J'ai peur.

J'ai peur. J'ai peur. J'ai peur putain !

Il y a trois zombies en bas du bâtiment. Des zombies. Putain. Et putain il faut que j'arrête de jurer mais putain il y a des zombies ! C'est l'apocalypse ! On va tous crever ! Je jure si je veux merde !

Je reste bloquée devant la fenêtre. Ok. Garder son calme. Je pèterai les plombs après. Garder son calme. C'est plus important que tout. Je recule difficilement, puis cours jusqu'à mon sac, tout près. J'essaie de l'ouvrir, mais c'est plus fort que moi, je tremble. Rha il ne faut pas que je tremble !

Je réussis finalement à ouvrir mon sac, et fouille dedans pour trouver mon couteau-suisse, que j'emmène toujours avec moi. C'est pas le mieux pour buter des zombies mais qui sais, je pourrai peut-être quand même m'en servir. Et puis, ça me donne du courage.

Je sors la lame et me relève.

- Jade... Dis-moi... On est d'accord hein, c'est bien... Des... Zombies...? Me demande mon prof d'une voix blanche.

Je sens mon poil s'érisser. Je le sais bien, mais entendre ce mot, alors que c'est réellement le cas... C'est flippant. Je hoche la tête lentement.

- Oui...

C'est tout ce que je parviens à dire, ma gorge est nouée. Mais que dire d'autre, de toutes façons ? Et soudain, je réagis.

- Il faut bloquer la porte ! S'il en rentre on est foutus ! Je m'écris.

Mon corps tremble toujours mais j'ai à peu près récupéré ma lucidité. Encore heureux. Je me précipite jusqu'au meuble à gauche de la porte. Ce n'est qu'une étagère relativement petite, mais ça fera l'affaire.

Je l'attrape et la pousse contre le battant. Merde, le bruit. Je viens juste de penser à ça que je réalise qu'il y a toujours pleins de cris au dehors. De pire en pire d'ailleurs. Mais bon, au moins ça camoufle le raclement qu'a fait le meuble. Du moins j'espère.

J'ai peut-être - plus ou moins - recouvré mon sang-froid, mais j'ai toujours peur, et l'étagère que j'ai placée me parait bien trop frêle toute seule. Je me retourne alors en quête d'un autre meuble à installer pour se barricade au mieux. Et mon regard passe sur mon prof, qui se frappe la tête avec sa paume.

Mais que... Bon je verrai ça plus tard. J'entends des bruits et des cris dans le couloir ; mais ils sont loins, j'ai le temps de caler autre chose contre la porte. Même si ça me fait mal au coeur parce que je suis de nature empathique, je veux que personne ne rentre, ils pourraient ramener des zombies, être infectés ou juste complètement cons. Bah oui, je suis désolée mais ce n'est pas avec des gens cons qu'on va survivre ! Quand je dis cons c'est large, mais je n'ai vraiment pas le temps d'expliquer.

Enfin bref, j'ai trouvé quoi prendre : le bureau. Je m'empresse d'aller le chercher et le tire. Punaise c'est lourd ! Et aussi, vachement plus bruyant. Merde mais je n'ai pas le choix. Une fois le meuble posé contre la porte, je recule et mes jambes me lâchent. Elle tremblaient trop de toutes façons, je m'y attendais.

L'adrénaline me fait oublier la douleur quand je tombe lourdement au sol. Enfin, j'ai l'impression que je vais connaitre bien pire. Je m'allonge par terre et tente de me calmer, en serrant un peu trop fort le manche de mon couteau. D'abord la respiration.

Comme j'aimais bien délirer sur ce genre de truc, je m'étais promis que, si une apocalypse zombie arrivait vraiment, je garderais mon sang-froid, et attendrais d'être en sécurité pour craquer. Mouai. On va dire que là je suis en sécurité. Je ferme mes yeux et étrangle un sanglot. Des larmes coulent d'elles-même alors que ma respiration ne veut pas ralentir.

Des zombies. On est dans la merde.