★ Chapitre 15

Appolyne et ses Histoires

Chapitre 15

Je regarde ma montre en me balançant d'un pied sur l'autre. Pourquoi est-ce que Corey n'est toujours pas là ? Et surtout, pourquoi est-ce que son retard était si prévisible ?

Il n'aurait tout de même pas eut le culot de me poser un lapin, hein ?

Je serre les dents en me rendant compte qu'en fait si, Corey pourrait totalement avoir le culot de me poser un lapin.

Mais quelle idiote je fais ! Durant cette dernière semaine, pendant une demie-heure par jour, je me suis évertuée à l'aider dans ses devoirs de Botanique, à lui faire réciter ses leçons... Et bon sang, il me laisse tomber !

Je jette un dernier coup d'oeil à ma montre. C'est décidé, s'il n'est pas là dans deux minutes, je monte jusqu'à la salle commune, et je lui fais une scène.

Pile au moment où je tourne les talons en réfléchissant d'ors et déjà à ce que je vais lui beugler, j'entends des bruits de pas dans les escaliers. Dix secondes plus tard, il se tient devant moi.

Dix minutes de retard, je grince entre mes dents. Dix.

Ses yeux sont rieurs. En plus, il se fiche de moi. Il y a des baffes qui se perdent.

Je me suis perdu dans les couloirs.

Je plisse les paupières.

Sérieusement, Hitchens ? T'aurais pas pu trouver une excuse un peu plus crédible ?

Il peine à ne pas rire, puis il prend un air piteux.

Mon poisson rouge s'est noyé.

Je me fige, et sans même le vouloir, j'explose de rire.

Bon sang, Corey Hitchens a dit quelque chose qui m'a fait rire. Je ne savais même pas que c'était possible. Lui-même ne semble pas s'en remettre : il me fixe, les yeux ronds.

Cette vue me fait redevenir moi-même. Elle me fait redevenir la personne qui déteste Corey plus que tout. Je lui attrape le bras sans ménagement, et le tire jusqu'à la porte de la salle.

— Pourquoi est-ce que tu es en jean, hein ? Je marmonne.

Parce que ma robe de bal ne me va pas au teint.

Je lève les yeux au ciel, et plaque mon oreille contre la porte. De la musique s'en élève.

Merde, je lance. Ça a commencé.

Les yeux de Corey s'illuminent.

Génial ! Alors on peut faire demi tour.

Hors de question.

Avant qu'il ne daigne s'échapper, je toque et j'entre. Deux couples sont en train de valser gauchement, et je me fige en voyant qui est le professeur de danse.

Hey, tu savais que la directrice était... Je glisse entre mes dents à Corey.

Mais McGonagall ne me laisse pas terminer ma phrase, parce que d'un coup de baguette, elle met fin à la musique, et nous fixe tous les deux d'un air sévère.

Oui ? Fait-elle.

Je...

Je lance un regard à Corey, mais il a l'air bien décidé à me laisser me dépatouiller seule.

Traitre.

Je prend une grande inspiration, et je me lance :

Je suis désolé du retard, euh... Son poisson rouge s'est noyé.

C'est au tour de Corey d'exploser de rire, et je me maudis d'avoir dis la première chose qui me venait en tête. Je vais finir par tuer Corey, un de ces jours.

La directrice pince les lèvres, et nous fait signe d'entrer.

Sans faire plus d'histoire, je me faufile dans la salle, en me faisant toute petite.

Très bien, on reprends. Prenez place, tous les deux. On recommence avec une valse à cinq temps.

La directrice nous pousse presque au centre de la pièce, tous les deux, et Corey et moi, on se regarde, un peu perdus.

Tu sais danser ça, toi ? Me glisse-t-il dans un murmure.

Je ne sais même pas pourquoi elle a dit à cinq temps, je réponds en fronçant les sourcils. Quoi, il y a plusieurs types de valses ?

Il me lance un regard désemparé, et la musique commence.

Mr Hitchens, si vous ne prenez pas la taille et la main de votre partenaire, vous ne risquez pas d'aller bien loin, fait la directrice en tapant des mains pour donner le rythme.

Quoi, en plus il faut que je te touches ? Me lance Corey avec un air faussement dégoûté.

Je lève les yeux au ciel, et je le force à me prendre la main. Puis, je lance un regard aux deux autres couples ( des deuxièmes et troisièmes années ), pour essayer de voir ce qu'ils font et les copier.

Ok, ça a l'air assez simple, je dis.

Je force Corey à poser sa main sur ma taille, et je déplace mes pieds en rythme avec la musique.

Mets-y de la bonne volonté ! Je m'indigne en voyant mon partenaire statique.

Quoi ! Fait-il en levant les yeux aux ciel. J'ai accepté de t'accompagner, pas de danser.

Je m'apprête à répliquer, mais je n'en ai pas besoin : la directrice le fait à ma place, et coupant la musique.

Mr Hitchens, en théorie, c'est l'homme qui mène la danse ! Remuez-vous.

De mauvaise foie, il accepte de bouger ses pieds, et la musique reprends.

Toi qui est très portée sur le féminisme, me lance-t-il, tu ne trouve pas ça un peu sexiste ? D'ailleurs, pourquoi est-ce que ce serait à nous de faire tous les efforts ?

Je lève les yeux au ciel, sans prendre la peine de lui répondre.

Une heure par semaine, Corey. Il faut que tu fasses un effort une heure par semaine, c'est tout !

Il serre la mâchoire.

Et pendant tout le reste du cours, la directrice n'arrête pas de nous faire des remontrances, à tous les deux. Parait-il qu'on a deux pieds gauches chacun.

En même temps, je n'ai jamais dansé de ma vie, et Corey non plus. C'est normal, que ce soit si catastrophique. Et même si McGonagall nous a décomposé chacun des mouvements, les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances. On est vraiment nuls, et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.

À la fin du cours, la directrice est sur le point de craquer, je crois bien.

La semaine prochaine, on reprend la valse, et je veux que vous vous entrainiez ! Nous lance-t-elle alors qu'on quitte la salle. Et puis, venez avec une tenue appropriée, tous les deux ! Miss Prescott je veux vous voir avec des chaussures à talons et non pas ces baskets crasseuses. Mr Hitchens, quant à vous, ne vous avisez pas de revenir vêtu d'un jean de la sorte !

Je plisse les yeux.

Elle peut rêver, pour qu'on s'entraine tous les deux. Et Corey a l'air, pour une fois, d'être sur la même longueur d'onde que moi.

°

Tout en montant les escaliers, on ne cesse de se chamailler comme deux gamins, tous les deux.

De toute manière, tu es une affreuse partenaire ! Me lance Corey alors que nous arrivons vers les dernières marches.

Alors que dire de toi ? Je m'insurge. Tu n'as pas cessé de marcher sur mes pauvres pieds ! On pourrait en faire de la compote !

Au moins, mes mains n'étaient pas moites !

Je le fusille du regard, et je glisse le mot de passe à la Grosse Dame pour entrer dans la salle commune.

On met à peine un pied à l'intérieur, que tout le monde se tourne vers nous pour nous regarder comme si nous étions des bêtes de foire.

Oh, regardez, voici nos deux danseurs étoiles ! Lance Mary, une des pestes qui partage mon dortoir.

Je lève les yeux au ciel pour lancer un regard assassin en direction de Corey.

C'est toi qui est allé raconter ça à tout le monde ? Je l'accuse.

Mais bien sur que non ! Enfin quoi, tu crois vraiment que je l'ai crié sur tous les toits ?

Je lève les yeux au ciel, et je balaye la salle du regard. Les gens sont retournés à leur occupation, et personne ne fait plus attention à nous. Enfin, sauf...

James.

Il nous regarde, et je n'arrive pas à comprendre ce qu'il pense.

C'est bizarre, parce que je le connais si bien que normalement, j'arrive toujours à savoir ce qu'il est en train de penser. À lire en lui comme dans un livre ouvert.

Corey me pousse sans ménagement, et va le rejoindre tandis que mon coeur se pince. Il y a quelques mois de cela, moi aussi, j'aurais rejoint James.

Et tandis que j'essaye de me motiver à le faire, parce que je veux vraiment recommencer à lui parler et à retrouver notre relation d'avant, quelque chose me bloque.

La lâcheté, le retour.

Alors je secoue la tête, et je monte jusqu'à mon dortoir, résignée.

°

Deux jours plus tard, quand j'entre dans mon cours de botanique, je souffle, et m'assois à contre coeur à côté de Corey.

Salut, je glisse sans même le regarder.

Wow, alors ça, si je l'avais deviné, on pourrait m'appeler Trelawney 2.0 !

Je le regarde à travers mes cils, pour essayer de comprendre.

C'est la première fois que tu commences une conversation avec moi en employant une formule de politesse, m'explique alors Corey en voyant mon regard stupéfait.

Je lève les yeux au ciel, puis je glousse en me rendant compte qu'il a raison.

Je te ferais remarquer que toi, tu ne m'as pas répondu à mon salut.

Il roule des yeux, mais son sourire en coin le trahit : il est amusé.

Salut.

Satisfaite, je redresse mon dos et je sors mes affaires.

Alors, tu as révisé le chapitre sur la mimbelus mimbeltonia, hier, comme je te l'avais demandé ? Je questionne.

Non, j'ai préféré aller regarder l'entraînement de quidditch de James.

Je serre les dents, quand il me donne un coup de coude.

Et je sais que toi aussi.

Je ne me vois pas, mais je me sens devenir aussi rouge qu'une pivoine.

En effet, la veille, je n'ai pas pu résister à l'envie d'aller observer James jouer au quidditch, mais enfin... Je m'étais bien cachée, comment... Comment m'a-t-il vu ?!

Je... Quoi ? Je m'étrangle presque.

Il a l'air amusé, mais moi, je ne le suis pas du tout.

Tu pensais vraiment que personne ne te verrais ? Appolyne, ta cachette, elle était claquée au sol ! Non mais quelle personne de plus de cinq ans se cache derrière les arbres ?

Je prend une mine offusquée.

Si ça peut te rassurer, je ne pense pas que James t'ai vu, me dit Corey en examinant ses ongles d'un air distrait. Il était bien trop occupé à beugler contre son batteur, mais ça, tu le sais, évidemment.

Je serre les dents, et le fusille du regard.

Tu sais quoi ? Je lance d'un ton mauvais. À partir de maintenant, on va faire un deal, OK ? On ne parle plus que de devoirs de botanique, tous les deux.

Il s'esclaffe, et le professeur Londubat entre dans la salle, ne lui laissant pas le temps de répondre.

Bonjour à tous, fait notre professeur. Alors, première chose, je dois vous rendre vos devoirs surveillés de la dernière fois.

Il sort de son sac une pile de parchemin, qu'il tasse sur son bureau avant d'enfiler ses lunettes pour regarder à qui appartient le premier. Il se dirige vers son propriétaire, un Serdaigle, et lui glisse quelques mots.

Quand vient le tour de Corey, je me surprends à croiser les doigts.

Un A-, Mr Hitchens, annonce le professeur à voix basse en posant le parchemin de mon camarade devant lui. Pas encore le niveau requis, mais continuez sur cette voie, d'accord ? Vous êtes en progression.

Il se détourne pour distribuer la copie suivante à une fille de poufsouffle, et je bombe le torse, pas peu fière de moi.

Presque un Acceptable ! Je suis vraiment la meilleure professeur du monde, je me vantes.

Les chevilles, ça va ? Demande Corey en secouant la tête. Tu sais, Pomfresh doit avoir une potion pour faire dégonfler la tête, alors si tu veux on pourra aller lui en demander.

Je lui donne un coup à l'épaule, mais je ne peux m'empêcher de sourire. Les cours que je donne à Corey depuis un peu plus d'une semaine semblent porter leurs fruits.

Quand le professeur revient vers nous pour me rendre ma copie à moi, je pousse un petit cri ravi en me rendant compte qu'il m'a mit un EE+.

Très bien, Miss Prescott, continuez comme ça.

Je sourit largement à mon professeur, et Corey se penche pour regarder ma note.

Je t'ai pul-vé-ri-sé, je lance à Corey en lui tirant la langue.

Pff, tu sais, j'étais sérieux, à propos de cette potion de dégonflage de tête.

Je roule des yeux en rangeant ma copie dans mon sac à dos, et le professeur, après avoir distribué la dernière copie, commence un nouveau chapitre.

Et Corey et moi, on ne s'adresse pas la parole de toute l'heure.

.

Le lendemain, le réveil de mes colocataires sonne, et j'ai envie de les trucider. Les week end, ça sert à dormir, bon sang ! Pas à se lever aux aurores !

Je me retourne dans ma couette, et ferme fort les yeux en essayant de me rendormir. Mais c'est mission impossible, à cause de leurs bavardages incessants.

Alors, quand je descend dans la salle commune, je suis d'humeur exécrable, et je pense que ça doit être inscrit sur mon visage, parce que Corey fait une grimace en me voyant arriver.

Ou alors, c'est tout simplement moi, qui le fait grimacer. Oui, c'est un peu plus logique.

Je lui adresse une moue irritée, et je sors de la salle commune pour aller petit-déjeuner dans la grande salle.

Une fois mes tartines de pain beurrées gobées, j'époussette ma jupe à carreau, et je me rends directement à la bibliothèque pour travailler.

L'un des avantages à ne plus avoir d'amis, c'est que ça me laisse un temps fou pour travailler.

Mais bon, qu'est-ce que je ne donnerais pas pour retrouver mon amitié avec James...

Je commence à réviser les sortilèges, mais je n'arrive pas à me concentrer : James occupe mes pensées. Sortilège est l'une de ses matières préférées, et on la révisait tout le temps ensemble, avant.

En fait, on révisait ensemble tout court.

Ça me manque terriblement.

Dans un souffle contrit, je comprends qu'il ne sert à rien de m'évertuer à réviser quand ça fait trois fois que je lis la même phrase sans me souvenir de ce qu'elle disait. Je referme mon livre d'un geste hargneux, et je m'en vais prendre l'air.

Je frissonne en sortant du château. Cela se sent, que nous approchons de la fin septembre : l'air se fait de plus en plus froid.

Je rentre pour être plus au chaud.

Décidément, aujourd'hui, aucun endroit ne me convient ! Peut-être que c'est le signe que je dois rester fourrée dans mon lit jusqu'à ce que la faim ne me sorte des draps...

Mais non. S'il y a bien une résolution que je me suis prise pour cette année scolaire, c'est de ne pas m'enfuir dans mon lit dès que quelque chose me contrarie. Assez de cette attitude, je dois grandir.

Mais tous mes efforts pour grandir semblent s'évanouir au moment même où je met un pied dans la salle commune.

James est là, et il semble absorbé par ce qu'est en train de lui raconter son frère.

Il ne m'a pas vu, et je n'ai pas envie qu'il me voit.

Alors, tout en m'insultant mentalement, je file en direction de mon dortoir.


°

Un chapitre un peu plus long que les deux derniers, ça fait du bien haha, non ? 

J'ai des choses à vous dire aujourd'hui... Et des bonnes choses ! Les résultats de mon concours sont enfin tombés... ET J'AI EU MEDECINE ! 

Je n'arrive toujours pas à le croire. ça me semble irréel, et je crois bien que jusqu'à ce qu'on reçoive la liste officielle des admis, je n'arriverais pas à réaliser. Je vais être médecin. Mon rêve depuis ma toute petite enfance. Je suis tellement, tellement fière de moi ! 

Je croyais que c'était impossible pour moi, à cause de ma grosse baisse de moral et de mon gros manque de travail durant un bon mois. Mais comme quoi, les jeux ne sont jamais fait jusqu'au dernier moment. Je suis vraiment heureuse, j'en ai pleuré de joie, et maintenant, place à ma véritable vie d'étudiante... Qui va commencer par une recherche d'appart et un déménagement, le mois prochain. Je stresse autant que j'ai hâte, je l'avoue ! 

Alors voilà, moi je vous dis à la semaine prochaine, et je retourne profiter de mes vacances haha!


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