Chapitre 1

-Lochi, ma chérie, tu viens m'aider, s'il-te-plaît ?

Lochi saisit le marque-page qui traînait sur son matelas et le glissa entre les fines pages du livre. Elle posa ensuite celui-ci sur la table de nuit et se leva en soupirant. Ses longs cheveux bruns glissèrent dans son dos dans un mouvement léger.

La jeune fille se dirigea ensuite vers la salle à manger où l'attendait sa mère.

-Lochi, ma chérie, réitéra celle-ci, tu peux m'aider à mettre la table s'il-te-plait ?

-Oui, bien sûr, Maman.

Elle se dirigea donc vers la cuisine et saisit une pile d'assiette dont elle se servit pour transporter les couverts. Elle les répartit habilement sur la table recouverte d'une jolie nappe blanche bordée de dentelle, puis fit de même avec les verres. Après pichet d'eau, dessous de plats et serviettes, la jeune femme claironna :

-Maman, j'ai fini !

-Très bien, ma puce, répondit l'intéressée. Tu vas faire quoi maintenant ?

Lochi réfléchit un instant, puis répondit :

-Je sais pas... continuer de lire, ou m'entraîner au tir à l'arc.

L'adulte soupira, puis continua :

-Tu n'as pas besoin de t'entraîner au tir à l'arc, ma chérie... Tu tires déjà assez bien, et puis, tu ne te battras pas, plus tard...

-Et pourquoi pas ? rétorqua la jeune femme. Le roi a demandé il y a dix ans à ce que tous les jeunes de quinze ans apprennent à se battre dans au moins une discipline. J'ai choisi le tir à l'arc et je suis douée. J'ai même pu apprendre l'épée et le combat au corps à corps ! Qu'est-ce qui te dit que je n'y passerai pas mon avenir ?!

-Mais ma chérie... Si tu vas à la guerre, tu mourras...

-C'est pour ça qu'il faut que je m'entraîne. Pour être meilleure. Si je meurs, c'est que je ne suis pas bien entraînée.

-Mais... Si tu vas à la guerre, tu ne voudrais pas prendre des armes à feu, ou... ou un gilet pare-balle, quelque chose qui te protège ?

-Maman ! Un gilet pare-balle m'alourdirait, j'en ai déjà testé, et tu sais que je base tous mes combats sur l'agilité et la vitesse. C'est comme si tu me demandais de porter une robe ! C'est très bien pour lire, mais pas pour se battre.

Sur ce, la jeune adulte fit demi-tour et se dirigea d'un pas ferme à l'extérieur où l'attendaient ses armes et ses stands de tir.

"On ne prend pas d'armes à l'intérieur", disait sa mère.

Pas d'armes à l'intérieur, et puis quoi encore ? Lochi aurait voulu les avoir sur soi. Mais bon, elle avait une sorte de cabanon à l'extérieur pour les entreposer, et un stand de tir aménagé par elle-même.

Elle sortit de sa poche la clef du cabanon et déverrouilla la porte d'un habile tour de main. Elle saisit ensuite son carquois qu'elle accrocha solidement dans son dos, son arc qu'elle enroula autour de ses épaules, sa ceinture d'où pendaient fièrement ses deux épées qu'elle attacha à sa taille, puis referma le petit abri.

Elle saisit l'arc et vérifia qu'il était bien courbé et tendu, puis saisit une flèche et la décocha sur une cible néanmoins assez loin. Le projectile vint se planter dans le cercle central, celui qui vaudrait le plus de points dans une compétition. Celui qui indique que l'on vise bien. Que l'on atteint l'ennemi en cas de guerre. Que l'on est compétent.

La jeune femme esquissa un sourire. Première flèche, première réussite. Elle en décocha une deuxième, qui vint rejoindre sa soeur au centre de la cible.

Elle donna ensuite une petite impulsion du pied droit, vers le haut, ce qui fit sortir une petite dague de son épaisse botte. L'arme de poche était cachée dans une doublure du cuir, lovée contre son talon. Elle pouvait ainsi l'avoir sur elle même à l'intérieur, et pourrait s'en servir si jamais elle était capturée puis dépouillée de toutes armes. De toute manière, elle savait se battre au corps à corps sans armes, ou avec un simple bâton, bien que cela soit plus difficile qu'avec une arme tranchante, qui blesse plus efficacement.

La dague sortit donc de la botte, dans un mouvement horizontal, et la jeune femme l'intercepta de sa main avant qu'elle ne retombe au sol. Elle la leva ensuite rapidement derrière son épaule afin de prendre de l'élan, puis la lança en direction de la cible. La dague s'y planta également, presque à la limite du cercle central, marquant tout de même dix points.

-Yeah ! fanfaronna l'archère. Je tire la dague presque aussi bien que les flèches !

-Lochi, ma chérie, l'interrompit sa mère d'un ton récurrent, tu peux aller voir le courrier, si on a pas reçu le journal ?

-Oui, Maman, j'y vais... soupira l'intéressée.

Elle enfila son arc autour de ses épaules, puis se dirigea vers la route, où trônait la boîte aux lettres. Elle sortit la clef du cabanon, un double de celle de la boîte aux lettres y était accroché. Elle ouvrit la boîte et y trouva comme prévu le journal de la semaine.

Après avoir refermé le réceptacle du courrier, la jeune femme se dirigea d'un pas las vers la maison, afin d'y donner le journal à sa mère. Curieuse, elle regarda tout de même les gros titres.

"Augmentation du prix des yaourts" annonçait l'hebdomadaire.

Lochi soupira. N'y avait-il rien à dire pour annoncer la hausse de quatre centime du prix d'un yaourt nature ?

Exaspérée, elle continua la lecture des titres à la recherche de quelque chose d'intéressant.

"La grippe aviaire ruine les éleveurs de canards"

"Grand festival de musique à Luimina !"

"Un nouveau supermarché à Luimina"

-Eh bien ce "nouveau supermarché" a attendu assez longtemps, il pourra vendre ses yaourts quatre centimes plus chers, marmonna la jeune fille dans un brin d'ironie.

Elle allait rentrer et déposer le journal sur la table quand un titre attira son attention.

"Un démon repris de justice part pour une noble quête"

Comme attirée par ce titre hors du commun, la jeune femme s'assit sur un rebord de la pelouse et lut l'article en entier.

"Le démon nommé Aneo Burtyl a tenté il y a trois jours d'assassiner le seigneur Tranbert. En guise de peine, il doit affronter un seigneur démon très dangereux qui prépare une armée en vue de détruire Luimina. Il ne pourra..."

Lochi referma le journal et regarda un point dans le vide, réfléchissant.

Si elle partait, si elle tuait le seigneur, tout le monde l'apprécierait et la respecterait enfin, reconnaîtrait enfin sa force, malgré son petit gabarit et la misogynie de certains.

Il ne lui fallut que quelques secondes pour se décider. Ce soir, après avoir dîner et être montée dans sa chambre, elle descendrait pas la fenêtre avec dans un sac le minimum vital, se chargerait de toutes ses armes, puis partirait en direction de la maison du seigneur qu'elle aura pris soin de localiser avant.

Ses parents se feraient du soucis, mais quand elle reviendrait, elle serait accueillie en héros.

//PS : Lochi est à lire Lotchi ^^


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