Chapitre 29
Cela a beau être la dix millionnième fois que je me retrouve aux urgences, je suis pourtant toujours aussi effrayée. Il faut dire qu'avec tout ce que j'ai traversé, j'ai développé une phobie de l'hôpital. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai failli mourir pour erreur médicale. Un comble que je me retrouve à sortir avec un infirmier. Et pourtant, sa présence me rassure. J'ai senti mon cœur s'emballer lorsqu'il s'est éloigné de moi. Pourtant, il ne manque pas à sa promesse car je le vois revenir après moins d'une demi-heure en tenue de travail. Je le regarde avec surprise.
— Je croyais que tu étais en vacances ?
— Et c'est le cas. Mais ils s'occuperont mieux de toi si je suis à tes côtés.
Je rougis instantanément avant de balbutier.
— Oh mon Dieu, je suis terriblement désolée. J'imagine que cela ne doit pas te faire plaisir de retourner sur ton lieu de travail alors que tu es prétendument en vacances...
Il m'interrompt en levant la main pour caresser ma joue avec douceur.
— Je ne voudrais me trouver nulle part ailleurs. Ma place est auprès de toi.
Comme toujours, cela a été très long avant qu'ils ne me mettent enfin sous perfusion de morphine. Pourtant, immédiatement, je me suis sentie mieux, bien que je sois totalement défoncée. Ai-je rêvé quand Yael a dit au médecin que j'avais toujours été mal prise en charge quant à mes pathologies ? Sûrement pas. Ce doit être la raison pour laquelle on finit par me faire monter dans les étages pour m'hospitaliser en rhumatologie.
J'ai dormi presque toute la journée, et pourtant, quand je me réveille, je découvre Yael toujours à mes côtés, assoupi, sa main resserrée sur la mienne. De ma main libre, je le secoue légèrement. Et, lorsqu'il ouvre les yeux, je lui dis.
— Tu ferais mieux de rentrer dormir. ça va aller.
Il cligne plusieurs fois des yeux, comme s'il a du mal à se reconnecter à la réalité avant de répondre dans un bâillement.
— Oui, tu dois avoir raison. Je reviens au plus vite.
— Ne t'en fais pas, tenté-je de le rassurer, gênée de lui gâcher ses vacances. Je vais pouvoir m'en sortir. Enfin... Je crois.
Il m'embrasse avec passion puis s'efface. Le temps commence à s'égrener lentement. Je me demande à quelle heure je vais enfin avoir mes traitements pour dormir. Et, au moment où l'infirmière vient enfin, quelle n'est pas ma surprise de voir de nouveau Yael. Il attend patiemment que la femme fasse son travail, puis il entre avec un gros sac.
— Je n'ai pas osé toucher à tes affaires à la maison. Du coup je t'ai acheté des culottes pas sexy du tout parce que je n'ai pas envie que les soignants te reluquent, affaires de toilettes, pyjama. Et je t'ai aussi emmené mon ordinateur portable pour ne pas que tu t'ennuies.
— Tu es complètement fou..., baragouiné-je à demi ensomeillée.
— Fou de toi, oui. Allez, je te laisse dormir. A demain ma belle.
Et je m'assoupis avant même que la porte ne se referme sur lui.
***
Yael vient tous les jours, comme promis. Il est à mes côtés pour chaque examen. Je me surprends de plus en plus à le scruter, le cœur battant à tout rompre. Et, un jour que nous étions sortis fumer une cigarette, je ne parvenais pas à le lâcher des yeux alors qu'il me parlait de tout et de rien. Et, sans l'avoir prémédité, j'entrouvre les lèvres et lâche.
— Je t'aime Yael.
Il me regarde avec une infinie tendresse et un sourire qui irradie le bonheur. Il se rapproche de moi pour s'emparer de mes lèvres. Les nôtres s'entrechoquent dans une violente passion. Je ne l'interromps que pour susurrer.
— J'ai très envie de toi.
Son sourire s'agrandit, puis il me prend la main et souffle.
— Viens avec moi.
Il me raccompagne à ma chambre et, à ma grande surprise, ne s'arrête qu'une fois après avoir fermé la porte de la salle de bain derrière nous. Je rougis à l'idée de ce qu'il me réserve, mais, heureusement, il ne me laisse pas trop le temps de réfléchir avant de me plaquer contre l'évier pour m'embrasser sauvagement. Ni une ni deux, nous nous retrouvons tous les deux nus, haletants et nos corps en sueurs, nos cœurs battant à l'unisson et nous murmurant des "je t'aime" sous des regards enflammés.
Et c'est à cet instant que je me rends compte qu'en fait je n'ai jamais connu l'amour avant lui. Pourtant je pensais avoir déjà été amoureuse, mais rien n'était comparable avec ça.
***
Après cet instant de frénésie, nous sommes partis nous allonger dans le lit, moi allongée dans ses bras, un sourire béat sur les lèvres. Jusqu'à ce que je réalise...
— Quel jour sommes-nous ?
— Vendredi. Pourquoi ?
Je pose une main sur ma bouche. Je suis tellement sonnée de ne pas avoir vu le temps passer.
— Je devais récupérer ma fille demain. J'imagine que je ne serai toujours pas sortie ?
— Je ne pense pas.
Sans lui répondre, j'attrape mon téléphone et compose le numéro d'Igor.
— Allô Evie. ça va ?
— Oui. Ou plutôt non. Je suis à l'hôpital et je ne sais pas quand je sortirai. Serait-il possible que tu m'emmènes Serena demain ? J'aimerais pouvoir lui expliquer ce qui m'arrive pour qu'elle ne prenne pas peur.
— Oui, bien sûr.
— Merci. A demain.
— A demain.
Je regarde Yael, l'air gêné.
— Je suis désolée...
— Désolée de quoi ma belle ?
— Je... Je ne suis pas encore prête pour te présenter à ma fille. Je me suis toujours dit que le jour où je lui présenterai un homme, ce serait mon futur mari. J'ai déjà fait une erreur une fois, je n'ai pas envie de recommencer.
Il me sourit avec tendresse.
— Ne t'en fais pas. Venant d'une mère louve, je n'en attendais pas moins. Mais qui était cet homme que tu lui avais présenté ?
Je me sens soudainement mal à l'aise, mais terminé les mensonges. Je décide de tout lui raconter au sujet de Nathan. Et c'est donc ce que je fis.
— Mais quel enfoiré...
— Tu comprends maintenant en partie pourquoi je suis brisée...
Il me sert un peu plus contre lui et dépose un baiser sur mon front.
— Et quelle est l'autre partie ?
Je ferme les yeux une seconde, puis prends une grande inspiration.
— Je t'ai laissé entendre que je ne m'entendais pas très bien avec ma mère, mais je ne t'ai pas tout dit... Ma mère souffre d'un trouble psychique. Elle a passé mon enfance à me battre ou à me détruire psychologiquement ou encore à me mettre à la porte...
— Quoi ? Mais pourquoi tu habites toujours chez elle ? m'interrompt-il.
Je baisse les yeux, mal à l'aise. Il a accepté ma maladie, mais jusqu'à quel point ?
— Je suis malade depuis sept ans maintenant. Outre que je ne parvenais plus à m'occuper de ma fille, je ne parviens plus à m'occuper de moi non plus. Impossible de garder un travail parce que je fais de trop nombreux arrêts maladies. Et donc impossible d'avoir un logement. Je ne rêve que d'une chose, pouvoir retrouver de l'autonomie et récupérer ma fille. Mais j'ai l'impression que cela n'arrivera jamais...
Yael prend mon visage entre ses doigts avec une infinie douceur.
— Je te promets que, si tu restes avec moi, je ferai tout pour t'aider à retrouver ta fille.
Je retire mon menton de ses doigts et détourne le visage.
— Ne fais pas de promesses en l'air que tu ne pourras pas tenir.
— Ce n'est pas le cas. Et si c'est ce que tu crois, alors c'est très mal me connaître.
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