Chapitre 26 : Conquêtes (partie 2)

Une fois arrivés dans le delta du Nil,Sheshonq ordonna de faire halte, d'abreuver les chevaux, de remplir les jarres d'eau. Sa tante fut montée prestement et il rassembla les généraux pour étudier le meilleur itinéraire, et surtout, le plus rapide, il avait hâte d'en découdre. Le champ de bataille lui manquait terriblement. Ainsi, il ne remarquait pas, pas plus que ces capitaines, que certains de ses soldats étaient rongés par le doute et la peur. La plupart n'avaient combattu derrière des murs ou dans des combats entre clans. La guerre leur était inconnue. Ce soir là, Amonet resta avec lui. Alors qu'il la prenait dans ses bras, elle lui dit.

Tu devrais expliquer le but de cette marche à tes hommes.

Pourquoi cela ? Ne suis-je pas Pharaon ?

Certains hommes sont très jeunes, ils n'ont pas eu l'occasion de connaître la guerre. Ils ont peur.

Pour cela que j'ai conquis ton pays. Mes hommes sont loyaux et ne connaissent pas la peur.

En ce moment, tu as besoin de ces hommes, alors prends les. Mais redonnes leur courage. Ou le champ de bataille les broiera.

Qui pourrait m'accuser de ne pas le faire ?

Que cela te coûterait-il de le faire ?

Il sourit et reprit

Tu parles toujours avec sagesse.

Je conseille au mieux Pharaon.

... et tu me réponds toujours. Tu sais qu'un jour, je pourrais m'en offusquer ?

Le jour ou tu n'écouteras plus de sages conseils, tu cesseras d'être un Pharaon juste, que je sers, tu deviendras un tyran.

Qu'arrivera-t-il ce jour là ?

Tu connaîtras l'étendue de ma puissance et ça ne sera pas beau à voir.

Je n'ose imaginer, dit-il avec un grand sourire.

La nuit fut courte pour eux, comme pour la plupart des soldats du camp, occupés à se souler en prévision des futurs combats.

Le lendemain, l'appel fut sonné et le camp, rangé. Sheshonq monta sur son étalon, ainsi qu'Amonet. Ils savaient que le soir même, ils dormiraient à la frontière et qu'il faudrait être très prudent et instaurer des tours de garde. Le départ fut donné. Amonet était détendue mais légèrement nauséeuse. Elle savait que bientôt des centaines de soldats, mais aussi des civils, mourraient et se sentait mal de participer à ça.

Le soir arriva donc et ils passèrent la nuit à la frontière. Sheshonq savait que ça donnerait le temps à leurs ennemis de rassembler leurs forces mais il ne souhaitait pas un combat après une journée de marche harassante et Amonet lui en était grée. Ce soir là, elle s'endormit comme une masse après avoir mangé. Le lendemain, elle se réveilla dans les bras de Sheshonq qui l'avait rejointe.

Bonjour, dit-il, il paraissait en forme.

'Jour, répondit-elle encore endormie

C'est le grand jour.

Oui, mais... que fais-tu ici ?

Oh, ça ? J'ai dû m'égarer, il lui sourit

Dans mon lit ?

J'aurais pu atterrir dans le lit d'un soldat.

Le pauvre !

Tous deux partirent dans un fou rire. Amonet referma les yeux pour profiter encore un peu de sa chaleur et de la douceur de sa peau.

Nous devons partir, c'est le grand jour.

Je le sais, accorde moi 3 minutes pour continuer à profiter de toi. Bientôt, tout ne sera plus que ruine et mort.

Je vais faire mieux.

Il la fit basculer sur le dos et ils s'unirent.

***

Le passage de la frontière se fit sans encombre, Sheshonq se dit que le Roi ennemis les attendait avec son armée à la capitale. Il en discuta avec Amonet et elle partageait son avis. Ils filèrent donc à bonne allure pour bloquer les éventuels renforts non encore arrivés et les mettre en déroute. Leurs efforts payèrent. Arrivés en vue de Gaza, ils virent un contingent se diriger vers la ville. Sheshonq dépêcha sa cavalerie fondre sur eux. Le combat fut bref, le contingent déposa les armes et se retrouva prisonnier. Sheshonq avait prévu le cas des prisonniers. Ceux-ci seraient envoyés sous bonne garde et solidement enchainés à Bubastis ou son fils (et le vizir) décideraient de leur sort.

Fort de cette première victoire très rapide, Sheshonq décida alors de faire le siège de la ville. Celle-ci n'était pas grande, ne possédaient que des murs, mais il ne souhaitait pas perdre trop d'hommes avant d'atteindre son but : Gaza, tout d'abord, puis Jérusalem, pour détrôner Salomon et mettre Jéroboam sur le trône.

***

La famine et les maladies contagieuses faisant des ravages dans Gaza, Sheshonq le savait. Mais le vieu Roi n'allait pas se laisser faire. Il préférait laisser mourir sa population plutôt que de lui remettre les clés de la ville. L'armée Egyptienne engloutissait tout le ravitaillement qui arrivait, et tout ce qu'ils trouvaient sur place. Ils étaient contraint de piller les fermes et les champs des paysans alentour. L'attaque avait été si soudaine que le Roi Salomon n'avait pas donné l'ordre de brûler les cultures. Mais chaque jour, ils devaient aller plus loin pour trouver à manger, ils devaient se rationner. Sheshonq savait qu'ils ne tiendraient plus bien longtemps non plus. Cela faisait maintenant 3 mois qu'ils assiégeaient la ville.

***


Amonet ne savait que penser de ce siège. Les deux armées souffraient, aucun des deux Roi ne voulait abandonner la partie, ni lancer un attaque. Tout était figé depuis de nombreuses semaines. Elle se rendit dans la tente de Sheshonq afin d'en discuter avec lui, s'il souhaitait se confier.

Elle s'inclina.

Bonjour Amonet

Bonjour mon Pharaon.

Elle vit immédiatement qu'il était d'humeur massacrante, voire même pire.

Que me vaut le plaisir de ta venue ? le ton était ironique.

Je suis venue voir ce qu'il se passe. Comment se fait-il que la plus puissante armée qaue l'Egypte n'ait jamais fournie se trouve bloquée au portes de Gaza alors que nous avons fait tomber cette ville auparavant ?

Auparavant, les combats se déroulaient à l'exterieur des murs, pas avec une armée de chaque côté. Ils cèderont, ils n'ont plus de nourriture depuis longtemps. Ils jettent leurs cadavres par dessus les murs.

Nous souffrons également, mon Pharaon.

Crois-tu que je ne le sais pas ? que je suis insensible à la souffrance de ma propre armée ? il cria, hors de lui. Amonet resta de marbre.

Je n'ai jamais insinué cela Majesté. Je suis venue vous proposer un plan qui permettra de briser les ultimes défenses de Gaza.

Je t'écoute, il parut soudain très intéressé.

Elle lui exposa donc son plan. Immédiatement, Sheshonq réunit un conseil de guerre pour distribuer ses ordres. Amonet avait donné un plan risqué, mais qui permettait de débloquer la situation.

***

Suivant ses ordres, trois divisions sur les quatres assurant le siège se mirent en route vers ce qui pouvait s'apparenter à une autre cible. Seule demeura la division devant la grande porte de la ville, ainsi que lui-même. Amonet restait également. Le piège était de donner une occasion à Salomon de tuer Sheshonq. Il aurait plus d'hommes et dès qu'il jugerait les trois divisions ennemies assez loins pour permettre à ses troupes d'agir, alors il ordonnerait une attaque, faisant ouvrir les portes, et mettant la ville à sa merci. Le plus dur serait d'entrer avant que les portes ne se referment. Pour cela, il faudrait inverser la place des deux armées et faire semblant de reculer sous le nombre de soldats ennemi. Par la suite, les trois divisions devaient revenir au plus vite, sur appel d'Amonet.

Une fois les troupes hors de vue, cachées dans les environs, Amonet eut froid dans le dos. Si tout ne se passait pas bien ils auraient alors de gros problèmes. Mais si tout se passait bien, alors Gaza serait à eux le soir même et ils pourraient faire encore des prisonniers en prenant la ville. Sinon de nombreuses vies seraient perdues.

***

Ils attendaient. Sheshonq devenait fou de ne pas savoir si l'ennemi tomberait dans le piège tendu. C'était un risque énorme, pour lui, mais également, pour le siège car peut-être la forteresse était-elle en cours d'élaboration d'un plan pour rétablir un canal d'approvisionnement.

Soudain, les portes s'ouvrirent. Ils avaient décidé de ne pas ordonner aux soldats de se préparer mais de se tenir prêt, pour tromper l'ennemi. La corne sonna, indiquant aux soldats de se préparer à la bataille. La plupart était déjà en cours.

Les soldats connaissaient les grandes lignes du plan. Ils devaient ouvrir les rangs pour ne pas absorber la charge mais la laisser traverser les rangs. Ils établirent leur formation et attendirent la charge. L'armée ennemie avait prit place devant les portes et fondait maintenant sur eux. Au moment du choc, les soldats bougèrent, deux soldats allaient ainsi derrière un troisième, soit à gauche, soit à droite. Ainsi, il ne resta plus qu'un rang là ou précédemment il y en avait 6. Les ennemis, sur leurs chevaux lancés au triple galop, n'eurent pas le loisir de stopper et traversèrent. Les lignes restantes furent malgré tout heurtées de plein fouet et de nombreux soldats furent éjectés et tués.

Une fois les troupes ennemies passés, les cavaliers n'ayant pas traversé la ligne, en sous-nombre, furent tués, pendant que les rangs se reformaient. Les places étaient inversées. Sheshonq, derrière ses troupes fut maintenant en première ligne. Il commença à reculer, bientôt imité par son armée et Amonet. Lorsqu'ils furent suffisamment près des murailles, les archers ennemis les visèrent, surtout Sheshonq afin de priver l'armée de son chef. Amonet avait établit un bouclier autout d'eux, afin que Sheshonq ne soit pas touché par des flèches. Les portes n'étaient toujours pas fermées. Sheshonq fit soudain signe aux cavaliers qui s'y précipitèrent. Ils tuèrent les soldats en charge du manoeuvrement de la porte et prirent position afin de la protéger. Amonet envoya le signal en lançant un sort dans les airs. Au loin, elle entendit des cris, une corne. Les renforts arrivaient. Il fallait maintenant tenir bon...

***


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top