Chapitre 16 : Le procès tourne court (partie 1)

Le lendemain de la prise de pouvoir, durant laquelle ces hommes aient tenu la ville fermement en main pour le restant de la nuit, Sheshonq fit clamer son accession au trône et le jugement prochain du despote. La population, le ventre enfin plein, lui jura allégeance dans la foulée. Cependant, les magasins restèrent fermés et les gens, cloîtrés chez eux.

Amonet remarquait cependant quelques améliorations. Elle même était confinée dans sa chambre, sous bonne garde. Elle avait jurée fidélité mais savait que la confiance était une chose qui se gagnait avec difficulté.

Mursili s'était présenté de lui même devant Sheshonq alors que celui-ci l'interrogeait. Originaires du même pays, ils s'étaient entretenus dans une langue inconnue d'Amonet et elle n'avait donc pu comprendre la teneur de leur discussion.

Mursili parti, libre. Alors qu'elle allait lui emboiter le pas, le nouveau Pharaon l'appela.

- Magicienne ! Reste.

Un frisson lui parcouru l'échine.

- Tu n'as pas dû comprendre ce que nous disions avec ton ancien maître, alors je vais t'en livrer les points essentiels. Nous avons parlé de toi, de qui tu es. Nous avons parlé de tes origines, de tes véritables origines. Se reprit-il. De cette légende t'entourant. Je n'y croyais pas. Mais j'avoue que Mursili a presque réussi à me convaincre. Je ne connais pas tes vraies intentions mais je suis prêt à te prendre à mon service, si tu le désires toujours.

- Majesté, elle s'inclina, la légende dit que le Roi que je choisirait de servir aura un immense pouvoir mais également une immense responsabilité, et pas uniquement auprès de son peuple, mais également auprès de tous les peuples et de toute la vie sur cette planète. Mon ennemi est un Dieu qu'autrefois je n'ai pu contrer. J'espère que cette fois sera la bonne, que je pourrais le détruire, lui et tout le mal qu'il représente.

- Je t'y aiderais, dans la mesure de mes capacités. Cependant, je te laisse le collier pour le moment. Je vais procéder aux interrogatoire des anciens chefs de guerre de ton Pharaon.

- De mon ancien Pharaon, vous l'avez vaincu.

- C'est cela. Je vais les juger, et je souhaite que tu sois là, pour y déceler le mensonge et la trahison. Tu as repéré la menace de mon lieutenant à distance, alors tu me diras qui sont les personnes dangereuses.

- Bien Pharaon.

- Tu as une question, je ne suis pas devin, mais je le sens.

- Pourquoi suis-je obligée de garder cette chaîne autour du cou ? Si vous êtes attaqués, je ne pourrais vous défendre.

- La confiance se mérite. J'ai besoin que tu me prouves ta loyauté. Et d'être sûr que tu ne tenteras rien contre moi dans l'unique but d'accomplir ta mission. Lorsque je serais sûr de ta loyauté, alors tu pourras utiliser tes pouvoirs, jusque là, Mursili devrait pouvoir me protéger d'éventuelles attaques.

A ces mots, Amonet tomba des nues. Elle sentit un immense découragement l'envahir. Mine de rien, elle aurait peut-être dû le tuer lorsqu'elle en a eu l'occasion. Mursili avait apparemment travaillé pour cet homme, celui qui lui avait tout appris l'avait trompée pour aider cet homme à s'emparer du pouvoir. Elle en était maintenant persuadée. Ce qui signifiait que tous les prisonniers allaient mourir.

***

Alors il travaillait pour vous, Mursili m'a trahie et il m'a fait trahir mon pays !

- Je n'ai jamais vu cet homme de ma vie et il n'a jamais travaillé pour moi. Je n'aime pas particulièrement les mages.

- Pourtant, il m'a demandé de ne pas intervenir. De vous laisser prendre le pouvoir. J'ai été naïve, j'aurais dû vous en empêcher.

- Et ton Pharaon serait mort par les mains de sa population après un immense bain de sang...

Il avait répondu du tac au tac. Mursili lui avait dit que son destin était de tous les sauver d'un mal qui les dépassait tous et que seule elle pourrait combattre. Il lui avait aussi dit que son but était de sauver des vies. Dès qu'il vit la réaction d'Amonet, qui fut très brève, il sut qu'il avait touché juste. Ainsi, il reprit

- Car tu veux les sauver, non ? Tous ces gens...

- C'est ce que Mursili vous a dit ?

- En effet, il me l'a dit.

- Je ne supporte pas la souffrance, ni la mort. Je ... je ressens toutes les morts, chacune me fait mal, au plus profond de mon être.

- Tu as bien fait de me laisser le pouvoir alors. Ton père aurait laissé mourir son peuple dans la misère la plus totale. Leur révolte était leur dernier espoir. Tous se seraient battus jusqu'à la mort.

- Et maintenant, vous allez tous les tuer...

- Qui ?

- Le vizir, les ministres, ... mon père...

- Ton père n'échappera sans doute pas à son sort. Quand aux autres, tout dépend de leur interrogatoire et de ce qu'il me propose.

- Epargnez-les. Ils vous serviront bien. Ce ne sont que des fonctionnaires qui obéissaient aux ordres. Ils ne voulaient pas faire ça au peuple.

Ses yeux étaient humides. Elle était trop fière pour pleurer mais il avait l'avantage et il le savait. Il ne comptait pas laisser passer cette chance de mettre la main sur elle.

- Peut-être que je le pourrais. Mais qui me garantit qu'ils ne me trahiront pas.

- Leur parole.

- Elle ne sera pas suffisante. C'est un énorme risque pour moi.

Il allait l'amener là où il souhaitait. Il se rapprochait d'elle pendant qu'il parlait. Il passa derrière elle.

- J'ai besoin de garanties.

- Quel genre de garanties ?

Il mis ses deux mains sur ses épaules. Sur ses bras, il vit la chair de poule. Il lui murmura à l'oreille :

- Toi.

Elle sursauta.

- Moi ?

Elle tenta de se retourner mais il l'en empêcha. Elle n'insista pas.

- Oui, toi. C'est le marché que je vais passer avec chacun d'eux.

- Mais je vous suis déjà acquise.

- Oh, mais ce que je vais leur promettre de te faire ne sera pas de te mettre à mort.

Et là, elle comprit.

- Vous allez ...

- Il y a de nombreuses manières de détruire un homme. La meilleure consiste à s'en prendre à ceux qu'ils aiment.

- Mais je ne suis rien pour les ministres. Certains ne m'apprécient même pas.

- Mais tu es la fille de Pharaon, et sa seule héritière, même si tu es illégitime. Le pouvoir te revient de droit. De même que leur loyauté.

Son bras droit descendit le long du bras d'Amonet, pendant que sa main gauche venait chercher une mèche de cheveux, qu'il sentit.

- Bien sûr, nous savons tous les deux que tu m'es maintenant dévouée, mais eux, l'ignorent. Ainsi, tu devras jouer le jeu.

Pourquoi me révéler tout ça ?

- Car je tiens à te prévenir de ce qui arrivera si toi, ou un des tiens me trahis. Je t'ai traitée avec respect jusqu'à maintenant, tout peut changer. Tu devras me dire qui garder, et qui envoyer à la mort.

Elle tressaillit et se dégagea.

- Je... non ! Je ne peux pas faire ça. Je les connais, je ne peux pas les envoyer à la mort !

- Alors, tu t'exposeras à la punition qui t'attends.

- Je... Pourquoi me demander une telle chose ?

- La confiance.

- Je... Je trahirais ceux qui m'ont vu grandir.

- Pour sauver ton peuple, et sauver le monde de ce Dieu.

- Je ne peux pas échanger des vies de cette manière.

- Ce n'est pas un échange standard. Si tu le fais, je te promets qu'aucune mort de quelqu'un du peuple ne sera de mon fait. Je ne ferais que punir et faire respecter l'ordre.

- Je... C'est d'accord, je le ferais.

- N'oublies pas. Si tu te trompes, alors tu me trompes. Tu m'as juré fidélité, mais je deviendrais très méchant.

Il lui avait pris le menton, de sorte qu'elle le regarde dans les yeux à ces derniers mots. Dans son regard, il apprit qu'elle avait clairement compris les sous-entendus.

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