Echanges d'impression et impressions sur des échanges

Ce chapitre est dédicacé à celle qui m'a inspirée Elsa.

Déjà cinq jours que nous sommes ici. Mon cœur se sert un peu car à vrai dire, je réalise que dans quelques jours seulement, c'est retour à la maison, fin de nos vacances. J'ai un peu les blues aujourd'hui.

Néanmoins, je ne peux que être heureuse de ce que je viens de vivre : après la soirée karaoké, nous avons dansé jusqu'à très tard, et par conséquent hier, nous n'avons pas fait grand-chose. Puis hier soir, il y a eu un nouveau tournoi, mais de football cette fois, et seuls Lorenzo et Louis ont participé. Théo lui nous tenait compagnie. Et chose étonnante, il semblerait qu'il y ait eu un certain rapprochement entre Lola et lui... Il est vrai qu'il est parfaitement le type de la jolie brune, aux origines gitanes : il est brun aux cheveux bouclés et aux yeux verts, plutôt grand et c'est un adepte de la planche, qui lui avait par ailleurs proposé de l'aider à surfer.

Et c'est avec un sourire ravageur qu'elle avait accepté.

Je la vois sortir des sanitaires, une combinaison de surf à moitié mise. Elle nous fait un petit signe de la main avant de nous rejoindre.

-Théo est arrivé ? demande-t-elle en remontant tant bien que mal son habit de surf qui glisse.

Rebecca, telle une adorable petite commère, s'avance vers nous, souhaitant entrer dans la confidence.

-Il est beau Théo hein ?

Je ne peux m'empêcher de rire : elle a autant envie que moi de les mettre en couple c'est deux là ! Elle enchaîne, l'air heureux :

-Tu sais, je peux lui demander ce qu'il pense de toi... Mais très discrètement ! Moi en tout cas, je vous vois très bien aller ensemble... T'en penses quoi Paloma ? On est d'accord ?

Je me remets à rire mais acquiesce.

-Eh mais on part dans quelques jours, je ne vais pas sortir avec lui ! s'exclame-t-elle.

J'hausse les épaules avant de répondre :

-Tu sais, on est en vacances alors bon... Vivre une petite histoire vite fait, sans se prendre la tête, c'est aussi cool ! Tu l'embrasses, il t'embrasse, vous jouez au chat et à la souris, puis tu t'en vas et tu n'en entends plus parler !

J'ai dit cela sur un ton tellement naturel que mes deux amies me dévisagent étrangement. On pourrait croire que c'est ma « spécialité » ! Je change de sujet, un peu mal à l'aise :

-Du coup, je pense qu'on ira à la plage en début d'après-midi, Gaëlle et Elsa ne sont pas encore réveillées. Bref, amuse toi bien ma Lola, et évite de te noyer, faut faire bonne impression devant le beau Théo. N'est-ce pas Rebecca ?

Nous embrassons chacune notre tour l'apprentie surfeuse, que je sers dans mes bras avant qu'elle ne s'en aille. Je reste seule avec Rebecca, attendant patiemment que les deux autres marmottes se sortent de leur torpeur. Ma grand-mère sort la tête de sa caravane et en nous voyant, elle décide de se joindre à nous et nous commençons toutes les trois à papoter. Puis ma mamie se lève et nous demande si nous souhaitons un café. J'accepte immédiatement, Rebecca réfléchit un peu avant de répondre positivement.

-Avec un sucre s'il te plaît, demandé-je d'une petite voix de souris.

Elle revient quelques instants plus tard, un plateau entre les mains où sont posées trois tasses fumantes d'un breuvage noir. Nous nous emparons chacune de notre tasse respective et pensivement, je touille à l'aide de ma petite cuillère le café brulant.

-Bon vous allez faire quoi aujourd'hui les filles ?

-On va sûrement aller à la plage, rejoindre Lola, explique Rebecca. Par contre pour ce soir, je n'en ai aucune idée... Et vous ?

Ma grand-mère nous annonce qu'avec mon papi, elle irait certainement passer l'après-midi chez nos voisins d'emplacement, avec qui ils ont un peu échangé dernièrement. Elle quitte la table, prétextant devoir aller se pomponner. Pendant quelques minutes, mon amie et moi restons silencieuses. Je me tourne vers elle et lui propose de mettre de la musique. Elle acquiesce. Je vais dans notre tente et essaye de faire le moins de bruit possible, pour ne pas réveiller les filles qui dorment encore. Dans ma « chambre », je cherche mon enceinte jaune. Toute petite, elle peut être n'importe où ! Je parviens finalement à mettre la main dessus : elle se trouvait dans mon sac de plage.

Je sors de la tente et me rassois aux côtés de Rebecca. Je fouille dans mes chansons afin de trouver un petit morceau sympa à mettre de bon matin. Je tombe finalement sur une chanson des Casseurs Flowteurs, interprétée par OrelSan et sa grand-mère. En chœur avec cette dernière, je chantonne le refrain :

-J'essaye, j'essaye, de faire de mon mieux. Et je m'ennuie quand tout devient sérieux. En partant je leur dit droit dans les yeux : « J'aurais dû faire un peu mieux ». J'essaye, j'essaye...

Mon cœur se serre un peu : c'est Damien qui m'a fait découvrir cette chanson.

Depuis quelques temps, j'ai du mal à le reconnaître. Il me semble... différent. A moins que ce ne soit moi qui change ? Notre relation n'est plus même qu'aux premiers mois... Dans un sens c'est normal, mais dans l'autre... Quoiqu'il en soit, je le sens aller mal. Je me décide à l'appeler. Mais avant, je veux en parler un peu avec Rebecca. Elle m'apportera peut-être quelques explications. Un autre point de vue sur le problème. Une fois que j'ai terminé de lui parler de cette étrange impression qui ne me quitte plus depuis quelques temps, elle prend le temps de répondre.

-Tu m'as dit qu'il fumait pas mal en ce moment ? Il sait que ça t'inquiètes ?

Je réponds à l'affirmative.

- Bon eh bien, appelle-le pour en parler un peu. Avec un peu de chance, il s'est calmé... En même temps, s'il est avec ses potes, ça peut se comprendre : ça veut se taper des délires, rigoler... Bref, des « trucs de mecs ». Par contre il faut bien se dire quelque chose : s'il commence à se faire des joints quand il est seul, là, y a un gros problème. C'est pour ça que tu devrais lui téléphoner : je pense qu'il préférerait savoir si tu vas bien ou non. Et là, vu ta tête en parlant de lui, ça a pas l'air d'aller fort de ton côté hein ?

Je sers Rebecca dans mes bras et glisse un petit « merci », avant d'éteindre mon enceinte et aller chercher un coin pour appeler tranquillement mon copain. Juste avant de partir, je lance à mon amie qu'elle devrait passer un coup de fil à son petit ami aussi. Elle me fait un petit clin d'œil complice en me montrant l'écran de son portable : elle est déjà sur le contact de Paul-Louis. Je lui souris et tourne les talons en secouant la tête. Elle est peut-être pire que moi !

Une fois installée tranquillement sous un pin, en retrait des dernières tentes et bungalows du camping, je compose le numéro de Damien que je connais par cœur, et laisse sonner.

-Allô Paloma ?

Je souris en entendant la voix ensommeillée de mon petit ami.

-Coucou mon chéri, ça va ? Me dis pas que tu dormais encore ?

-Eh, je ne m'endors pas à vingt heures comme toi ! proteste-il, tout en glissant une petite pique.

Je réponds sur le même ton, habituée à ce petit jeu.

-Vingt heures ? Si tu savais ! Je passe mes nuits à danser avec pleins de gars super beaux et je dors pas beaucoup le reste de la nuit...

En comprenant mon insinuation, il lâche un petit « Quoi ? » suraigu, avant d'enchaîner :

-Ah ouais ? Bah c'est pas grave, en soirée, y a pleins de filles super bo...

-STOP ! Je ne veux pas savoir qui est-ce que tu tripotes, dis-je en riant.

Nous nous taisons quelques instants. J'amène la discussion au sujet qui m'intéresse.

-En parlant de soirées... T'en as fait d'autres dernièrement ?

-Euh ouais, y a deux jours chez un pote... Pourquoi ?

J'évite la question et continue :

-Ah c'est cool... J'imagine qu'il y avait quelques substances illégales qui circulaient...

Je l'entends soupirer de l'autre côté du téléphone.

-Paloma...

-... et que tu n'y as pas touché parce que t'es mâture hein ? le coupé-je, la gorge nouée.

Silence.

-Bon écoute, j'ai fumé mais c'était en soirée ! Et si tu veux savoir, hier j'étais chez Léo et on s'en ait fait trois ou quatre dans la journée.

Je sers le poing qui ne tient pas mon portable et enfonce mes ongles dans ma paume.

-Damien, t'es sérieux ? Tu pourrais pas arrêter tes conneries cinq minutes ? Tu sais ce que ça fait sur ton cerveau cette merde ? Tu fumes trop en ce moment ! En soirée je ne dis rien, parce que je me dis qu'après tout tu sais te gérer... Mais là, tu fais n'importe quoi !

De son côté, Damien ne semble pas perdre son sang froid.

- Calme-toi d'accord ? Je m'amuse, rien de plus. On est jeunes...

-C'est pas un argument ça ! Un jour tu feras un coma éthylique après avoir trop bu en soirée, et si tu t'en sors tu me diras quoi ? « On est jeunes bébé, tout vas bien » ? T'es complètement à l'ouest ! Je ne suis pas ta mère, loin de là, mais tu fumes trop en ce moment... Tu imagines si tu devenais dépendant ?

-Mas ça n'arrivera pas, rassure-toi !

Cette fois-ci, je m'énerve pour de bon.

-T'es complètement inconscient, c'est pas vrai ! Tu sais quoi ? Je vais aller me bourrer la gueule tous les soirs, puis un peu tous les jours, tu vois, régulièrement, et après je te dirai de ne pas t'inquiéter... On verra bien ta réaction !

-Mais tu mélanges tout, ça n'a rien à voir !

-Je ne mélange rien, j'ai juste super peur qu'il t'arrive quelque chose Damien ! Je ne le supporterai pas, je t'aime !

Je déglutis difficilement, tant ma gorge me parait serrée.

-Paloma, ça va, respire, dit-il en tentant de me calmer. Je t'aime aussi, n'aies pas de doute là-dessus. Je suis assez grand pour me gérer tout seul d'accord ? Tu me fais confiance ?

Les mots qui sortent de ma bouche me brisent le cœur et certainement le sien également.

-Non Damien, je ne te fais pas confiance. Pas sur ça en tous cas... Parce que ce n'est pas un jeu. Une fois que tu es dans l'engrenage, c'est fini. Il faut plus que sa simple volonté pour s'en sortir. On n'est pas invincible.

-Et toi, tu penses que je suis dans cet engrenage ?

-Oui.

Nous nous taisons tous deux. Les larmes me montent aux yeux mais ne coulent pas.

-Tu me prends pour un toxico.

Cette phrase est plus une conclusion qu'une affirmation. Conclusion de quoi ? Damien reprend, et ses derniers mots manquent de me tuer net.

-Je crois qu'il faut que tu m'oublies Paloma : je refuse que ma copine me prenne pour ça.

-Ah ouais ? Bah t'as qu'à changer si ça te déranges tant !

Derrière son téléphone, Damien explose.

-Bah si c'est ça va fricoter avec d'autres mecs, t'en trouveras peut-être un qui sera « plus mâture » !

-T'inquiètes pas pour ça, je suis une grande fille, j'ai pas besoin de ton autorisation.

C'est tout ce que je parviens à dire. Je me sens tout à coup pitoyable. J'ai envie de balancer mon téléphone sur le sol et de m'en aller en courant. Marcher sur la plage. Comme je le faisais plus jeune, quand ça n'allait pas.

-A plus Paloma.

Il raccroche aussitôt. Je fixe mon téléphone, l'air probablement perdu, et me mets à regarder les alentours sans vraiment y faire attention. Je ne prends pas la peine de lui envoyer un message. Je suis déçue par nous deux.

C'est donc comme ça que devait se terminer notre couple ? Franchement, je suis dégoutée.

-Hey.

Je lève les yeux vers... Lorenzo ! Qu'est-ce qu'il fait là lui ? Il s'installe près de moi. Au début il ne dit rien puis...

-Alors comme ça, t'as un copain ?

Je le fusille du regard.

-Si c'est pour ma railler, tu peux te casser, merci.

Il me regarde, l'air dérouté.

-Euh... Il se passe quoi ? A la base, on est arrivé avec Louis et Théo et t'étais pas là. Du coup j'ai demandé à Rebecca où tu te cachais et elle m'a dit que tu étais partie téléphoner à ton mec. Mais t'as quoi au juste ? Tu n'as pas vraiment l'air dans ton assiette.

Je lui déballe alors tout ce que j'ai sur le cœur : Damien, les joints, ma colère... Ce n'est pas tellement que j'ai une confiance absolue en Lorenzo, mais dans quelques jours on ne se verra plus jamais et il amènera cette histoire dans ses bagages...

J'ai une brusque envie de lui sauter au cou et de l'embrasser. Pour chasser Damien de mon esprit. J'en ai assez de lui et de ses bêtises.

-Tu fumes de l'herbe toi ? demandé-je à Lorenzo.

Il secoue la tête.

-Occasionnellement, un joint en soirée ou quelque chose du genre... Par contre, j'ai un penchant pour les cigarettes...

Il s'arrête et pose sa main sur mon épaule.

-Comprends-le. Il a besoin de soutien. Ce n'est jamais très facile tout ça, dans sa tête ça ne doit pas être bien clair... T'as le droit d'être en colère mais ce sont ses choix, pas les tiens. Et si ça ne te plaît pas... Je vais te paraître brutal mais tu n'as qu'à aller voir ailleurs.

Je reste songeuse quelques instants. Puis, je lui réponds, pesant mes mots avec attention.

-Et moi, je veux seulement oublier un peu. Vivre quelque chose d'autre parce que là, j'ai l'impression de tourner en rond dans un très petit bocal.

Mon regard croise le sien. Je ne le détourne pas. Lorenzo non plus. J'ignore ce qu'il se passe, mais on pourrait croire que nous sommes en train de nous jauger. Je me sens frissonner. Finalement, je baisse les yeux.

-Paloma... Je peux peut-être...

Sa main glisse vers mon genou.

-Ah, vous êtes là !

Je sursaute et vois Rebecca émerger de nulle part, suivit de tout le monde sans se rendre qu'elle vient d'interrompre ma discussion avec Lorenzo. Elle me propose d'aller à la plage. Excellente idée : l'air de l'Océan m'aide à me calmer et à penser sereinement.

Et j'ai besoin de penser à autre chose.

En espérant que ce chapitre vous ait plu!


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