☆ Chapitre 31


Le lendemain, quand je me réveille, James vient directement me voir, et je me souviens des mots de Corey, la veille : « je pense que James est prêt à te reparler, mais qu'il a peur que tu le rejettes car il a attendu trop longtemps ».

Il me sourit, je lui sourit. D'une manière un peu gênée, mais c'est un échange de sourire tout de même, et ça vaut tout l'or du monde, pour moi.

Excuse moi d'avoir mit aussi longtemps pour revenir vers toi, me dit James.

Tu avais besoin de temps, je le comprends totalement. Tu es tout excusé. Et si tu es prêt à passer à autre chose, alors...

Je suis totalement prêt, me coupe-t-il.

Super, alors.

Il s'approche de moi, et ses lèvres se collent aux miennes. Je l'embrasse en retour, mais en me détachant de ce contact, je me rend compte que ce n'est pas aussi naturel qu'au début de notre relation. Je ne ressens plus la même chose, et je ne sais pas si c'est pareil des deux côté ou si ça ne vient que de moi.

James me prend la main pour qu'on descende prendre notre petit déjeuné ensemble, et en passant par le portrait de la grosse dame, je jette un regard en arrière. Corey est sur le canapé, et il nous regarde. Il me fait un sourire et lève un pouce en l'air, comme pour me dire : « tu vois, je t'avais dit que ça finirait par rentrer dans l'ordre ».

Mais j'ai la sensation que rien n'est rentré dans l'ordre. Bien au contraire, tout est désordonné. Tout.

.

Le semaine qui suit, je suis heureuse de constater que Corey est surbooké par l'organisation de l'anniversaire surprise de James. Au moins, ça me permet de le croiser moins souvent qu'à l'ordinaire, et éviter de lui parler. Généralement, après les cours, James et moi nous restons sur le canapé de la salle commune, soit pour parler tout simplement, soit pour réviser pour les ASPICs. Corey, lui, reste seul. James ne comprend pas pourquoi, et étant dans la confidence de ce que fait Corey, je ne peux rien lui expliquer.

Quand vient enfin le jour de l'anniversaire de James, qui tombe un dimanche, Corey me demande si je peux l'occuper toute la journée. Ce n'est vraiment pas un problème compte tenu de notre tradition, et j'emmène James à huit heure du matin dans les cuisines.

Je suis un lève-tôt, mais un dimanche matin après avoir révisé comme un malade toute la semaine, le réveil pique un peu, là, se plaint James en se frottant les yeux.

J'éclate de rire.

Allons, où est passé ton énergie, hein ? C'est ton anniversaire ! Ce n'est pas tous les jours que ça arrive !

Les dimanches, ce n'est pas tous les jours non plus, je te ferais remarquer.

Je roule des yeux.

Pourquoi huit heures, Appolyne, tu m'expliques ? Je te connais, et je sais très bien que tu es la première à aimer te lever tard.

Il n'a pas tort. Si je pouvais passer mes matinées entières sous ma couette, je le ferais sans hésiter.

Comme c'est le dernier anniversaire que tu vas fêter à Poudlard, je veux que notre gâteau soit grandiose, d'accord ? j'explique. Je veux du beau gâteau. Une belle pièce montée sur trois, non quatre... Non, sept étages !

James me regarde, sceptique.

On galère déjà à faire un étage, Appolyne.

C'est pas faux. Mais je veux qu'on essaye. Capiche ?

James met deux doigts sur sa tempe avant de les ôter à la façon d'un militaire.

Compris, cheffe.

Bien.

J'ouvre les placards remplis, et en sors quatre paquets de farine. Quand je les pose sur la table, James m'attire tout contre lui et pose ses lèvres contre les miennes pour m'entrainer dans un baiser digne de ce nom.

Appolyne, je t'aime tellement, me souffle-t-il en passant les doigts à travers mes cheveux.

Il y a encore quelques mois, j'aurais frissonné rien qu'en entendant la façon qu'il a de prononcer mon prénom. Il y a encore trois semaines, je lui aurais répondu « je t'aime moi aussi » sans hésiter, et encore à ce moment là, j'aurais cru le penser. Mais le fait est à présent que je sais que ce n'est pas le cas. Je l'aime, oui. Très très fort. Mais pas de cette manière là. Alors, quand je lui répond « moi aussi », je sais que je lui ment. Je ne peux pas faire autrement. Mais j'ai toujours détesté mentir à James. Et ça, c'est quelque chose qui ne changera jamais, je pense.

Bon, alors, on le fait ce gâteau ? Je demande en essayant de changer de sujet.

Il acquiesce, et on se met à la préparation de la pâte. On fait plusieurs étages séparément puis on les enfourne dans les nombreux fours des cuisines.

Quand on les ressort, James regarde nos sept étages, et fronce les sourcils.

ça ne va jamais tenir.

Ne sois pas pessimiste, s'il te plait.

James se tourne vers moi, et m'examine de la même façon dont il a regardé le gâteau un instant auparavant.

C'est toi qui dit ça ? Me demande-t-il. Vraiment ? Non, mais parce que tu sais que tu es mademoiselle ronchon en personne ?

Ronchon ? Mais qui dit encore ce mot de nos jours ?

Moi. Et toi. Je t'ai entendu le dire il y a quelques semaines à peine.

Il me sourit, et même si j'essaye de rester impassible, mes lèvres tremblent tellement que je ne peux réprimer un sourire également.

On va le faire tenir, j'ai clairement confiance en nous, je dis.

Très bien. Si tu as confiance en nous, alors j'ai confiance aussi.

Il démoule le cercle de gâteau le plus gros, et me tend la colle comestible qu'on a préparé en amont.

à toi l'honneur, me dit-il.

Merci bien monsieur James Potter.

Tout ce passe bien pour l'assemblage des deux première pièces. Le deuxième, troisième et quatrième assemblage se passent très bien également, mais c'est après que ça commence à se gâter. James avait raison : sept étages, c'était peut être un peu ambitieux pour des personnes qui comme nous, ne font de la pâtisserie qu'une unique fois par an. Notre gâteau est un peu trop lourd, et il ne tarde pas à s'éclater contre le sol, tout en tâchant ma robe comme il le faut.

James part en gros fou rire, et je le tape sur le bras, outré qu'il se moque de moi et de notre gâteau de la sorte. Je le fusille du regard, et il redouble de rire.

.

Je trouve le moyen d'occuper James toute la journée, de sorte qu'il ne lui vienne même pas à l'idée de remonter une fois dans la salle commune. Entre le gâteau que j'ai insisté pour qu'on refasse ( bon, pas un gâteau à sept étages, mais un gâteau quand même ), plusieurs heures passées dans la cabane à jouer à des jeux de cartes, et une partie de karaoké improvisée, on a pas vu le temps passer.

On mange en tête à tête, le soir venu, et quand je vois Corey arriver dans la grande salle et lever un pouce en l'air, je fais semblant de bailler.

Je suis crevée, tu ne veux pas qu'on monte se reposer ?

Quand on arrive devant le portrait de la Grosse Dame, on peut voir rien qu'au visage de cette dernière que quelque chose se trame : elle a l'air impatiente et affirme à son amie Violette qu'elle est déçue de ne pas pouvoir passer de l'autre coté de son tableau pour aller voir la salle commune.

Je roule des yeux. Si avec cette discrétion inexistante James ne découvre pas le pot aux roses, c'est un miracle. Mais ce dernier se contente de froncer les sourcils, alors j'imagine qu'il ne se doute de rien.

Verre à pied, je prononce.

La Grosse Dame ouvre l'accès à la salle commune, et nous glisse un « amusez vous bien ». Je secoue la tête. Soit elle est stupide, soit elle veut tout faire capoter.

La salle est plongée dans le noir le plus total, et je trébuche contre James. Ce dernier me rattrape avant de rigoler.

Qu'est-ce...

D'un coup, la lumière se rallume, et une cinquantaine de personnes hurlent à l'unisson :

JOYEUX ANNIVERSAIRE JAAAMES !

Des confettis tombent de nulle part, des coups de sifflets et des applaudissements retentissent, et je me dis que Corey a prit la fête d'anniversaire de son meilleur ami très au sérieux. Ce dernier se tient debout sur la table, il a deux bouteilles de whisky pur feu dans la main, et il hurle à en perdre la voix une chanson d'anniversaire.

Je suis persuadée qu'il est déjà bourré.

Tandis que tout le monde commence à se servir des verres et à danser, James m'attire contre lui pour planter un baiser sur ma tempe.

C'est toi qui a fait tout ça ? Me demande-t-il.

Je fait un signe négatif de la tête puis désigne Corey.

C'est lui. Moi, je n'ai contribué qu'en t'occupant toute la journée.

Il glousse.

Sacré fardeau, hein ?

Tu n'imagines pas combien j'ai détesté ça, je plaisante.

Corey arrive devant nous. Maintenant qu'il est plus proche, je peux clairement le voir : il est vraiment défoncé. Déjà.

les copains, il faut que vous goutiez à cette liqueur exceptionnelle !

Il me tend une bouteille de whisky. Je grimace.

Corey, tu sais très bien que je ne bois pas.

Non, mais c'est du whisky transformé ! Il faut en goûter au moins une fois dans sa vie !

Je fronce les sourcils.

Qu'est-ce que tu racontes ?

Je l'ai fait moi même ! Affirme Corey, l'air pas peu fier de lui.

James me prend la bouteille des mains et boit une gorgé. Il tousse immédiatement.

Corey ce truc est beaucoup trop fort !

C'est ce qui en fait tout l'intérêt.

Je lève les yeux au ciel, et entraine James un peu plus loin, pour éviter qu'il ne soit tenter de re-gouter à ce truc immonde qu'à fait Corey.

.

cinq heures plus tard, beaucoup de monde est monté se coucher, James parle avec ses cousins, et je me retrouve seule. N'ayant pour une fois pas l'envie de me retrouver seule, je vais voir Albus, qui est en pleine discussion avec Scorpius, qu'il a invité à la fête.

Tout va bien ? Je leur demande.

Albus me sourit et hoche la tête.

Oui, et toi ?

Je cherche Corey, tu ne saurais pas où il est passé ?

Je crois qu'il est allé prendre l'air. Il a vraiment trop bu.

Je souffle et lance un regard courroucé vers la fenêtre.

Ne m'en parle pas. Son foie va clairement en pâtir dans quelques années s'il ne calme pas sa consommation.

Albus et Scorpius s'esclaffent.

Je vous laisse entre vous, je vais le retrouver, voir s'il va bien, je dis en tournant les talons.

Je passe le Portrait de la Grosse Dame qui ne me fait étonnamment aucune remarque sur l'heure à la quelle je sors. Je dévale les escaliers quatre à quatre et sors dans le parc. Je ne tarde pas à trouver Corey, allongé sur un banc, un bras sur son torse, l'autre tombant mollement dans le vide. Sa main effleure l'herbe, au sol en se balançant d'un mouvement répétitif.

Je m'arrête un instant, puis prend mon courage à deux mains et m'approche de lui. Je m'assois par terre, et le fixe une ou deux minutes, avant de l'entendre demander :

Appolyne, c'est bien toi ?

Oui, c'est moi.

Il tourne la tête vers moi et m'observe. Je ne sais pas s'il me voit clairement ou non. Surement pas : ses yeux sont vitreux et son regard n'est pas fixe.

J'ai eu peur que tu sois la directrice.

J'éclate de rire.

Je pense que la directrice ne serait pas restée silencieuse comme moi si elle t'avait vu dans cet état.

Il balaye l'air de la main.

Je décuve mais ça va aller.

Si tu le dis. Pourquoi tu te mets toujours dans un état aussi minable, hein ?

Il pousse un gémissement et j'imagine que sa tête lui fait mal.

Je ne me met pas tout le temps dans cet état là. Et aujourd'hui, je ne voulais même pas que ça arrive. Mais bon, c'est arrivé, voilà tout.

Il tente de se redresser mais n'y parvient pas. Je me lève, et l'aide du mieux que je peux à le mettre en position assise. Sa tête dodeline légèrement, puis il la rejette en arrière en grognant.

Je vais vachement souffrir demain matin.

Je sais.

Il glousse et je me demande ce que j'ai dit de drôle.

Pourquoi tu as autant bu, en sachant que tu allais le regretter ?

à cause de... Non, je peux pas le dire.

à cause de quoi, Corey ?

Il secoue la tête et plisse les yeux. Je vois qu'il meurt d'envie de m'en parler mais qu'il refuse de le faire. D'un seul coup, j'ai une illumination.

Est-ce que c'est à cause de cette fille dont tu m'as parlé la dernière fois ?

Il m'observe deux secondes avant de hocher la tête.

Oui, confirme-t-il. Je crois bien que je suis en train de tomber amoureux.

Je ressens un énorme pincement au coeur. Une torsion douloureuse serre mon estomac, et déstabilisée, je tente de ne pas paraitre déçue, même si je pense que Corey ne le remarquerait même pas. Mais voilà, le fait est que Corey n'a jamais été amoureux d'une fille. jamais. Il est sorti avec un bon nombre, en a embrassé encore plus, mais il n'a jamais été amoureux. Jusqu'à aujourd'hui. Et ça me rend triste.

Qui est-ce, Corey ? Je demande d'une voix feignant l'indifférence la plus totale alors que mon coeur bat la chamade.

Il secoue la tête et baisse les yeux.

Très bien, il ne veut pas se confier à moi. J'essaye de me convaincre que je ne suis pas malheureuse, puis je m'éloigne. Sa voix me retient de faire un pas de plus lorsque j'entend :

Elle est vraiment chiante. Elle m'exaspère plus que n'importe qui, elle a toujours réponse à tout et elle trouve tout le temps le moyen de me lancer une remarque désagréable.

Je me retourne vers lui pour m'apercevoir qu'il serre fort le poing, comme si tout ce qu'il disait sortait de sa bouche contre sa volonté. Comme s'il avait envie de se taire mais qu'il continuait tout de même sur sa lancée. Et ses yeux ne croisent pas les miens, obstinément tournés vers le bas. Je prend une grande inspiration et m'approche de lui pour m'assoir à ses côtés. Il prend quelques secondes, et recommence à parler :

Ouais, elle a vraiment un caractère de merde, elle est bourrée de défauts, mais ces défauts ben elle a réussit à tous me les faire aimer, et maintenant je pourrais plus m'en passer. Elle... Elle a aussi tellement, tellement de qualités. Je veux dire... Elle a le pouvoir de me faire rire, sourire et me faire sentir heureux. Elle est la personne que je cherche en premier le matin après m'être lever, et c'est son visage que je vois le soir, quand je ferme les yeux avant de dormir.

Je n'ose presque plus respirer. Corey n'exagère rien en disant qu'il est amoureux d'elle. Il tourne les yeux vers moi, comme à contre coeur, et je crois qu'il attend que je dise quelque chose. J'ai l'impression que mes lèvres tremblent quand je lui dit enfin :

Tu devrais lui en parler, Corey. Je pense que n'importe quelle fille fondrait en entendant tes mots.

Il fuit à nouveau mon regard sans que je ne comprenne pourquoi, et secoue la tête.

C'est impossible, elle n'est pas intéressée, je te l'ai déjà dit.

Et c'est pour ça que tu as bu autant aujourd'hui ?

Ouais, en quelque sorte. En fait, le truc c'est qu'elle est déjà en couple. Elle a passé la journée avec lui, et je crois que je l'ai un peu mal supporté... Et je crois pas que je pourrais rivaliser avec son copain. Et même si je pouvait, ben... ça resterait très compliqué.

Je mors l'intérieur de ma lèvre. Il parait vraiment abattu, et Merlin, ce que je déteste le voir dans cet état.

Si tu voulais bien au moins me donner son nom pour que je puisse essayer de me renseigner pour toi ou...

Il secoue à nouveau la tête, et se rapproche de moi, un peu trop pour que mon coeur reste calme. Alors que je peux sentir son souffle sur ma joue, je ferme les yeux. Je ressens une sensation de légèreté extraordinaire, et je sais pertinemment que je ne devrais pas ressentir ça.

Tu sais Appolyne, dit Corey d'une voix rauque. Je pense sincèrement que tu es la plus intelligente de nous deux, mais qu'est-ce que tu peux être stupide par moments...

Il se lève avec difficulté, et s'en va en titubant, refusant que je l'aide. Alors qu'il s'éloigne, je tente de découvrir pourquoi il m'a dit ces dernières phrases, assez blessantes.

Et alors que tout tourne dans ma tête, je revois mon oncle Georges, quelques mois plus tôt, me dire que Corey est intéressé par moi. Je revois toutes ces attentions que Corey a pour moi ces derniers temps. Et puis, tout ce qu'il vient de me dire... Elle est déjà en couple. Elle a passé toute la journée avec lui. Elle m'exaspère plus que quiconque.

Je reste pantoise quelques secondes, bouche bée.

Je viens de réaliser. De comprendre enfin.

C'est de moi que Corey est amoureux.


☆ ° ☆ ° ☆

Bon, bon, bon ! J'imagine que la fin de ce chapitre n'est une surprise pour personne ( mis à part Appolyne, du coup mdr ) 

désolé pour le retard, ce chapitre devait arriver dimanche mais bon... Ben, il est pas arrivé voilà ! 

en tout cas, j'ai trop hâte que vous lisiez la suite, parce que croyez moi, elle va être mouvementée ! 

Et vous, d'ailleurs, vous êtes plus team James ou team Corey ? 

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