Chapitre 11


En retournant vers mon lit, je vis qu'un message m'attendait.

CoeurdeLion

"Ma belle Evie, je suis encore émerveillé de ce temps passé à tes côtés. J'aurais souhaité que cette journée ne se termine jamais. Je ne parviens à calmer ma peine de t'avoir quitté qu'en pensant à la journée de demain. Et ce soir je vais m'endormir en rêvant de ce magnifique sourire qui me fait chavirer. Je sais, je ne suis pas censé prononcer de paroles mielleuses, mais penser à toi me donne envie de crier au monde ce que je ressens en cet instant. Dans l'espoir que cela ne sonne que le début de belles longues années à venir.
Yael."

CrazyQueen

"Ohla ! T'emporte pas trop mon doux Roméo. Savourons déjà une journée après l'autre. Mais pour tout avouer, moi aussi j'ai passé une journée merveilleuse. J'ai apprécié chaque minute, voire même chaque seconde, auprès de toi. Je dois cependant m'excuser. M'excuser de t'avoir embrassé de la sorte. Cela ne me ressemble pas habituellement. Je me suis un peu laissée emporter."

CoeurdeLion

"J'aime que tu te laisses emporter. Je t'en prie, pas besoin de suivre un quelconque protocole avec moi. Sois juste toi-même. Je sais que tu n'es pas une fille facile. D'ailleurs, ce n'est pas parce que tu as posé tes lèvres sur les miennes que je te considère acquise pour autant. Je sais également que je vais devoir faire preuve d'ingéniosité pour gagner ton coeur. Il faut croire que notre destinée était de nous rencontrer. Y crois-tu ?"

CrazyQueen

"Je ne crois ni au destin ni à Dieu ni à toutes ces fadaises. En mon sens, on se crée sa propre destinée, par nos choix et nos actions. Je serai moi-même si tu parviens à te mettre à nu devant moi."

CoeurdeLion

"Je ne demande que ça. Mais ne brûlons pas les étapes, je ne voudrais pas te faire fuir avec mon corps d'apollon."

CrazyQueen

"LOL ! Je ne parlais pas d'ôter tes vêtements petit cochon !"

CoeurdeLion

"Je sais bien ma douce. Et ne t'en fais pas, pour ça non plus je ne suis pas pressé. J'irai à la vitesse que tu m'imposes dans tous les domaines. Je n'ai jamais rencontré une femme telle que toi."

CrazyQueen

"Ne t'attache pas trop vite..."

CoeurdeLion

"C'est trop tard. A demain ? J'ai une réservation pour quatorze heure. Nous n'avons qu'à nous retrouver à midi pour manger et que tu puisses ruiner ton foie dans l'espoir de ne pas avoir trop peur."

CrazyQueen

"Mais quelle excellente idée ! A demain."

CoeurdeLion

"Douce nuit ma belle."

CrazyQueen

"Bonne nuit beau parleur !"

Je souris encore telle une idiote face à mon téléphone. Cela doit sûrement être dû à tout l'alcool que j'ai ingéré sur cette journée. Je n'ai pourtant pas l'habitude de boire normalement. Ou alors, juste un petit verre par ci, par là. Il faut dire que j'étais tellement nerveuse que cela m'a bien aidé. Même si depuis j'ai dessoûlé. Je ne tiens pas très bien l'alcool habituellement, heureusement que mes traitements m'ont fiché la paix pour la journée. J'espère qu'ils en feront de même demain.

J'attrape mon pilulier et, à l'aide de quelques gorgées d'eau, j'avale les cachets qui vont me permettre de rejoindre les bras de Morphée cette nuit. Même si, pour la première fois depuis longtemps, j'aurais aimé m'endormir dans d'autres bras. Je devais clairement réfréner mes ardeurs. Mais, rien qu'au souvenir de nos baisers échangés, je sens mon intimité s'humidifier. Je ressens une sombre chaleur qui gagne tout mon être comme si elle était sur le point de me faire exploser. Alors je sers mes cuisses entre elles, espérant apaiser cette douce brûlure. Mais rien n'y fait. Impossible de dormir. Au bout d'une heure à me tourner et me retourner dans tous les sens, je repousse ma couette et file dans la salle de bain.

Je retire mon pyjama de vieille fille tout en me regardant dans le miroir brisé. J'observe mon corps, me demandant ce que les hommes peuvent bien lui trouver de si attirant. Puis j'entre dans la cabine de douche et fais couler un jet d'eau froide sur ma chair douce et lisse à la couleur du café au lait. Ce n'est qu'une fois les muscles détendus que je ressors et que je retourne dans mon lit. Cette fois, je trouve rapidement le sommeil. Un sommeil emplit de rêve où je ne vois qu'un seul visage : des cheveux blonds, des yeux bleus électriques, une bouche pleine et cette mâchoire carrée... il est identique à mes souvenirs. Quoi qu'un peu plus dénudé. Mes songes se font rapidement plus libidineux, si bien que j'en rougirai sûrement demain au réveil.

***

Dès le matin, je reçois un nouveau message.

CoeurdeLion

"Ma douce, j'ai oublié de te demander, as-tu peur des motos ?"

CrazyQueen

"Mon deuxième prénom est adrénaline."

CoeurdeLion

"Très bien. Alors je passe te chercher."

Toute excitée, je file prendre une nouvelle douche pour effacer les effluves libérées par mon corps au cours de cette nuit sulfureuse, puis je m'habille. Cette fois, je fais le choix de ne pas me maquiller. Il veut me connaître telle que je suis, alors je dois lui offrir sans aucun détour. Et le maquillage ça ne me ressemble pas. Il faut dire que, parmi tous mes malheurs, j'ai la chance de ne pas avoir trop de défauts à cacher. J'ai le nez cassé, mais ça je ne peux rien y faire. Et puis, les défauts d'une femme lui donne son caractère selon moi. Si nous étions toutes lisses et belles, nous ressemblerions toutes à des poupées Barbies.

CoeurdeLion

"Je suis en bas."

Je sors de ma chambre, sans ma béquille, pas très pratique en moto, et m'élance vers la sortie. Malheureusement, je me retrouve de nouveau face à ma génitrice.

— Tu vas où cette fois, petite catin ?

— Tout comme hier, cela ne te regarde nullement.

— Donc tu vas voir un garçon ?

— "Un homme", précisé-je. Je ne suis plus une enfant.

— Justement, il serait temps que tu t'en ailles.

— Oh mais ne t'en fais pas, je vais me dépêcher de trouver un nouveau logement au plus vite.

— Bien.

— Tu en as déjà marre d'exhiber ta grande fille chérie devant tes amis ? demandé-je narquoisement.

Pour toute réponse, Aniès me gifle.

— Putain mais t'es folle ! m'exclamé-je.

— C'est pour les points de suture d'hier, railla-t-elle.

Je dois y aller. Yael m'attend. Alors, je respire un bon coup et prend sur moi de ne pas agresser physiquement cette femme que j'exècre. Et je lui claque la porte au nez. Je m'arrête devant le grand miroir du hall et m'efforce à dessiner sur mon visage un sourire de façade. Puis j'atteins enfin la sortie.

Je me retrouve face à une magnifique bécane noir brillante avec quelques dessins verts. Je bée tellement d'admiration que je regarde à peine l'homme qui se trouve dessus. Lui m'observe intensément. Il ne me lâche pas des yeux. Et, lorsque je m'approche enfin, il tend une main pour caresser ma joue sans doute encore rouge.

— Que t'est-il arrivé ?

Je me force de nouveau à sourire et tente de lui voler un baiser. Sauf qu'il me maintient sous son emprise et prolonge notre échange de manière langoureuse avant de soupirer de quiétude.

— Tu m'avais manqué, ajoute-t-il. Alors ? A qui dois-je refaire le portrait ?

— Ce n'est rien. On y va ? l'empressé-je plutôt.

— En route.

Il me tend un casque que j'enfonce sur ma tête avant de chevaucher la moto derrière lui. Et oui, je me fais mal rien qu'en montant, mais je m'en fiche. C'est presque aussi grisant que l'équitation.

L'engin démarre et Yael nous conduit dans la capitale, suivant le GPS jusqu'à l'adresse du Manoir. La vitesse, l'adrénaline... Bon sang. Il faut vraiment que je me remette au cheval. Cela me manque tellement. J'en fais depuis l'âge de neuf ans. Malgré la maladie, j'ai continué. Cependant mes récents déménagements m'ont contrainte à arrêter. Et puisque je dois trouver un nouveau logement, cela va devoir attendre encore un peu.

Une fois arrivés, Yael se gare dans un parking puisque le lieu ne semble pas des mieux fréquentés, puis il se dirige vers le coffre, le rose aux joues.

— Qu'y a-t-il ? lui demandé-je.

— J'espère que tu ne le prendras pas mal...

— Quoi donc ?

— Je me suis dit qu'avec la moto tu ne pouvais pas prendre ta béquille. Néanmoins, je ne voulais pas que tu passes ta journée à souffrir. Alors je t'ai acheté...

Il sortit un paquet et me le tendit, avant de croiser nerveusement les bras. Je le déballais avec curiosité et y découvrit...

— Une canne ? questionné-je médusée.

— Pliante. Comme ça elle entre dans le coffre de ma moto.

Elle est bleu turquoise. Je murmure.

— C'est ma couleur préférée... Comment le sais-tu ? l'interrogé-je.

— Tu me l'as dit hier ?

— Attends, tu vas me dire que tu as retenu tout ce que je t'ai dit tout du long de la journée ?

Je suis sous le choc. Je ne sais même pas comment réagir.

— Eh bien... je t'écoute...

J'encre alors mon regard dans le sien, essayant de lire entre les lignes. Comme si j'allais y découvrir une vérité cachée.

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