Chapitre 30 : Folie meurtrière

Je viens de me rendre compte que j'ai oublié pleins de chapitres, je devais être fatiguée quand j'ai posté les textes. Les voici donc, en retard.


Le siège de Jérusalem durait depuis déjà des semaines. Les ressources en nourriture diminuaient même pour l'armée de Pharaon. Pourtant bien approvisionnées. De gigantesques battues étaient organisées pour trouver d'autres sources de nourriture dans les environ. Mais les animaux se faisaient de plus en plus rares.

Amonet s'entrainait tous les jours car son malaise ne diminuait pas et qu'elle voulait se sentir prête. Chaque jour elle espérait qu'il se passe quelque chose, que les ennemis fassent une tentative de sortie désespérée, que Sheshonq lance son attaque, ou n'importe quoi d'autre. Au moins, elle aurait enfin sû ce qui l'attendait. Elle ne dormait presque plus la nuit, sauf quand elle tombait dans un état de quasi évanouissement lié au manque de sommeil. Et là, elle dormait d'un sommeil de plomb durant des jours entiers. Sheshonq ne lui posait pas de questions, il devait bien se douter que c'était lié au malaise qu'elle ressentait. Elle maigrissait également, parfois incapable de se lever pour manger.

Un jour, alors qu'elle était assise par terre, dans sa tente, Sheshonq vint la voir.

- Si tu étais un de mes soldats, je te ferais fouetter pour t'apprendre ce qu'est la douleur.

- Aucune douleur infligée par un objet humain ne peut me faire plus souffrir que cela. J'en appellerai presque la mort avec joie, si je le pouvais.

- A ce point ?

 - Je ne suis pas une ... 

- Je le sais. Que puis-je faire pour que tu en termines avec cette douleur ?

- Attaquer.

- Quoi ? C'est impossible, tu as vu la taille de leurs murs !

- Ils meurent de faim. Ils sont décimés par les maladies et la famine. Même les soldats. Même nous commençons à manquer de nourriture. POurquoi attendre un assaut désespéré de leur part ?

- Nous perdrons beaucoup plus d'hommes.

- Pas nécessairement. Dans quelques jours, nos provisions seront au plus bas. Le moral et la santé de tes troupes déclineront. Alors que maintenant, c'est toi qui a les cartes en main.

 - Je vais y réfléchir. Mais ne t'attends pas à ce que je change grand chose. Même pour toi, je ne prendrais pas le risque de perdre mon armée.

- Je le sais.

Il sortit. Amonet n'arrivait pas à en croire ses oreilles. Il avait quasiment refusé d'entendre ce qu'elle avait à dire. Il avait fini par accepter de dire qu'il y réfléchirait mais Amonet était persuadée que c'était pour clore la conversation. Sa décision était déjà prise. Plus le temps avançait, plus elle le trouvait étrange. Elle sortit et alla voir son cheval. Celui-ci hennit en la voyant. Elle pensa :

 - Au moins un qui à l'air content de me voir.

Elle se dirigea vers lui et le gratta derrière les oreilles, juste là ou il aimait ça.

***

Quelques jours plus tard, alors qu'elle avait perdu tout espoir d'une attaque Egyptienne, les portes de la ville s'ouvrirent. Les cors de l'armée Egyptienne sonnèrent le rassemblement. Tous s'équipèrent et les cavaliers saisirent leur monture. Les bataillons furent formés et Amonet rejoint Sheshonq au plus vite à la tête de l'armée.

L'armée en face avait réorganisé ses rangs plus vite qu'eux, ils n'avaient qu'à sortir de la ville et recomposer leur ligne. Ils chargeaient déjà. Tous se préparèrent au choc. Amonet sentait irradier la fureur de Sheshonq d'être pris à défaut comme cela.

Le choc fut brutal, les troupes ennemies s'enfoncèrent de plusieurs rangs dans les rangs Egyptiens. Beaucoup d'hommes des deux côtés mourrurent sur le coup. Amonet se batit également, ses deux lames fendant l'air pour asséner coup sur coup et ainsi protéger Sheshonq. Celui-ci se retourna vers elle.

 - Ta magie, qu'attends-tu pour l'utiliser ! Rends-toi plus utile !

 - Je t'ai dit que ne n'utiliserait ma magie que pour me protéger ou contre un autre mage. Ils n'ont aucune chance contre moi. 

 - Tu permets la morts de fils d'Egypte.

 - Je ne peux interférer dans les combats humains. J'ai un rôle à jouer.

La dessus, elle avança la main vers Sheshonq, sa lame passa juste au-dessus de son épaule et vint se planter dans l'oeil d'un attaquant qui profitait du fait que Sheshonq était tourné vers elle. Il avait ouvert des yeux ronds, croyant probablement qu'elle l'attaquait. Il se retourna vers ses ennemis et recommença à se battre.

Amonet remarquait que seules quelques poches de résistance ennemies subsistaient. Les portes de la ville étaient de nouveau fermées. Sheshonq envoya un messager demander la redition de la ville. Qu'aucun mal ne serait fait à personne. A ces mots, un éclair fusa des remparts et blessa le messager en l'atteignant. Il hurla plusieurs minutes avant de mourrir. Son agonie ébranla les troupes Egyptiennes mais Sheshonq les reprit en main.

***

Les portes s'ouvrirent de nouveau, laissant passer trois hommes à pied. Amonet se tourna vers Sheshonq :

 - Tu vois, je vais servir à quelque chose au final

Il ne répondit pas. Soudain, les mages commencèrent une incantation. Une immense lumière se forma devant les mages, une bourrasque de vent les percuta. L'incantation dura encore quelques secondes puis le sort fut propulsé vers eux. A mi chemin, un autre sort apparut subitement et Sheshonq put voir apparaître une forme, un cheval. Il la reconnut aussitôt. Cette forme était Amonet. Elle stoppa l'attaque, ou plutôt la prit de plein fouet. La boule se reforma autour d'elle, l'empêchant de la discerner. Cela dura ce qui lui semblait une éternité.

Enfin, au bout d'un temps qui avait paru une éternité à Sheshonq, Amonet reparut petit à petit. Elle avait la main tendu en avant et semblait absorber la magie, qui disparaissait dans sa paume. Lorsque tout fut absorbé, elle ne bougea pas. Il sembla à Sheshonq qu'elle récitait une formule magique mais ce qu'il entendait n'était qu'un murmure. A peine eut-elle terminé que soudain, le rayon de lumière qu'elle avait absorbé ressorti de sa pause. Il alla tout droit, vers les trois mages, qui n'eurent le temps de rien faire. Le rayon les heurta de plein fouet et les engloutit tout entiers.

***

Le sang d'Amonet n'avait fait qu'un tour lorsqu'elle avait senti l'attaque. Une telle puissance aurait détruit l'armée de Sheshonq. Anéantit, même. Elle utilisa un portail, identique à celui des mages de Megiddo pour se téléporter au milieu de la plaine en une fraction de seconde et se protégea avec un bouclier. Elle n'avait rien élaboré, mais elle savait que si elle ne faisait rien, le résultat serait sans doute pire. La, elle pouvait au moins ralentir le rayon, le temps que l'armée se disperse, si toutefois Sheshonq en donnait l'ordre...

Elle tendit le bras en avant et lança son sort de bouclier. A peine une seconde plus tard, le puissant rayon le percuta. Il se passa alors quelque chose qu'elle pensait impossible. Elle sentait la magie entrer dans sa paume toujours tendue. Et elle sentait l'attaque ennemie devenir de plus en plus faible. Au bout de quelques secondes, elle se sentit mal, comme si son corps allait exploser. Elle savait que c'était cette attaque, toute la puissance magique absorbé qui donnait ce résultat. Elle eut alors peur de ce qui allait suivre. Un contre sort tel que celui qu'elle utilisait actuellement ne lui avait jamais été enseigné. Elle pensait qu'elle allait mourir. Que deviendrait alors toute la magie qu'elle avait accumulé ? Exploserait-elle, dévastant tout sur son passage ? Irrait-elle sur une autre âme afin de lui prodiguer une puissance inouïe ? Sur plusieurs âme ?

L'attaque fut enfin absorbée, Amonet avait l'impression que tout son corps subissait un poids tel que sa peau allait lâcher. Sa main toujours en avant, elle ordonna une attaque en direction des mages. Dès qu'elle se sentit mieux, elle stoppa son attaque. Elle avait encore de grandes quantités de magie en elle mais pouvait les gérer sur le plan physique. Les mages en face avaient disparu. Sans doute pulvérisés par l'attaque.

Amonet entendit soudain des cris. Des cris nombreux. Derrière elle. Elle se retourna. C'était l'armée de Sheshonq. Ils se précipitèrent sur la ville, suivant leur Pharaon. La voie était maintenant dégagée.

***

Shehsonq ne revenait pas qu'Amonet ait détruit trois mages ennemis en une attaque. Il se voyait déjà mort. Il ordonna l'attaque et s'arrêta vers Amonet.

 - Félicitations, tu viens de me conquérir cette ville. Suis-moi !

***

Il partirent au galop en direction de la ville. Passant les portes, ils virent un véritable carnage dans les rues. Sheshonq ne dit rien pour stopper ses soldats. Il se contenta d'obliquer vers le Grand Temple, ou probablement le Roi Salomon était allé prier. Sheshonq avait une intuition hors du commun. En effet, ils l'y trouvèrent, agenouillé devant l'Autel. Il entrèrent à cheval dans le sanctuaire pour le chercher. Sheshonq descendit de son cheval, brandit son épée et se dirigea vers lui. Sans un mot, il l'exécuta sur place, dans l'enceinte même du temple. Puis il regarda partout autour de lui. Il fouilla tout le temple, il le saccagea plutôt. Probablement à la recherche du fameux trésor du Roi. Il enleva toutes les tenture, draperies, cassa des meubles, et même des dalles qui sonnaient creu. Amonet était effarée. Jamais elle n'avait vu un homme se conduire ainsi.

Sheshonq se dirigea ensuite vers le Palais. Il y fit le même tapage. Tous ceux qui se mettaient en travers de sa route ou qui tentèrent de le raisonner furent blessés ou tués. Amonet tentait de le suivre mais il marchait d'un pas trop rapide pour elle, elle trottinait pour ne pas le perdre du vue. Enfin, il arriva devant la chambre de Roi. Il en défonça la porte et entra avant de la fouiller frénétiquement. Amonet entra à son tour et le surveilla de loin. Elle ne voulait pas prendre le risque qu'il retourne son épée contre elle car elle devrait alors se défendre et le blesserait probablement. Amonet l'entendait murmurer "ou est-il ?", "ou est-il ?". Elle ne savait pas de quoi il parlait mais son état l'inquiétait énormément. Il était comme hypnotisé, comme si quelqu'un avait pris l'ascendant sur lui et le contrôlait.

Soudain, il s'arrêta, le regard rivé sur un objet : il avait trouvé ce qu'il cherchait. Ce pour quoi il avait tué.

***

Sheshonq l'avait enfin. Il tenait enfin l'objet qui allait lui assurer la suprématie sur la Terre. Le trône d'Egypte allait enfin devenir le centre du monde. Tous les pays alentours lui verseraient un tribut, participant à la restauration du pays. Il ne se souvenait plus qui lui avait soufflé cette idée, il se rappelait vaguement qu'il s'agissait d'une femme. La seule qu'il connaissait qui pouvait voir aussi loin était probablement Amonet. Il suivait donc son conseil. Et comme elle le lui avait dit, ne laisserait personne se mettre sur son chemin. Elle accepterait probablement ces morts pour permettre d'instaurer un royaume de paix et de sécurité plus tard.

A peine l'eut-il pris que Sheshonq sentit l'objet lui brûler la main. Il le lâcha. Amonet se baissa et le ramassa. Elle n'eut pas l'air de souffrir du même mal que lui.

 - Suis-moi, lui ordonna-t-il. Garde le.

Il sortit du palais et se rendit de nouveau au temple. Celui-ci était illuminé par des centaines de bougies. Sheshonq ordonna de les éteindre.

 - Mon Pharaon, si nous brisons leurs coutumes...

 - ... ils auront peur de moi et n'oseront se rebeller. Je souhaite pouvoir garder une arrière garde solide. Cela me permettra de ne pas avoir à regarder tout le temps derrière moi.

Bien sûr, cela était une métaphore. Il aurait fait envoyer des éclaireurs voire un corps d'armée, mais se retrouver pris au piège entre le marteau et l'enclume n'enchantait guère Amonet.

 - Je comprends majesté, mais n'y a-t-il pas un meilleur moyen que la force ?

 - Si tu en as un, alors dis moi. Car cette ville change de maître en fonction de qui en prend possession. Seule la crainte de mon courroux le fera rester loyaux. ETEIGNEZ-MOI CES BOUGIES, DE SUITE ! aboya-t-il.

Les soldats s'exécutèrent, comme si un démon invisible les avaient fouettés. Sheshonq tourna les talons et s'en alla. Amonet resta silencieuse. Jusqu'à présent, il avait été bon stratège et avait remporté toutes les batailles. Elle lui accordait le bénéfice du doute, mais sentait que quelque chose avait changé en lui. Une ombre planait sur lui, maléfique, attendant son heure pour frapper. Plus le temps passait et plus Amonet arrivait à la sentir, tapie dans les recoins les plus sombres de l'âme de Sheshonq.

Il l'entraina sous le temple dans les caves. Il y chercha un endroit sombre, loin des regards, idéal pour cacher l'objet.

 - Mets-le ici, dit-il en désignant un trou dans la brique.

 - Puis-je demander de quoi il s'agit ?

 - Un artéfact, très ancien, qui fera de l'Egypte le centre du Monde.

Je ne ressens rien en lui, aucune puissance, aucune magie.

 - L'histoire de mon peuple parle de cet artéfact. Il est neutre lorsque touché par un puissant mage, les êtres purs peuvent sentir sa puissance, a contrario des ..." , il s'interrompit brutalement et changea de sujet. "Place le là".

Elle posa l'objet, finissant la phrase en pensées. Elle tenta de ne rien laisser paraître de son trouble. Il semblait clair que Sheshonq avait changé. 

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