☆ Chapitre 29


Quelques jours plus tard, rien n'est rentré dans l'ordre. James ne me parle plus, ou alors que par monosyllabes, et tous les élèves de l'école me haïssent encore plus que d'habitude car McGonagall a prit la décision d'interdire l'impression et la diffusion du Journal de Poudlard. Elle ne l'a pas explicitement dit, mais il est clair que cette décision a été prise suite à cet article qui est paru sur moi et qui m'a mise dans une position très délicate.

Bref, je suis devenue la pestiférée, et plus personne ne m'adresse la parole, mis à part Corey. Mais Corey étant le meilleur ami de James, il ne peut pas passer ses journées tout le temps avec moi, ce que je comprend tout à fait. Heureusement que trois soirs par semaines, je vais au bar des Trois Cornes travailler, et que là bas je m'entends très bien avec l'autre serveuse, Layla. Cette dernière me tends justement un plateau.

Tu peux aller servir ça à la table 12 s'il te plait ? L'homme qui y est assit est un gros porc qui m'a fait des avances clairement pas subtiles.

J'acquiesce et prend le plateau en main. Quand j'arrive devant la table d'un homme d'une cinquantaine d'année environ, je pose une carafe de jus de citrouille sur la table, ainsi qu'un verre et une pâtisserie. Layla a raison : il me met très mal à l'aise en regardant sans aucune discrétion ni retenue mon décolletée. Je serre les lèvres et m'éclaircis la gorge.

ça fera 16 noises et 4 mornilles s'il vous plait.

Il met les pièces sur la table, et je les prends sans plus attendre. Quand je me retourne, je peux carrément sentir son regard sur moi. Lorsque j'arrive à hauteur de Layla, cette dernière fait des doigts d'honneur cachés en direction du client. Je m'esclaffe et encaisse les pièces de monnaie.

La prochaine fois qu'il voudra rentrer, je lui dirais que je ne veux pas le servir, me dit-elle.

Et on passe le reste de la soirée à servir des clients tout en se plaignant de l'attitude de certains hommes.

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Un après midi, alors que je suis dans un canapé de la salle commune en train de lire un bon livre, Corey s'assoit à côté de moi, et me dit :

Je sais qui m'a vu prendre le test.

Je me redresse, comme électrifiée.

Qui ?

Ambrose Jackson. Troisième année, Serdaigle. J'ai demandé à un gars de la rédaction du Journal, et il m'a dit que c'est Ambrose qui leur a tout raconté. Parait-il qu'il était dans un box à l'infirmerie quand je suis aller demander le test. Il a dû sortir en douce et me suivre après ça.

Je ne vois pas du tout qui est ce gars. Je serre les dents.

Il y en a qui n'ont vraiment rien à faire de leur vie pour répandre des ragots comme ça.

Corey hoche la tête, et puis me regarde longuement. Quand je fronce les sourcils comme pour lui demander ce qu'il y a, il me dit d'une voix cassée :

Je me suis jamais excusé, tu sais. Je suis vraiment désolé qu'on m'ait vu prendre ce test et qu'on m'ait suivit, Appolyne. Vraiment désolé. Je pensais être seul là bas, sinon je n'aurais jamais...

Je hausse les épaules.

Ne dis pas de bêtises, va. C'est vraiment pas ta faute, et d'ailleurs je t'en ai jamais voulu, crois moi. Ça ne m'est même pas venu à l'esprit de t'en vouloir ni de t'accuser.

La tête qu'il fait me prouve que même après ce que je viens de lui dire, il s'en veut encore beaucoup.

En tout cas, crois moi je te vengerais. Cet Ambrose Jackson, dès que je sais qui c'est, je vais bien lui péter la gueule.

Corey, je tempère d'un ton calme. Ne va pas t'attirer des ennuis, je t'en supplie. Pitié.

Il me regarde longuement, avant de secouer la tête.

Il mérite que...

Corey, je t'en prie. Il y a d'autres moyens de régler les conflits que d'en venir aux mains.

Je sais. Mais moi, je marche pas comme ça.

Il se lève, et met les mains dans ses poches. Il prend un air que j'analyse comme étant gêné, et détourne le regard pour ne pas avoir à croiser le mien.

Tu me fais du mal à moi, j'en ai rien à foutre. Tu fais du mal à ceux que j'apprécie, là ça chauffe.

Je lui sourit d'un air calme, pour essayer de l'apaiser. Parce que je sais qu'il est totalement capable de tenir sa parole et d'aller tabasser Ambrose Jackson. Et la dernière chose que je souhaite, c'est qu'il soit renvoyé de Poudlard pour comportement violent.

C'est gentil de dire que tu m'apprécie, Corey, mais vraiment, ne fais pas ça.

À ce moment là, James entre dans la salle commune, et je cherche son regard. Il ne m'en accorde même pas l'ombre d'un. Je m'enfonce dans le canapé en essayant de ne pas me laisser submerger par les larmes.

Tu sais, il m'en veut aussi beaucoup, me dit Corey comme pour me consoler.

Comme si ça pouvait me réconforter.

Je suis désolé. Il n'a pas à t'en vouloir. C'est moi qui t'ai demandé de ne rien dire, tu n'y es pour rien.

Corey hausse les épaules.

Certes, mais dans le fond, il n'a pas tort. Je suis son meilleur ami... J'aurais dû... Je ne sais pas ce que j'aurais dû faire, en fait.

Je me mord violemment la lèvre inférieure pour m'éviter de pleurer.

Je dois monter chercher un autre livre, je dis.

Je me lève et m'éclipse pour que Corey ne me voit pas me mettre à pleurer. Et je ne redescend pas avant le lendemain matin.

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Samedi, un match de Quidditch a lieu entre les Gryffondors et les Poufsouffles. En temps normal, James aurait exécuté son rituel : il serait allé à notre cabane dans la forêt interdite tôt le matin, et je serais allé le rejoindre. Avant un match, il aime la tranquillité, et cette tranquillité il la trouve en conversant avec moi.

Mais ce matin là, quand je grimpe l'échelle de la cabane, je me rend compte que c'est silencieux. Je suis déçue quand j'arrive en haut et que je ne l'y trouve pas. Je pose ma tête contre les rondins de bois qui forment les murs, et soupire.

J'attends.

Cinq minutes. Dix. Puis vingt.

Quand la demie-heure passe, je me fais une raison : le match commence dans vingt minutes seulement, et James ne viendra pas. Alors, je descend l'échelle, le coeur en miettes, et je rejoins à pas lent les gradins.

Tout le monde est en effervescence, au vue du premier match de l'année. Les paris vont bon train, en tout cas, car je vois plusieurs mains se serrer.

J'aperçois Albus et Scorpius, quelques mètres plus loin, et il y a de la place à côté d'eux. Je marche jusqu'à eux, et Albus sursaute en me voyant arriver près de lui. Il rougit pour une raison que j'ignore, et je demande :

Hey, ça vous dérangerais pas que je regarde le match avec vous ?

Ils disent tous les deux oui avec entrain, mais j'ai l'impression que je viens de briser un moment important, sans trop savoir pourquoi j'ai cette sensation.

Je fais un petit sourire à Albus. Je n'ai pas parlé au frère de James depuis l'incident du Journal, et pourtant on s'est toujours pas mal apprécié, tous les deux. On a bien rigolé, pendant les dernières vacances d'été que j'ai passé chez les Potter.

Comment ça va ? Je questionne.

Parfait. J'en ai juste assez des cours.

Je m'esclaffe. Les mauvaises notes et la feignantise ont été des sujets de dispute récurrent entre Ginny Potter et son fils, pendant nos vacances.

Je compte sur mes doigts.

Plus que sept semaines et on est en vacances, courage !

Il émet un petit bruit de mécontentement.

Tu parles, avec les BUSEs à la fin de l'année, quelles vacances je vais passer !

Je m'abstiens de lui rappeler que moi j'ai les ASPICs, et que le niveau de travail que je devrais fournir sera beaucoup plus élevé.

Au moment où je m'apprête à lui poser une autre question, les deux équipes de quidditch entrent sur le terrain, sous les commentaires d'une élève de Serpentard. Mon regard se fixe directement sur mon petit ami. Sur son visage harmonieux, ses traits fins et charmants.

Le maillot de l'équipe de Gryffondor lui a toujours été comme un gant.

Albus, je peux te demander juste une chose ? Je demande, le regard toujours collé sur James.

Du coin de l'oeil, je le vois hocher la tête, et je me lance.

Est-ce qu'il va bien ? Parce qu'il refuse encore de me parler, et... Et je veux juste savoir s'il va bien...

Silence.

Je me force à détourner le regard de James pour croiser celui d'Albus. Scorpius garde les yeux fixé sur ses pieds, comme s'il se sentait de trop dans cette conversation.

Finalement, Albus me répond :

Je pense qu'il va bien. Il a eu quelques jours difficiles parce que je crois qu'il a prit toute cette... Histoire comme une trahison de ta part, mais...

Albus se coupe, et mon coeur se serre. Une trahison. En quelque sorte, c'en était une. Je ne lui ai pas parlé de quelque chose qui le concernait directement. À la place, j'en ai informé Corey. J'ai demandé de l'aide à Corey alors que James était mon petit ami.

Je pense que tu lui manques, dit Albus. Mais qu'il a besoin d'un peu de temps pour réfléchir.

Je hoche la tête, et ne pose plus de question, pour ne pas obliger Albus à me répondre alors qu'il n'en a visiblement pas l'envie.

James a besoin d'un peu de temps pour réfléchir.

Ce qui me fait peur, c'est ce à quoi il est en train de réfléchir, justement.

.

Deux jours plus tard, je retourne travailler. Layla m'accueille avec un de ces immenses sourires chaleureux dont elle a le secret. Quelques fois, j'aimerais être aussi avenante qu'elle. Mais ce que beaucoup de monde me dit, c'est que la première impression qu'on a de moi est que je suis quelqu'un de froid.

Je ne peux rien y faire, j'imagine.

Tandis que j'enfile mon uniforme, je déclare :

Mon ami Corey va peut-être passer dans la soirée.

Layla fait mine de réfléchir.

De tes deux amis, c'est le blond, c'est ça ?

Je hoche la tête pour le lui confirmer. Mais je sais qu'elle le savait déjà. Parce que James, tout le monde le connait, alors il n'y a pas de confusion possible.

Et tu le trouves mignon, ce Corey ? Me questionne-t-elle avec un petit coup de coude complice.

Je m'étouffe avec ma propre salive. Non mais qu'est-ce que c'est que cette question ?

Je sors avec James, je répond en fuyant son regard.

Lorsque c'est trop personnel, je n'aime pas étaler ma vie privée avec des gens. Que je les aime bien ou non.

Je le sais bien, idiote, que tu sors avec James. Mais ça ne répond pas à ma question, affirme Layla.

Voyant que je reste muette, elle soupire et me dit :

Moi, je le trouve carrément mignon, en tout cas.

Mon coeur se pince, et je résiste à l'envie de lui dire que la seule chose que Corey fait avec les filles, c'est s'amuser. Et c'est ce que font les filles avec lui aussi. Au moins, Layla resterait peut-être à l'écart.

Non pas que je refuse qu'elle tente sa chance avec lui, mais... Mais je ne les vois pas ensemble. Je ne vois pas Corey avec quelqu'un. Je n'ai pas envie qu'il voit quelqu'un.

Layla rigole pour une raison que j'ignore.

Tu devrais voir ta tête se décomposer, Appolyne, c'est très drôle.

Elle se détourne pour aller voir un client qui vient d'entrer. Derrière son épaule, elle me lance un clin d'oeil complice, et m'avoue :

Ne t'en fais pas, je crois que je préfère les filles, de toute manière.

J'essaye de bredouiller que je ne m'inquiétais pas, mais je perds mes moyens. Elle me lance un regard entendu, comme si elle venait de comprendre quelque chose.

Moi, je reste en arrière, bouillonnante. Parce que je crois que j'ai hélas également compris.

Et j'aurais préféré rester dans l'ignorance.

.


Et voici pour le troisième chapitre de cette troisième partie ( avec un peu de retard aha désolé ). J'espère qu'il vous aura plu en tout cas ! 

Oh, et d'ailleurs, j'hésite à vous poster le prochain chapitre mercredi, parce que je pense que c'est l'un de ceux que j'ai préféré écrire depuis le tout début de cette fanfic et j'ai trop trop hâte que vous le lisieeeez ! Mais comme je n'ai pas beaucoup de chapitres d'avance, je ne sais pas trop haha.... Dites moi ce que vous préférez ! 

à bientôt ! 

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