Chapitre 26


Aussi incroyable que cela puisse paraître, Yael et moi sommes ensemble depuis bientôt un mois. Nous avons même officialisé notre relation sur les réseaux sociaux. Et non, je n'ai pas encore rencontré ses parents (OUF)! Il faut dire que ces deux dernières semaines, nous n'avons pas beaucoup eu l'occasion de nous voir, entre son travail, le mien et sans compter ma Crevette, ça s'est avéré très compliqué. En fait, nous ne nous sommes vus que deux fois pour être honnête. Une séance de ciné et une crêperie. Et non, je ne me suis toujours pas confiée à lui sur ce qui me tourmentait le plus. Je ne me sens toujours pas prête et j'ai juste envie de profiter des bons moments que nous vivons à deux. Je sais que ce n'est pas honnête, et une part de moi culpabilise d'ailleurs, cependant j'ai beaucoup trop peur de perdre ce que nous sommes en train de bâtir. Et oui, je sais c'est débile, parce que s'il ne se sent pas capable d'affronter cela avec moi maintenant il ne le fera probablement jamais.

Nous sommes vendredi. Ayant eu ma Crevette le weekend dernier, elle ne me rejoindra donc pas ce soir. Je peux donc profiter de ce temps libre pour le passer avec Yael. Il doit venir me chercher à la sortie du travail. Il m'a demandé si je ne connaissais pas un grand parc à proximité de mon domicile. Cela tombe bien parce que j'en connais un dans une ville d'à côté. Il se trouve à côté d'un centre d'épuration des eaux, puisque nous sommes à proximité d'un fleuve. Sans compter que ce parc est si atypique qu'il ne peut que me plaire.

Nous nous garons devant l'entrée dudit parc. Yael sort ma canne pliante du coffre de la moto pour me la tendre, ainsi qu'un gros sac dont j'ignore tout. Raison pour laquelle je demande.

— C'est quoi ça ?

— Ahahhhh ! Tu verras bien !

Il embrasse ma tempe avant de fermer le coffre à clef et de mettre un antivol sur l'engin. Nous entrons dans le parc, qui est étrangement désert. Il a des tas de tubes de métal de couleur bleu qui sortent du sol avec de gros écrous. Quand j'étais en maternelle, mon père et ma mère m'emmenaient souvent dans le parc avec mon seul ami de l'époque. Après avoir déménagé, j'ai essayé de garder contact avec lui. Pendant des années en l'occurrence. Je passais même beaucoup chez lui pour le voir dès que j'en ai eu l'âge. Jusqu'à ce que je découvre qu'il était en réalité, bon ça encore vu mon métier le problème, mais le problème était qu'il faisait une fixette sur moi. Par exemple, il a brûlé toutes ses photos. Toutes, sauf celles qui étaient de moi. Celles-là il les as regardées. On peut trouver soit cela mignon, soit cela effrayant. Ayant déjà bossé en psychiatrie, je penche davantage pour la deuxième option....

Le parc est très vert et fleuri. Et sa spécificité c'est d'avoir une décoration relative au centre d'assainissement des eaux. Yael insiste pour que nous trouvions un petit coin tranquille et à l'abri des yeux curieux. Il y a une forêt attenante, nous nous enfonçons quelque peu entre les armes, tout en continuant à avoir une vue sur le parc.

— Là c'est parfait ! s'exclame-t-il.

Je le vois sortir une couverture pour la déposer sur le sol avant de m'inviter à m'asseoir.

— Alors tu vas enfin me montrer tout ce que tu caches dans ton sac de Mary Poppins ?

— Non !!! Je suis percé à jour ! plaisante-t-il. J'ai ramené de quoi pic-niquer. J'ai pensé qu'après ta journée de travail tu aurais probablement faim.

— Bien pensé Sherlock, rié-je à mon tour en lui faisant un clin d'œil.

Il s'assoit à son tour à mes côtés et sort des tas de gourmandises de son sac à malice. Déjà du pain frais, du houmous, du saumon, des sauces, des légumes, bref de quoi faire un petit apéro dînatoire. Et il a même pensé à amener une bouteille de rosé.

— Je croyais que tu n'aimais que le vin blanc, m'étonné-je.

— Je n'aime que le vin blanc, mais je sais que toi tu n'aimes pas, et je tolère davantage le rosé que le rouge. Donc mon choix était vite vu.

— Et bien j'apprécie l'attention ! le félicite-je en le regardant débouchonner ladite bouteille avec brio, prouvant de nouveau sa force.

Nous avons mangé jusqu'à plus faim et bu jusqu'à plus soif ? Non, je dirais que nous avons bu jusqu'à être pompettes.

— Je me demandais, commença Yael, si tu as ta fille toutes les vacances ou si tu as un petit peu de temps à m'accorder.

— J'ai ma fille la deuxième semaine des vacances. Et, coup de chance, je ne travaille pas ces deux semaines là, j'avais besoin d'un vrai repos.

Il glisse ses doigts rafraîchis par la température ambiante sur la chaleur de ma nuque, ce qui me fait pousser un petit cri aigu. Mais ensuite, je me rends compte qu'il est en train de me masser et je trouve cela fort agréable. Je me détends, un sourire serein sur les lèvres.

— J'aime te voir sourire comme ça, apprécie Yael. Ce que je voulais te proposer... C'est... Est-ce que tu souhaites venir passer cette semaine chez moi ? Moi non plus je ne travaille pas. Et j'ai envie de profiter de toi pleinement.

— Cela pourrait être envisageable, réponds-je de façon mutine.

— Merveilleux s'exclame-t-il.

Il me fait totalement finir la bouteille de rosée en s'exclamant.

— J'en ai une deuxième. Il faut la boire pendant qu'elle est fraîche.

J'ouvre de grands yeux et réponds.

— Je ne pourrais jamais boire deux bouteilles de vin.

Non seulement car je crains que cela me fasse vomir, mais également parce que je sais que l'alcool n'est pas vraiment compatible avec mes traitements. Normalement j'aurais dû complètement l'arrêter, néanmoins, je refuse que ma santé empiète autant sur ma vie. Donc oui je bois, mais je reste tout de même raisonnable et j'évite le plus souvent de terminer ivre.

— Allez ! insiste-t-il.

Je secoue la tête. Cela m'attriste de lui dire non et qu'il en ignore la véritable raison. Mais je n'ai pas trop le choix.

— Désolée, mais toi bois la si tu la veux. ça ne me dérange pas. Moi je suis suffisamment pompette pour ce soir. Je crois que tu pourrais abuser de moi, là, dans les bois, que je t'accueillerai avec plaisir.

— Ne tente pas le Diable, répond-il d'une voix ténébreuse.

— Et si je désirais vraiment le tenter ? Serais-tu capable de mettre tes promesses à exécution.

— Ce n'est pas une promesse, mais une menace.

Je lui offres un petit sourire aguicheur. La vérité c'est que je ne sais pas ce que je fais là. Faire l'amour dehors ? En plein dans un parc ? Et pourtant, je ne peux arrêter de le provoquer.

— Si tes menaces ressembles toutes à celles ci, ne te gêne pas pour les mettre à exécution.

Surtout qu'en deux semaines on s'était à peine vus. Et nous n'avons pas refait l'amour. J'en conclus donc qu'il m'a montré à quel point il était doué pour la bagatelle avant de me torturer de manière cruelle.

— Deux semaines ! lui rappelé-je. Tu crois que je vais tenir à ce rythme.

Il m'offre de nouveau son sourire canaille.

— Tu penses vraiment que je n'ai aucune idée derrière la tête quand je t'invite à passer une semaine à la maison ?

— Certes. Mais moi j'ai envie de toi, là, maintenant.

Il ne lui en faut pas plus. Il faut dire que nous semblons attirés l'un et l'autre tels des aimants. Je ne me sens vraiment bien que lorsque je sens son corps contre le mien. Et nous voilà partis pour une heure d'apothéose. Je suis à la fois excitée par la situation et en même temps si nerveuse. Je n'arrête pas de regarder tout autour de nous pour être sûre que personne ne nous regarde.

— Cela peut t'apaiser que nous nous enfonçons davantage dans la forêt, me propose Yael.

Je réponds immédiatement par l'affirmative. Nous prenons toutes nos affaires et nous exécutons. Dès lors qu'on ne voit ni le parc, ni le sentier, mon "petit-ami" (ça me fait toujours bizarre de dire cela, j'ai l'impression d'être une collégienne) me propose que nous nous arrêtions là; Et cette fois j'accepte. Il a à peine le temps de disposer la serviette correctement que je lui saute dessus pour lui arracher ses vêtements. Je crois même qu'il y a un ou deux boutons de sa chemise qui ont sauté. Mais lui ne s'y prend pas beaucoup mieux. Comme la première fois, entre nous c'est électrique et bestial. A la différence que cette fois mon esprit est en adéquation avec mes actes. J'ai tendance à me scander parfois "Yael m'aime, Yael m'aime" et de me pincer pour vérifier que j'étais bien dans la réalité et pas dans un rêve. C'est difficile pour moi d'accepter une telle réalité, car l'ensemble de ma vie a été un lot d'horreur et de souffrance.

Voyant que j'avais les sourcils froncés, Yael ralentit ses mouvements de bassin et il passe son pouce sur la plissure qu'exercent mes yeux.

— Que se passe-t-il ma belle ?

Je ne peux lui dire toute l'horrible vérité. Déjà parce que je ne veux pas gâcher cet instant magique, mais aussi parce que je ne me sens pas encore prête d'en parler. Alors j'opte pour une semi-vérité.

— Ma vie n'a jamais été simple...

— Cela je pense l'avoir cerné, répond-il avant de m'avoir laissé terminer.

Je continue comme si de rien n'était.

— Disons juste que tout cela me paraît trop beau. Iréel.

Il prend ma main et la dépose sur son pectoral gauche, tout en ancrant son regard dans le mien.

— Tu sens ça ? demande-t-il, puis il attend que je hoche la tête pour poursuivre. C'est la preuve que je suis bien réel et vivant. Et comme je te l'ai déjà dit...

J'ouvre la bouche pour m'apprêter à l'interrompre, mais il pose un doigt sur mes lèvres pour m'empêcher de le faire.

— Comme je te l'ai déjà dit, je t'aime. Et je ne suis clairement pas près de te quitter. Et non, tu n'as pas à me répondre. Te savoir heureuse me suffit pour le moment.

Je crois que je devrais écrire un livre "Je sors avec un extra-terrestre". Je ne sais pas si ça aurait du succès, mais en tout cas cela s'approchait davantage de la vérité à mon sens. Il ne me laisse pas le temps de répondre que nous reprenons la bagatelle là où nous en étions. Et, cette fois, je ne peux retenir des cris de plaisir qui choqueront probablement les quelques personnes qui restent aux alentours. Mais je m'en contrefiche !

A la fin de nos ébats, je m'étale sur la couverture et Yael se positionne à moitié sur moi, sa tête posée sur mon thorax pour écouter mon coeur battre.

— Ton coeur bat si fort, s'étonne-t-il.

— Peut-être bien qu'il bat pour toi ? plaisanté-je.

— Ah parce que tu n'en es pas sûre ?

Je soupire et lui caresse les cheveux avant de demander d'une voix légèrement engourdie par l'explosion que nous avons provoquée tous les deux.

— Quand est-ce que tu veux que je vienne chez toi ?

— Ce soir ! répond-il d'un ton qui révoque toute forme de contradiction.

Je ris. De toute manière je n'ai rien d'autre à faire, alors j'accepte. Et nous nous mettons en route le plus rapidement possible.

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