Chapitre 19 : Le procès tourne court (partie 4)
Enfin ils arrivèrent en vue de l'homme. Celui-ci, après quelques temps passés à chevaucher le long du fleuve avait bifurqué dans le désert, sous l'oeil interloqué d'un berger qui les avaient ensuite renseigné. Il avait fait ralentir sa monture. Amonet savait que ce n'était pas à cause du cheval, qui était endurant, Amonet le savait. Sans doute l'homme n'en pouvait-il plus. Les hommes l'encerclèrent. Sheshonq s'approcha, suivi par Amonet. Ils se placèrent face à lui. Sheshonq s'approcha et tira sur son pagne, afin de le faire tomber de sa monture. L'homme chuta lourdement dans le sable, qui amortit sa chute. Sa monture se décala, libérant la place autour de l'homme. Le fugitif se mit à genoux devant Sheshonq, n'osant le regarder, ni parler.
- Comment as-tu osé ? N'as-tu donc aucun courage ? Par ta faute, la princesse Amonet subira mon courroux. Elle s'était portée garante de toi, pour sauver ta misérable vie, elle avait mis la sienne entre mes mains.
- Je ne voulais pas Majesté, mais j'ai eu peur du peuple, voyez ce qu'ils ont fait...
- Il suffit. Je ne peux plus te voir. Tu es bien sûr condamné à mort pour trahison. J'aurais dû écouter mon instinct et te condamner directement, ça nous aurait épargné cette escapage dans le désert. Amonet, occupes-toi de lui.
Amonet, qui attendait derrière Sheshonq s'avança.
- Je t'ai donné une chance, une chance de sauver ta vie comme tu le demandais. Tu m'as trahis. Par ta faute, les Dieux seuls savent ce qui peut m'attendre. Par ta faute.
- Je... je suis désolée. Mais ta vie ne vaut pas plus que la mienne.
- Dans ce cas, je n'aurais aucun scrupule...
Elle se tourna vers Sheshonq, qui l'encouragea d'un signe de tête. Elle avait dégainé ses deux épées, et les tenaient, une dans chaque main. Elles étaient lourdes, elle avait du mal à les contrôler. Elle les croisa et les positionna devant le cou du condamné qui pleurait comme un enfant. Une fois de plus, Amonet se retourna. Le visage du Pharaon était impassible. Elle regarda le pauvre homme. Elle décroisa les épées, tranchant le cou de sa victime. A cet instant, une volée de flèches cribla l'air. Amonet l'avait senti au moment ou les lames entrèrent en contact avec la peau de l'homme. Un danger imminent. Elle vint à la rencontre de Sheshonq.
- Majesté, j'ai tué le traitre, nous n'avons pas le choix. S'il vous plait, enlevez moi cela et je vous prouverais ma loyauté.
- Très bien, mais attention, tu n'as plus le droit à l'erreur. Il deverouilla lui même le mécanisme qui permit de la libérer.
Une nouvelle volée de flèches suivit. Amonet vit les hommes d'arme aux alentour tomber comme des mouches. Amonet se plaça devant Sheshonq et étendit les mains. Après une courte incantation, un seul mot en fait, elle étendit un bouclier de protection.
***
Apophis, voyant que la magicienne avait agit plus rapidement qu'il ne le pensait pour protéger son Pharaon se décida alors d'élever un peu le niveau. Il ne souhaitait pas l'écraser de suite, souhaitant qu'elle soit à son plus haut niveau pour la battre et pouvoir ainsi tenir sa vengeance pour les siècles futurs.
Il se téléporta devant elle.
***
Amonet avait bloqué l'attaque, les flèches s'étaient stoppées à quelques centimètres de son corps, mais le sort avait bien fonctionné. Soudain, un tourbillon de sable se leva. Les attaquants cessèrent de tirer, ce qui permis aux hommes de Sheshonq de se lancer contre eux sans perdre d'hommes. Cela mit les assaillants en déroute. Amonet tourna de nouveau son regard vers le tourbillon, qui grossisait. Elle sentait un pouvoir d'une immense noirceur provenant de cette chose. Petit à petit, une forme immense se distingua. Enfin, le sable retomba.
- Bonjour Magicienne,"
Sa voix était étonnament puissante, Amonet et toutes les personnes présentes l'entendaient, mais la ressentirent également en eux. Lorsqu'elle l'entendit, Amonet crut s'évanouir. Elle ressentait à la fois la puissance de son ennemi et sa noirceur. Jamais elle n'avait vu ni senti d'être aussi mauvais.
- Apophis, siffla-t-elle
- Ainsi, tu me reconnais. Bien, je n'aurais pas à t'expliquer quel est mon but. Ne t'inquiètes pas, je ne te ferais rien aujourd'hui. Tu m'as déjà enfermé une fois, pendant ces centaines d'années, j'ai imaginé toutes les morts que je pourrais te faire endurer. Et il m'a semblé que ce que craignaient les humains n'est pas la mort, ni la torture, mais la perte de ceux qu'ils aiment. Cela a déjà commencé. J'ai aimé le moment ou le peuple a lynché ton père. Et je recommencerait, avec tous les autres. Tous ceux à qui tu accorderas un peu d'amour, je les tuerais, dans la souffrance la plus totale, afin que tu souffres. Et lorsque le moment sera venu, tu viendras me voir pour me supplier de te tuer. Et je m'executerais en tant que Dieu charitable.
- Je ne m'attache à personne, je sais qu'ils seront autant de moyens de pression.
- J'ai déjà choisi le prochain. Ce cher Mursili t'as apporté la bonne parole, il t'a formé. Il méritera son châtiment.
- Non !!
- D'ici à ton retour en ville, il ne sera plus !
- Lâche, pourquoi ne pas t'en prendre directement à moi !!
- Je te l'ai dit, je ne veux pas te tuer de suite. Je veux d'abord te briser. Je veux que ce soit toi qui m'implore de te prendre la vie. Et là, je j'exaucerais ton voeux, après t'avoir fait souffrir un peu plus.
- Si tu touches à un seul de leur cheveux, je t'enfermes. Je connais le sort !
- Mais tu n'es pas assez puissante pour le tisser. Ainsi, je te tuerais juste avant que tu ne le sois, ne t'inquiètes pas. J'emprisonnerais ensuite ton âme. Tu pourras ainsi regarder la fin de ce monde à mes côtés.
Amonet, ne tenant plus, lâcha une puissante attaque contre lui. La plus puissante qu'elle pût en fait. Apophis disparut aussitôt. L'attaque fusa dans le désert, créant un nuage de sable puis disparut. Amonet s'effondra.
***
Sheshonq avait assisté à l'échange entre les deux ennemis. Il avait été rassuré qu'Apophis ne veuille la tuer de suite mais la suite ne présageait rien de bon. Leur ennemi disparut suite à l'attaque d'Amonet. Reportant son attention sur elle, il la vit vaciller. Il eut juste le temps de s'élancer pour la rattraper avant qu'elle ne s'éffondre dans le sable brûlant du désert. Aussitôt, il ordonna de l'aider à monter Amonet avec lui sur le cheval de Pharaon, plus robuste et de reprendre le chemin de la capitale. Ils voulait arriver au plus vite afin de tenter de sauver Mursili. Il savait que c'était peine perdue mais voulait malgré tout tenter. Il tint fermement Amonet contre lui pour qu'elle ne tombe pas et lança la monture au galop, suivi de ses hommes.
Amonet se réveilla à mi trajet. La petite troupe avait fait ralentir les chevaux qui commençaient à fatiguer sous le soleil de plomb. Sheshonq stoppa. Il descendit et récupéra sa propre monture.
- Nous retournons à Tanis. Nous devons tenter de sauver Mursili.
***
Elle ne répondit pas, encore assommée. Il monta sur sa monture et repartit au galop. Amonet talonna sa monture. Celle-ci parti au galop. Elle était encore faible et faillit se faire désarçonner.
La route fut encore longue. Elle dût reperdre une ou deux fois connaissance et se réveilla en sursaut, sentant son poids l'entraîner vers le sol. La seconde fois, ils étaient en vue de Tanis. Elle fit accelérer sa monture pour se mettre à la droite du Pharaon, qui accéléra à son tour.
Ils entrèrent dans la ville au petit galop, Sheshonq criant pour se faire libérer la place. Amonet le conduisit directement chez Mursili. En arrivant, elle eut un très mauvais pressentiment. Elle ressentit de la magie, beaucoup de magie, dont une grande part de magie noire, qui surpassait l'autre. Elle soupira.
- Nous arrivons trop tard... Apophis a déjà réalisé son oeuvre.
- Entrons, proposa Sheshonq.
Amonet passa devant, prête à bloquer une attaque. Elle appela Mursili, mais seul le silence répondit. Elle avança alors dans la maison luxueuse. Dans le patio, elle le vit. Il était là, les bras attachés en croix, méconnaissable. Amonet cria d'horreur et se retournant, voulant fuir. Elle heurta Sheshonq de plein fouet. Le choc fut tellement violent qu'il chancela, tout en la rattrapant. Il la serra dans ses bras, les plaçant de part et d'autres de sa tête et bouchant ses oreilles par la même occasion afin de la protéger de ce qui allait suivre. Il s'écarta et ordonna de détacher la pauvre victime. Amonet, quant-a-elle, ne pouvait plus voir et plus entendre. Elle pleurait et de violents spasmes lui parcouraient le corps.
***
Une fois qu'elle fut calmée, Sheshonq la conduisit à son cheval. Elle était comme une poupée, sans volontée, se laissant traîner par celui qu'elle devait protéger. Il lui parla mais elle n'entendit pas un mot. Elle le vit désigner le cheval. Il était trop grand, jamais elle ne réussirait à monter dessus.
***
Voyant qu'il n'obtenait aucune réaction de sa part, Sheshonq fit appeler une chaise à porteur du palais. Il la fit hisser dans la chaise monta sur son cheval, tenant celui d'Amonet par la bride. Ses hommes d'arme le suivirent, les autres restèrent pour s'occuper du cadavre. Arrivés au palais, Amonet dormait. Elle fut descendue en douceur de la chaise par des serviteurs du palais, tandis que Sheshonq donna les deux chevaux au palefrenier. Il donna l'ordre de l'amener dans sa chambre, ou il pourrait la surveiller lui-même. Il redoutait son réveil.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top