★ Chapitre 24




Je lance un regard peu assuré à Corey et James, qui sont à mes côtés. On se trouve devant la maison de mon enfance. Là où j'ai grandi, avec mes parents. Là où je me suis forgé des souvenirs extraordinaires, aux côté de parents aimants... Jusqu'à ce qu'on me découvre des pouvoirs magiques.

Quand faut y aller, faut y aller, je souffle en faisant un pas en avant.

Mais mes pieds se bloquent, hésitants.

Et si on allait manger une glace, avant ? Je propose innocemment.

James me fait un sourire désolé.

Lyne, tu sais bien qu'aller chercher une glace ne fera que retarder ce moment.

C'est pas faux... Je gémis.

Je tends ma baguette, et murmure « Alohomora » en direction de la serrure de la porte, qui se débloque, s'entrouvrant. Je jette un regard intrigué à James et Corey.

Quoi ? Fait ce dernier en lisant mon incompréhension sur mon visage.

Je ne connais pas le code de l'alarme, donc en théorie, elle aurait dû se déclencher dès que la porte se serait ouverte...

Un doute m'envahit alors.

à moins que...

Je claque le plat de ma main contre mon front.

Oh non... Par Merlin, on est mercredi. Ma mère ne travaille pas, aujourd'hui. J'avais complètement oublié !

Je lance un regard horrifié à James et Corey, et je m'avance vers eux pour leur souffler :

N'entrez pas. Je vais aller en douce jusqu'à ma chambre et ouvrir ma fenêtre, restez là.

Corey lève un sourcil.

Vous vous détestez à ce point ?

James lance un regard d'avertissement à son meilleur ami, tandis que je hausse les épaules.

Ils me détestent à ce point.

Je rentre chez moi, et ferme délicatement la porte. Ma mère est certainement dans le salon, devant l'une de ses séries favorites. Heureusement, je n'ai pas à y passer pour monter les escaliers et arriver dans ma chambre.

Quand je rentre, je jette un coup d'oeil dedans. Elle ne ressemble plus rien en ma chambre : mes parents l'ont remplie de cartons. Heureusement, ils n'ont pas encore jeté mes affaires. Je les aurais tué s'ils l'avaient fait.

Je me dirige vers la fenêtre, et l'ouvre tout en douceur, pour ne pas faire le moindre bruit.

Essayez de bien rattraper tout ce que je vais vous lancer, je dis à voix basse.

Bien qu'un étage nous sépare, ils ont l'air d'avoir comprit, alors je m'empare d'un des cartons de mes parents et le vide. Il était rempli de vaisselle. Une fois ceci terminé, je jette un coup d'oeil à tout ce qu'il y a à emporter. Mes journaux intimes, mes livres, mes peluches, tout plein de babioles...

Je commence par mes peluches, qui ont été mes plus fidèles compagnons pendant mes vacances ici, ces dernières années.

Je sors la tête de la fenêtre une fois le carton plein. James et Corey sont toujours là. Parfait. Ils me font un signe pour me dire de lâcher, et je ferme fort les yeux en lâchant le carton, qui fait une chute avant d'atterrir dans les mains de James. Seule une de mes peluches, une licorne bleue pailletée a fait un vol plané en dehors du carton, mais Corey s'empresse d'aller la chercher. À en voir son regard intrigué, il ne comprend pas pourquoi une licorne en peluche a cette couleur.

Une fois mon déménagement clandestin terminé, je lui expliquerais bien que chez les moldus, les licornes sont des animaux imaginaires.

Quand James disparait dans un petit « pop » inaudible pour quiconque n'y prêterait pas attention, Corey me fait signe de continuer les cartons. Je m'exécute en en remplissant un d'objet en tout genre : des objets n'ayant en général aucune valeur si ce n'est sentimentale. Une lampe torche que mon oncle Georges m'avait offert il y a déjà dix ans pour qu'on aille camper tous les deux en forêt, des photos, des figurines de collection de mes personnages de film préférés, un poster de Ewan McGregor et Nicole Kidman dans  le film Moulin Rouge, un autographe que j'avais réussit à obtenir de Roger Federer quand j'avais été voir l'un de ses matchs de tennis à Wimbledon...

Voir tous ces souvenirs se succéder font remonter en moi une immense vague de nostalgie, en constatant que la plupart, je les ai eu avant que mes relations avec mes parents ne se détruisent.

Je jette le carton de ma fenêtre, et c'est Corey qui le rattrape, cette fois-ci, toujours dans un silence total pour ne pas attirer l'attention de ma mère. Il lève un pouce en l'air, et transplane pile au moment où James réapparait, prêt à prendre un nouveau carton.

Je le prépare, et une fois mes livres préférés et mes journaux intimes sont à l'intérieur, je le lance à James. Mais le carton est tellement lourd que ce dernier pousse une exclamation de surprise à sa réception. Je plaque une main contre ma bouche, les yeux écarquillés, quand j'entends le son de la télévision se couper. Le bruit d'un rideau qui se tire. Le bruit d'une fenêtre qui s'ouvre.

Eh, petit tout va bien ou...

Ma mère se coupe, surement en constatant qu'il n'est pas normal qu'un jeune se trimballe avec un carton contenant les affaires de sa fille.

Merde, je murmure.

James lance vers moi un regard affolé, et me dit :

Elle monte, je crois !

OK, disparait avec ce carton, je demanderais à Corey de me faire le transplanage d'escorte ! Je lance dans la précipitation.

Sans plus réfléchir à rien, je lance tout ce qui me passe par la main à la fenêtre, je prend mon iPod dans ma poche, prends quelques affaires dans mes bras et je quitte ma chambre... En tombant nez à nez avec ma mère.

Jeune-fille, qu'est-ce que tu fais ici ? Me demande-t-elle en me criant dessus.

Je déménage.

Elle me barre la route, et ses yeux lancent des éclairs.

De quel droit est-ce que tu t'introduis ici, hein, espèce d'anormale ?!

Anormale.

C'est ainsi qu'ils m'appellent depuis cinq ans. Mais ça ne me touche plus. Je la pousse sans ménagement pour me frayer un passage, et je descend les marches d'escaliers quatre à quatre.

J'ai pas envie de parler avec toi, je dis d'un ton sec.

Mais tu vas le faire. Tu n'as donc aucun respect pour moi, qui t'ai mit au monde ? Tu t'introduis ici comme une vulgaire voleuse, tu es tellement ingrate ! Après tout ce que j'ai fais pour toi !

Je me retourne, furieuse.

Tais-toi, je lui conseille. Parce que l'ingrate, entre nous deux, ce n'est pas moi.

va-t-en immédiatement d'ici. Je ne veux plus jamais te revoir ici. Je ne veux plus jamais te revoir tout court ! Tu te rends compte que tu es la cause de l'échec de notre mariage, à ton père et moi ?

Elle m'arrache des bras ma robe préférée et trois de mes vinyles. J'ouvre la porte de la maison sans ménagement, et je vois Corey qui ramasse toutes les affaires que j'ai jeté en vrac depuis ma fenêtre.

Que ce soit clair, si vous divorcez, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous même, je dis d'un ton sec. Maintenant, rends moi mes affaires.

Comme je l'avais pressentit, elle n'a aucune envie de me les retourner. Elle m'assène un regard furieux.

Tes affaires ? Qui a payé pour que tu les ai, hein ? Qui ? Le père Noël, peut-être ?

Sa bouche se tord, et même si je trouve ma mère plutôt jolie d'ordinaire, là, elle ressemble plutôt à un pitbull enragé ou à Gollum.

C'est moi qui te les ai acheté, avec mon argent, crache-t-elle. Ce sont mes affaires, et elles resteront sous mon toit.

Je grince des dents, et je serre le poing.

Et pour faire quoi, hein ? Pour les jeter dans la benne à ordure ?

J'en ferais ce que j'ai envie !

Je donne un coup de pied furieux à la porte qui se claque. Quelques secondes de répit. J'attrape le bras de Corey, qui s'était arrêté de ramasser mes affaires pour regarder notre altercation.

Fais nous partir d'ici, je dis un peu trop sèchement à mon ami qui n'y est pour rien.

Il regarde mes vêtements et quelques autres objets tels que des tableaux et des dessins, par terre.

Mais on a pas...

Fais nous partir d'ici, je le coupe.

Il acquiesce, et alors que je m'agrippe bien fort à son bras, je sens mon estomac me retourner, ma vision se brouille, et en un quart de seconde, je sens l'odeur de la mer et du sel.

Quand j'ouvre les yeux, je vascille, et Corey me rattrape au dernier moment.

j'ai besoin de m'assoir... Je marmonne.

Corey m'aide à m'assoir par terre, sur du sable froid, et il me tient fermement le bras.

Hey, tu es si pâle qu'on pourrait te confondre avec un fantôme, me dit-il en me dévisageant avec une mine inquiète. Tout va bien ?

Je secoue la tête. Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi mal : à cause de ma dispute avec ma mère, à cause du transplanage ?

Quelques secondes plus tard, je vais déjà beaucoup mieux, certainement grâce à l'air frais.

ça va, je dis alors.

Je me relève faiblement, et Corey me soutient toujours, heureusement. On se trouve sur un chemin couvert de sable, longé de barrières en bois.

Elle est où, ta maison de vacances ?

Ses deux mains étant prises, il fait un signe de tête vers le devant.

Tu vois la seule maison du coin, à cinquante mètres ? Bah, c'est elle. On pouvait pas transplaner plus loin, à cause des système anti-effractions.

Je sais.

Au milieu du chemin menant à la maison, James nous rejoint, et je suis heureuse de ne plus être en si piteux état devant lui. La dernière chose que je veux, c'est qu'il me voit comme une pauvre  petite chose fragile. Je me dégage du soutien que m'offre Corey d'un mouvement de bras, et sourit à pleine dents à mon meilleur ami :

On va passer de bonnes vacances, hein ?

Il fronce les sourcils, et me dévisage, avant de regarder Corey d'un air bizarre. Je vois ce dernier dissuader James d'un regard de me poser des questions, et c'est très bien ainsi.

Et le chemin qu'il reste à faire jusqu'à la maison de vacances de Corey se passe dans une ambiance électrique, et dans le silence absolu.

.

Le lendemain matin, tout premier jour de vacances, j'ai l'impression d'avoir beaucoup trop dormi, bien que ma chambre soit plongée dans le noir. Quand je sors de la pièce, la lumière m'aveugle quelques secondes, et j'entends mes deux amis m'appeler. Quand j'entre dans la cuisine, ils sont là, assis chacun d'un bout à l'autre de la table.

Quelle heure il est ? Je demande en me frottant les yeux.

Onze heures passées. On s'est dit qu'on devait te laisser dormir un peu.

Je leur sourit, m'assoit et prend une pomme dans la corbeille à fruits avant de mordre dedans avec ferveur.

Alors, c'est quoi le programme, aujourd'hui ?

On voulait passer la matinée à la plage et y pique-niquer, mais puisque tu as décidé de jouer aux marmottes, c'est plus possible, m'explique Corey. Tu as ruiné tous nos plans.

Ah. Ben désolé alors.

Il me fait un clin d'oeil avant de dire :

C'était une plaisanterie, Prescott. On a encore deux semaines devant nous pour aller pique niquer sur la plage.

Je me lève et rejoint mes cartons, entreposés dans un coin de la pièce.

ça vous dit de lire mes journaux intimes de primaire ? Je ne me souviens plus de ce que j'y ai écrit, mais je pense qu'il doit y avoir de sacrées pépites.

Ils se regardent tous les deux, les yeux ronds, et j'explose de rire.

Qu'est-ce qu'il y a ? C'est drôle, de relire ces trucs des années plus tard !

Et c'est ainsi que toute l'après-midi, on la passe à se marrer sur mes états d'âmes de lorsque j'avais entre sept et dix ans.

Hey, tenez écoutez ça ! Je leur dit. Thomas m'a avoué qu'il était amoureux de moi, mais le problème c'est que Jules aussi. C'est dommage, je ne sais pas lequel choisir !

James s'esclaffe en secouant la tête.

Et alors, lequel tu as choisit ?

Eh ben, aucun des deux au final. J'ai mis trop de temps à me décider, et il y a eu une nouvelle dans la classe et elle était super jolie donc ils sont tombés amoureux d'elle.

Je tourne les pages de mon journal de CM1, le temps de trouver la preuve, et je leur tends pour qu'ils lisent toute la haine que j'avais eu pour cette nouvelle.

Ouah, bah ça alors ! Fait Corey en me dévisageant. Les insultes que tu utilises aujourd'hui sont les mêmes que celles que tu utilisais déjà en ce temps là, Prescott !

Je plisse les yeux en lui adressant un geste grossier de la main.

Tu faisais ça, aussi, à l'école ? Questionne-t-il, les yeux malicieux.

Je lève les yeux au ciel en récupérant mon journal et je le feuillette à nouveau jusqu'à trouver un autre passage interessant.

Et quand tous mes journaux de primaire ont été lu, Corey demande à lire les suivants. Mais comme les suivants concernent ma scolarité à Poudlard, je préfère refuser.

Parce que ça me mettrais dans une position bien trop embarrassante vis à vis de James, et que j'ai envie que ces vacances de passent bien.

Alors, qu'avez vous pensé de ce chapitre ?
À mercredi prochain pour le prochain, en tout cas :)

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