Chapitre Trois.

CHAPITRE TROIS

ARMIN

Comme chaque vendredi soir, Armin était chez son ami, Eren avec son groupe d'ami. A droite du blond se trouvait Sasha qui était en train de se goinfrer de chips comme à son habitude. A côté d'elle se trouvait Connie qui avait la boulle à zéro. A sa propre gauche, Jean essayait de draguer Mikasa qui n'avait toujours eu d'yeux que pour Eren qui enchainait lui-même les femmes. Face à lui, il pouvait voir Ymir et Historia s'embrasser sous le regard agacé de Reiner. Bertolt, lui, riait face à la réaction de son meilleur ami.

Armin comprenait ce que Reiner ressentait. La petite blonde aux yeux bleus plaisait beaucoup à Reiner, mais elle avait choisi Ymir.

Il y a quelques années, Armin était tombé fou amoureux d'elle. En même temps, elle était magnifique, qui ne pouvait pas tomber sous son charme ? Quand il lui avait demandé de sortir avec lui, elle avait refusé en lui expliquant qu'elle préférait les filles et qu'elle aimait Ymir. Devant elle, il l'avait rassuré mais une fois seul, il avait pleuré toute une nuit. Il avait cru pouvoir sortir avec elle, mais elle lui avait fait de faux espoirs. Depuis, il n'avait jamais osé dire à une femme qu'elle lui plaisait, de peur de reconnaitre l'humiliation de se faire remballer.

Ainsi, Armin n'était jamais sorti avec une femme. Il n'en avait jamais embrassé une, pas même durant une soirée. Et il n'en avait encore moins touché une. Et ses amis commençaient à douter de sa sexualité. Le sujet revint alors sur la table, comme d'habitude.

« Armin, toujours personne ? » Demanda alors Connie avec un petite sourire en coin.

« Ne recommencez pas avec ça... » Fit le blond, prenant une bière.

« Mais mec, t'as vingt-trois piges ! T'as pas envie d'une jolie fille à ton bras. »

Bien sûr que si, abruti... pensa Armin.

« Si... » Marmonna-t-il.

« Fallait sortir avec Sasha quand elle te l'avait demandé, hein. » Lança Jean.

Soudain, il croisa le regard d'Historia qui détourna immédiatement les yeux pour les poser sur sa robe. Personne du groupe d'ami ne savait qu'elle l'avait rembarré, et c'était mieux comme ça. En fait, au fond de lui, Armin était toujours aussi amoureux d'elle. Mais il ne pourrait pas l'avoir. Quant à Sasha... Sasha était comme sa grande sœur, il ne pouvait pas être en couple avec elle, ça aurait été vraiment bizarre pour lui.

« Armin, » Commença Mikasa d'une voix douce. « Si tu préfères les garçons tu as le droit. »

Et voilà, ils doutaient de son orientation sexuelle. Et même lui avait douté, pendant un moment. Il s'était dit qu'il devait peut-être tenter avec les garçons mais il s'était vite résigné en comprenant que les hommes ne voulaient que le mettre dans leur lit.

« J'aime les femmes, pas les hommes. » Fit Armin, regardant sa bière.

« Tu es aussi mignon qu'un petit chiot sans défense, t'auras pas de mal à trouver quelqu'un. » Fit Ymir, la main sur la cuisse d'Historia.

« Ymir à raison, Armin. Tu es très beau, tu trouveras surement plus rapidement que tu ne le crois. » Dit Historia en souriant légèrement.

Arrête de dire des conneries, tu sais très bien qu'il y a que toi, se dit-il.

« Surement... » Fit le blond, prenant une gorgée de sa bière.

Plus d'une fois, Historia l'avait écouté lui faire les plus belles déclarations d'amour, mais elle n'avait pas été réceptive. Elle le remerciait pour toutes ces belles choses qu'il lui disait, mais rien. Et ça faisait terriblement mal au blond. Armin ne savait pas ce que ça faisait, d'être aimé. Et ça le tuait à petit feu. Il demandait juste à être aimé par quelqu'un, rien de plus.

« Viens avec nous en boite la prochaine fois. » Dit Reiner.

« J'aime pas ça... »

« Comment tu veux trouver si tu cherches pas un peu ? Tu crois que ça va te tomber comme ça ? » Lança Jean tandis que Sasha et Mikasa lui faisaient les gros, l'incitant à se taire.

Dans un soupir, Armin posa sa bière sur la table et se leva. Tout le monde le regardait se dirigeait vers la petite baie-vitrée pour aller sur le balcon, fermant la porte derrière lui. Sortant son paquet de cigarette de sa poche, il en prit une et l'alluma, inspirant longuement avant d'expirer.

La baie-vitrée s'ouvrit une seconde fois et se referma. Il put sentir quelqu'un s'approcher de lui, passant une main dans son dos.

« Armin... Jean voulait juste te dire qu'il fallait que tu t'ouvres plus au monde. » Dit Historia d'une voix calme.

« Je n'ai pas envie de rencontrer des femmes. Je ne suis pas comme eux. »

« Je le sais. Tu n'aimes pas ce genre de soirée. Mais c'est comme ça que tu rencontreras peut-être une... »

« C'est toi que je veux. Ce n'est pas une fille que j'aurais trouvé en boite. » Lança Armin, inspirant une nouvelle fois dans le tube de nicotine.

« Oublie moi, Armin. C'est méchant ce que je vais dire, mais il n'y aura jamais rien entre nous. » Fit-elle.

« Comment tu veux que je fasse ? On est dans le même groupe d'ami. Et Ymir... quand elle met sa main sur ta cuisse et qu'elle met sa langue dans ta bouche ça... ça m'énerve. » Lança-t-il en serrant l'un de ses poings.

« Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? On a qu'à arrêter d'être ami, toi et moi. Si ça peut t'aider à m'oublier et t'aider à trouver quelqu'un, ça me va. Tu mérites d'avoir quelqu'un parce que tu es quelqu'un d'incroyablement gentil. Cette femme aura de la chance d'être avec quelqu'un comme toi. »

« Arrête de me dire ça, s'il te plait. »

« Tu sais, s'il je ne préférais pas les filles, c'est avec toi que je serais sorti. » Continua la petite blonde.

« Tais-toi. » Lança Armin, énervé. « Arrête avec tout ça... ça me fais plus de mal qu'autre chose... Tu me fais toujours du mal à chaque fois qu'on se parle juste tous les deux. Je t'aime, je n'y peux rien... » Dit-il, laissant les larmes couler en silence.

« Je te demande pardon de te faire souffrir, Armin. Tu ne mérites pas de souffrir autant... »

Soudain, son téléphone sonna, indiquant qu'il avait une notification. Essuyant ses larmes du revers de sa manche, il l'attrapa et lut la notification. Un message, surement de sa tante. Après avoir déverrouillé son téléphone, il s'aperçut que ce n'était pas un message de sa tante.

Inconnu : Bonsoir. Merci encore pour cet après-midi, monsieur. Je ne sais pas quoi faire pour vous remercier, Annie Leonhart.

« Qui est-ce ? »

« Une fille. » Répondit Armin, s'empressant de lui répondre pour lui montrer qu'il était là.

Armin : Ne vous en faites pas, Annie. Ça m'a fait plaisir de vous aider. Je préfère vous voir sourire un peu plutôt que de pleurer. J'espère que vous allez bien.

« Une fille ? Pourquoi tu n'as pas dit que tu parlais avec une fille ? » Demanda Historia, surprise.

« Je ne sais pas... »

Annie : Je vais bien, un peu fatigué. Et vous ?

Armin : Si vous allez bien, je vais bien alors.

« C'est quoi ce sourire idiot sur ton visage ? »

« Hein ? » Demanda Armin, regardant Historia.

Sans s'en rendre compte, il s'était mis à sourire comme un idiot en écrivant à Annie. Il renifla un coup avant d'écraser sa cigarette et de la mettre dans le cendrier.

Putain Armin, ne fais pas le con, c'est ton élève, pensa le blond.

« C'est qui cette fille ? Comment elle s'appelle ? » Demanda Historia avec un petit sourire.

« C'est... personne, laisse tomber. Oublie notre conversation. » Dit le jeune homme en retournant dans l'appartement en silence, suivi de la blonde.

Il en avait presque oublié Annie... Armin n'avait pas tellement compris la situation, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'elle était là pour avorter. La première chose qui lui était passé par l'esprit c'était que même elle avait un copain, et pas lui. En même temps, elle était une jolie jeune femme. Il n'avait pas osé poser de questions, certainement qu'elle ne voulait pas parler de ça. Si elle voulait en parler, elle l'aurait fait d'elle-même.

S'asseyant, il pouvait de nouveau sentir le regard de tout le monde sur lui. Rapidement, tout le monde reprit leur conversation et Armin resta en retrait toute la soirée.

ANNIE

Allongée dans son lit, Annie fit un petit sourire niais. Elle avait choisi d'envoyer un message à son professeur, voulant le remercier à nouveau. La blonde n'avait pas eu à attendre longtemps avant de recevoir une réponse. Son moi intérieur la poussait à lui envoyer un autre message, mais d'un autre côté, elle ne voulait pas paraitre envahissante. Elle ne put s'enlever l'image du professeur dans la tête. Et plus elle pensait à lui, plus elle le trouvait beau et plus elle l'admirait.

Ce n'était absolument pas son genre d'être obsédé par un garçon, mais là, c'était différent. C'était un homme plus vieux qu'elle ( de peu, certes, mais tout de même plus vieux ), qui était incroyablement charmant et qu'il était gentil et à son écoute. Personne n'avait été si gentil avec elle. Elle ne savait pas ce que ce sentiment était réellement, mais elle voulait qu'il y ait plus entre elle et lui.

Non, c'est ton prof, il est inaccessible, se dit-elle. Mais en même temps, si ça lui posait réellement un problème, il n'aurait jamais fait tout ça pour toi... Mais d'un autre côté, il ne doit pas s'intéresser à moi comme je m'intéresse à lui.

Elle soupira longuement. Putain, pourquoi fallait-il toujours qu'elle se foute dans des situations pas croyable... Ou peut-être qu'elle devrait tenter une approche ? Non, elle ne pouvait pas. C'était son professeur, et il ne voulait que l'aider puisque c'était son élève.

Et puis, tout à l'heure, pourquoi avait-il dit qu'il était son compagnon ? Il allait avoir des problèmes si tout venait à se savoir. Sans compter qu'il devait surement être au courant que c'était la salope qui couchait avec des hommes plus vieux qu'elle. Il allait surement croire qu'elle voulait simplement coucher avec lui, alors que non. Elle voulait plus que ça. Bien plus qu'une simple partie de jambe en l'air.

Elle voulait lui faire confiance, se dire que c'était peut-être la personne qui la sauverait de son calvaire. Elle avait besoin de quelqu'un prêt d'elle. Elle avait besoin de se sentir protéger, de se sentir aimer et de se sentir en sécurité.

...

Au cours de lundi, Annie arriva dix minutes en avance et remarqua que le professeur était déjà là. Lorsqu'il posa son regard sur elle, Annie sentit ses joues commencer à chauffer. Il lui lança un petit sourire qu'elle lui rendit automatiquement.

Tout le week-end, elle avait réfléchi et elle s'était rendu compte que, malgré elle, elle avait développé des sentiments pour cet homme qui l'aidait et qui était son professeur de philosophie. Et tout cela en train peu de temps.

« Annie, comment allez-vous ? » Finit-il par demandé en se levant.

« Bien, et vous ? »

« Bien, merci. Vous avez récupéré depuis vendredi ? »

« Oui. » Dit Annie en posant son sac sur la table.

« Je suis rassuré, alors. » Répondit le blond en se rasseyant, rapportant son attention vers l'ordinateur.

Annie le regarda du coin de l'œil ; il était toujours aussi bien habillé, bien coiffé. Comment c'était possible d'avoir l'énergie pour bien s'apprêter pour aller faire cours à des morveux ?

La blonde détourna le regard pour le plonger vers son téléphone.

« Monsieur ? » Fit-elle, levant les yeux vers lui.

« Mmm ? » Répondit-il, les yeux rivés sur l'écran.

« J'aimerais faire quelque chose pour vous remercier. »

« Annie, ne vous en faites... »

« S'il vous plait. Dites-moi ce que je peux faire. »

Il sembla réfléchir un petit instant avant de se regarder Annie, droit dans les yeux. Elle le vit faire un petit sourire, celui qu'il lui avait adressé vendredi dans la voiture qui l'avait tant rassuré.

« Parlez-moi de vous. » Finit-il par dire.

« Juste... Parler de moi ? »

« Oui. Juste ça. »

Elle aurait dû s'en douter : évidemment qu'il voulait parler d'elle. Annie avait bien compris qu'il ne la lâcherait pas d'une semelle jusqu'à ce qu'il sache le pourquoi du comment. Mais Annie ne se voyait pas lui expliquer toutes ces choses.

« Pas ici... » Finit-elle par dire avant que les élèves arrivent dans la salle.

...

Le mardi, Annie était particulièrement stressée. Après leur discussion, Annie avait bien réfléchi, pendant plusieurs jours. Ce n'était qu'une semaine et demie après la proposition du blond qu'elle s'était décidé à se donner une date. Ainsi, elle et son professeur de philosophie s'étaient donné rendez-vous dans une salle de classe pour parler d'elle. Annie n'était pas certaine qu'elle réussirait à lui dire quoique ce soit. Elle avait peur de ce qu'il allait se passer si elle n'arrivait pas à parler.

Elle arriva la première, s'installant au fond de la salle. Elle retira sa veste et la posa sur le dossier de la chaise avant de s'asseoir et de patienter. Ce ne fut pas long avant qu'il arrive.

Fermant la porte derrière lui, il s'avança ver Annie en s'excusant de l'attente. Elle l'observa poser ses affaires et s'installer avant de la regarder. Elle était encore plus anxieuse qu'en début de journée. Elle avait les mains moites et le cœur qui s'accéléraient. Elle n'allait pas tout lui dire, elle n'en était pas capable.

« Vous avez l'air mal à l'aise. C'est la situation ? »

Évidemment que je suis mal à l'aise, y a l'objet de mes fantasmes des derniers jours qui est devant moi, se dit-elle, baissant le regard vers la table.

« Je... Je n'ai pas l'habitude de parler de moi... » Répondit Annie.

« Je comprends. J'étais comme vous quand j'ai dû me confier pour la première fois à un ami. C'était dur, je me suis même mit à pleurer tellement j'avais peur. » Avoua-t-il.

« Pourquoi ça ? »

« Parce que j'avais peur d'être jugé. Et j'avais peur de ce qu'il allait se passer. »

Putain, c'est exactement ce que je ressens, pensa Annie.

C'était pour ça qu'il était si compréhensif avec elle. Il savait ce que c'était d'être seul.

« Si je parle un peu de moi, ça vous aiderait ? »

« Oui. » Dit-elle.

En plus de vouloir le connaitre, Annie se dit qu'elle serait rassurée s'il lui parlait le premier.

« Très bien, alors. » Dit-il avant de souffler un bon coup. « Mes parents sont décédés quand j'étais très jeune. J'avais sept ans, pas plus. Ce sont les deux seules personnes qui m'ont vraiment aimé dans ma vie. »

Annie le regardait, elle buvait littéralement ses paroles. Il était en train de dire que personne ne l'aimait ? Mais il était tellement... gentil, ce n'était pas possible que personne ne l'aime.

« Un soir, j'étais dans ma chambre et j'ai entendu des cris. Je me suis caché dans mon armoire. Ma mère m'avait toujours dit de ma cacher quand j'entends quelque chose que je ne devais pas entendre, ou quand je me sentais en danger. C'est ce que j'ai fait. En sortant de ma cachette plus d'une demi-heure après, je suis descendu dans le salon et j'ai vu ce qu'il s'était passé. Mes parents s'étaient fait tuer et je n'avais pas bouger le petit doigt. J'avais laissé faire. »

La blonde le regarda en silence, abasourdi parce qu'elle venait d'entendre. Putain, c'était vraiment possible, ce genre de chose ? Elle avait toujours espéré que ce genre de chose n'arrivait que dans les films. Elle se rendit soudain compte que cela pouvait arriver à n'importe qui.

« J'ai fini par appeler les secours. Le pire, c'est que le tueur n'a jamais été retrouvé. »

« Que des incompétents, dans ce pays... » Fit la jeune femme en serrant les poings.

« Je ne vous le fait pas dire... Après ça, j'ai enchainé les périodes en famille d'accueil. Je n'étais le bienvenu dans aucune de ces familles. On m'a toujours persécuté. J'étais le vilain petit canard de mes sept ans jusqu'à mes dix-huit ans. A ce moment-là, j'ai rencontré mon meilleur ami qui m'a sauvé de cet enfer. Il m'a sauvé alors même que j'allais me jeter d'un immeuble de dix étages. »

Cette dernière phrase mit froid dans le dos d'Annie. Il y avait des gens qui souffrait bien plus qu'elle, et elle s'apitoyait sur son sort ! Il avait tellement souffert, peut-être même plus qu'elle et il semblait plus fort.

« Vous... vous avez dit que vos parents étaient les seules à vous avoir vraiment aimé. Encore aujourd'hui ? » Questionna la blonde.

« Oui, encore aujourd'hui. Mais je suis entouré. J'ai des amis qui sont là pour moi, de la famille mais ils ne m'aiment pas aussi fort que ça. » Dit-il, toujours son petit sourire. « Allez, à vous maintenant. »

Annie en avait presque oublié qu'ils étaient pour parler d'elle, à l'origine. Elle avait été tellement absorbée et touché par le récit de son professeur... Malgré ça, elle doutait encore d'être capable de raconter son histoire aussi facilement que lui le faisait avec la sienne.

« Eh bien... J'ai eu une enfance banale. Tout a changé quand j'ai eu 15 ans. » Dit-elle.

« Pourquoi ? »

« Ma mère est décédé des suites d'un cancer du poumon. C'était dur... » Dit-elle, la voix commençant à trembler.

Baissant la tête, elle pouvait sentir le regard de l'homme sur elle. Comment allait-elle lui dire la suite de son histoire ? Elle ne pouvait pas, elle n'avait pas la force... Non, elle ne pouvait pas le faire.

« Je ne peux pas... » Finit-elle par dire, se mordant la lèvre.

« Et pourquoi vous n'y arrivez pas ? » Lui demanda le professeur dans un murmure.

« J'ai peur... des répercussions... »

« Quels genres de répercussions ? Ce serait grave ? »

« Oui. »

« Mais après avoir parlé et avoir réglé le problème, tout s'arrangera, non ? »

« Peut-être... » Murmura-t-elle, laissant les larmes couler contre son plein gré.

« Vous voulez que ça s'arrête, mais vous avez peur des répercussions que cela va engendrer. Mais des répercussions sur vous, ou sur les personnes fautives ? »

Annie releva la tête, fixant le professeur devant elle. A croire qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert.

« A moins que les répercussions de cette situation sur vous se soient déjà répercuté. » Ajouta-t-il.

Impossible de dire quoique ce soit, la blonde entre-ouvrit la bouche. Soudain, elle le vit redresser les manches de sa chemise avant de pousser ses avant-bras nus sur la table. Annie observa les bras de l'homme devant lui. Ils étaient couverts de traces blanches en relief, c'étaient des cicatrices. Alors lui aussi, il s'était scarifié.

Prise d'un élan de courage, elle redressa les manches de son pull et montra ses avant-bras à l'homme qui les regarda. Ses marques à elle étaient bien pire, puisqu'elles étaient rouges, pas complétement refermés et récente.

« Il y a d'autres endroits ? » Demanda-t-il.

« Mes épaules, ma poitrine, mes hanches et mes cuisses. »

« Arrêtez ça, Annie. Vous allez le regretter. Je regrette toutes ces marques sur mon corps. »

« C'est plus fort que moi. »

« Je sais. C'était dur d'arrêter. J'ai même envie de replonger. Et je crois que je ne vais pas tarder à replonger, pour être honnête avec vous. »

Elle le regarda encore une fois, surprise de ses propos. A première vue, lorsque l'on le voyait, il ne semblait pas être quelqu'un qui se mutilait il y a encore quelque année, et il ne semblait pas non plus être particulièrement mal. Mais visiblement, il était au bord de l'explosion.

« Je vais vous aidez. » Dit-elle.

« Comment vous voulez m'aider alors que vous n'arrivez pas à vous aider vous-même ? » Dit-il en se levant.

« Laissez-moi un peu de temps... » Dit-elle en se levant également.

« Ne déviez pas encore plus le sujet sur moi. C'est pour vous qu'on est là, pas pour moi. »

« Vous êtes têtu, monsieur. » Lui dit-elle.

Le professeur la regarda un moment pendant qu'elle s'asseyait sur la table. Il vint se placer juste devant elle, se tenant à la table derrière lui. Voyant qu'il remettait ses manches correctement, elle fit de même.

« C'était trop tôt pour que vous parliez, visiblement. »

« Pardon... » Dit-elle, essuyant les dernières larmes.

« Ça ne fait rien, Annie. Il n'y a aucun problème. Peut-être une autre fois. »

« J'espère. »

Annie le vit attraper sa veste pour la mettre. Quoi, il allait partir ? Alors que le cours allait bientôt commencer ? Voyant qu'il attrapait son sac, elle lui attrapa le poignet. Il se retourna vers elle et l'observa, avec incompréhension.

« On... On a cours là, monsieur. Vous n'allez pas partir... » Bégaya Annie, comme une idiote.

Putain, ressaisis-toi, se dit-elle.

« J'avais oublié... » Répondit-il en la regardant.

La blonde ne sut pas réellement ce qu'il était en train de se passer, mais elle commença à tirer la manche vers elle, guidant l'homme vers elle. Elle remarqua qu'il se laissait faire. A cet instant précis, elle n'avait qu'une seule envie : l'embrasser comme jamais elle n'avait embrassé un homme de sa vie.

Plus il s'approchait d'elle, plus elle écarter les cuisses de façon à ce qu'il puisse se mettre contre elle. Rapidement, il se retrouva entre ses jambes, la respiration forte. Annie, elle, le regardait. Elle avait envie de lui.

Putain, qu'est-ce que je suis en train de faire... pensa-t-elle, passant sa main sur la joue du professeur.

Annie le vit fermer les yeux, comme s'il attendait qu'elle se décide. Elle fit un petit sourire et rapprocha son visage, faisant frôler leur nez. Caressant la joue rouge de son professeur avec son pouce, elle fit rencontrer leurs lèvres dans un premier temps. La blonde le sentit presser encore plus ses lèvres contre les siennes. Surement voulait-il montrer qu'il était réceptif.

Ainsi, ce ne fut pas long avant que leurs langues commencent à danser l'une contre l'autre. Elle avait remarqué que le baiser qu'il lui donnait été maladroit, mais elle trouvait ça touchant et amusant. Elle passa ses mains dans la chevelure blonde de l'homme et accentua le baiser.

Ce n'était pas un simple baiser. Elle n'avait jamais embrassé quelqu'un comme ça. Il y avait des sentiments des deux côtés, et cela rendait le baiser encore meilleur qu'il ne l'était.

Soudain, la sonnerie indiquant le début des cours retentit. Les deux blonds, couper dans leur élan, s'arrêtèrent. Annie sentit l'homme s'éloigner peu à peu d'elle. N'osant pas le regarder en face, elle le vit se rapprocher pour attraper ses affaires qu'il avait posé entre temps avant d'aller se mettre au bureau et de s'approcher de la porte. Elle descendit de la table et se réinstalla à sa place.

Elle entendit rapidement un brouhaha d'élève arriver.

Voilà, elle avait tout gâché.   

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