☆ Chapitre 38

James et Britney sont en couple. À nouveau. Ça fait une bonne semaine que je le sais, mais je ne sais pas comment le prendre. Enfin quoi, James sait très bien que je ne la supporte pas...

Je ne suis pas jalouse. Je ne crois pas, du moins.

Non, ça me fait juste du mal que ce soit elle.

Mais bon, après tout, James ne me doit plus rien. Et il me doit encore moins des explications.

En fait, je sais que je suis égoïste de mal prendre le fait que James sorte avec elle. Après tout, c'est moi qui l'ait quitté, moi qui lui ait fait du mal, et... Il a tout a fait le droit de sortir avec qui bon lui semble.

Enfin, je m'attendais à quoi ? À ce qu'il ne tourne jamais la page ? À ce qu'il reste célibataire à vie ?

J'ai été stupide.

Mais bon, il y a une différence entre sortir avec une fille et sortir avec Britney.

Abominable Britney.

Je passe ma colère en croquant vivement dans mon morceau de pain, et le regrette aussitôt : la douleur se répercute sur mes dents puis sur ma machoire.

Aller, Appolyne, est-ce que ce ne serait pas le moment de faire appel à tes bons vieux chakras ?

Respire, inspire, expire...

Je me fais une idée : peut-être que Britney a changé depuis notre cinquième année. Peut-être que la peste qu'elle était a laissé place à une gentille et serviable jeune-fille, tel qu'une vilaine chenille deviendrait papillon.

J'espère pour James. Parce que même si lui ne tient plus à moi, il reste l'une des personne les plus importantes de ma vie, et je ne supporterais pas de le voir souffrir.

Ça me serait insupportable.

La voix de mon ami Perry me sort de mes réflexions mal avisées :

Hey, Appolyne ?

Je lui répond par un son non constitué de syllabe, comme une invitation à me conter ce qu'il a à me dire.

Tu sais que ce soir c'est la pleine lune ?

Comment l'oublier ? Ça fait des jours et des jours que Perry me répète qu'en ce jour spécial des tonnes de prophéties qu'il a réaliser vont prendre forme.

Et ? Je demande, légèrement sur les nerfs.

Ce n'est pas que je ne supporte pas quand Perry me parle de ses prédictions divinatoires. Juste que quelques fois, il peut être un peu lourd.

Et, je me disais qu'on pouvait aller à la chasse aux papillons de lune, explique Perry d'un ton calme, bien décidé à ne pas se laisser décontenancé par mon ton sec.

Je souris ironiquement. Depuis que Perry a découvert l'existence de la cabane de la forêt interdite, il désire y retourner, pour se donner l'impression de braver l'interdit et d'être courageux.

Tu sais que les papillons de lune sont très rares, non ? Je demande. Pour en observer, il faudrait s'enfoncer dans la foret, bien plus profond que là où se situe la cabane.

Mais, on sait jamais...

Je jette un coup d'oeil à son visage éclairé par le désir de voir ces animaux d'une extrême rareté. Il parait si jeune.

À tout bien y réfléchir, il est jeune.

Il faudrait que je pense à me trouver des amis de mon âge.

En tout cas, je décide de ne pas adopter mon ton exaspéré de d'habitude, et je lui explique gentiment :

Perry, j'aurais beaucoup aimé, mais j'ai beaucoup de travail. Mes ASPICs sont dans à peine un peu plus d'un mois.

je sais, mais... Une pause ne te ferait pas du bien ? Tu es... Un peu à bout de nerfs, en ce moment.

Je prends le temps de la reflexion. En effet, ça me ferait du bien. Beaucoup de bien, même. Ça me permettrais de décompresser vis à vis des cours et des heures passées à bosser et bosser et encore bosser. Et, d'un autre côté, ça me viderais l'esprit et me sortirait cet histoire de James et de ma pire ennemie qui remettent le couvert.

Oui, tout compte fait, Perry pourrait avoir raison.

Très bien, je cède. Mais à condition qu'on ne s'enfonce pas trop dans la forêt. Tu es un peu une poule mouillée, quelques fois.

Bon, en vrai, c'est moi la poule mouillée : aller dans la forêt interdite me terrifie, mais je ne l'admettrais jamais à voix haute.

Perry, tout joyeux qu'il est, ne prends même pas mal ma réflexion : il est aux anges.

Si j'avais su que je pouvais le rendre aussi heureux pour si peu, j'aurais peut-être accepté sa requête le mois dernier.

Et, tu sais, dit un Perry bien trop excité, peut être que ma prédiction te concernant se réalisera peut-être, vu qu'on va dans la forêt interdite ! Oh, j'ai hâte de voir ! Tu t'en souviens ? C'était la prédiction qui disait que tu...

Perry, je le coupe. Je viendrais ce soir à condition que tu me laisses travailler à partir de ce moment précis !

Il hoche vivement la tête, mime le fait de fermer sa bouche de la même manière qu'il le ferait pour sceller une fermeture éclair, et s'en va en sautillant.

Quand à moi, je me replonge dans mes cours, parce que si ce soir je pars avec lui en expédition, je veux être fière de ma journée de travail.

°

Au final, je ne suis absolument pas fière de ma journée de travail. Mais alors, pas du tout. J'ai passé mes heures à rêvasser, à penser à James, puis à Corey, puis encore à James, et enfin à une manière de gagner l'un sans perdre l'autre.

Quoi que, à la réflexion, j'en ai déjà perdu un. James me fuit comme la peste.

Tout à l'heure, alors que je me prétendais à moi même lire un chapitre de potions, assise bien confortablement sur la canapé de la salle commune, il est entré, et il s'est figé dès qu'il m'a vu.

Vous voyez, cet air ahurit et paniqué que quelqu'un a sans le vouloir quand il croise une personne alors qu'il ne s'y attendait pas ? Ben voilà. C'était ça, son air.

Puis, il est partit. Il est partit à une allure totalement normale, mais je le connais bien, James. Si la décence lui avait permis de courir pour s'éloigner de moi, il l'aurait fait.

Et moi, j'ai fait comme si ça ne m'atteignais pas, alors qu'au fond j'en ai eut le coeur brisé.

Littéralement. Je pense qu'une brèche a traversé ma poitrine pour déchirer mon pauvre coeur.

Quelle vie.

Ça m'apprendra à me mettre en couple avec mon meilleur ami.

Puis à rompre avec lui.

Et vainement espérer que les choses redeviendront comme elles étaient avant que l'on se mette en couple.

J'ai été stupide. C'est bien le mot.

Je referme mon bouquin de potions d'un geste sec et rageux, qui me fait moi-même sursauter.

Désolé, je marmonne avec un sourire timide aux quelques élèves qui sont encore dans la salle commune.

Ils me fusillent du regard, donc ej me dépêches de ranger mes affaires, et de remonter aux dortoir pour me préparer à mon aventure nocturne avec Perry.

Et, à mon grand malheur, alors que je dévale les escaliers en chantonnant, c'est à moi de prendre ce même air mortifié que James a adopté quelques heures plus tôt en me voyant. Parce que je ne croise nulle autre que le couple en vogue en ce moment, le petit couple parfait : James et Britney.

James me regarde, je le regarde.

C'est extrêmement gênant.

Et pour ne rien arranger, c'est comme si ma main prenait vie, car elle se lève toute seule, et de même pour mes lèvres qui s'étirent en un sourire toutes seules. D'un air mi-radieux mi-gêné, je les salue, avant de poursuivre mon chemin. Mais c'est en arrivant à leur hauteur que se dessine devant moi la pire chose que je pouvais imaginer : Britney s'empare de la main de James, et enroule son bras autour du sien.

Ma gorge se noue, et mon regard comme celui de James se tourne vers ces mains entrelacées.

Ça me donne envie de vomir.

Appolyne, tu... Tu vas où comme ça ? Demande James d'une voix incertaine.

D'un geste de tête ( puisque sa main droite a l'air bien trop occupée ), il désigne ma silhouette.

C'est vrai qu'à la reflexion, ma tenue peut sembler un peu bizarre et alambiquée. J'ai décidé de m'habiller telle une vraie aventurière. Sait-on jamais qu'on croise un loup garou ou je ne sais quoi d'autre qui nécessite mes talents inexistants en terme de combat.

J'ai noué mes cheveux en une tresse à la Katniss Everdeen, enfilé des bottes noires, et mon legging en matière caoutchouc n'a rien à envier à mon haut noir à col roulé.

On dirait vraiment que je pars à la chasse. Il ne manque plus que l'arc.

Euh... Perry et moi on s'en va en escapade nocturne.

James parait surpris.

Oh, euh... C'est bien mais... C'est la pleine lune, non ?

Oui, et ?

Ben, c'est le jour du mois le plus risqué pour... enfin...

Je peine à réprimer un sourire. Il me connait si bien qu'il sait que je ne vais pas rester dans le parc du chateau. Il sait que je vais aller dans la forêt interdite ce soir. Mais il ne veut pas le dire devant Britney.

Demande à venir avec moi, James, je supplie mentalement. Demande, et tu sais que la réponse sera oui. La réponse sera toujours oui, pour toi.

Ne t'en fais pas. Perry a vu dans une tasse de thé qu'un jour je me marierais. Comme tu le sais je ne suis toujours pas mariée, alors je ne vais pas mourir aujourd'hui.

Ce que j'omet de dire, c'est que les prédictions de Perry sont un peu incertaines.

Je souris ironiquement en prenant un air idiot comme je sais si bien le faire pour ajouter :

Oh, au pire des cas je pourrais perdre une jambe, un bras ou je ne sais quoi, mais je ne mourrais pas ce soir.

Très rassurant, intervient Britney d'un ton doucereux après une petite toux. Jamesie, on va se préparer pour aller manger ? Je suis affamée.

Il est encore temps que tu me demandes de venir, James, je le presse dans ma tête.

Mais, au fond, je suis presque sure qu'il ne me le demandera pas, même si je sens qu'il en meurt d'envie. Parce qu'il m'en veut, et parce que Britney est là, à côté de nous. À côté de lui. Avec lui.

James acquiesce à la requête de Britney, et il me salue d'un mouvement de tête.

Bonne escapade, alors, souffle-t-il à mon attention.

Ils s'éloigne, et comme je suis bête, je reste plantée là, sans trop savoir quoi faire, jusqu'à ce qu'il se retourne, et mime silencieusement sur ses lèvres :

Sois prudente.

Ce qu'il ignore, c'est que ce qu'il vient de se passer me donne envie de tout sauf d'être prudente.

°

Je retrouve Perry, assis sur un banc, en train de déguster un sandwich qui a l'air délicieux. À peine lorsque j'arrive auprès de lui et que je m'assois à sa hauteur, il m'en tend un également :

Oeuf et crudités, me dit-il. T'as vu, je me suis souvenu que tu étais végétarienne !

Je le remercie d'un sourire et mord dans mon sandwich préparé par les soins de mon ami.

Il faut avoir le ventre bien remplis, pour notre aventure, me dit Perry. J'ai tellement hâte de voir des papillons de lune !

Après, souviens toi que c'est extrêmement rare d'en voir, Perry, je le met en garde.

Il lève les yeux au ciel, comme pour me faire comprendre que je suis rabat-joie.

Je sais, Appolyne, mais j'y crois ! On va en voir, j'en suis sure. Tu connais la loi de l'attraction ?

La loi de quoi ?

Il fronce les sourcils, l'air légèrement désappointé.

Je pensais que si une personne pouvait en avoir entendu parler ici, ce serait bien toi, fait-il la réflexion. La loi de l'attraction ! En gros, si tu te répètes que tu vas voir des papillons de lune, alors tu en verras. Si au contraire tu pars pessimiste en te disant que tu n'en verras pas et patati et patata, ben c'est là où tu n'en verras pas !

Il marque une pause, comme pour réfléchir à la suite de son exposé, avant de me dire :

— C'est un peu... Je ne sais pas, moi comme si tu te répétais que quelque chose allait arriver, que ce soit de bien ou de mal, si tu te le répète beaucoup, beaucoup de fois dans ta tête, ben ça finit par vraiment arriver !

À mon tour de froncer les sourcils, assez septique. Après un croc dans mon savoureux sandwich, je demande :

Et c'est prouvé scientifiquement, ça ?

Perry fait mine de réfléchir.

Scientifiquement, non, pas vraiment. Je ne crois pas, du moins. Mais... Moi j'y crois ! Libre à toi d'y croire ou non.

Hum, je vois.

Je médite sur cette fameuse loi de l'attraction, me promettant de faire des recherches. Après tout, la magie existe, non ? Alors que les moldus essayent désespérément de le prouver avec la sciences, sans y parvenir. Alors pourquoi pas ce truc dont me parle mon ami ?

Il faudra que je m'y penche dessus.

Et, quelques minutes plus tard, alors que Perry et moi avons finit de manger et que nous décidons de commencer à nous enfoncer dans la forêt interdite, je me fais la réflexion que j'espère vraiment que cette théorie de la loi de l'attraction est fausse. Parce qu'une petite voix dans ma tête ne cesse de me répéter que quelque chose va mal tourner.

Pourtant, ça ne m'empêche pas de poursuivre mon chemin, aux côtés de Perry. 

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