Chapitre 20 : Accalmie
A son réveil, Amonet était restée dans un état léthargique pendant plusieurs semaines. Sheshonq, avait pris les choses en main et s'était occupé de Mursili. Il ne serait pas inhumé comme les Egyptiens, mais brûlé, selon ses croyances. Sheshonq lui avait néanmoins fait subir un embaumement sommaire, Amonet n'étant pas capable d'endurer ses obsèques. La maison avait été nettoyée et incorporée vendue, au profit du trésor de la ville. Sheshonq avait également fait passer des lois, dont une attendue, baissant drastiquement les impôts. Grâce à cela, le commerce, ainsi que la vie reprenait dans la ville. Sheshonq devenait donc de plus en plus populaire. Après les dernières années d'horreur, la population acceptait ce nouveau Pharaon étranger bien mieux que les précédents, qui avaient laissé le pays dans la misère. Enfin, tel le phénix, le royaume renaissait de ses cendres.
Il était en plein remaniement, des gouverneurs des diverses grandes villes afin d'y placer des gens qui lui étaient totalement dévoués. Certaines des villes concernées n'étaient tombées sous son joug que très récemment après un assaut de la part de son armée et il souhaitait arrêter le carnage. Amonet lui avait qu'elle ressentait chaque mort de son peuple. Il ne savait pas par quel moyen mais il savait qu'elle ne supporterait probablement pas un bain de sang vu son état actuel.
Un jour, alors qu'il alla voir Amonet dans sa chambre pour voir son état, il la trouva debout, l'air de chercher quelque chose. Depuis quelques temps, elle se laissait vivre et n'était lavé que lorsqu'il donnait ordre à une servante d'aller s'occuper d'elle. Ce matin là, il n'avait rien demandé. Elle était fraiche et maquillée. Habillée d'une magnifique robe blanche qui épousait parfaitement son corps élancé.
- Bonjour mon Pharaon, lança-t-elle lorsqu'il entra en s'inclinant
- Bonjour.... Ce fut à son tour de rester sans voix. Comment vas-tu ?
- Bien mieux aujourd'hui.
- Comment ? Comment as-tu ?
- J'ai vu Mursili en rêve. On a discuté. Il m'a dit, non, il m'a convaincue que je n'aurais rien pu faire pour l'aider. Il savait en venant en Egypte qu'il y laisserait sa vie... pour me former à tuer Apohpis. Ses yeux étaient devenus noirs, menaçants à ses dernières paroles.
- Je vois. Ainsi, tu as décider de céder à la haine ?
- Non, j'aime les humains et je veux les protéger. Mais si Apophis se met en travers de mon chemin, alors je le tuerais.
- Il parait puissant, même moi j'ai ressenti ses pouvoirs.
- J'ai été choisie. Un jour, je le tuerais. Je ne sais pas quand mais je le ferais.
- Je te le souhaite, pour toi et le salut de l'humanité.
Elle changea ensuite totalement de sujet, lui demandant des nouvelles du royaume. Il lui raconta ce qu'il avait fait, ses conquêtes, sans omettre un seul détail. Amonet l'écouta avec attention avant de conclure.
- Ainsi donc, tu es maintenant le seul maitre de l'Egypte.
- Oui.
- Enfin... Presque, ajouta-t-elle avec un grand sourire
- Pardon ?
- Je suis l'Egypte également ! avant de s'écarter brusquement de lui en riant.
Il comprit immédiatement son jeu et tenta de l'attraper. Mais elle était vive et ses mains se refermaient sur de l'air.
- Tu es un soldat aguerri et tu n'arrives pas à m'attraper ? Tu vaux mieux que ça.
- Tu triches, si tu n'anticipais pas mes mouvements, je t'aurais déjà eu.
Elle rit de nouveau, mais ne se laissa pas attraper pour autant. Soudain, il lui fit une feinte, lui faisant croire qu'il allait continuer à gauche pour lui faire faire un demi tour. Elle comprit vite, mais ses cheveux attachés en queue de cheval furent plus lents qu'elle. Il les attrapa à pleine poigne. Il suivit son mouvement, afin de ne pas lui faire mal, mais la força à s'arrêter. Elle ne riait plus. Il s'approcha d'elle et plaça son deuxième bras en travers de sa poitrine, en prenant soin de passer sous ses épaules. Elle était bloquée contre son torse. Il lui dit à l'oreille
- Bientôt, toute l'Egypte sera à moi.
Il ne la vit pas mais la sentit sourire. Il ajouta :
- Et la dernière partie sera la plus agréable à conquérir.
Il l'entraîna jusqu'à sa couche et la fit monter sur le lit. La tenant toujours fermement. Sa robe glissa très vite le long de ses épaules, dévoilant sa poitrine. Le pagne fut retiré plus promptement encore. Il fit allonger Amonet et s'assit sur elle pour la bloquer de peur qu'elle ne se sauve. Elle était agile et aurait pu lui échapper à la moindre inattention de sa part. Enfin sa robe fut enlevée en totalité. Il lui écarta les cuisses afin de pouvoir s'installer entre les deux. Il s'allongea sur elle.
- L'Egypte est sur le point de tomber en totalité sous ma coupe. A-t-elle quelque chose à ajouter pour sa défense ?
- Non, rien. Si ce n'est qu'elle souhaite que ça se fasse avec le moins de morts possible.
Il comprit l'allusion. Il devait y aller doucement. C'est ce qu'il fit. Son but n'était pour une fois pas uniquement son plaisir personnel mais également celui d'Amonet. Elle était spéciale pour lui. Elle il voulait la faire vibrer...
Amonet dormait à présent. Ils avaient tous deux donné beaucoup durant les dernières minutes. Sheshonq la tenait dans ses bras, comme si elle allait s'envoler. Elle bougea un peu en se réveillant.
- l'Égypte a enfin capitulé. Elle est maintenant à moi, toute entière, et toi aussi.
- Mais tu me dois une vie.
- Que ?
- Face à Apophis. C'est toi qui était visé. Bien sûr, il me testait mais si je n'avais rien fait...
- Que veux-tu en échange de ma vie sauvée ?
Elle sourit, ses yeux pétillaient d'intelligence et d'amusement.
- Hum.... Je vais y réfléchir...
- Mouais. Dit ton idée, je sais que tu en as une derrière la tête.
- Mon idée est bien peu de choses face à la vie d'un Pharaon.
- Dis toujours
- Je veux garder mon cheval.
- Accordé, cela ne me coûte pas grand chose, en effet.
- Je garde un joker. Je n'ai rien à demander actuellement. Si ça avait été plus tôt, je t'aurais demandé d'épargner mon père mais....
- J'aurais refusé.
- Je peux être très convaincante, dit-elle en souriant.
Il lui attrapa les cheveux et la fit s'allonger de nouveau avant de lui murmurer :
- Je peux être très difficile à convaincre. Surtout quand on me propose quelque chose que j'ai déjà.
Amonet ne répondit pas. Sheshonq reprit alors.
- Demain, tu siègeras à mes côtés. Même si ton jugement n'est pas fiable, je préfère avoir un deuxième avis, dit-il un sourire aux lèvres.
- Pas fiable ? J'ai un taux de fiabilité de plus de 19 pour 20. Je me demande qui peut en dire autant.
- Moi
- Pourquoi un deuxième avis ?
- Nous n'avons pas le droit à l'erreur, je dois nommer mon nouveau gouvernement et les nouveaux gouverneurs des villes conquises.
- Déjà ?
- La crue est bientôt là ! Nous devons agir au plus vite, car si le pays n'est pas stable, alors les plantations ne se feront pas à la décrue et ça sera la famine.
- La crue arrive ? combien de temps à passé depuis la mort Mursili ?
- 2 lunes.
- Quoi ?! C'est pas possible !
- Si, tu n'étais plus toi même et tu dormais parfois 3 jours d'affilée. Les médecins ne pouvaient rien faire à part dire qu'il fallait laisser le temps suivre son cours qu'un jour, tu surpasserais tout cela.
- Je suis revenue, mais j'ai peur.
Il la prit dans ses bras.
- Tu es magicienne, tu n'as pas à avoir peur. Tu as le pouvoir de me protéger. Tu es bien plus puissante que n'importe lequel de mes soldats. Ton père t'a mal formée, il aurait dû te donner le même entraînement qu'il aurait donné à ses fils.
- Il ne voulais pas qu'on sache que j'étais sa fille.
- Pourtant, tout le monde le savait, même moi.
Elle voulut s'écarter de lui, il la retint.
- Quoi ? Tu savais que ?
- Oui. Je l'ai su lorsque tu as sauvé la vie de cet homme, Paneb. Nous attendions notre heure et avions donc des vues sur la ville. Ce jour là, c'était mon tour de garde.
- Mais je ...
- J'ai vu ta puissance ce jour là. Tu n'avais pas peur de ces hommes. Ils étaient armés et plus nombreux, ils venaient de tuer des gardes de Pharaon, ils étaient déterminés mais tu n'as pas failli.
- C'est différent maintenant, je suis face à un Dieu !
- Les autres Dieux t'aideront à le vaincre alors, sois-en sûre ! Tu vaincras. Peut-être pas dans cette vie, Peut-être pas dans la suivante, mais tu vaincras, j'en suis persuadé.
- Si Pharaon le dit, elle s'inclina.
Ils sortirent de la chambre. A la porte, Amonet eu un temps d'arrêt. Comme une hésitation, mais la franchit. Ils se rendirent à la salle du trône, ou pharaon devait maintenant tenir son conseil restreint. Des sièges étaient installés en cercle. Le sien, sur une estrade pour rappeler sa situation dominante. Amonet était assise à sa droite, sa chaise située sur une marche plus basse que celle du Pharaon, qui commença :
- Bien, comme tout le monde est à l'heure cette fois, nous pouvons commencer. Je vous ai fait part de mes choix de gouverneurs et de ministres pour les postes vacants. Quels sont vos avis ? Commençons par les gouverneurs.
Smendès prit alors la parole
- Majesté, les gouverneurs sont tous vos collaborateurs, ce qui est très bien car ils vous obéiront. Mais ce sont des étrangers pour les Egyptiens. Et j'ai peur que ceux-ci n'acceptent que difficilement d'être gouvernés par des non Egyptiens.
- Je le sais bien, mais ce qu'il m'importe, c'est que ces villes ne se rebellent pas. Bien assez de sang à coulé en Egypte ces derniers temps. Il serait temps de stopper l'effusion.
- Peut-être pourrions-nous faire les deux, hasarda Amonet.
Tous se retournèrent vers elle.
- Détaille ton idée ?
- Peut-être pourrions-nous rassembler les villes. Mettre un gouverneur Egyptien et un Lybien par groupe de ville ? Rassembler par exemple Hermopilis et El Amarna qui sont relativement proches. Ou encore Sebennytos et Busiris.
Sa proposition déclencha des expressions horrifiées et d'autres approbatrices. Tous se mirent à parler en même temps. Jusqu'à ce que Sheshonq les interrompent en levant la main.
- Je trouve l'idée intéressante. Je vais y réfléchir. Je vous donnerais ma réponse demain. Quand aux ministres proposés, qu'en penses-tu Smendès ? Avez-vous eu le temps de vous concerter ?
- Bien sûr Majesté, les intérêts du Royaume sont notre priorité.
- Et ?
- Les ministres proposés nous conviennent, à l'exception de la nomination de Paneb. Sa place actuelle lui va très bien. Il y excelle. C'est un homme de terrain. Peut-être devrait-il y rester.
- Paneb se fait vieux, et sa blessure se remet difficilement, il ne pourra retourner sur le terrain, répondit Sheshonq. En revanche, il connaît la ville. Mieux que nous tous. Il connaît la police, mieux que nous tous également. Il fera un très bon ministre sur ces questions. Son second prendra sa place. Sous les ordres de Paneb, il sera également bon.
Les regards se croisèrent, des têtes hochèrent. Smendès reprit :
- Dans ce cas, nous n'avons pas de conseils à donner à Sa Majesté concernant les ministres, Majesté.
- Bien. Smendès, assures-toi de faire convoquer ces nouveaux ministres au prochain conseil.
- Bien Majesté.
- Passons maintenant au dernier point de cette réunion, dont tu m'as parlé, Smendès.
Smendès prit la parole
- En effet, Pharaon étant seul sur le trône, il serait une négligence de notre part qu'il ne soit pas marié. Un Pharaon doit avoir des enfants.
Amonêt, choquée, le vit frémir. Il n'était pas au courant. Smendès reprit :
- Nous avons reçu un éclaireur. En guise d'union sacrée entre nos deux pays, le roi Lybien nous offre sa fille unique, la princesse Karoma, en tant que Reine.
***
Sheshonq vit Amonet blanchir. Personne ne semblait l'avoir remarqué mais il la connaissait bien maintenant. Il savait que ce mariage changerait des choses entre eux mais il ne voulait en aucun cas laisser une princesse étrangère se mettre entre lui et son but.
Il répondit alors froidement.
- Qu'il le fasse. Il sera ainsi mon vassal. Quand cette princesse doit-elle arriver ?
- Dans 1 lune Majesté. Le pays n'est pas très éloigné.
- Bien. Qu'il en soit ainsi. La séance est levée. Je vous donne rendez-vous dans deux jours pour vous faire connaître ma décision concernant les gouverneurs.
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