Chapitre 12 : la justice de Pharaon

Une fois arrivés au Palais, Paneb avait été transporté chez le médecin. Amonet était restée dans la cour, ou Mursili vint la retrouver.

- Bravo pour ta perspicacité, et ces attaques. De tous ceux que j'ai pu former, tu es de loin la plus sage et la plus puissante.

- Merci, mais je ne serais qu'une ignorante sans toi.

- Former la jeunesse fait partie de ma condition de gardien de la mémoire, comme tous mes descendants, j'aurais ce privilège. Le tien est de protéger ceux que tu juges dignes afin de contrer l'obscurité. Ma tâche est plus aisée que la tienne.

- Je le sais...

Sa phrase resta en suspend, Smendès vint se joindre à eux.

- Bien joué, Amonet, tu l'as sauvé, mais je crains que tout le monde ne soit pas de cet avis.

- Ah ?

- Pharaon te réclame immédiatement auprès de lui. Il est d'humeur massacrante. Il veut faire justice aveuglément afin de venger ses soldats morts ce soir. Et refuse de croire qu'un de ses hommes ait pu provoquer tout cela.

- Seul Paneb peut convaincre Pharaon, cria-t-elle en s'engouffrant dans le Palais; il doit vi..." La fin de son mot se perdit dans le palais au moment ou ils le perdirent de vue.

Avec humilité, après s'être hâtée à travers le Palais, Amonêt se présenta devant le Pharaon.

- Majesté, je me présente devant vous suite à votre convocation, dit elle en s'inclinant

- Enfin, te voila ! Des perturbations ont eu lieu cette nuit. Et j'ai ouïe dire que tu étais sur place, comme par hasard.

Amonet ne releva pas la pique, cela était désormais courant chez son père.

- Oui, Majesté, j'étais sur place ou j'ai accouru après avoir entendu des heurts.

- Je t'ai demandé de multiples fois de rester au Palais !

- Quelque chose d'étrange m'a poussé à aller en ville. Et heureusement, sinon Paneb serait mort.

- Tu as défié mes ordres, tu as provoqué quelque chose que tu ne maîtrises pas !

- Je n'ai rien provoqué, j'ai juste sauvé Paneb et ses hommes d'une mort bête. Paneb est un de tes meilleurs soldats.

- Et il aurait mieux valu qu'il meurre ! Il m'a mis dans une situation ingérable. A cause de lui, la population va se révolter ! A cause de lui, ma demeure d'éternité ne sera pas prête.

- Si tu fais un procès juste et que tu punis les coupables, les vrais coupables, alors la population se calmera.

- Je vais punir mes soldats ? Face à ces ... ces chiens ?

- Ce soldat a tué un civil. La population ne demande que la justice de Pharaon.

- Je leur apporterai la colère de Pharaon ! Sortez ! Tous !!!!

Les serviteurs qui avaient assistés à l'échange quittèrent leur poste et se dirigèrent vers la sortie, en s'inclinant devant leur maître.

- J'ai dit SORTEZ !!!!!

Tous, y compris Amonet firent alors demi-tour et sortirent au plus vite. Les soldats fermèrent la porte se postèrent devant le passage. Des cris de rage, des bruits d'objets brisés se firent alors entendre. Amonet, restée devant la porte avec les soldats fut choquée de voir à quel point son père refusait de voir la vérité, de voir qu'il rejetait ses fautes sur les autres, de voir qu'il tenait son meilleur soldat en si piètre estime.

***

Sheshonq était maintenant sur les dents, il savait que la révolte allait se dérouler d'un jour à l'autre, voire d'une heure à l'autre. Ses soldats étaient en permanence sur le qui-vive, prêts à intervenir dès que la population débuterait ses actions. La ville bouillonnait. Il pouvait le sentir même de son camp de base, pourtant situé à des centaines de pas, dans le désert. Une athmosphère étrange leur parvenait.

***

Psousennès avait convoqué les chefs des garnisons. Le moindre signe de révolte devait être écrasé dans le sang. Amonet et Smendès enavaient longuement discuté et tous deux étaient d'accord sur le fait qu'il s'agissait d'une folie mais que jamais Pharaon n'entendrait raison. Donc nul n'avait tenté de le contrarier.

Amonet s'était aussi confiée à Mursili, son mentor.

- Pharaon ne devrait pas donner cet ordre, c'est pure folie. Des gens vont se révolter, si elle est écrasée dans le sang, le peuple se soulèvera, s'en sera fini de nous.

- Je te l'ai dit, le Pharaon auquel tu prèteras allégeance sera victorieux. Mais cela ne sera pas celui-ci.

- Mais c'est mon père.

- Ce sentiment t'emprisonne et t'empêche de voir clairement. Ce Roi n'est pas bon pour l'Egypte. La grande Magicienne qui s'est sacrifiée autrefois l'a fait pour sauver le monde, pour sauver son peuple. Ton père fait le contraire. Et le peuple le destitueras. Reste neutre cette fois-ci, même si c'est dur pour toi, reste neutre.

- Et laisser mon pays se faire envahir par le tien ?

- Je ne me préoccupe pas des querelles entre pays, ma mission est beaucoup plus importante, et la tienne aussi. Le Roi auquel tu accorderas ton épée sera le maitre du monde, mais aura également la lourde tâche de t'aider à le sauver d'Apophis. Il est là, il attend son heure pour frapper. C'est ça ta mission, pas sauver un Pharaon qui s'est attiré les foudres des son peuple malgré les conseils avisés de son vizir.

- Je dois donc laisser mon père mourir pour sauver le monde ? C'est ignoble !

- Oui, je sais, mais la magie exige parfois des sacrifices.

- Donc je vais attendre que mon père meurt sous les coups de la population et voir ce qu'il en ressortira.

- Je sais que ce que je te demande est dur, voire inhumain, mais tu n'as pas le choix si tu veux accomplir ta destinée. Sinon, tout ce que tu as appris aura été un effroyable gâchis.

- Ce pour quoi je me bats est un gâchis, je ne peux même pas sauver ceux que j'aime.

- Viendras un temps ou tu pourras. Mais pas aujourd'hui. Pas dans ce combat.

***

Le lendemain, alors que des habitants réclamaient de voir le responsable de la mort de leur père, les soldats se crurent attaqués et se défendirent, tuant les deux jeunes gens. La rumeur parcouru la ville plus vite qu'une trainée de poudre. La situation explosa.

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