☆ Chapitre 37
Pendant des jours et des jours, les paroles du père de James ne me quittent pas, hantant mes journées comme mes nuits : c'est à toi de voir ce que tu es prête à faire pour retrouver votre amitié.
Je ne pense pas qu'il pensait à mal en me disant ça, mais avec le recul, je me dis que cette phrase me met plus mal qu'elle ne le devrait.
En effet : que suis-je prête à faire ? Que suis-je prête à laisser derrière moi ?
Est-ce que ma future possible relation avec Corey vaut le fait de perdre James pour toujours ?
C'est un dilemme affreux... Un retour possible d'amitié avec James, ou un couple potentiel avec Corey ?
Aaaargh, j'en ai mal à la tête que de penser à tout ça. Sans compter mes migraines causées par les révisions pour les ASPICs. J'ai fais le compte, il ne reste que deux mois.
Deux petits mois avant ces fichus exams.
Deux mois avant la fin de Poudlard...
Je me demande ce que sera ma vie après l'école. Je crois que ça m'angoisse, un peu. Durant sept longues années, Poudlard est tout ce que j'ai connu.
Les cours, l'ambiance du château, les après-midi à pré-au-lard, la bibliothèque gorgée de livres poussiéreux en tout genre...
James, aussi.
Je soupire, songeant que rien ne sera plus comme avant, à la fin de Poudlard.
Mais enfin, rien n'est déjà plus comme avant. Tout a changé.
Je pousse un soupir de frustration. Mais par Merlin, pourquoi je me perds comme ça dans mes pensées alors que dans trois jours à peine j'ai un examen blanc de potion ?!
Alors que je pose mon front contre mon bouquin de la liste des ingrédients utile aux différentes potions, en réprimant un bâillement, Perry me donne un léger coup de coude dans le bras.
— Dis moi, tu vois une différence entre cette forme et celle-ci ?
Je relève la tête, et regarde ce qu'il me montre du doigt. J'aurais dû m'en douter : des images de fond de tasse de thé.
— Perry, j'ai autre chose à faire que de faire joujou avec des analyses bancales de feuille de thé, je réponds peut-être un peu trop sèchement. J'ai un devoir de potion dans trois jours et je n'ai pas encore révisé la moitié du programme, sérieusement !
Perry ouvre grands les yeux.
J'y ai peut-être été un peu fort. Je sais qu'il prend la divination très au sérieux...
— Désolé, je tente de m'excuser.
— C'est bon, tu es stressée.
— ça ne pardonne pas tout.
— Certes. Tu as déjà pensé à aller à l'infirmerie pour voir si il y avait une potion contre le stress ? Tu pourras étudier ses ingrédients, toi qui es si en retard en potion.
Il ramasse ses affaires et quitte la bibliothèque, légèrement vexé.
Petit crétin.
Mes lèvres s'étirent. C'est un petit crétin assez naïf et stupide par moments, mais qu'est-ce que je l'apprécie. J'irais m'excuser un peu plus tard.
En attendant, j'ai rendez-vous avec le professeur Londubat dans dix minutes.
.
Alors que j'attends, devant la salle, le stress me dévore, et je me surprends en train de me ronger les ongles.
Mince. Moi qui comptais les laisser pousser.
Pourtant, ce rendez-vous ne devrait pas me stresser. Le professeur Londubat en a donné à tous les élèves de sa maison, pour récapituler leurs projets de carrière, à deux mois des ASPICs.
Et mon projet à moi se concrétise de jours en jour. En plus de ma lettre confirmant que je suis éligible à une bourse pour les études de médicomagie - à condition de réussir mon année évidemment, mes papiers ont été acceptés à l'université, alors je suis certaine d'être reçue dans le cursus le plus prestigieux pour ces études...
Et pourtant, une fois devant mon directeur de maison, je m'effondre en larmes.
Il semble un premier temps désemparé ( pas étonnant, car à part quelques formalités du genre Bonjour, comment allez-vous, nous n'avons rien dit de plus ), et il me donne un cookie.
Après en avoir mangé plus de la moitié, je me sens un peu mieux. Peut-être l'effet du chocolat. Ou du sucre.
— Que se passe-t-il, Appolyne ? Me demande le professeur Londubat en fronçant les sourcils.
— je... Je ne sais même pas.
— Es-tu inquiètes de quelque chose ?
Oh, à part la peur d'échouer aux ASPICs, la peur recevoir une lettre me disant que mon acceptation dans l'université de Londres est en fait une erreur, et la peur de me retrouver seule, rien.
Je renifle.
Je dois avoir l'air piteuse, car il me donne un second cookie. Alors que je n'ai même pas finis le premier.
Chouette.
— C'est juste que... Je ne sais pas si je suis à la hauteur de telles études.
— Je suis certain que tu te feras ta place. Tu n'aurais pas eut mes encouragements depuis tant d'années pour suivre ce cursus si je ne t'en pensais pas capable. Et tu n'aurais pas été acceptée non plus.
— Oui mais... Et si vous aviez eut tort ? je... Je ne suis pas quelqu'un de spécial. Je ne suis ni aussi douée que James ou que d'autres, ni l'élève la plus studieuse de ma promotion... Je... Je suis juste moi, quelqu'un de banal.
— personne n'est quelqu'un de banal, Appolyne. Je suis persuadé que chacun a quelque chose à apporter à la société. Tu as quelque chose à apporter. Fais moi confiance là dessus.
Je croque dans mon cookie, et le mâche pour m'éviter une nouvelle salve de larmes.
— Merci, professeur.
Je sens mon coeur battre de plus en plus fort.
Oh, merlin.
Je sens la crise de panique arriver.
Et, tandis qu'il me sort un monologue que j'écoutes à moitié - sur son histoire personnel et le fait que lui non plus n'était pas un élève qui ressortait du lot ou je ne sais quoi, je me concentre sur le fait de ne pas imploser.
— Et tu vois, au final, je ne m'en suis pas si mal sorti que ça, termine-t-il.
Je fonds en larmes.
Encore.
Bon sang, c'est que quand je m'y met, on ne m'arrête plus !
— Mais comment être sure que je suis destinée à des études de médicomagies ? Comment savoir si, dans deux ans, je ne vais pas faire ma difficile, changer d'avis et tout laisser tomber pour un autre cursus ?
— Ce ne sont pas des choses qui se prévoient, mais je suis certain que même si cela arrivait ce ne serait pas...
Je ne le laisse pas finir et je le coupe, laissant libre cours à tout ce que j'ai sur le coeur :
— Non mais parce que vraiment, je suis une personne indécise. En fait, indécise, ce serait mon deuxième prénom. Je suis une crétine qui ne se satisfait jamais de ce qu'elle a. Enfin quoi, les études de médicomagies sont parfaites pour moi. Vraiment ! La médicomagie et moi, on se complète, on est fait pour être ensemble. Mais... je suis tellement stupide que je risque de changer d'avis et de me dire que... je ne sais pas moi, des études de droit seraient en fait plus intéressantes ?
Je m'arrêtes pour renifler et essuyer mes larmes d'un revers de main, avant de recommencer :
— Et voilà, même si la médicomagie est parfaite pour moi, je décide de la quitter pour d'autres études, et hop, voilà qu'elle est fâché contre moi et...
Je renifle à nouveau, mais alors que je m'apprête à repartir de plus belle dans ma litanie, mon professeur me coupe :
— Appolyne, stop !
Je le fixe, les yeux ronds.
J'en ai peut-être trop partagé avec lui, non ?
— Appolyne, est-ce que nous sommes encore en train de parler de vos études, ou est-ce que tu as dévié sur un autre sujet, un peu plus personnel ?
Mon coeur se serre.
Je sais qu'il est un grand ami de la famille Potter, alors il doit être au courant de ma rupture et de ma dispute avec James...
Voilà qui est gênant.
— désolé, professeur, je baragouine. Je me suis un peu perdue dans mes explications, je pense.
— Ce n'est rien. Appolyne, saches que tu es une bonne élève. Peut-être pas l'élève qui excelle le plus, peut-être pas la plus assidue non plus, mais tu n'en restes pas moins une élève studieuse. En ce moment même, tu veux faire de la médicomagie. Tu as été prise dans une université des plus prestigieuses. Alors n'hésites pas, fonces, et si il s'avère au final que la médicomagie n'est pas ce qui te fait envie dans quelques années, rien ne sera trop tard, et tu pourras commencer de nouvelles études, où je suis certain que tu te révèleras très douée aussi.
Il me fait un sourire, et après être s'être assuré que je ne me mettrais pas à pleurer à nouveau, il me congédie.
Je ressors de son bureau, le coeur un peu plus léger qu'en y étant entré.
.
Le lendemain est l'une de ces journées qu l'on vit à mille à l'heure.
Je ne sais pas pourquoi, mais les gens sont tous de sortis cette après-midi, et le bar est bondé. C'est peut-être lié au fait qu'on est le 1er avril... Je me maudis en tout cas d'avoir accepté de faire le service aujourd'hui.
En tout cas, à chacune de mes pauses, je vais rejoindre Perry pour travailler mes cours, ne serait-ce que dix minutes à chaque fois.
Ce dernier, loin d'être angoissé vis à vis es examens approchant à grands pas, colorie des poissons et les fait virevolter de la manière la plus discrète possible à l'aide d'un sort pour les coller dans le dos des clients.
Quelle tradition stupide.
Quand je le rejoins pour la troisième fois, il est en plein dans le coloriage d'un poisson multicolore.
— on dirait arc-en-ciel, je constate en prenant un surligneur en main.
— Quoi ? S'étonne Perry.
— Tu ne connais pas ? Arc-en-ciel le plus beau des poissons. Le livre de mon enfance.
Il secoue la tête et s'en retourne à son dessin.
Moi, je me replonge dans la théorie de la potion tue-loup.
À la fin de mon service, deux heures plus tard, alors que je dénoue mon tablier, Corey apparait dans le bar, et mon coeur rate un battement.
Corey et moi, nous ne nous sommes pas reparlé depuis ce jour gênant de son retour à Poudlard. Mais, il n'a pas quitté mon esprit un seul instant.
— Euh, j'ai finis mon service, je marmonne.
— je sais. Je voulais te proposer un café ? Ou un thé ? Ou euh... Un jus de citrouille ? enfin, ce que tu veux...
Il met ses mains dans ses poches et se balance imperceptiblement d'une jambe à l'autre.
Il fait toujours ça, quand il est gêné.
Je réfléchis quelques secondes. Des tonnes de cours à réviser m'attendent, mais... Mais j'ai envie de voir Corey.
Alors, j'accepte.
Je lance un regard à Layla, qui m'encourage d'un signe de tête.
Elle sait que j'ai envie d'aborder le sujet de notre baiser avec Corey mais que je n'en trouve jamais le courage.
C'est peut-être le moment ou jamais.
Corey me laisse passer la première, et alors que je passe la porte, j'entends son rire étouffé. Une fois dehors, je le dévisage.
— Pourquoi ce rire ? Je demande, déstabilisée.
Il sourit, et me fait signe de se retourner.
Je sens un mouvement effleurer mon dos, et Corey me montre ce qu'il y a récolté : un beau poisson, que j'imagine appartenir à Perry.
Je lève les yeux au ciel.
— Quelle tradition pourrie.
Corey s'esclaffe à nouveau.
— j'aurais dût m'en douter, que si une seule personne devait ne pas aimer le 1er Avril ce serait toi, Appolyne Prescott.
Je fronce les sourcils, ne sachant pas trop comment prendre cette remarque.
Alors qu'on s'avance vers les trois balais, je trouve le courage de lui demander :
— Ce que tu m'as dit, tout à l'heure... Est-ce que c'est parce que tu ne me trouves pas drôle ?
Il s'arrête, en secouant la tête.
— Non, bien sur que non ! C'est juste que je te connais bien, maintenant, et je sais que tu as horreur de tout ce qui est tradition. Tu détestes te déguiser pour halloween, tu déteste la saint patrick, alors le 1er Avril n'est que la suite logique.
Je hoche la tête, un peu rassurée, et recommence à me diriger vers le bar. Il me prend la main, pour m'arrêter, et me force à le regarder.
— Je te promet que je ne disais pas ça pour insinuer que je ne te trouves pas drole. Je te trouve très drôle, Appolyne. Même quand on ne s'aimait pas trop, au début de nos études, je te trouvais drôle. Je ne te l'aurais jamais avoué, bien entendu, mais...
Il s'arrête et fixe mes lèvres.
— Tu es si... Toi. Si... désirable...
Je déglutit.
— On... On devrait y aller, Corey.
— Oui.
On reprends notre route, mais je ne peux m'empêcher de sourire : nos mains ne se sont pas lâchées.
.
Une fois dans le bar, Corey va commander deux jus de citrouille, et je vais m'assoir en face de la fenêtre.
J'attends en balançant mes jambes d'un air absent, et laisse mon regard se balader sur la rue.
Enfin, je n'aurais peut-être pas dû, au final...
Parce que ce que je vois me provoque un pincement au coeur : James et Britney passent justement par là, le bras de James autour des épaules de ma pire ennemie.
Je me penche pour mieux voir, mais pas d'incompréhension possible : c'est bien eux.
Et ils rigolent ensemble, en plus.
Je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je vois que Corey vient s'assoir en face de moi, et j'essaye de me concentrer sur lui et pas sur... eux.
— Tout va bien ? Demande Corey, qui a dû s'apercevoir de mon trouble.
— Oui, oui, je mens.
On se dévisage quelques secondes bien gênante, avant qu'il ne prenne la parole :
— On est pas très doué pour se faire la conversation, ces derniers temps.
— C'est le cas de le dire.
Il s'éclaircit la gorge, et finis par trouver le courage que je n'ai pas su trouver et se lancer :
— Il faudra qu'on parle de ce qu'il s'est passé chez moi, la dernière fois.
Du fait qu'on s'est embrassé.
Du fait que j'ai aimé ce baiser.
Du fait que j'ai envie de recommencer.
En effet, il faudrait qu'on en parle.
— Qu'est-ce que tu en penses ? Je demande.
— De quoi ?
— Ben... De ce qu'il s'est passé ?
Il a raison : la conversation, c'est pas notre fort, en ce moment.
— Je... Ne me suis jamais senti aussi entier que quand... ça s'est passé.
Le fait qu'on refuse l'un comme l'autre de dire les mots de but en blanc me parait presque comique.
— Pareil pour moi.
Alors que je m'apprête à continuer à parler, il me coupe :
— je ne veux plus faire semblant de ne rien éprouver pour toi, Appolyne.
Je mords ma lèvre.
— Moi non plus, mais...
— Mais quoi ?
Mais quoi, en effet. Comment lui dire que les paroles de Harry Potter me trottent dans la tête ? C'est à toi de voir ce que tu es prête à faire pour retrouver votre amitié.
Que suis-je prête à faire ? À renoncer à Corey ?
— Rien, je réponds. C'est juste... Difficile.
— Pour moi aussi.
Il prends mes mains.
— Je tiens à James, dit-il. Mais il n'est pas dans mes pensées à chaque heure, chaque minute, chaque seconde. Tu l'es, en revanche.
Je hoche la tête.
— Je peux en dire autant.
— Alors où est le problème ? Appolyne, j'ai bien réfléchis, je veux être avec toi. Qu'importe les conséquences.
— Mais les conséquences, c'est James ! Ton amitié avec lui, son bonheur... Il sera brisé s'il apprend que je l'ai quitté pour son meilleur ami !
Il détache ses mains des miennes, et je regrette immédiatement qu'il l'ait fait.
— Tu me fais passer pour le méchant... Marmonne-t-il.
— Mais non ! Je... Je... je suis perdue, d'accord ?
— ça fait des mois que tu es perdue, Appolyne. Des mois !
— Je sais, OK ?
Je prends ma tête dans mes mains.
— Laisses moi juste quelques jours, histoire de me mettre les idées en place. Dans quelques jours, promis, on reprendra cette conversation.
Appolyne Prescott ou l'art de fuir les situations importantes.
Corey semble capituler, car il affaisse ses épaules, et soupire.
— Comme tu le souhaites.
— merci...
Retour à un blanc gênant. Ah, je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même, je suppose.
En tout cas on termine notre jus en silence, et on quitte le bar, retour pour Poudlard. Sur le chemin, je l'entends pouffer de rire, et je le regarde, ne comprenant pas.
— Tout à l'heure, tu ne t'en es pas rendue compte, mais j'ai remis le poisson dans ton dos, m'explique-t-il.
Je décroche le poisson de mon manteau, l'air faussement vexé, et pour me venger, j'essaye de le coller à son propre dos à mi-chemin, sauf que comme je suis loin d'être discrète il le voit venir à cent kilomètres et esquive ma tentative d'attaque. Je fais mine de le poursuivre, avant qu'il ne me prenne par surprise en s'arrêtant d'un coup pour venir prendre mon visage entre ses mains et déposer un léger baiser sur mes lèvres.
Je lâche immédiatement mon poisson, qui tombe par terre.
Hum. Peut-être que cette tradition n'est pas si pourrie que ça.
°°°°°
Et, voici un nouveau chapitre, associé à un petit changement de couverture de cette fanfiction ! ( hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, de cette couverture ET de ce chapitre ;) )
En tout cas, ce chapitre était riche en information, non ?
J'ai pas mal aimé l'écrire.
bref, tout ça pour dire qu'il reste environ 5 chapitres + 1 épilogue. ( et l'épilogue est déjà écrit, aha, donc je sais exactement comment l'histoire d'Appolyne, James et Corey se termine ! )
en tout cas, je serais vraiment curieuse de savoir comment vous pensez que va se dérouler la fin ? j'attends avec impatience vos hypothèse, et on verra si elles se révèlent vraies héhé !
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