★ Chapitre 22
Je manque de pousser un cri surpris lorsqu'un hibou me fait parvenir une enveloppe décorée de coeurs violets et roses et d'étoiles fluos. Je tourne la tête vers James et Corey, suspicieuse.
— C'est vous qui me faites une blague, n'est-ce pas ?
— Mais non, pas du tout, me répond James en riant.
J'incline la tête en direction de Corey, pour l'inciter à me dévoiler la vérité, mais il secoue la tête, l'air aussi surpris que moi.
— C'est pas moi non plus. Ouvres là, c'est le seul moyen de savoir qui te l'as envoyé.
Je hausse les épaules et m'exécute.
Dans quelques jours à peine, nous serons le 14 février, alors les déclarations d'amour s'enchainent. Jamais il y a eut autant d'annonce de nouveaux couples dans le Journal de Poudlard.
— Alors, c'est qui ? S'intéresse James en essayant de regarder par dessus mon épaule.
Je me tourne pour ne pas qu'il puisse la lire, et quand je comprends enfin de qui cette lettre vient, je deviens écarlate.
— De... De ton cousin, James.
— Quoi ? S'exclame mon meilleur ami, les yeux ronds. Mais lequel ?
Je fronce les sourcils.
— Euh... Fred.
Le fils de Georges, l'oncle de James que j'adore vraiment beaucoup.
James arrache la lettre de mes mains sans que je ne puisse l'en empêcher, et la lit rapidement avant de me la rendre. J'y jette un nouveau coup d'oeil.
« Appoline, je sait qu'on ne ce connai pas très bien, mais je te trouve très joli, est-ce que tu veut venir à pré-au-lard avec moi vendredi et sortir avec moi ?
Fred Weasley ».
Mon coeur bat la chamade.
C'est vraiment mignon, mais en même temps terriblement gênant. Fred est très gentil, mais je ne lui ai parlé qu'à très peu de reprises, et surtout chez les Potter et les Weasley. Et puis, il est un peu trop jeune, aussi...
— Il a mal écrit ton prénom, constate Corey avec un sourire en lisant par dessus mon épaule. Quel âge il a ?
— Bientôt treize ans, répond James.
J'enfouie ma tête dans mes bras en soupirant. Comment je vais faire pour refuser, sans blesser le petit cousin de James, maintenant ?
À présent, je comprend un peu mieux ce qu'à dû ressentir James quand mes sentiments pour lui ont été dévoilés et que ce n'était pas réciproque. Je compatis. Vraiment.
— Comment je me sors de là ? Je questionne.
Je jette un coup d'oeil derrière moi. Fred me regarde, rouge comme une pivoine. Je crois qu'il a déjà compris qu'il allait essuyer un refus, et je me sens coupable.
— Mais non, pourquoi tu veux refuser ? Vous feriez un petit couple si mignon, me taquine Corey en souriant à pleines dents.
Je le fusille du regard.
— Dis moi, tu y tiens beaucoup, à tes dents ? Non, parce que je pourrais très bien m'improviser dentiste si tu continue à sourire comme ça.
Ses lèvres se referment, mais pas son regard rieur.
Je lève les yeux au ciel, et sans rien dire de plus, je m'enfuis dans mon dortoir, juste pour ne plus sentir le regard apeuré de Fred posé sur moi.
.
Quelques heures plus tard, je trouve enfin le courage d'aller voir Fred. Il est seul, assis sur le canapé de la salle commune, donc c'est le moment ou jamais.
— Salut, je fais avec un petit signe de la main.
Je vois à son expression qu'il a envie de prendre la poudre d'escampette. Moi aussi, à vrai dire, j'ai envie de me carapater.
— Euh... Bonjour.
Je lui souris, et m'assois sur le canapé à ses côtés.
— Donc, j'ai bien reçu ta lettre, je dis doucement.
Il s'enfonce dans le canapé. Je suis sure que s'il avait le moyen de disparaitre instantanément, il le ferait.
— Et alors ? Me demande-t-il.
Je pince mes lèvres, afin de prendre le temps de trouver les bons mots.
— Je suis très flattée que tu me trouves jolie, je dis. Et que tu veuilles passer du temps avec moi, aussi. Mais... Mais je peux pas sortir avec toi, Fred.
Il baisse la tête, fuyant mon regard. Je ne sais pas lequel de nous deux est le plus mal à l'aise.
— Je suis désolé, je continue. Mais... Je... J'ai quelqu'un d'autre qui occupe toutes mes pensées...
Un bruit sourd nous parvient, derrière nous, et je me retourne précipitamment.
Oh, Merlin.
De toutes les personnes présentes dans Poudlard, il fallait que ce soit James qui entre dans la salle commune, pile à ce moment là. Bien evidemment.
C'est clair et net, à présent je le sais : l'univers a une dent contre moi. Je passe une main sur mon front, gênée au possible.
Il ne manquait plus que ça.
Je mord violemment ma lèvre inférieure, me maudissant. Non mais je n'apprends jamais de mes erreurs, sérieusement ?
— Désolé, je répète à Fred en me levant pour rejoindre James qui ramasse son livre.
Il ne sait pas où se mettre, et j'avoue que moi non plus.
C'est officiel, je déteste la saint Valentin.
— James, ce que tu as entendu...
— Quoi ? Fait il innocemment.
Je tords ma bouche.
— Je sais que t'as entendu.
Il ne nie pas. Il n'en a pas besoin, parce qu'on sait tous deux que c'est vrai.
Il ferme les yeux un instant, et me prends la main.
— écoutes, je... Je le vois, que t'as encore des sentiments pour moi, Appolyne... Et...
— Oui, je sais. Ce n'est pas réciproque. Je sais. Et c'est pas grave.
Il secoue la tête.
— C'est pas ce que j'allais dire.
— Ah non ?
Nouveau secouement de tête, et je fronce les sourcils.
— Non, ce que je voulais dire, c'est que...
C'est pile ce moment là que choisit Corey pour entrer à son tour en poussant un cri de joie.
— Hey, vous devinerez jamais ! Marilyn a enfin accepté un date avec moi !
Je me tourne vers lui en roulant des yeux.
— Laisses moi deviner, dans deux semaines tu en auras déjà ta claque d'elle et tu la laisseras tomber ?
Corey me fait un clin d'oeil.
— On verra en temps et en heure.
Sa réponse ne fait que m'agacer davantage. Il trace jusqu'aux escaliers de son dortoir, et je me retourne vers James.
— Tu disais ?
— Rien.
Je crois bien que je me décompose, et il passe une main à l'arrière de sa tête en se balançant d'un pied sur l'autre.
— J'ai entrainement de Quidditch dans une demie-heure, je dois aller me préparer, dit mon meilleur ami. On se voit tout à l'heure ?
Je hoche la tête, déçue.
— Si tu veux.
Il a un sourire en coin.
— Bien sur, que je veux.
.
Trois jours plus tard, au petit déjeuner, Corey arbore un sourire ravi ; visiblement, son rendez-vous avec Marilyn s'est bien passé. Il raconte tout à James, et moi, j'écoute des bribes d'une oreille distraite, assez peu intéressée.
Lorsque les hiboux arrivent pour distribuer le courrier, je suis surprise de voir que j'ai une lettre.
— Eh bien, en ce moment tout le monde a décidé de t'écrire, dit James. C'est qui, ton oncle ?
Je fronce les sourcils, un peu perturbée. Normalement, les lettres de mon oncle Georges arrivent tous les lundis, pas les samedis.
— Peut-être, je marmonne néanmoins.
Je déchire l'enveloppe, et je reconnais effectivement l'écriture brouillon de mon oncle.
— C'est lui ! Je m'exclame en souriant.
Mais ce grand sourire, je le perds bien vite, à mesure que j'avance dans la lecture de ma lettre. Une fois terminée, je la pose sur la table, l'appétit coupé.
— Mes parents divorcent, j'annonce.
— Hein ? Vraiment ?
Je lorgne Corey, un sourcil levé.
— Tu crois vraiment que je suis en train de te faire une blague, là ? On est pas le premier avril, Hitchens.
— Euh, je... Non, désolé. C'est juste... Pourquoi est-ce que c'est ton oncle qui te l'annonce ?
James pose une main contre mon dos, se voulant réconfortante, mais ça ne marche pas vraiment . Je pince mes lèvres pour me retenir de pleurer.
— Parce que mes parents me détestent, je réponds à Corey. Ils ne veulent rien avoir à faire avec moi.
Je n'ai pas encore vraiment parlé à Corey de mes conflits familiaux, parce que nous ne sommes pas encore assez proches pour ça, tous les deux. Mais je sais qu'il connait quelques bribes de mes ennuis, par l'intermédiaire de James.
— Georges me dit que mes parents comptent vendre la maison.
Je me lève sans un mot de plus, et quitte la grande salle.
Il suffit de quelques minutes seulement pour que James me rejoigne dans notre salle commune. Je me jette dans ses bras, ne pouvant plus me retenir de pleurer. J'explose en sanglot quand je lui dit d'un ton hargneux :
— Tu te rends compte qu'ils ne comptaient même pas m'en parler ? Je suis leur fille, et ils ne comptaient même pas me dire qu'ils divorçaient !
— Ils sont odieux, confirme James en me serrant fort.
J'acquiesce d'un hochement de tête, contre son torse.
— Ils sont pire que ça... Ils... Ils...
Je n'arrive pas à terminer ma phrase. James me berce doucement, mais rien ne parvient à me faire retrouver mon calme.
— Qu'en dit Georges ? Questionne James.
— J'ai sentit qu'il était vraiment désolé de devoir m'annoncer ça comme ça. Il m'a aussi dit qu'il allait venir dans pas très longtemps me voir. Surement en mars, s'il réussit à avoir un portoloin.
Je ferme mes yeux envahis de larmes, et essaye de calmer ma respiration avec mes exercices de méditation.
— Je vais bientôt être majeure chez les sorciers, je dis d'une voix tremblante. Je vais aller récupérer mes affaires chez mes parents, et puis je ne veux plus jamais penser à eux. Plus jamais.
Au fond de moi, je ne sais pas si je pense ce que je dis. Parce que mes parents restent mes parents, ceux grâce à qui je suis là, en vie. Mais ils m'ont fait et me font encore tellement de mal en me haïssant de la sorte, que je ne sais plus quoi faire.
En tout cas, une chose est sure : je ne peux pas les forcer à m'aimer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top