Chapitre 7 : Le procès
Le lendemain, dans la salle du trône, Psousennès fit amener les prisonniers pour leur jugement. A cause de la gravité des actes d'accusation, tous furent présentés un à un à leur procès, les autres étant tenus au secret. Aucun des hommes jugé ne devait avoir la possibilité de parler à leur confrères du déroulement ni communiquer les informations détenus par la police de Pharaon et avancés par l'accusation pour confondre les accusés, lors de cette procédure si particulière. Le vizir avait été très clair avec Paneb qui avait tout organisé en conséquence. Malheureusement, cela impliquerait des délais importants entre chaque étape du procès, le temps de procéder au chagement d'accusé.
D'un geste, Psousennès donna à Smendès l'autorisation d'amener le premier accusé. Celui-ci alla ouvrir la porte de la grande salle du trône et fit entrer Paneb et ses soldats. Au milieu se tenait un homme brun et barbu. Ses muscles rivalisaient avec ceux du chef des gardes. Son pagne était sale et déchiré par endroits. Il était également taché par endroit de larges tâches rouges : probablement son sang. Smendes lui avait confié il y a peu que Paneb savait faire parler même les plus récalcitrants, sa connaissance du corps humain, appris durant sa jeunesse alors qu'il travaillait en tant que préposé au lavage des corps pour une guilde d'embaumeurs, lui avait appris à peaufiner son art de la torture. Psousennès n'avait pas voulu en savoir plus.
Le gaillard fut attaché à des chaînes ancrées dans le sol de la salle pour l'occasion. Les gardes l'encerclèrent et se mirent au garde à vous face à Pharaon, prêts à agir en cas de problème avec le prisonnier. Ils avaient ordre de l'abattre à la moindre alerte.
Le vizir se leva. Le procès débuta.
- En ce premier jour de notre Pharaon Psousennès, second du nom, je déclare le procès ouvert. Le premier accusé se tenant devant nous est accusé et formellement identifié comme ayant tramé un complot contre notre cher Pharaon, Netjerkhéperrê Mériamon Setepenamon, aimé des Dieux. Il est également poursuivi pour avoir participé au meurtre qui en a découlé. Ainsi que pour la tentative de meurtre sur ma personne durant ce même complot. Ce meurtre s'est de plus passée dans l'enceinte d'un de nos temples les plus sacrés, brisant ainsi tous les liens sacrés qui unissaient ces hommes aux Dieux. Je demande ainsi aux témoins de ne pas se fier à son air, car lui et ses comparses ont commis le plus odieux des crimes, que rien ne saurait pardonner.
Le vizir se rassit à la droite de Psousennès, qui prit la parole.
- Je pense que l'accusation est claire, qu'avez-vous à dire pour tenter de sauver votre vie ?
- Allez en enfer, Apophis saura vous faire payer votre oppression !
- Ainsi, vous ne vous défendez pas ?
- J'ai commis une des meilleures actions pour le bien de mon peuple, celui que vous tuez à petit feu. Vous vivez dans votre Palais et ne regardez jamais dehors, pour voir comment vit votre peuple. Vous, les riches, êtes tous les mêmes. Vous méritez ce qui lui est arrivé !
Smendès prit la parole :
- Je pense que nous avons nos aveux. Je conseille à notre Pharaon de lui infliger la peine maximale. La mort par empalement. Sa culpabilité ne fait aucun doute.
- En effet. Moi, Psousennès, Pharaon d'Egypte, je vous condamne à la mort. Cette sentence sera appliquée dès la fin du procès.
***
A ces mots, l'accusé laissa échapper sa colère. Il n'avait passé son procès à se détacher. Il tenta de pousser les garder pour en prendre à son juge. Ceux-ci furent néanmoins plus rapide à réagir qu'il ne l'aurait cru. Il se retrouva encerclé par des pointes de lances qui n'hésiteraient pas à le transpercer. Il s'arrêta donc. Après tout, sa tâche n'était pas terminée. Il fallait encore qu'il règle son compte à cette petite traînée qui avait osé les trahir... Il avait fait cette promesse et la tiendrait, même si cela devait lui coûter la vie. De toutes manières, il était déjà condamné. Et cela vengerait tous ses compagnons, qui allaient également perdre la vie...
***
Reconduisez cet homme dans sa cellule, immédiatement ! Psousennès était hors de lui. Menotez le bien, et surtout, contrôlez le ! Faites ce qu'il faut. Cet homme a tenté de me tuer devant toute ma cour !
Ameni, le vizir était allé quérir des renforts en urgence pour assurer la sécurité de son souverain.
- Majesté, comment allez-vous ?
- Bien, bien, mais cet homme mérite amplement son châtiment, ainsi que tous ses comparses. Qu'ils soient tous mis aux fers jusqu'à leur exécution !
- Majesté, il sera mis aux fers, mais les autres n'ont pas encore été jugés, nous ne pouvons les condamner comme ça, cela bafouerait la loi de Mâât.
Psousennès tenta alors de se calmer. Il ferma les yeux et respira profondément, tentant de reprendre son soufle et de calmer son coeur. Sa réaction était sous le coup de l'émotion, il le savait. Mais avait du mal à voir clairement. Il ecouta donc son vizir.
- Faites venir des rafraîchissements, et amenez le prisonnier suivant !
***
Les procès suivants se déroulèrent mieux que le premier, plus personne ne tenta de s'en prendre à Psousennès et tous acceptèrent plus ou moins leur sorts, résignés.
Lorsque tous ressortirent de la salle du trône après le procès, les discussions allèrent bon train, non seulement entre les notables ayant assisté aux procès, mais également plus loin, avec les employés du Palais qui avaient probablement écouté les conversation. Bien sûr, toutes les discussions s'arrêtaient dès qu'il approchait. Psousennès se dit que le Palais serait pleins de rumeurs le lendemain. Cela l'amusa. Il se sentait au-dessus de tout cela. Mais en même temps, il savait que ces rumeurs pouvaient très vite se répandre, s'envenimer et devenir dangereuses. Son père en avait fait les frais lors de la construction de sa tombe. Malgré le fait que les domestiques se taisaient lors de son approche, il avait surpris plusieurs fois des conversations de couloir qui n'étaient pas tendre avec son père, voire même avec lui. Il s'était jugé que sous son règne, jamais personne n'oserait médire sur lui, ni sur les membres de son entourage proche. Il châtierait les personnes responsables du moindre écart.
***
L'après-midi, après un repas, il se rendit de nouveau dans la salle du trône. Il était seul, mis à part les gardes chargés d'en garder l'entrée. Il s'assit sur son trône et ferma les yeux. Il pouvait presque sentir la puissance de ses ancêtres, ayant régné avant lui. Il émergea soudain, entendant un bruit. Et reconnu la jeune fille qu'il avait déjà remarquée. Elle portait un récipient avec précaution et semblait hésiter sur le pas de la porte. Les soldats ne l'avaient pas empêchée d'entrer car il n'avait donné aucun ordre contraire.
- Viens, n'aie pas peur, je ne vais pas te manger.
- C'est que...
Elle était visiblement très timide. Il aimait cela.
- Oui ?
- On m'a demandé de nettoyer le sol. La ou les hommes ont été jugés, il y a des tâches.
- Vas-y, ne te préoccupes pas de moi, je réfléchis. Ne fais pas de bruit.
- Bien.
Elle s'approcha. Il en profita pour la détailler. Enfin, il en avait tout le loisir, étant seul avec elle. Il remarqua alors qu'elle portait des marques rouges autour du coup. Probablement les restes de son agression. Elle était maintenant à genoux et frottait le sol.
- Comment vas-tu depuis hier ?
Elle arrêta son travail et releva la tête avec surprise, les yeux écarquillés.
- Réponds, je ne vais pas te manger.
- B... Bien, mon Pharaon.
- Tu as l'air d'avoir peur de moi. Je te fais peur ?
- Je... C'est que je suis nouvelle. On m'a dit d'être sage et de ne pas me faire remarquer.
- Qui t'a dit ça ?
- Il se nomme Paneb, c'est le chef...
- De ma garnison, oui, je sais. Ainsi, tu es la fille qu'il a pris sous son aile ? On comprend pourquoi...
Quelques secondes passèrent, pendant lesquelles Meriâmon sentit le regard du Pharaon sur elle. Il reprit :
- Ah ! J'allais oublier. A partir de demain, je te veux à mon service. Tu n'auras plus à nettoyer le sol de ma salle du trône. En revanche, assure-toi de me procurer ce que je demande, efficacement.
- B... bien mon Pharaon.
- Et arrête de bégayer, tu vas finir par me désespérer.
- Oui, mon Pharaon.
- Bien, c'est déjà mieux.
Il se leva et sortit, la laissant à sa tâche, se demandant se qui venait de se passer et pourquoi Pharaon, l'Homme le plus puissant d'Egypte lui posait toutes ces question à elle, qui était presque esclave.
Elle n'avait pas manqué de remarquer que celui-ci l'avait dévisagée et même détaillée pendant plusieurs minutes avant de commencer à lui poser ses questions. Un doute lui vint en mémoire : avait-elle bien fait de lui répondre franchement ou aurait-il mieux valu qu'elle taise certains éléments ?
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