Ton oncle, ça fait vraiment un bail !
Je rigole, et les paroles qu'il me dit me réchauffent le coeur.
°
— Non, non, je ne veux pas de lui ! M'insurgeai-je, le lendemain, en tapant violemment mes pieds sur le sol.
Certes, mon attitude ressemble à celle de mon petit cousin pourri gâté, Nickolas, mais en même temps... On est à vingt minutes de l'heure de mon rendez-vous avec Georges, et Corey, ce saint Corey, veut venir avec James et moi à Pré-au-lard ! Non mais quel affront, vraiment.
— Aller, Prescott, sois cool, fait Corey en levant les yeux au ciel. Je m'ennuie à mourir, ici, et Magdalena veut qu'on aille réviser à la bibliothèque ! Non, mais vous le croyez, vous ?
James rigole en donnant une tape amicale sur l'épaule de son pote, et Corey ajoute :
— Je sais que ça ne fait que deux semaines qu'on sort ensemble, elle et moi, mais je commence à en avoir ras-la-casquette.
Je lève les yeux au ciel.
Prévisible.
— Je ne veux pas que tu rencontres Georges, dis-je d'un ton sec. Hors de question.
Corey me lance un regard méprisant.
— Je m'en fiche, de le rencontrer ou non, ton oncle. Je veux juste sortir de ce château pour quelques heures. Pendant que tu iras à ton rendez-vous, j'irais voler des sucreries à un enfant.
Le problème avec Corey, c'est que je n'arrive jamais à savoir si les trucs qu'il dit dans ce genre, c'est pour rire ou non.
Je lève les yeux au ciel, avant de capituler :
— Très bien. Viens. Mais si on se fait chopper parce que nos pieds dépassent de la cape, je... Je te trucide, c'est bien clair ?
— Pas si je te trucide avant.
Non mais quelle tête à claque. Il y a des baffes qui se perdent, je vous le dis, moi.
James, lui, il a l'air de trouver son meilleur ami particulièrement drôle, jusqu'à ce que je le fusille du regard, et qu'il se force à récupérer un visage dénué de toute expression amusée.
— Rabat-joie, glisse Corey entre ses dents, semblant de rien.
Je lui adresse un regard assassin et, après un souffle exaspéré, James nous recouvre tous les trois de sa cape, et on s'engouffre dans un passage secret menant jusqu'à Pré-au-lard.
Les minutes passés en compagnie de Corey me semblent durer une éternité, parce qu'il ne fait que d'énoncer des arguments prouvant que je ne suis pas drôle.
Ce qu'il ne sait pas, c'est que je peux être très drôle. Juste, pas quand il est là.
Finalement, arrivés au village, on se sépare, et James et moi on se dirige vers le bar dont m'a parlé Georges, et un frisson de joie me parcoure l'échine lorsque j'aperçois une silhouette, adossé contre le mur, en train de regarder sa montre.
Même s'il fait nuit noire, je le reconnais directement : petit, les cheveux lui arrivant aux épaules et une attitude totalement désinvolte.
C'est lui.
Je cours vers lui, et son visage s'éclaire dès qu'il me voit, alors il s'élance vers moi aussi, et me fait tourner en l'air, dans ses bras.
Ah, vraiment, il concoure avec James pour être ma personne préféré du monde entier, mon oncle.
— Tu m'as trop manqué, Popo ! Fait Georges en riant.
Je tape sur son épaule en lâchant un cri indigné :
— Je t'ai déjà dit au moins une centaine de fois de ne pas m'appeler comme ça !
— Je sais, et c'est bien pour ça que je continue ! Oh, salut, James !
Il tape dans la main de mon meilleur ami, et nous regarde, tous les deux, côte à côte, avant de dire :
— Vous avez pas changé, vous deux ! Toujours inséparable, à ce que je vois.
— On change pas une équipe qui gagne, répond James, le sourire aux lèvres.
Mon oncle passe son bras derrière moi, et m'entraine en direction de la porte du bar en sifflotant.
— Tu es revenu en Ecosse il y a combien de temps ? Demandai-je, une fois tout le monde assit sur une table, au chaud.
— Il y a quelques jours à peine. Les Gobelins du Brésil ont fait les compliqués en terme de négociation, alors j'ai été retenu un peu plus longtemps que prévu là bas.
Je bois une gorgé de tisane, et James affiche un sourire sur le visage :
— Tu nous raconteras tout, hein ?
Je rigole dans ma barbe. James adore entendre les histoires farfelues de mon oncle, quand il revient de ses missions pour Gringotts. Il a toujours quelques anecdotes amusantes à nous raconter, c'est super. Même si je le soupçonne quelques fois d'enjoliver les choses.
— Bien sur, confirme Georges d'un air entendu. Mais d'abord, Appolyne, il faut qu'on discute, toi et moi, de... De plusieurs choses.
Soudain, il a l'air bien grave... C'est bizarre, parce que normalement, Georges a toujours ce sourire juvénile sur le visage, et a toujours deux trois blagues à deux balles en stock. Vous savez, ce genre de blagues qui font juste sourire parce qu'elles sont débiles et pas parce qu'elles sont drôles ? Bah, lui, c'est le spécialiste.ça fait parti de son personnage
— Vous... Vous voulez que je m'en aille ? Propose James, voyant lui aussi que quelque chose ne tourne pas rond.
Georges semble réfléchir à la question, avant de dire :
— Comme tu veux.
Aussitôt, je prend James par la main pour le faire rester.
Je veux qu'il reste.
— Qu'est-ce qu'il se passe, alors ? Demandai-je, le coeur battant.
— Voilà... Ce que je vais te dire va peut-être te sembler dure à entendre mais... Ton grand-père est mort, il y a deux jours.
J'ouvre grand mes yeux. Je ne m'attendais pas à ça...
— Ben ça, alors.
Oui, c'est tout ce que j'ai trouvé à dire, oui.
Mais ça me semble un peu surréaliste, parce que mon grand-père, c'est ce genre de bonhomme dont rien ne semble pouvoir l'atteindre. Un caractère bien trempé, une répartie faisant face à toute épreuve, une humeur exécrable à longueur de journée...
— Je suis désolé, dis-je.
Parce qu'avant d'être mon grand-père, c'est surtout le père de Georges...
Et puis, pour être honnête, sa mort ne m'émeut pas vraiment. Je m'entendais bien avec mon grand-père jusqu'à mes sept ans, et puis j'ai commencé à me découvrir des pouvoirs magiques, et Georges a tout de suite su déceler le fait que j'étais une sorcière. A partir de là, tout le monde, à part Georges, m'a tourné le dos, dans ma famille. Je pense que c'est parce qu'ils sont très croyants, et qu'ils pensent que je suis une hérétique ou un truc du genre. Allez savoir.
Je ne sais pas vraiment en quoi je diffère de Georges, parce que lui, tout le monde l'apprécie assez bien, surtout grand-mère. J'ai bâti quelques hypothèses, mais j'ai arrêté de me poser des questions. C'était comme ça, et puis c'était tout.
— Tu vas bien ? Demandai-je à Georges.
Lui non plus, n'était pas super proche de son père, mais il n'en restait pas moins celui qui l'avait conçu.
Il hausse les épaules, avant de me dire :
— J'ai eu des jours meilleurs. Mais, ça va aller, t'en fais pas pour moi.
Un ange passe, et je ne sais pas trop quoi dire.
— ça c'est passé comment ? Demandai-je au bout d'un moment.
— Tu sais, il y a cette maladie moldue qui fait des ravages, en ce moment. Le coronavirus, je crois qu'ils appellent ça. Et, on ne sait pas vraiment où ni comment, mais bref, quelqu'un lui a transmit la maladie. C'est aussi pour ça que je suis revenu en urgence du Brésil.
Oh.
Bah merde, alors.
— Et personne n'a trouvé la motivation pour me mettre au courant un peu plus tôt, je suppose ?
J'avoue, je le prend un peu mal le fait d'être toujours la dernière au courant, dans cette famille. Certes, ils ne m'aiment pas. Et moi, je me porte mieux loin d'eux, mais enfin, tout de même !
— Quand j'ai apprit que personne n'a daigné te tenir informé, j'étais vert de rage, m'apprend Georges. Mais ils m'ont interdit de te le dire...
Quoii ?
— Mais pourquoi ? S'étrangle James en me lançant un regard consterné.
— Je n'en sais rien, fait Georges.
Il ment pour me préserver, je le sais. Parce que la vérité, au fond de moi, je la connais, et il la connait aussi.
Ils ne voulaient pas de moi dans leur pattes, à la maison familiale. C'est la seule explication que je vois.
— Eh bien, lorsque tu retourneras là-bas, dis-je d'un ton sec, tu leur diras que je leur présente toutes mes condoléances.
Il hoche doucement la tête.
— Je suis désolé que les choses se passent comme ça, Appolyne, regrette mon oncle. J'ai essayé de leur parler, mais...
Je balaye l'air de ma main, avant de lui offrir l'ébauche d'un sourire.
— C'est pas ta faute. Ils me détestent, tu n'y es pour rien du tout.
Mon coeur se serre de plus en plus, jusqu'à presque en devenir douloureux. Pourquoi est-ce que je n'ai pas une famille aimante, comme celle de James, hein ? Pourquoi...
— Il y a une autre mauvaise nouvelle que tu dois m'annoncer ? Je demande, un peu de mauvaise humeur.
— Oui, en fait.
Je relève la tête. Je ne m'attendais pas à cette réponse, pour dire vrai.
— Ah. Bon, eh bien, dis-le moi, que ce soit fait.
— Je déménage au Brésil dans trois semaines. De façon... Permanente.
Je me sens me décomposer. Que... Quoi ? Qu'est-ce qu'il vient de me dire, là ? J'ai du mal entendre, parce que c'est juste impossible...
Il scrute mon visage, avec inquiétude, et moi, je suis incapable de sortir le moindre son.
— Je... J'ai rencontré quelqu'un là bas... Et... J'ai trouvé un emploi à Gringotts qui me permet de m'y installer se manière stable.
Je me décompose. Mon coeur s'arrête, et j'ai subitement envie de pleurer. Il n'aurait pas pu rencontrer cette personne ici, en Ecosse ? À Londres, au pire du pire... Mais quelque part au Royaume uni ?
Bon sang, le Brésil...
Mes épaules s'affaissent, et je me lève, dépitée.
D'abord, j'apprends que mes rapports avec ma famille sont pire que jamais, qu'ils ne m'invitent même pas aux funérailles de mon grand père, puis que mon seul allié dans cette même famille s'en va à je ne sais combien de milliers de kilomètres, sur un autre continent.
Ça fait beaucoup trop en une soirée, là.
— J'ai des devoirs à terminer pour demain, dis-je d'une voix blanche. Au revoir, Georges.
— Appolyne, je t'en prie, reste, fait mon oncle alors que je quitte le bar.
Mais je ne veux pas rester. Parce que je sais que dans vingt secondes top chrono, je vais me mettre à pleurer, et je n'ai pas envie qu'il me voit pleurer.
Ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout la bonne soirée de retrouvaille à laquelle je m'attendais...
Je suis détruite intérieurement.
Je trouve un banc, mal éclairé, et je m'y assois maladroitement, les jambes recroquevillées contre la poitrine, et là, je n'arrive plus du tout à retenir mes larmes.
C'est beaucoup trop en l'espace de quelques minutes.
Et quelques temps plus tard, quelqu'un approche, et s'assoit à mes côtés pour me prendre dans ses bras.
James.
Qui d'autre ?
Je pose ma tête contre son torse, et il me berce doucement, sans rien dire. Parce qu'il sait très bien qu'aucun mot ne pourra me consoler en ce moment même. Parce qu'il me connait par coeur.
C'est le seul, dans ce monde, à me connaitre par coeur.
Je suis teeeellement désolé de ne pas avoir posté ce chapitre avant, je suis totalement en retard dans mes études, et si je veux réussir mon concours de médecine je dois absolument me concentrer dessus... je ne passe plus autant de temps qu'avant sur Wattpad...
Je m'encourage en me disant que dans trois mois ce sera finit...
bon, du coup je passe en coup de vent pour poster ce chapitre. Mais du coup, je ne sais pas si j'en posterais un samedi, ça fait un peu un cours écart entre due publications... Bon, je verrais ça !
Désolé encore !
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