Chapitre 20
Heureusement que ce weekend je vais voir ma meilleure amie et ma petite nièce, cela m'évitera de penser à ces scènes qui hante mon esprit sans relâche jour après jour. Chaque fois je le revois, lui, Nathan. Il est le troisième homme dont je sois tombée amoureuse dans ma vie. Il y avait eu mon premier petit ami avec qui je suis restée deux ans et qui m'a trompé. Mais bon, nous étions jeunes. Le père de ma fille (lui je vous en parlerai plus tard). Puis était venu Nathan.
Nous étions ensemble depuis un an. Je lui avais même présenté ma fille alors que j'avais toujours dit que le prochain homme à qui je la présenterai serait l'homme de ma vie. J'avais attendu plus de six mois avant de la lui présenter. Et en plus, ils s'entendaient bien. Donc oui, je pensais que c'était l'homme avec qui j'allais construire ma vie. Il était beau comme un Dieu grec et musclé. Il était drôle. Il était sportif. Et en plus il désirait devenir éducateur spécialisé (c'est de le voir réaliser ce rêve qui m'a permis de nouveau envisager d'être assistante sociale car c'était un rêve de petite fille), donc cela prouvait qu'il pouvait faire preuve d'abnégation. Le tiercé gagnant à mes yeux... Du moins, jusqu'à ce que les premières douleurs se réveillent. A l'époque j'étais esthéticienne. Je travaillais dans un salon qui nous exploitait. Je faisais des journées de dix heures, sans compter les trois heures de transports que j'avais à faire pour y aller de chez moi. Sans compter que ma patronne, me trouvant douée pour les massages, me les donnais quasiment tous à faire. Donc j'effectuais environ sept heures de massage dans la journée, le reste du temps, c'étaient les gommages du corps compris dans le soin, donc tout aussi physique. Sans compter que j'avais parfois deux clients en même temps (encore aujourd'hui, je ne sais pas comment je faisais) et tous les repas que je sautais car je n'avais pas le temps de prendre de pause. Oui, c'était de l'esclavagisme. Donc, quand j'ai commencé à avoir mal aux poignets, cela semblait normal à tout le monde. Je partis voir une rhumatologue qui me fis des infiltration de cortisone. Et, comme vous pouvez l'imaginer, cela n'a servi strictement à rien. Donc je fus en arrêt quelques temps. Temps dont j'ai profité pour chercher un nouveau travail, moins douloureux et plus adapté à mon état.
J'ai trouvé un travail d'esthéticienne, mais cette fois dans un centre d'amincissement. A première vue, on peut penser que c'est pire, sauf qu'en fait ils n'utilisaient que des machines. C'étaient donc mes compétences techniques et de vente qui étaient sollicitées. Sans compter que c'était mieux payé. J'ai donc changé de travail.
Il ne m'a fallu que quelques semaines pour m'apercevoir que les douleurs que je ressentaient n'étaient plus seulement isolées dans les bras, mais avaient également atteint mes coudes, mes épaules (ça encore ce n'était pas vraiment un souci avec ce travail), mais aussi les hanches, les genoux et les chevilles. Rester debout m'était devenu absolument intolérable. Mon patron de l'époque accepta de rompre mon contrat pour que je puisse percevoir le chômage. Et, comme je n'étais pas le genre de femme qui supportait de rester inactive, je m'inscris à une fac pour reprendre ùes études. De toute manière je n'avais pas le choix, avec un CAP d'esthétique je pouvais au mieux être esthéticienne et au pire devenir caissière ou femme de ménage. Bien que j'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas de sous-métiers, j'ai toujours eu besoin d'un travail épanouissant. (Bon d'accord je m'étais sûrement plantée avec le CAP).
Bon, revenons en à nos moutons, enfin à nôtre mouton : Nathan. En parallèle que la maladie rongeait mon corps, elle s'attaquait également à mon esprit. Il était très dur pour moi de rester aussi positive et amusante que d'habitude. Il fallait dire que les médecins pensaient que j'avais une polyarthrite rhumatoïde. Maladie qui, au vu de mon jeune âge, allait finir par me tuer après qu'elle m'aurait coincé dans un feuteuil roulant.
Disons que je n'étais pas emballée par mes choix. Enfin, si on peut appeler cela des choix. Alors oui, je pleurais. Oui, la maladie était tellement douloureuse que je pouvais me taper la tête contre les murs. Et oui, la douleur et les insomnies qui l'accompagnaient pouvaient me rendre "légèrement" irritable.
Nathan, cet homme brave et surtout très amoureux, commença à se comporter étrangement. L'intuition féminine, mythe ou réalité ? Toujours est-il que mon instinct me cria qu'il y avait un problème. Un jour, n'y tenant plus, alors que j'étais en cours, je lui envoyais un message pour lui ordonner de me dire ce qui n'allait pas. Sa réponse fut : "Je souhaitais que tu aies passé tes concours pour t'en parler." Je lui ai donc dit que c'était bien plus dur de savoir qu'il se passait quelque chose sans savoir ce que c'était, donc je lui intimai d'avouer. Il finit par m'avouer qu'il voulait rompre, mais il tenait absolument à venir chez moi pour en discuter. A la base je lui ai dit que ce n'était pas la peine, aucun besoin de remuer le couteau dans la plaie. Néanmoins, il a tellement insisté que, comme une godiche, j'ai fini par accepter.
Il est venu. Il a pleuré (beaucoup). Il a parlé (un peu), mais je le coupais sans arrêt pour l'envoyer promener. Je vais donc vous faire un résumé : il disait m'aimer, mais que c'était trop dur de me voir souffrir et ne plus sourire. On était clairement pas dans "pour le meilleur et pour le pire, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Je dois vous avouer que je n'aurais pas pris la peine d'écrire une telle histoire.
***
Alors, vous comprenez ? Non ? Je vais vous expliquer. Nathan avait non seulement brisé mon cœur, il en avait également fait de même avec ma confiance en moi. Si ma maladie est si terrible que cela à supporter, comment un homme pourrait accepter de me choisir malgré cela. J'ai la réponse. Je ne mérite pas d'être aimée. C'est ce que j'ai pensé toute mon enfance face aux multiples rejets de ma famille et de mes parents. Et aujourd'hui c'est ce que je pense à cause d'un homme appelé Nathan et de tous les hommes qui m'ont fuis après. Pendant des années, j'avais décidé de ne plus m'attacher, de ne plus aimer et de rester célibataire. J'avais décidé d'offrir ma vie aux nécessiteux qui pourraient bien avoir besoin de l'aide d'une assistante sociale. Je me suis donc concentrée à quatre-vingt cinq pourcents sur mes études. Cinq étaient destinés à mes cours d'équitation et dix pour ma fille vu que je ne la voyais que quatre malheureux jours par mois (même si j'aurais aimé lui en offrir bien davantage).
Voilà à quoi je songe toutes les journées de jeudi et vendredi. Heureusement, ma Crevette va me rejoindre juste après le travail et ensuite nous prendrons le train en direction du sud de notre beau pays pour rejoindre Jade et Lia.
Megaran, accompagnée d'Igor, est arrivée avant que je ne rentre. Ma mère est en train de prendre la tête de mon ex-conjoint. Je m'interpose donc.
— Aniès ? Nous devons partir pour le weekend.
— Et où allez-vous ?. me questionna-t-elle avec suffisance.
— Celà ne te regarde absolument pas ! m'énervé-je.
Je me tourne ensuite vers le père de ma fille.
— Bonjour Igor. Merci de me l'avoir amené.
— De rien, me répond-il. Je peux te parler deux minutes ?
Je hoche la tête, puis prends ma Princesse dans les bras pour lui faire plein de bisous, puis je tends la main pour indiquer le balcon à Igor, où nous nous rendons. Je croise les bras et lui fait face.
— Que se passe-t-il ?
— Déjà je voulais savoir comment tu vas ? questionna-t-il.
Je hausse une épaule dédaigneusement.
— Ça va. Je suis heureuse de retrouver Meg.
Je voyais bien qu'Igor était nerveux. Il passait d'un pied sur l'autre et se triturait les doigts. Je me retiens à grand peine de lui crier d'accoucher. Et enfin, ma patience paya.
— C'est de Megara dont je désire te parler...
— Elle va bien ? crié-je presque tant ces quelques mots me rendent soucieuse.
— Oui, oui, elle va très bien, me rassure-t-il immédiatement. C'est juste que... ma femme a de plus en plus de mal à tolérer sa présence...
— Mais c'est ta fille ! m'exclamé-je avec fureur.
— Oui, oui. Je sais. Mais ça fait plusieurs années que je l'ai maintenant. Et tu lui manques. Il serait temps que tu la récupères.
— Tu sais bien que je ne peux pas. Je ne peux pas m'occuper d'elle sans aide et tu sais parfaitement qu'on ne peut pas compter sur ma mère.
— En effet, soupire-t-il.
Il reste quelques secondes silencieux, même s'il semble toujours nerveux.
— Tu as rencontré quelqu'un ? demanda-t-il de but en blanc.
Je plisse les yeux suspicieusement.
— Je ne vois pas vraiment en quoi cela te concene.
Il attrape ma main et enlace nos doigts. Je suis tellement abasourdie que je ne pense même pas à me dégager.
— Tu as besoin de quelqu'un pour t'épauler pour s'occuper de notre fille. Et... Je me suis toujours dit que nous avions fait une connerie en nous séparant.
Je retire doucement ma main pour ne pas le provoquer et répond.
— C'est moi qui t'ai quitté...
— Je t'en prie, pense-y, ok ?
Ne me sentant pas capable de répondre à cette question, j'esquive plutôt.
— Tu devrais aller dire au revoir à Meg. Nous devons partir rapidement.
— Vous allez où ? s'étonne-t-il.
— Voir Jade.
— D'accord, amusez-vous bien.
Je suis toujours autant sur mes gardes. Les propos d'Igor m'inquiètent. Je sais que c'est un homme capable de tout pour obtenir ce qu'il désire. Et cela peut le rendre très dangereux. Heureusement, Megara vient me tirer de mes pensées en sautant dans mes bras.
— Maman !
— Cela te dit d'aller voir Marraine et Lia ?
— Ouiiiiii ! s'excite-t-elle.
Ce qui me fait rire. Puis je m'empresse de récupérer les sacs que j'ai préparé et appelle un taxi pour qu'il nous emmène à la gare. Megara n'a pas quitté mes bras de tout le trajet, ce qui me fait sourire tendrement. C'est une telle déchirure pour moi d'être loin d'elle. Les propos d'Igor n'aident pas car ils me poussent à réaliser que je ne suis malheureusement pas prête de la récupérer. Et, évidemment je n'ai reçu aucun message de Yael... En même temps, même moi je ne me serais pas rappelée après ce que je lui ai fait. Après tout, c'est peut-être pour le mieux. Je soupire et embrasse le front de ma Crevette avant de lui signifier qu'on est arrivées à l'aéroport.
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