Chapitre 7 : Vérité
L'alarme de mon réveille se mit à retentir, m'extirpant des bras chaleureux de Morphée. Je me redressais doucement dans mon lit, soupirant, la gorge sèche. Je tendais donc là mains vers ma table de chevet et appuyais sur l'interrupteur pour ouvrir les volets, prenant au passage ma bouteille d'eau dont je vidais le contenue goulûment. Je saisissais mon téléphone, m'indiquant l'heure de neuf heures malgré la petite nuit que je venais de passer. Nous avions passés une soirée formidable, je ne me rappelais pas avoir passé un si bon moment de toute ma vie. Adrian ne m'avait pas quitté d'une semelle, surveillant mes verres. Je n'avais pas énormément bu, du moins pas autant que le reste de la petite bande, mais les effets de l'alcool s'étaient fait sentir tout de même. C'est donc un peu ivre que j'avais rejoint l'appartement en soutenant Lexie pouvant à peine tenir debout seule, dans les alentours de cinq heures du matin. Après les avoir tous couchés, j'avais enfin pu me blottir au milieu de mes draps. Je me souvenais de tout. Des éclats de rires, des blagues, des jeux stupides auxquels nous nous étions tous prêtés et auxquels nous n'aurions tous jamais joué en étant sobres. Je me souvenais de ces danses absurdes et inquiétantes, comme si nous étions possédés. La musique, forte, les enceintes délivrant des morceaux de tous types que je ne connaissais pas, mais qui avaient su me ravir. Ces élans d'affection, tous à nous câliner chaque minute sans raisons valables. Je me passais une main dans les cheveux, souriant en me remémorant ces agréables moments. J'avais passé l'une des plus belles journées de ma vie, pour une fois j'avais pu découvrir comment vivre autrement, comme une jeune adulte normale parmi tant d'autres, sans me soucier de mes missions ou de mes entraînements. Mais le quart d'heure de folie avait assez duré. J'étais pleinement rétablie de ma blessure au ventre, et je me devais de reprendre mon emploi du temps. J'avais perdu une journée, et il fallait que je remonte le niveau. Je me levais donc avec entrain, enfilant une tenue de sport et sortais de ma chambre sans bruits. Comme je m'y attendais, personne n'était levé, aucun trait de lumière ne filtrait sous une des cinq portes des autres chambres. Je prenais une pomme et quittais l'appartement, direction le gymnase.
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Après un échauffement à la course sur tapis, boxe, combats puis musculation, j'en avais bavé pendant deux bonnes heures. Lionel avait remarqué ma fatigue mais n'avait fait aucun commentaire, jugeant sans doutes inutile de me faire une leçon de morale alors que je me grondais dessus moi même à chaque échec. Je m'écroulais donc sur le tapis, contente tout de même de ma séance. Je prenais le temps de reprendre mon souffle alors que quelqu'un arrivait à côté de moi. J'ouvrais les yeux et tombais nez à nez avec Phoebe.
-Pourquoi ça ne m'étonne absolument pas que tu sois ici ? se demanda-t-elle à elle même avec un sourire moqueur. Pas trop dure la reprise ?
-Si, mais ça va, ce sera bien pire pour vous !
Elle fit une grimace ce qui me fit rire. Je prenais la main qu'elle me tendait et me relevais.
-Les autres sont réveillés ? la questionnais-je en étirant mes bras.
-Oui, enfin Marceau et Liam ont la tête dans le pâté, c'est le cas de le dire ! Lexie ça a l'air d'aller, elle peut être ivre elle n'aura jamais de gueule de bois ! Bien trop parfaite cette fille.
Je souriais à sa remarque.
-Ok, bon bah on va aller rebooster un peu tout ça !
Je ramassais mes affaires et suivais la blonde en dehors du gymnase. On regagna l'appartement rapidement. J'ouvrais la porte et fus surprise d'entendre un mixeur tourner à plein régime. Je posais mes affaires prêtes du meuble de l'entrée et m'avançais dans la cuisine ou tout le reste du petit groupe était attablé. Lexie était dos à moi et semblait très attentive à sa tâche. Quand elle se retourna elle sursauta en m'apercevant.
-Oh c'est vous ! Je ne vous avais pas entendu rentrer. Un petit verre de smoothie anti gueule de bois ?
Je fronçais les sourcils face au contenu rougeâtre dans la carafe qu'elle tenait.
-C'est aux fruits rouges, citron et orange, tu vas voir c'est super bon et revigorant.
Elle me tendait un verre que je prenais et trinquais avec le reste de la bande. Elle n'avait pas tort, c'était délicieux.
-J'avoue que ce n'est pas mal !
Mon téléphone et ma montre se mirent à sonner d'un coup. Message des supérieurs, réunion bilan et préparation de la mission exfiltration.
-Je dois vous laisser je suis attendue d'urgence par le conseil directeur.
Ils acquiescèrent et je quittais l'appartement, m'engageant en petites foulées au travers des couloirs en direction de la grande salle de réunion. Deux gardes à la porte m'ouvrirent les portes pour me laisser entrer. La table était bondée. Il y avait bien plus de personne que je ne l'aurais cru. Et je ne m'étais même pas changée avant de venir.
-Veuillez m'excuser, je ne suis pas très présentable je suis venue en vitesse, m'excusais-je auprès de l'assemblée avant de prendre place en bout de table.
-Aucun problème, merci de nous avoir rejoint rapidement, me répondit un homme que je ne connaissais que de vue.
De l'autre côté de la table se tenait Nathanaël Suard, l'un des membres du conseil et mon ancien mentor. Il me regardait d'un air fier et paternel, que je ne relevais pas.
-Bien, Athéna nous vous avons fait venir pour discuter sur l'avancé de la formation de votre équipe et vous donner plus d'informations sur la mission que vous allez devoir effectuer d'ici deux semaines.
J'acquiesçais, prenant le dossier que l'on me tendait.
-Bien on va commencer par le niveau de chacun de vos coéquipiers. Lexie.
-Son niveau a bien augmenté en combat de corps à corps, un peu moins en manipulation mais elle a encore le temps de progresser. Elle n'a pas régressé dans les autres matières et maintient son niveau.
-Liam ?
-Il a toujours un peu de mal en informatique, mais possède un très bon niveau dans les autres matières.
-Marceau ?
-Progrès en informatique et en manipulation, il commence à avoir un très bon niveau.
-Phoebe ?
-Quelques progrès en maîtrise de soi, mais il y a encore du travail, elle fait beaucoup d'efforts elle devrait y arriver.
-Adrian ?
-Mieux en corps à corps et un très bon niveau en informatique suite à ses progrès. Il est toujours aussi bon en manipulation, analyse et maîtrise de soi.
On laissa le temps pour la prise de note avant qu'on ne me permette d'ouvrir le dossier sur la mission. Diverses photos se présentaient à moi, je m'immobilisais net, reconnaissant la personne sur les clichés. Blond, yeux bleus, grain de beauté dans le cou et derrière l'oreille. Les trois photos ne me laissaient aucun doute, c'était lui, c'était mon frère, Grabriel.
-C'est l'agent que vous allez devoir exfiltrer, m'expliqua simplement l'une des femmes assises à la table.
Il y eut un long silence, un très long silence. Je relevais enfin la tête pour planter mon regard dans celui de Nathanaël.
-Pourquoi n'ai-je pas été mise au courant qu'il était en vie ? demandais-je en tentant de garder mon calme.
-Pour vous préserver, vous deviez rester concentrée sur vos missions. Maintenant on vous laisse la chance d'aller le libérer après plusieurs années d'emprisonnement. Nous avons enfin pu déterminer où il était retenu.
Ce n'était pas Nathanaël qui m'avait répondu, mais un autre homme. Je brûlais de colère, un nombre incalculable de questions et d'insultes prêts à franchir mes lèvres, mais il fallait que je me retienne, je me devais de me comporter correctement devant mes supérieurs. Je serrais les points sous la table, tentant de garder une expression de marbre.
-Vous partirez dans deux semaines pour Buenos Aires. Vous aurez tous une évaluation de niveau dans chaque matière deux jours avant. Soyez prêts. Ceux qui ne le seront pas ne partiront pas. Vous êtes responsable de votre groupe. Si vous échouez nous estimerons que c'est de votre faute, me prévint Nathanaël. Mais vous réussirez, je ne vois pas pourquoi vous n'arriveriez pas à une mission si simple.
Son petit sourire me mettait encore plus en colère. Il ne m'avait pas mis au courant, favorisant leurs intérêts plutôt que mon bien être. Je n'avais pas parlé pendant près de deux semaines après avoir apprit la mort de Gabriel. Et maintenant ils m'envoyaient le récupérer en m'annonçant ça comme on annonce n'importe quelle mission.
-Bien. Nous serons prêts je peux vous l'assurer. En cas contraire j'en assumerai la responsabilité, déclarais-je en refermant le dossier.
-Vous pouvez disposer. La prochaine fois que nous nous reverrons ce sera lors de votre évaluation. À dans deux semaines Athéna.
Je me levais, faisant racler la chaise sur le sol avant de sortir sans un dernier regard à cette bande d'abrutis. Une fois dans le couloir je retournais en courant à l'appartement pour tenter de calmer ma colère. J'ouvrais la porte d'entrée à la volée, ne prenant même pas la peine de voir si mes colocataires étaient présents et me précipitais vers ma chambre. Je jetais le dossier contre le mur en criant avant de frapper mon matelas de toutes mes forces. Je me mettais à tourner en rond, les bras croiser, à m'en enfoncer les ongles dans la peau. La porte de ma chambre s'ouvrît, laissant entrevoir le visage inquiet et curieux de Lexie.
-Ça va ? me demanda-t-elle d'une petite voix.
-Très bien ! répondis-je de façon un peu trop sèche, mais à ce moment là je n'en avais que faire.
Je la regardais s'éclipser, mon regard noir avait dû la faire un peu flipper. Je me mordais le pouce, ma colère ne semblant pas vouloir retomber. J'allais m'énerver quand la porte de ma chambre s'ouvrît à nouveau, mais tombais nez à nez avec Adrian. Je ne disais donc rien, il ne parlait jamais pour rien dire et ne me prendrait donc pas la tête. Il ramassa une des feuilles du dossier. Je plaquais mon dos contre le mur opposé de la pièce, un pied sur la surface en béton blanc, les bras croisés à fixer le sol pour tenter de me calmer.
-Oh... ils te l'ont dit pour ton frère, souffla Adrian.
Je faillis ne pas entendre, mais malheureusement pour lui j'étais assez proche. Je me redressais et m'approchais de lui. Il releva la tête et dû comprendre sa bêtise.
-Vous étiez au courant ? demandais-je calmement.
Il ne répondit pas, ramassant le reste des feuilles pour les remettre dans le dossier avant de se relever.
-Répond à ma question Adrian ! l'exclamais-je plus fort à bout de nerfs.
-Juste moi et Liam, les autres ne savaient pas, avoua-t-il.
Je me mordais furieusement la lèvre et serrais les points, ma fureur se décuplant.
-Et vous n'avez pas non plus jugé bon de m'en informer ? pestais-je avec rage.
-On ne savait pas comment te le dire...
Je lui arrachais le dossier des mains et le jetais par terre, ouvrant la porte de ma chambre à la volée, la faisant calquer contre le mur. Mes trois autres colocataires se tenaient dans le salon, mon regard se posant sur le brun que je cherchais. Son air inquiet et perdu me dit presque rire.
-Je te remercie d'avoir gardé le silence à propos de mon frère. Tu ne peux pas savoir à quel point ça m'a aidé ! Je vois que je peux vous faire confiance !
Il ouvrit la bouche pour me répondre mais j'abaissais déjà la poignée de la porte d'entrée, ma ceinture de couteaux m'a la main.
-Enna ! entendais-je seulement crier.
Je me mettais à courir le plus vite possible, en direction de la salle de tir. J'entrais en trombe, surprenant les personnes présentes dans l'accueil. Je prenais une cible en bois et ressortais comme si de rien n'était sous les regards ébahis et des autres agents. Je m'éloignais dans le couloir alors qu'une porte s'ouvrait derrière moi.
-Hé ! Vous êtes qui ?! s'exclama le directeur de l'armurerie.
-Athéna !
Il referma la bouche alors que je me détournais déjà de lui pour poursuivre ma route. Je montais dans le premier ascenseur que je croisais, appuyant sur le bouton du dernier étage. J'accédais à la cage d'escalier, verrouillée par un clavier électronique à code. Je posais la cible par terre, sortais l'un de mes couteaux et devisais le boîtier. Je débranchais le câble d'alimentation et la porte se déverrouilla. Je récupérais la cible et montais les dernières marches, poussant le dernière battant de sécurité et me retrouvais enfin sur le toit. Le vent me caressa le visage, s'insinuant jusque dans mes manches. Nous étions au mois de d'avril, le printemps était déjà là, mais à Londres, le vent froid de l'hiver persistait encore. Je frissonnais, regrettant d'avoir oublié de prendre un pull. J'installais la cible contre un des énormes ventilateurs qui permettaient la ventilation du bâtiment. Je m'éloignais, attachant ma ceinture de couteaux autour de ma taille, mettant ma cuissarde et glissant un dernier petit poignard dans ma chaussure. J'inspirais à fond et me lançais. Saisissant le manche de chaque couteau, les jetant avec précision et force sur la cible. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept... une fois les dix plantés je me rapprochais de la cible et jurais, la moitié des lames se trouvant dans les cercles extérieurs. Quand j'étais en colère ou dépassée par mes émotions, je ne savais plus me gérer correctement. Et ce manque de maîtrise de soi se répercutait toujours sur la concentration et la précision, au tir ou dans l'analyse des situations. Je récupérais les lames, les remettais sur ma ceinture et recommençais. J'inspirais profondément, plaçais correctement mes pieds, fixais la cible, faisant abstraction des bruits des ventilateurs, me concentrant sur la sensation du manche de mon arme dans ma paume. Le vent faisant voler mes cheveux et hérisser mes poils par la chair de poule. Le point rouge du centre de la cible comme objectif, je tirais, un à un tous les couteaux. Une fois la dernière lame planté je soupirais et m'approchais de la cible. Tous étaient plantés au centre où dans le cercle juste à côté. Je souriais, contente de moi. Ma colère semblait enfin redescendre. Je rangeais mes couteaux et m'approchais du bord du toit. Un muret d'un hauteur d'un bon mètre sécurisait du vide. Je regardais le paysage au loin, présentant la belle ville de Londres, elle aussi auparavant endommagée par la troisième guerre mondiale. Big Ben réduite en cendres, tout comme l'arc de triomphe ou encore une partie de la Sagrada Familia. Beaucoup de villes avaient été ravagées, détruites, leurs monuments avec. Ce sont surtout les grandes capitales qui avaient tout prit. Les vieux bâtiments en bric sculptés étaient devenus poussière, bientôt remplacés par de petits immeubles modernes, blancs, aux toitures végétalisées. Il avait fallu près de neuf-cents ans aux humains pour enfin agir pour la planète. Nous fonctionnons désormais en majorité avec les énergies renouvelables, ayant trouvé un moyen de la récolter plus rapidement, et en plus grande quantité. Les résultats des recherches de grands scientifiques qui avaient révolutionné notre génération. La porte du toit s'ouvrît dans un grincement. Je me retournais d'un coup, la main sur la manche d'un de mes couteaux. Adrian se tenait face à moi. Je serais la mâchoire, n'avais-je pas été assez claire ? Il paraissait pourtant évident que je souhaitais être seule.
-Dégage de là, lui crachais-je d'un ton dédaigneux.
Il n'en fit pourtant rien et retira sa veste, me la tendant tout en s'approchant.
-Je t'ai demandé de partir, je ne veux rien venant de toi, poursuivais-je.
-Prends-la, il fait froid tu vas tomber malade.
Je m'avançais vers lui menaçante, je ne voulais absolument pas le voir, encore moins maintenant. Il recula alors que je dégainais un de mes couteaux. Il se retrouva le dos collé contre la porte métallique, un couteau sous la gorge. Il était plus grand que moi, pourtant la situation semblait montrer que j'avais le déçu. Était-ce par crainte qu'il ne faisait rien ? J'en doutais.
-Je t'ai dit que je ne voulais rien venant de toi. Depuis quand tu te soucies de moi maintenant ? Surprenant après ce que je viens d'apprendre.
Il y eut un silence ou il ne prit pourtant pas la parole alors que je lui en avais laissé l'occasion.
-Je ne donne pas ma confiance, jamais. Je l'ai fait avec vous car vous m'avez donné la vôtre, j'ai dû m'intégrer dans votre équipe. J'en suis à me demander si je n'ai pas fait une erreur.
Encore un silence, mais il ne semblait pas prêt à s'expliquer.
-Que savez-vous d'autre sur moi au juste ? Vous avez fouillé mon passé ? Comment avez-vous obtenu cette info ? Mes supérieurs ne vous en auraient sûrement pas parlé, mes frères et moi n'avons plus aucun rapport, nous avons été formés séparément, chacun aux quatre coins du monde. Vous avez fouillé dans mon dossier ?
Toujours pas de réponse. J'enrageais. Ma lame appuyant sur sa gorge je m'écartais soudain, ne souhaitant pas le blesser. Je lançais mon couteau sur la cible et me prenais la tête dans les mains.
-On n'a pas fouillé dans ton passé, ni lu ton dossier, dit-il soudain en s'éloignant de la porte, toujours sa veste à la main. Liam a surpris une discussion de ton mentor, Lionel, avec Nathanaël Suard. Il semblait furieux que tu n'ai toujours pas été mise au courant. Nous n'étions pas censés le savoir. Il m'en a parler ne sachant pas quoi faire. On l'a appris il y a quelques jours seulement.
Je me tournais vers lui, mon regard brûlant de fureur mais j'attendais qu'il poursuive.
-Tu es imprévisible, surdouée, dangereuse et terriblement difficile à comprendre. On ne peut jamais prévoir ta réaction à l'avance. On n'a pas su comment s'y prendre. Et à la façon dont tu réagis maintenant, je me doute que tu te serais méfié de nous de la même façon, pensant qu'on s'était renseigné sur toi... Bref. On aurait dû t'en parler, désolé, mais on ne savait pas comment aborder le sujet. Et finalement c'est nos supérieurs qui s'en sont chargé.
Il s'arrêta de parler pendant un instant, attendant sans doutes que je rétorque, mais je n'avais rien à dire.
-De ce que j'ai compris, tu es seule, et tu as toujours été très bien comme ça. Tu te contentais de cette situation puisqu'elle te permettait d'exécuter correctement les ordres. Seul problème, depuis que tu es arrivé ici tu ne l'es plus. Tu vis h24 avec nous, on t'a intégré et tu t'es intégré. Tu es devenue notre amie. Tu n'as jamais connu ce sentiment de se sentir entourée et soutenue, à part avec tes frères. Tu es perdue, et j'imagine que cette journée à vivre comme nous n'a pas arrangé les choses. On bouleverse tes habitudes, ton quotidien, on bouleverse tout. Tu perds tes repaires, tu te déteste de ce laissé aller. Mais la vérité c'est que tu aimes ça. Tu aimes vivre comme nous...
-Tais-toi.
Il pinça les lèvres, je sentais mes yeux me piquer, priant pour que ce soit seulement le vent qui provoque ce sentiment désagréable.
-Tu es simplement en train de découvrir qui tu es, d'apprendre la vie. Tu découvres tout ce que tu n'as pas pu découvrir parce que tu étais une agent modèle, la chouchoute de Nathanaël, tu te devais d'être excellente, et tu as réussi, tu es allée au bout. Ne devrais-tu pas mettre de côté ces fichus ordres et te fier à ton instinct ? Pour une fois ?
Je ne sus quoi répondre. C'était quoi ce mec ? Il avait progressé en manipulation bien plus que ce que j'avais imaginé. Il faudrait que je pense à en faire part dans mon rapport.
-Si j'ai besoin d'un psychologue je sais à qui m'adresser alors ne prend pas ce rôle. J'ai très bien conscience de ce qui m'arrive. Oui ça m'effraie parce que je ne connais pas tout ça. Mais le plus important reste la mission qu'on nous a confié, et vous devez être prêt pour ça. Alors ne reposons plus ce sujet sur la table, je n'ai plus rien à dire là-dessus. Je sais très bien me gérer toute seul, merci de te soucier de moi mais je n'ai pas besoin de ton aide.
Un sourire s'afficha sur ses lèvres.
-Ok Madame ! Comme vous voudrez !
Je me mordais la lèvre, me retenant de sourire. Il me lança la veste que je rattrapais et enfilais. Il récupéra la cible et me rendit mon couteau avant de m'ouvrir la marche pour retourner à l'intérieur. Après un instant d'hésitation je m'engageais dans les escaliers. Je ne donnais jamais ma confiance, enfin ça c'était avant. Ce petit groupe avait su me dépasser plus que n'importe quelle mission n'aurait pu le faire. Et moi qui croyais que les former serait une tâche simple comparé à ce qui m'attendait après, je m'étais visiblement voilé la face !
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