Chapitre 30
Je suis avec Yael (pour changer) quand Igor m'appelle pour me prévenir que lui et Megara se trouvent à l'accueil de l'hôpital. Comme ma Crevette n'a pas le droit de monter dans les étages, je lui ai dit de m'attendre et que j'arrivais. Je me prépare donc pour aller les voir sous le regard de mon "Prince Charmant" lorsque je suis prise d'une inspiration soudaine. Il faut dire que j'ai toujours été impulsive. Mais, à ce point ? Je me surprend moi même.
— Yael ?
— Hm ?
— Tu descends avec moi ?
— Je croyais que tu n'étais pas prête à me présenter à ta fille ?
— Et bien j'ai changé d'avis. Donc, si tu te sens prêt, tu peux descendre avec moi. Mais tu sais ce que ça implique n'est-ce pas ?
Il m'offre un sourire rassurant avant de me répondre.
— Je viendrais avec plaisir. Mais tu es sûre de toi ?
— Je pense que je ne pourrai jamais être sûre de moi. Mais là c'est ce dont j'ai envie.
— Alors très bien.
Il se lève du fauteuil dans lequel il s'est installé pour m'observer de tout son saoul. Il me tend la main, puis nous nous dirigeons tous deux vers l'accueil de l'hôpital. Il ne me faut que quelques secondes avant d'entendre crier.
— Maman !
Immédiatement, mon cœur se met en émoi, je me mets à courir en direction de la voix portée de ma petite princesse et je la serre fort contre mon cœur. Je suis tellement concentrée sur elle, tellement heureuse de la voir, que je ne remarque pas le regard de tueur que lance mon ex à Yael. Je ne relève la tête que lorsqu'il ouvre la bouche pour demander.
— C'est qui ça ?
Immédiatement, je sens le rouge me monter aux joues. J'invite tout le monde à s'asseoir à une table et Yael prend les commandes pour aller chercher de quoi sustenter tout le monde. Profitant de son absence, je darde un regard noir sur Igor.
— Tu pourrais te montrer un peu plus poli.
— Mais c'est qui ?
— C'est...
Je ne peux m'empêcher d'hésiter. Après ces mots, plus aucun retour en arrière ne sera possible. Ma fille n'oubliera pas et Igor non plus. J'ai tellement peur de renouveler l'erreur que j'avais déjà commise. Pourtant, je suis certaine de mes sentiments dorénavant. Ils sont arrivés comme une bombe nucléaire qui a tout explosé sur son passage, mais ils prennent toute la place que ma Crevette n'a pas prise. Aux côtés de mon aimé, je me sens complétée. Comme si j'avais trouvé la part manquante que j'avais recherché toutes ces années. Mes sentiments me rendent sereine et c'est bien la première fois que je ressens une telle sensation. Alors je m'arme de courage et je reprends au moment même où il revient avec boissons et gâteries.
— C'est Yael. Nous sortons ensemble.
— Et tu crois franchement que c'est le moment de le présenter à ta fille ? s'énerve mon ex.
Je réponds avec le plus d'aplomb possible.
— Je pense au contraire que c'est le moment idéal. Au moins comme ça Megara se rend compte que je ne suis pas toute seule et qu'une personne prend soin de moi.
La petite fille, loin d'être idiote, demande à cet homme qui jusqu'ici était un inconnu pour elle.
— Tu aimes ma Maman ?
Yael s'assoit et fait face à ma fille avec prestance.
— De tout mon cœur. Et, puisque je sais l'importance que tu as pour elle, j'ai hâte de te connaître toi aussi.
Je vois que mon ex, loin du calme apparent de notre fille, est en train de fulminer dans son coin. C'est alors que me reviennent les propos qu'il a tenu la dernière fois que je l'ai vu. Effectivement, j'aurais peut-être dû le prévenir avant. Foutue impulsivité. J'espère néanmoins que cela ne va pas dégénérer car je ne me sens pas la force de participer à une telle confrontation. Heureusement, Igor attrape sa bouteille et se lève comme une furie en lâchant.
— Tu me rapporteras Meg quand tu auras terminé de jouer à la petite famille recomposée heureuse.
Yael le regarde s'éloigner avec méfiance. Je pense que je ne vais pas échapper à une discussion sur le sujet. Je ne lui avais même pas parlé des avances d'Igor. En même temps, j'ai cru que ce dernier, qui est la plupart du temps assez volatile, allait oublier les propos qu'il a tenu. De surcroît, lui aussi a refait sa vie. Je ne comprends donc pas quelle mouche l'a piquée.
Yael, désireux de me laisser profiter de ma fille, se met en retrait et nous regarde juste discuter et rigoler toutes les deux pendant plus d'une demi-heure. Je pensais avoir le temps. Pourtant, à ce moment-là, Igor revient à la charge et dit d'une voix bourrue.
— On y va Meg.
— Mais je veux rester avec Maman, rétorque ma petite fille d'amour.
— Une prochaine fois. On a des choses à faire.
Je me sens tellement surprise que je ne parviens pas à réagir. C'est Yael qui relève immédiatement ses propos.
— Eh mec, tu ne peux pas les laisser un peu profiter l'une de l'autre ? Trente minutes ce n'est vraiment pas beaucoup.
— T'occupe pas de ça l'attardé. Cela ne te regarde absolument pas.
Je vois mon homme serrer les poings. Lui n'est pas impulsif, mais il peut être bien plus dangereux que moi. Son corps est à lui-même une arme de combat létale. Je le sais, même s'il n'en dit jamais rien. Je décide donc de m'interposer et pose une main sur la sienne pour l'apaiser, tout en regardant Igor droit dans les yeux.
— Tu as raison, ce n'est pas un lieu pour un enfant.
Yael me regarde avec des yeux grands écarquillés, mais je le fais taire du regard. Ensuite je me tourne vers ma fille qui a les larmes aux yeux.
— Ne t'en fais pas ma Crevette, je n'ai rien de grave. Je vais bientôt pouvoir sortir et ensuite je passerai te chercher. Mais je suis désolée d'avoir raté ces vacances. Je te promets que je ferai tout pour me rattraper.
— Ne t'inquiète pas Maman, je sais que ce n'est pas ta faute...
Je vois bien qu'elle hésite à poursuivre, alors je décide de l'y aider.
— Mais ?
Je la vois hésiter, regarder son père, puis Yael, avant de reporter son attention sur moi et de me lancer une flèche en plein coeur.
— Maman, j'aimerais que les fées existent pour qu'elles accélèrent le temps quand tu es loin de moi et qu'elles le ralentissent quand on est ensemble.
Ces mots sont tellement beaux et m'ont tellement pris au dépourvu que je sens une larme m'échapper. Immédiatement, je sers ma petite princesse tout contre moi et embrasse sa chevelure avant de lui répondre.
— Moi aussi j'aimerais qu'elles existent. Je te promets que je n'aurais de cesse de me battre tant que je ne t'aurais pas récupérée. Je t'aime ma Crevette cœur d'amour.
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