Le lendemain, nous nous levons avec une volonté et une rationalité de fer. Nos sacs se remplissent en silence, leurs armes étincellent dans la pénombre. 

Je prends les devants pour partir en remarquant l'absence de la rousse. Thétys, suivant mon regard, s'approche de moi pour me dire qu'elle est retournée à la surface et ne reviendra probablement plus. Je ne sais pas vraiment pourquoi, cette annonce ôte un poids de ma poitrine. 

Nous nous enfonçons longuement dans les boyaux sans parvenir à retrouver la porte.

Inquiets, mes compagnons regardent autour d'eux avec empressement. La tension monte et quand Thétys trébuche, j'ai l'impression qu'Akym va la dévorer. Cette lourde ambiance dure des heures jusqu'à ce que nous découvrions un espace, plus bas que le reste au bout de notre chemin... On aurait pu le qualifier de renfoncement mais le terme de fosse est plus approprié.

Elle semble usée par le temps et une corde est accrochée à un de ses angles. Je tire dessus, rien ne se passe. Nous nous mettons à la queue-leu leu pour essayer de la remonter. Le résultat est le même... Enervé, je lance une vieille conserve dedans et le bruit du sol nous parvient seulement dix minutes plus tard. Je me penche, les genoux sur le sol quand soudain Thétys me recule dessus et je tombe dans le ''précipice''.

Ma chute est longue, je dois aller à une vitesse prodigieuse car j'entends les murs siffler à côté de mes pauvres oreilles. Je tombe, me rapproche de plus en plus vite du fond mais pourtant, c'est un sentiment de plénitude qui m'emplit. 

Au moment où j'heurte le sol, je sens les os de mon bras qui se tordent dans des angles impossibles et un cri de douleur s'échappe de ma gorge. Des larmes ruissèlent sur mon visage pendant que mes deux acolytes descendent avec précaution.

La responsable de mon tourment arrive, penaude puis me prend le bras avec une violence rare. Elle met son coude sous le mien, donne un coup sec et puissant, remettant les os à leur place. Quand elle me lâche, je m'écroule puis roule sur le dos, une ombre d'impuissance dans le regard. Akym me tend sa main et me relève. Je suffoque mais arrive à rester statique.

Thétys qui regarde depuis un bon moment autour d'elle nous fait signe de la rejoindre. Tss quelle garce, elle me brise un membre, le remet en place sans aucune excuse ! Elle m'a pris pour un robot ?!! J'essaie de me ressaisir une fois encore car mes envies destructrices ne sont jamais loin... 

Elle nous montre un pan de mur, décoré de haut jusqu'en bas sur plus de trente mètres. Des dessins qui semblent avoir été réalisé par des enfants, des paroles d'une « chanson » dans des caractères illisibles et surtout, au centre, un énorme crâne d'oiseau.

 Taillé dans du... calcaire, il est surement la depuis longtemps mais le secret de sa conservation est entier. Je m'approche en faisant attention à ce que Thétys ne soit pas dans mon dos.

Ses deux orbites sont vides et à l'intérieur est gravé un symbole représentant un « homme-oiseau » au bras enflammés qui tiennent une sphère en dessous de lui. Je ne comprends rien si ce n'est que cette gravure est plus vieille que nos trois âges réunis. Je montre le tout à mes compagnons, je remarque un fait étrange, Akym ne semble pas DU TOUT étonné par ce symbole.

Je l'interroge du regard mais il se tourne vers Thétys qui a découvert une porte.

 Je me jure de la pousser dans le premier fossé à ma disposition ! Reprenant mes esprits, je m'approche moi aussi pour reconnaitre les portes de l'ancien temps que les affiches montrent comme des trésors antiques et inestimables. Nous récupérons nos sacs et je prends garde à être le dernier de notre petit file.