Chapitre 10 - A la craie blanche

Les muscles endoloris par l'effort, je tends et détends les bras à plusieurs reprises. Je me sens étrangement calme, malgré la situation. Je resserre les bretelles de mon sac à dos, qui tinte. J'hésite à l'ouvrir, je ne sais même pas ce que Laïa a mis à l'intérieur, mais l'endroit n'est pas sûr. Je me dirige vers la porte en prenant soin de ne pas faire de bruit.

Je pose ma main sur la poignée dure et froide de la porte et la fais basculer, non sans mal. Elle est d'un poids déstabilisant. Mais le couloir l'est encore plus.

Je m'y engage après avoir vérifié qu'il était vide. Les murs sont recouverts de peinture rouge et granuleuse, sur lesquels des centaines, voir des milliers de mots sont tracés à la poussière blanche. Le sol renforce le côté glauque avec son parquet foncé. Je manque de défaillir quand des pas autres que les miens résonnent. Je me retourne d'un mouvement vif, prête à bondir.

L'homme armé d'un revolver que j'imaginais n'est en fait qu'un petit garçon qui n'a visiblement pas encore passé les 7 ans. Ses petits poings tiennent fermement un lapin en peluche auquel il manque une patte. En m'approchant encore un peu, je remarque que ses yeux sont rouges et bouffis. Je m'accroupis pour me mettre à sa hauteur.

_ Comment tu t'appelles ?

Ses iris, d'un bleu plus foncé que le mien, lancent un regarde affolé vers un point que je ne peux pas voir, puisqu'il est dans mon dos. Je pivote légèrement sur mes talons, mais je ne vois rien. J'interroge l'enfant d'un regard et il hausse les épaules, l'expression étrangement plus calme que les quelques secondes d'avant. Je lui repose ma question. Il baisse les yeux vers la poche de son pantalon sale, et en sors un morceau de craie.

Il marche alors en direction de la paroi couleur sang et fait crisser son instrument sur un morceau de surface encore vierge. Une à une, les lettres prennent forme. Ses doigts manient la craie avec une habileté fascinante. D'abord, un N. Vient ensuite un A. Bientôt suivit d'un T. Quand le mot est complet, je dois le relire pas moins de trois fois pour être sûre que mes yeux ne me jouent pas des tours. NATHANIEL. Blanc sur rouge. NATHANIEL.

Je passe successivement de l'inscription au gamin, puis du gamin à l'inscription, avant de repasser au gamin. Il tente un sourire mal assuré, comme apeuré. Je le rassure en souriant à mon tour. Il passe une main dans ses cheveux en bataille, et fait un pas en arrière. Je le suis, inexplicablement attirée.

_ Attends !

Son comportement m'intrigue au plus au point, et sa petite bouille est irrésistible. De plus, ses cheveux, d'un noir de Jais, sont des plus rares. Uniques même. Je me demande s'il est né comme ça, et la raison de sa présence dans ce bâtiment. Je ne crois pas que ce soit un endroit très fréquenté des enfants, d'habitude.

Je le suis et il s'arrête d'un coup, si bien que je manque de le heurter. Je contourne son petit corps pour lui faire face. Son visage exprime un sentiment que je n'arrive pas à définir. Un mélange de surprises, de tristesse, et de peur, peut-être. Nathaniel n'est pas un enfant ordinaire, j'en suis certaine.

Prise d'un élan de tendresse, je le prends dans mes bras. Il se crispe d'abord, avant de se laisser aller. Ses petits poings se referment sur mon cou, qu'il serre fort. Ce simple contact me remplie de bonheur. La raison de ma venue me revient alors en mémoire, et je romps notre lien. Je suis partagée. J'aimerais emmener le garçon avec moi, mais je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose par ma faute. Cependant, il ne semble pas plus heureux à arpenter ce couloir en couvrant les murs de mots à la craie blanche.

Oh et puis après tout !

_ Est-ce que tu veux venir avec moi, Trésor ?

Il hoche la tête, ce qui a pour effet de faire valser la mèche rebelle dressée sur le sommet de son crâne. La scène m'arrache un léger rire. Je saisis sa main, dont les doigts sont blanchis par la craie. Je résiste à l'envi de lui poser des questions, au risque de l'effrayer.

Certaines me préoccupent pourtant beaucoup. D'abord, qu'est-ce qu'un enfant d'un si jeune âge fait ici ? Pourquoi ses cheveux sont-ils de cette couleur ? Et surtout, pourquoi est-ce que je ressens une telle attirance envers lui ?

Je garde mes interrogations pour plus tard. J'ai déjà perdu assez de temps. Je jette un coup d'œil à ma montre, qui m'indique que cela fait maintenant presque une demi-heure que je suis ici. Le temps passe bien vite.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Bonjour cher lecteurs!

Déjà je tiens à m'excuser pour ce chapitre, qui est un peu court!

J'espère que vous avez aimé la rencontre qu'Alya a faite

a faite ici!

Vous en pensez quoi? Qui est Nathaniel, à votre avis?

Lâchez-vous en commentaires!

Kylarie. ♥


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top