Chapitre 18 : Le procès tourne court (partie 3)

Sheshonq était en place, Amonet à ces côtés. L'ancien vizir avait également une place, après avoir prêté serment de fidèlement servir la couronne royale. Il avait cependant eu le cran de poser une condition. Il aiderait le Pharaon tant que le peuple d'Egypte serait bien traité.

Un messager arriva soudain, tremblant. Il s'inclina devant le Pharaon.

- Majesté, l'accusé est en route.

- Bien." Il se tourna vers Smendès. "Tout est-il prêt" ? Sécurisé ?

 - Oui, Majesté, le prisonnier ne risque pas de s'échapper.

 - Et concernant le peuple ?

 - Vos soldats bordent la route, tous ont été réquisitionnés.

 - Bien.

Soudain, une grande clameur s'éleva. Les gens quittaient le lieu du procès pour se diriger vers le palais. Les soldats criaient. Sheshonq se leva et, entouré de se garde personnelle, se fraya un chemin en direction de la clameur, suivi d'Amonet et du vizir.

Le spectacle qui l'attendait était tout simplement indescriptible. Le Pharaon déchu, était allongé au milieu de la rue, lapidé par la foule. Les soldats avaient tué quelques assaillants, et d'autres étaient arrêtés, entouré de soldats. Ils furent vite maitrisés et mis au fers. Sheshonq ordonna d'amener les hommes pour comparaître immédiatement.

Les hommes furent donc conduits sur le lieu du jugement. Tous se débattaient, furieux. Hurlant et vociférants. Personne ne comprit rien à ce qui se disait. Sheshonq se leva.

 - Vous tous ici présent avez été pris sur le fait par mes soldats. Vous avez tué un prisonnier sur le chemin de son procès. Ce prisonnier méritait malgré tout des égards de votre part, étant votre ancien Pharaon. Déchu, mais toujours investit des Dieux. Vous vous êtes substitué à la loi de votre déesse Mâât. Représentant la loi de Mâât, je vous condamne donc tous à mort. La sentence est à effet immédiat.

Un immense mouvement de foule se forma immédiatement. Certains, royalistes et croyants, soutenaient la sentence, d'autres au contraire jugeait que le procès avait été trop vite expédié par le nouveau Pharaon. Les soldats tinrent bon leur ligne. Les prisonniers furent tués sur places. Leurs corps furent ensuite chargés sur une charrette pour être pendus à l'entrée de la ville, vers les quartiers les plus pauvres, d'ou étaient originaires les condamnés. Ainsi, le peuple, et tous les autres seraient avertis.

***

Sheshonq, suivit d'Amonet s'était enfermé dans son bureau. Il était furieux. Le bureau en avait fait les frais. Il avait été retourné dans un geste de furie, après que tout son contenu ait volé par terre. Amonet se tenait le plus loin possible de lui, de peur qu'il ne s'en prenne physiquement à elle. Elle était droite, les mains derrière le dos, attendant les ordres. Extérieurement très sûre d'elle, intérieurement, elle tremblait. Soudain, le regard de Sheshonq tomba sur elle. Elle frissonna. L'homme à qui elle avait juré fidélité quelques heures auparavant avait laissé place à un être maléfique. Elle se demandait toujours si son choix avait été judicieux, mais elle ne pouvait plus revenir en arrière désormais.

Ce regard sembla calmer Sheshonq, qui arrêta de briser le mobilier et se mit arpenter nerveusement la pièce.

 - Comment ont-ils pu ? Comment ont-ils osé !!!

 - Mon Pharaon, je...

 - Tu l'ignores, oui, tout comme ceux qui gouvernent. A croire que personne ne sait rien dans ce gouvernement. Je suis persuadé que si je torturais toutes les personnes de se palais, personne n'aurait jamais été mis au courant de quoi que ce soit ! Et les espions, ou sont-ils ?

 - Majesté, la toile d'espions s'est quelque peu ... disloquée depuis votre inva...

 - Je sais ! Ma des mesures de protections avaient été prises ! Je passe pour quoi moi ? Incapable d'amener un prisonnier jusqu'à son lieu de jugement !

 - Je ... Je suis désolée." La voix d'Amonet finit par s'étrangler dans sa gorge. Sheshonq redescendit immédiatement sur terre.

 - C'est moi qui suis désolée. Je t'impose cette discussion alors que tu viens de perdre ton père. Viens.

Elle hésita un instant. Il ne bougea pas, pour lui prouver qu'il n'était plus énervé (même si ce n'était pas le cas). Elle finit par avancer, lentement. Il s'assit sur la même banquette que la veille, après l'avoir remis debout. Heureusement, le mobilier de Pharaon était solide. Amonet savait ce qu'elle avait à faire. Elle s'assit à ses côtés, sur la place laissée libre à sa droite.

 - Mon Pharaon, je.

 - Je sais. Il passa le bras autour de son cou et l'attira à lui.

Elle posa la tête sur son épaule et ne bougea plus. Sheshonq cru un instant qu'elle s'était endormie mais cela ne se pouvait pas. Il n'y avait alors qu'une autre solution. Il passa sa main gauche sur sa joue droite, l'autre étant inaccessible. Il avait raison, celle-ci était humide. Amonet pleurait la mort terrible de son père, massacré par son propre peuple. Ils restèrent comme cela jusqu'à ce que quelqu'un se racle la gorge. Amonet se redressa à une vitesse impressionnante, signifiant qu'elle était sur ses gardes. Probablement, ses sens de magicienne l'avaient-ils alertés que quelqu'un se dirigeait vers eux. Sheshonq se leva et invita la personne à entrer. Les gardes le laissèrent passer. Le nouveau venu ne put d'écarquiller les yeux en voyant l'état dans lequel le nouveau pharaon avait mis le bureau et les papiers qui jonchaient le sol.

 - Majesté, je... le vizir m'envoie pour... (il n'arrivait pas à détacher son regard du bazar qui régnait dans la pièce. Il se rendait compte que la colère de son nouveau Pharaon paraissait encore plus grave que celles de l'ancien. Il déglutit). Pour vous faire savoir que tous les criminels ont été pendus selon votre souhait. Il me charge également de vous faire savoir que le ministre des finances était introuvable, et que le cheval d'Amonet n'était plus à l'écurie.

 - Il s'est enfuit !" Il se tourna vers Amonet qui frissona. "Le traitre." Puis se retourannt vers le messager "Dit à mes cavaliers de se tenir prêts à partir, et de sceller une monture supplémentaire. Un des chevaux de l'ancien Pharaon, le plus rapide".

Le messager partit sans demander son reste, laissant son nouveau Pharaon, seul avec Amonet.

***

Lorsqu'elle entendit les paroles du messager, le sang de Neferthu se glaça. Un des hommes qu'elle avait sauvé de la mort, malgré les avertissements qu'elle avait donnés à Sheshonq, s'était enfui. Cela ne présageait rien de bon pour elle. Et en plus, il avait volé son propre cheval ! Son père aurait fait décapiter n'importe qui pour moi que cela. Elle immagina alors tous les scénarios possibles pour anticiper les prochaines actions. Comment le convaincre de lui laisser la vie après le pacte qu'ils avaient conclu et ce qui s'était passé ? Lorsque Sheshonq se tourna vers elle, lui jetant un regard furtif, elle ne put s'empêcher de tressaillir. Il demanda ensuite au messager de sceller les chevaux. Une chasse à l'homme allait donc suivre.

Une fois seul avec elle Sheshonq se retourna de nouveau vers elle. Elle sut alors immédiatement ce qu'elle devait faire. Elle s'agenouilla et baissa la tête. Un blanc suivit. Sheshonq se demanda quelle était la marche à suivre pour s'assurer de la vérité. Pour la première fois de sa vie, il était confus.

 - Te souviens tu du marché que nous avons passé toi et moi ?

 - Oui, mon Pharaon.

 - Et de ce qui arriverait ?

 - Oui, mon Pharaon.

 - Je n'ai pas spécialement envie de t'ôter la vie mais ce traître s'est enfuit sur ton cheval !

 - Ce n'est qu'une coïncidence, mon Pharaon, mon cheval est situé au fond de l'écurie, il pouvait donc sceller en toute discrétion.

 - Tu me parles de coïncidence ? Moi j'y vois bien plus. Tu t'es porté garante pour lui, c'est les termes de notre marché.

 - Je le sais, mon Pharaon. Je le savait faible et vous ai mis en garde. Cet homme est gras et faible. Il ne tient qu'à son confort. Il ferait tout pour le garder. Sans doute l'incident de l'après midi lui a-t-il fait peur.

 - Je vais te laisser une chance de te racheter." Il se baissa vers elle et prit son menton, afin de la forcer à le regarder dans les yeux. "Je veux que tu viennes avec nous à sa poursuite. Et quand je prononcerais ma sentence de mort, tu le tueras.

***

Les yeux d'Amonet s'agrandirent sous l'effet de la surprise lorsqu'il lui exposa son souhait. Sheshonq se tourna et alla vers un coin de la pièce. Il y prit deux épées courbes qu'il lui tendit.

 - Tu auras besoin de cela, pour le faire.

 - Majesté, je ... ne peux pas ...

 - Tu le feras, c'est ta dernière chance. Tu n'as pas à protéger la vie des traîtres.

Elle pleurait de nouveau. Cela lui coutait d'imposer cette tâche à une âme pure comme la sienne mais il n'avait pas le choix. De plus, il ne voulait pas qu'elle le tue de loin avec la magie. Elle voulait qu'elle se rende compte par elle-même des implications de ses choix.

 - Viens. Il est plus que temps de partir en chasse.

Elle le suivit dans les couloirs, jusqu'à l'entrée du palais. Il monta sur sa monture, qu'un palefrenier tenait devant l'entrée. Amonet fit de même quelques secondes plus tard sur un cheval noir d'ébène passablement excité. Il l'appela pour qu'elle vienne à sa hauteur puis la colonne se mit en route. Amonet avait attaché les épées de part et d'autre du flanc du cheval. Ils traversèrent les portes de la ville, sous l'oeil de la population. Amonet demanda elle-même au garde par ou était parti le fuyard. Les soldats lui montrèrent la direction du nil. Elle remercia et ils prirent le galop. L'homme bedonnant n'aurait pas pu aller loin, il n'était guère habitué à l'exercice, alors que les hommes d'armes étaient habitués à chevaucher. Le fait qu'il soit parti vers le nil présentait un avantage non négligeable pour eux. Ils pourraient demander aux nombreux pêcheur par où l'homme était parti. Sheshonq jubilait. Au fond, il n'attendait que ça. Cela lui permettrait de mettre Amonet à l'épreuve et de la soumettre un peu plus. Elle lui serait reconnaissante de ne pas avoir mis ses menaces à exécution. Et elle saurait qu'elle n'avait pas le droit à une seconde chance.

***

Apophis jubilait. Jusqu'à présent tout se passait selon ses plans. Il aurait préféré que la gamine ne rencontre pas Mursili, dont il connaissait le rôle. Mais finalement, il voulait jouer un peu. Il ne se sentait également pas tout à fait remis de son séjour dans la prison magique. Il voulait également qu'elle soit en pleine possession de ses moyens lorsqu'il la détruirait, elle et son Pharaon.

Il appela le chef de ses hommes d'arme afin de préparer l'armée, qui se mit en route quelques minutes plus tard. Lui même resta sur place, il pourrait toujours intervenir en se téléportant, tel que le lui permettait son pouvoir...

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